L'histoire du Batral Dumont d'Urville (1980-1984)

1980-82

Le Bâtiment de Transport Léger Dumont d'Urville, Batral n°3 est mis sur cale cale le 15 décembre 1980 aux chantiers de Normandie (Ateliers français de l'Ouest) à Grand Quevilly, près de Rouen. Il est lancé le 27 novembre 1981. Son premier commandant lecapitaine de frégate Jean-Michel Mouillet suit dès le 3 mai 1982 la fin de construction et la recette technique en usine en tant que "commandant désigné". Il est désigné officiellement commandant du bâtiment le 18 septembre 1982, date de l'armement pour essais du bâtiment.


Le capitaine de frégate Patrice Mouillet, premier commandant du bâtiment.

Le Batral quitte le port constructeur le 20 septembre 1982 et arrive à Brest, son port d'armement, deux jours plus tard. Les essais officiels à la mer ont lieu du 27 septembre au 4 novembre avec une halte à Lorient du 24 au 25 octobre, la recette et l'examen des installations le 18 novembre. L'armement nécessite un travail acharné du personnel en raison du faible effectif de celui-ci. Le 2 novembre, le bâtiment est présenté dans le cadre de l'exposition de matériel naval organisée à Brest. A l'issue de la cloture d'armement (19 novembre), le Dumont d'Urville quitte Brest pour une traversée de longue durée du 22 novembre au 23 décembre, et fait escale à Toulon du 29 novembre au 2 décembre puis à Venise (Italie) du 7 au 12 décembre.

1983

La commission supérieure d'armement se réunit le 4 février et déclare, dès le lendemain, l'admission au service actif du bâtiment. Désigné pour être affecté en Polynésie Française, Le Dumont d'Urville quitte Brest le 7 février, et relâche à Dakar (Sénégal) du 16 au 17 février, Bissau (Guinée-Bissau) du 18 au 22 février, Natal (Brésil) du 28 février au 5 mars, Cayenne (Guyane française) du 9 au 11 mars, les îles du Salut (Guyanne française) du 11 au 12 mars. Il effectue une courte mission de surveillance des pêches au large de la Guyanne, avant d'arriver en Martinique le 16 mars, où il va rester environ deux mois sur zone.

En effet, le transit vers Tahiti est mis à profit pour suppléer l'absence du Batral Francis Garnier alors en IPER en France. Au cours de cette période, le bâtiment s'entraîne avec des éléments du 33ème Régiment d'Infanterie de Marine (transport de compagnie "Guépard", plageages opérationnels,...). Le Batral relâche de nombreuses fois à Fort-de-France (16 au 18, 19 au 21, 25 au 28 mars, 2 au 11, 20 au 24, 26 au 27 avril), beach au Carbet (18 au 19 mars, 15 et 27 avril, 1er mai) à Dehayes (Guadeloupe - 24 mars, 14 et 25 avril) et touche également Saint Martin (22 au 23 mars, 12 au 13 avril), Saint Barthélémy (23 mars et 13 avril), Bequia (Grenadines - 29 au 30 mars), Moustique (Grenadines - 31 mars au 1er avril), Les Saintes (16 au 18 avril), Marie Galante (18 au 19 avril) et Castries (Sainte Lucie - 20 avril) dans le cadre d'un voyage d'étude de lycéens martiniquais. Il participe à la mission Caravelle de l'escadre de l'Atlantique les 24 et 25 avril.

De retour le 28 avril pour une dernière halte à Fort-de-France, il en repart le 1er mai pour le continent sud-américain. Le Batral est présenté dans les pays étrangers intéressés par l'achat éventuel d'un bâtiment de ce type - dans cette optique, il fait escale à Carthagène (Colombie) du 5 au 10 mai et Callao (Pérou) du 19 au 25 mai. Entre-temps, il avait relâché à Balboa du 11 au 14 mai, en prélude à son passage du détroit de Panama.

Au cours de son transit Callao-Papeete, le Dumont d'Urville effectue une campagne de relevés bathythermographiques, grâce à une installation portative Sippican, ainsi que des prélèvements d'eau de mer et des observations de courants marins. Cette campagne, destinée à fournir des éléments aux spécialistes chargés de l'étude des cyclones, aura une nette popularité et un certain retentissement auprès de la population polynésienne.

Le Dumont d'Urville touche Nuku-Hiva, le premier port marquisien de Polynésie française, où il fait halte du 7 au 9 juin, avant d'arriver à Papeete, nouveau port base le 13 juin, accueilli en fanfare par le RIMAP/P (Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique - Polynésie) et un groupe folklorique polynésien. Pour les marins de Tahiti, cette arrivée est historique ! Une arrivée commémorative en quelques sorte puisque à quelques jours près le célèbre navigateur Dumont d'Urville faisait escale pour la première fois à Tahiti à bord de la Coquille, il y a 160 ans de cela.

Désormais affecté en Polynésie Française, il aura une activité variée et soutenue dans les différents archipels polynésiens. De plus, la présence à Tahiti d'un hélicoptère Alouette III de l'escadrille 12S permet de maintenir l'entraînement dans le domaine aviation.

A peine arrivé, le bâtiment repart le 4 juillet pour des manoeuvres avec le RIMAP de Taravao et débarque des éléments de la première compagnie à Raiatea (5 et 7 et 13 au 15 juillet), sous les yeux d'Alpaci, le vice-amiral Montpellier. Le Batral fait ensuite route vers Uturoa où il accoste. Il est à Huahine du 5 au 6 juillet. En juillet, un peintre officiel de la Marine, Patrice Nielly, passe quelques jours à bord.


Dans la baleinière du Dumont d'Urville avec l'administrateur supérieure des Marquises, aux Marquises (juillet 1983).

Cette première série d'escales, dans l'archipel des îles-sous-le-Vent se poursuit, Bora-Bora du 6 au 7 juillet, Moorea les 11 juillet et 8 août pour une démonstration au profit du secrétaire d'Etat François Autain avec l'EV Henry, les Marquises où il effectue, entre autre, une mission de surveillance des pêches (18 au 30 juillet) et apporte son concours à la visite du Haut-Commissaire et de l'administrateur des Marquises (Hiva Oa le 21 juillet, Ua-Huka le 22 juillet, Fatu Hiva le 25 juillet, Ua-Pou du 26 au 27 juillet), et aux îles Australes (Raivavae le 23 août, Tubuai du 24 au 25 août, Rurutu du 26 au 27 août).


1983 : le capitaine de frégate Alain Bruel, commandant le Dumont d'Urville.

Le 2 septembre, le capitaine de vaisseau Le Roux, commandant la Marine à Papeete fait reconnaîtrele capitaine de frégate Alain Bruel comme nouveau commandant du bâtiment. Le Dumont d'Urville repart peu après vers les Tuamotu et fait escale à Fakarava (6 et 9 septembre) et Rangiroa (7 au 8), puis dans les îles-sous-le-Vent, Tahaa (20 au 21) et Huahine (21 au 23). Il réalise également, du 8 au 15 novembre, une mission hydrographique avec le concours du PM Hydro et de La Lorientaise pour définir un accès au point de plageage de Makemo. Il est de retour à Makemo les 7 et 12 décembre pour livraison d'une pelleteuse pour la mairie. Ces deux haltes seront entrecoupées par une dernière escale à Fakarava du 8 au 11 décembre.

1984

Après une période d'entretien en début d'année, le Dumont d'Urville repart vers les Tuamotu où il effectue une mission de ravitaillement des atolls de Hao (3 février) et Mururoa le 4 février (un peu plus de 200 tonnes de matériels divers représentant un volume d'environ 400 m3), lors d'un transit vers les îles Gambier où il touche Mangareva (5 au 12 février) et Rangiroa (13 au 20 mars). De retour au port base, il repart vers les Marquises et relâche à Makemo le 4 avril, puis Nuku-Hiva et Ua-Pou, où il effectue divers mouillages du 10 au 15 avril.


Le Dumont d'Urville embecté (1984).

Peu après, il participe à l'exercice interarmées Taakeo aux Marquises du 7 au 20 avril avec l'aviso-escorteur Doudart de Lagrée, le BDC Trieux, les patrouilleurs La Lorientaise et La Combattante, l'ensemble du RIMAP/P (Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique - Polynésie) et des éléments du 57ème BCSP. Outre cet exercice, il effectue une sortie d'entraînement de groupe de deux jours avec l'aviso-escorteur Commandant Bory, La Combattante et l'Hippopotame.


1984 : le capitaine de corvette Hubert Jouot, commandant le Dumont d'Urville.

Le commandement du CF Bruel touche à sa fin, et une dernière mission polynésienne conduit le Dumont d'Urville à Rurutu puis Tubuai le 6 juin, Rapa du 8 au 10 juin (livraison d'un camion pour la mairie), Raevavae le 11 juin, Tubuai le 12, Rurutu le 13 et du 20 au 22, entretemps Moorea le 17, avant de rentrer à Papeete le 23 juin. Plus lointaine est la mission suivante qui l'emmène vers Auckland (Nouvelle-Zélande) du 3 au 7 juillet, Nouméa du 12 au 16 juillet, Suva (Fidji) du 19 au 22 juillet, Pago-Pago (Samoa américaines) du 24 au 28 juillet. De retour à Tahiti, en raison d'un jeu trop important sur le safran bâbord le bâtiment doit passer au dock du 7 au 28 août.

Le 24 août a lieu la prise de commandement ducapitaine de corvette Hubert Jouot. Commencée le 19 novembre, la première IPER (Indisponibilité Pour Entretien et Réparation) du bâtiment est brutalement interrompue, le 23 novembre, en raison de l'agravation de la situation intérieur en Nouvelle-Calédonie. En effet, l'année 1984 est marquée par de violents affrontements entre les partisans de l’indépendance, regroupés au sein du Front de Libération Nationale Kanak Socialiste (FLNKS), dirigé par Jean-Marie Tjibaou, et les anti-indépendantistes du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) de Jacques Lafleur. Le Dumont d'Urville appareille dans les meilleurs délais vers le Territoire où il va effectuer deux missions de présence et de renfort (novembre 1984 - février et mars 1985 - mai 1985).

Suite de l'histoire...

(textes Jean-Michel Roche - Photo © DR/DMD/Marine nationale - Netmarine 2003)


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