Aviso colonial Dumont d'Urville

L'aviso-colonial Dumont d'Urville était un bâtiment de 1.969 tonnes, ses machines d'une puissance de 3.200 chevaux lui donnait une vitesse de 15 à 16 nœuds ; il avait à son bord 14 Officiers et 121 hommes d'équipage. Son armement était constitué de 3 canons de 138 et de nombreuses pièces antiaériennes, 4 de 40, 12 de 37, 22 et 20 et pour la lutte anti-sous-marine d'un sonar et d'une quarantaine de grenades sous-marines. A l'origine il n'avait pas de canon arrière, cet emplacement était équipé d'une plate-forme sur laquelle était installé un hydravion de reconnaissance et d'une grue servant à sa mise l'eau et à sa récupération.

Il a été construit à Bordeaux par les Chantiers Maritimes du Sud-Ouest et de Bacalan réunis. Lancé le 21 mars 1931, pour être affecté à Papeete le grand port de l'île de Tahiti dans l'archipel Polynésien, où il représentait la France dans cette partie du Pacifique, allant d'île en île. La déclaration de guerre de 1939 le trouve à Saïgon d'où il regagne Toulon pour un grand carénage et ensuite être affecté à l'escorte des convois marchands en Afrique du Nord, Afrique Occidentale et Afrique Equatoriale suivant les besoins.

Le débarquement des Alliés en Afrique du Nord en 1942, le trouve à Conakri en Guinée, il rejoint donc La France Combattante et est inclut dans le dispositif militaire des Alliés, pour ce faire il est envoyé aux U.S.A à Charleston en Caroline du Sud, via Fort-de-France en Martinique, d'où il rejoint l'arsenal de Charleston où sa machinerie est changée et son armement complété en D.C.A. et en missiles anti-sous-marin placé à l'avant du bâtiment, un Asdic plus performant complète son ornement. Ensuite ce sera l'escorte des convois en Atlantique, Méditerranée et Océan Indien jusqu'à l'armistice du 8 Mai 1945 et son retour à Toulon.

En un peu plus de 3 ans il aura parcouru un tour de la terre (40.000 Km) dans l'ordre chronologique suivant : Algérie - Maroc - Mauritanie - Sénégal - Guinée - Dahomet - Côte d'Ivoire - Martinique - Caroline du Sud (U.S.A.) - Gibraltar - Portugual - Tunisie - Egypte - Canal de Suez - Mer Rouge - Djibouti - Yemen - Sommalie - Kenia - Tanzanie - Madagascar - Iles Seychelles - Iles des Comores - Ile Maurice - Sultanat de Zanzibar - Ile de Ceylan - Ile de la Réunion - Archipel des Kerguelens.

Quatre avisos du même type sortirent des chantiers de La Ciotat : La Grandière, Le d'Iberville, et le Savorgnan de Brazza.

L'affaire du Laconia

Une des missions parmi beaucoup d'autres, à laquelle participa le Dumont d'Urville, se situe avant le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, c'est l'affaire du Laconia.

Le commandant de l'U.156 observe le grand bâtiment qui entre dans le réticule de visée "Tube 1. feu"?..."Tube 3. feu". A bord du Laconia, tout vole en éclats et, très vite, le vieux paquebot disloqué prend 15° de gîte sur tribord. "Aux embarcations"...

Le 12 septembre 1942, à huit heures du soir, le Laconia, vieux paquebot de la "White Cunard Line", se trouvait à 200 milles au sud du cap Palmas, dans l'Atlantique Sud. Il regagnait l'Angleterre, venant de Suez avec trois milles passagers, dont un grand nombre de femmes et d'enfants, à son bord. A huit heures dix un sous-marin allemand l'U.156, Commandant Werner Hartenstein, le torpillait et le coulait.

Hartenstein circulait au milieu des épaves à la recherche du commandant du Laconia pour le faire prisonnier, lorsqu'il entendit appeler "au secours" en italien. Il repêcha quelques naufragés et apprit ainsi que le Laconia contenait dans ses cales mille huit cent italiens fait prisonniers en Libye. Hartenstein recueillit près de deux cent hommes sur son petit sous-marin, et prit les canots en remorque. Affolé par l'ampleur du désastre, par le spectacle de ces femmes et de ces enfants nageant la nuit au milieu des requins, il télégraphia à l'Amiral Doenitz : "J'ai coulé Laconia ; malheureusement 1800 prisonniers italiens...". L'état major de l'Amiral était d'avis de rejeter tout le monde à l'eau. Mais Doenitz lui-même s'y opposa. Mieux il donna l'ordre à trois sous-marin allemands et à un sous-marin italien de rallier le lieu du naufrage. Il demanda aussi aux Français d'envoyer des bâtiments.

L'U.505, l'U.506, le Cappelini firent aussitôt route vers le point indiqué tandis qu'à Dakar le croiseur Gloire appareillait tandis que l'Annamite et le Dumont d'Urville étaient déroutés. Cependant que beaucoup de naufragés disparaissaient noyés, blessés ou tués par les requins, Hartenstein envoyait un message en clair et en anglais aux Alliés, les priant de l'aider dans son sauvetage. L'U.505 et l'U.506 arrivaient et prenaient à leur bord des naufragés. Mais, le 16 septembre à midi, un avion, un quadrimoteur, survolait l'U.156 et le bombardait. Le sous-marin, après s'être débarrassé de ses passagers, plongea avec de graves avaries. L'avion, on le sait aujourd'hui, était un B.24 Libérator américain en exercice et qui passait par hasard sur le site.

Ce drame unique dans les annales de la marine par le nombre des naufragés et par la nationalité des navires venus au secours des rescapés allemands, italiens, et français devait avoir des conséquences graves. Furieux, l'Amiral Doenitz devait, en effet interdire, formellement le sauvetage des naufragés des navires torpillés. C'est cet ordre, l'ordre Triton Null, et son appartenance au gouvernement d'Hitler, qui devait lui valoir, à Nuremberg, dix ans de prison.

Pour en savoir plus :
Un extrait du journal de bord de Maurice Ancion (1944-45)


L'état major du Dumont d'Urville reçoit une délégation de la Marine Japonaise lors d'une escale au Japon dans les années 1935.
(Photo Jonathan Métillon)

(Cette page a été réalisé par Maurice Ancion - pour le contacter : )


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