L'histoire du croiseur Colbert


Le croiseur Colbert à son arrivée dans le port du Havre (1962).
1. De la construction à la grande refonte

Bâtiment de défense anti-aérienne assurant la protection, soit d'une force aéronavale, soit des communications maritimes face à la menace aérienne envisageable pour les années 60, le croiseur Colbert fut inscrit au budget de 1953.

Mis en chantier à l'arsenal de Brest le 17 mai 1954, il y fut lancé le 24 mars 1956. Après les essais et mises au point ainsi que la traditionnelle croisière d'endurance, il fut admis au service actif le 5 mai 1959:

A l'époque de sa mise en service le croiseur antiaérien Colbert est armé de 8 tourelles doubles de 127 mm et 10 affûts doubles de 57 mm antiaérien. Son effectif comprend 70 officiers, 159 officiers mariniers et 748 quartiers-maîtres et matelots.

Bâtiment amiral de l'escadre de la Méditerranée début novembre 1959, le Colbert à toutes les activités habituelles de l'escadre. Il assure également des missions particulières : fin avril 1961 il ramène les cendres du maréchal Lyautey de Casablanca à Toulon. Le 29 septembre 1964 le général de Gaulle prend passage à bord à Arica (Chili) pour un voyage en Amérique latine.

Le 15 juillet 1967, le chef de l'Etat et son épouse embarque à nouveau à Brest. Le croiseur appareille et arrive à Québec le 23 juillet suivant. Le 24 le général prononçant son fameux « Vive le Québec libre » interrompt prématurément son séjour à bord, mais le bâtiment poursuit son programme en faisant escale à Montréal jusqu'au 30 juillet.


Arrivée dans le port de Tarente, Italie (1968 - auteur inconnu)

2. De la grande refonte au désarmement

Compte tenu des progrès rapides des performances des avions et de leurs armes, le Colbert, étant donné sa date de conception, se retrouve dix ans après son lancement, obsolète en considération de son armement. La coque et les appareils propulsifs n'ayant rien perdu de leur valeur, une modernisation complète des armes et équipements est décidée en 1969.

Les travaux débutèrent en avril 1970 après un débat houleux entre le chef d'état-major de la marine et le ministre de la défense nationale de l'époque. Ce dernier l'emporta bien évidemment et, pour des raisons budgétaires, la refonte fut moins complète que prévue. Ainsi les six tourelles de 100 mm qui devaient constituer l'artillerie principale furent réduite à deux. La mise en place de six rampes de lancement de missiles MM 38 Exocet fut reportée et l'installation d'un sonar de coque à dôme hissable fut abandonnée. La modernisation fut également moins poussée pour ce qui concerne la détection, la guerre électronique et l'habitabilité.

Réadmis au service actif en juillet 1973, le Colbert dispose d'un nouvel armement comprend :

- deux canons de 100 mm antiaérien en tourelles simples,
- six affûts doubles de 57 mm antiaérien (reliquat de l'armement d'origine),
- un système lance-missiles Masurca avec rampe double de lancement.

Le croiseur lance-missiles Colbert a désormais un effectif de 25 officiers, 208 officiers mariniers et 329 quartiers-maîtres et matelots.

En 1980, le bâtiment est équipé de quatre missiles MM 38 Exocet qui prennent place sur un emplacement resté disponible sur le roof avant. Enfin en 1982, le Colbert est le premier bâtiment de la marine nationale à être doté du système de transmissions par satellite Syracuse : sa silhouette s'enrichi de deux radômes de 2,50 mètres de diamètre disposés sur l'arrière de la passerelle.


Au mouillage à Monaco (juin 1986).
Après sa réadmission au service actif, le CLM Colbert devient le bâtiment amiral de l'escadre de l'Atlantique. La vie en escadre reprend donc, semblable à celle vécue en Méditerranée. Fin 1976, après une participation aux célébrations du bicentenaire de l'indépendance des Etats-Unis et conformément au plan de redéploiement des forces navales dicté par la montée des crises sur le théâtre méditerranéen, le Colbert repart pour Toulon.

Après une période d'activités diverses, le 6 août 1988, le croiseur appareille pour une mission de quatre mois qui le conduira en Australie pour représenter la France aux festivités du bicentenaire de ce pays. Le 16 mai 1990, nouvel appareillage pour une nouvelle mission de représentation dont le but est la reprise des relations avec la marine soviétique. Le bâtiment est à Sébastopol du 22 mai au 26 mai.

Le 13 août 1990 marque le début de l'opération "Salamandre". Le Colbert repasse le canal de Suez pour une mission opérationnelle de protection du porte-avions Clemenceau qui achemine les hommes et les matériels qui vont constituer l'embryon de la division "Daguet".

La dernière escale a lieu à Venise du 12 au 19 avril 1991. Le 24 mai 1991, le croiseur Colbert est retiré du service actif.


Arrivée à Brest (4 juin 2006).

3. La fin du Colbert

Le Colbert échappe heureusement à la fin peu glorieuse de la plupart des bâtiments de la marine pour venir s'amarrer à Bordeaux où il est transformé en musée flottant. Il a ouvert au public le 12 juin 1993.

Mais avec le temps, il voit sa fréquentation chuter. De 100 000 visiteurs par an, à ses débuts, à 35 000 visiteurs en 2005. La société qui gère le croiseur-musée ne parvient plus à maintenir l'équilibre financier nécessaire à l'entretien du bâtiment.

En juillet 2006, la fin est proche. Pour le maire de Bordeaux, Hugues Martin, « Le moment est venu de se débarrasser du Colbert ». Pour l'association « Coulons le Colbert », le départ du croiseur sera l'occasion « de faire la fête », assure son président Jean-Bernard Duboscq ! (A lire le communiqué de l'association des amis du Colbert). Constatant les difficultés financières des gestionnaires du bâtiment musée, la ville de Bordeaux demande au ministère de la défense le départ du Colbert. le ministre y répond favorablement le 14 septembre 2006.

Le 31 mai 2007, l'ex croiseur lance-missiles Colbert quitte la ville de Bordeaux. Remorqué par l'Argonaute, le Buffle, le Rari, puis de l'Abeille Bourbon, il rejoint le port militaire de Brest le 4 juin. Il est emmené le 25 juin au cimetière marin de Landévennec, où il stationne jusqu'à sa démolition prévue vers 2010.

La coque de l'ex croiseur Colbert quitte le port militaire de Brest pour rejoindre le cimetière de bateaux de Landévennec (25 juin 2007).

Texte CRC1 (R) S. Le Coustour pour Net-Marine Janvier 2006 ; complément 1993-2007 par JM Roche pour Net-Marine © 2007. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.