Construit aux chantiers de Normandie au Grand Quevilly, le BAtiment de TRansport Léger (BATRAL) Dumont D'Urville est armé à Brest, où il effectue ses essais officiels. Il est mis en service le 5 février 1983, puis quitte la métropole pour le Pacifique. Arrivé à Tahiti le 13 juin 1983, le Dumont d'Urville a passé la plus grande partie de sa carrière en Polynésie française. A partir de 1984, il a toutefois été déployé plusieurs fois en Nouvelle-Calédonie, en raison de la situation intérieure, marquée par des affrontements entre les partisans de l’indépendance du FLNKS, dirigé par Jean-Marie Tjibaou, et les anti-indépendantistes du RPCR de Jacques Lafleur. Deux missions de présence et de renfort ont lieu de novembre 1984 à mai 1985. Mais le temps fort reste l'intervention à Ouvéa (22 avril au 6 mai), suite à la prise d'otage de 16 gendarmes par les indépendantistes. Si le Dumont D'Urville est un bâtiment militaire, c'est aussi un bâtiment de service public. Surnommé comme l'ont été certains de ses prédécesseurs, le « truck du Pacifique », en référence aux transports en commun atypiques qui sillonnent les routes de Tahiti, ce BATRAL aura mené d'innombrables missions au profit de la population civile.
On relève ainsi sa participation au festival des Arts Marquisiens (1989, 1999), le transport de délégations du territoire dans le Pacifique Sud (avec dans ses soutes danseurs et musiciens), des transports scolaires vers des îles isolées, le soutien à l'école de voile d‘Arue dans le cadre de la « Saga Hine Toru », plusieurs transports de pirogues et passagers pour la course Hawaiki Nui, considérée comme les jeux olympiques du va'a (pirogue traditionnelle), enfin des transports de matériel pour ravitailler les sites de Mururoa et Hao au profit du Centre d'Expérimentation du Pacifique (CEP). Le Dumont D'Urville aura également effectué des missions humanitaires : assistance aux Samoa occidentales, frappées par les cyclones Ofa puis Peni (1990), assistance aux Australes après le passage de la dépression tropicale William (1995), soutien des populations touchées par les passages des cyclones Martin et Osea aux îles-sous-le-Vent (1997). D'autres missions plus atypiques ont marquées sa carrière. Parmi elles, citons la cérémonie d'immersion de la dépouille funèbre de Paul-Emile Victor au large de Bora-Bora (1995), le sauvetage de l'équipage du cargo Vae Anu en avarie sur les récifs de Tahaa (1998), ou le soutien à l'association Salomon pour des recherches archéologiques sous-marines sur l'ile de Vanikoro. Parti le 9 novembre 2010 de Polynésie, le Batral a rallié une nouvelle affectation, Fort-de-France (Martinique) le 14 décembre 2010 après une navigation de 40 jours à travers l'océan Pacifique. Aux Antilles, le Batral y remplace le Francis Garnier. Le Dumont D'Urville a pour particularité de posséder plusieurs villes marraines : Ua Huka (archipel des Marquises) depuis le 3 juillet 1989, Huahine (îles-sous-le-Vent) depuis le 14 avril 1992, et enfin la ville du Carbet (Martinique) depuis le ... juillet 2012. De plus, les liens particuliers qu'il a tissés au cours des années avec le Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique Polynésie (RIMaP/P) se sont concrétisés le 25 mai 2000 par un jumelage des deux formations. Initialement prévu d'être désarmé en 2014, le Batral Dumont d'Urville va être prolongé au minimum jusqu'en 2016. Il sera le dernier BATRAL encore en service.
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