Histoire du patrouilleur La Rieuse (2001-2004)

2001

L'année commence par l'embarquement de cinq journalistes de la presse réunionnaise qui a lieu lors d'une opération "coup de frein" de police de la navigation le 13 janvier, menée conjointement avec le patrouilleur de gendarmerie maritime Jonquille et une vedette de gendarmerie départementale, la Saint Alexis. Cette journée est destinée à sensibiliser les plaisanciers sur les rêgles de la navigation côtière.

Après une période d'entretien du 15 janvier au 9 février, La Rieuse effectue un exercice avec le bâtiment sud-africain Drakensberg le 8 mars, puis des escales à Majunga (Madagascar) du 16 au 18 mars, Mayotte du 24 au 25 mars où un exercice d'évaluation de la portée du radar dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine est réalisé le 26 mars, et Antsiranana du 30 mars au 2 avril.


2001 : Le LV Guillaume Delaroche, commandant La Rieuse.

De retour à Port-des-Galets le 4 avril, La Rieuse mène une action de police des pêche du 19 au 26 mai, puis, entre deux escales à Port Victoria (25 au 28 mai et 1er au 4 juin), une corvette seychelloise du 25 mai au 4 juin. Du 9 au 13 juin, La frégate Floréal, le BSM Garonne et le patrouilleur La Rieuse, participe au sein des forces armées de la zone sud de l'Océan Indien, aux manoeuvres interarmées Ylang Ylang, qui se déroulent dans la région de Mayotte. Les forces françaises, réunissant 1200 hommes, simulent la libération de Petite-Terre et Grande-Terre, occupées par les forces ennemies d'un Etat qui revendiquait ces territoires. Ces manoeuvres sont ponctuées par deux escales à Mayotte du 7 au 8 et 10 au 11 juin.

De retour à La Réunion, La Rieuse effectue une période d'entretien du 19 juin au 27 juillet. Au sortir de cette PEI, le 30 juillet, une journée à la mer est organisée, de manière à familiariser lelieutenant de vaisseau Guillaume Delaroche, avec le bâtiment dont il prend le commandement le lendemain. Une relève des trois-quart de l'équipage a lieu au cours des mois de juillet et d'août, ce qui ne sera pas sans poser de problème par la suite.

Le 6 septembre, lors d'une prise de coffre en baie de Saint Paul, La Rieuse repére puis repêche un plongeur civil en difficulté à la dérive. Malgré les moyens mis en oeuvre (hélicoptère de gendarmerie, nombreux bateaux réquisitionnés), un deuxième plongeur porté disparu ne peut être retrouvé.


Coopération avec la South African Navy lors de l'exercice Oxide (décembre 2001).
Un entraînement à la mer avec le La Grandière et La Boudeuse a lieu les 11, 12 et 13 septembre ; il est suivi par un stage de mise en condition du 17 au 28 septembre, avec le Floréal, la Garonne, le La Grandière et La Boudeuse. L'avarie de la grue HIAB du 1er au 12 octobre rendra indisponible partiellement le bâtiment. La Rieuse reprend pourtant la mer peu après pour se rendre à Fort Dauphin (Madagascar) le 14 octobre, Mayotte du 19 au 22 octobre et Antsiranana du 26 au 29 octobre.

De retour au port base, et à la fin d'une période d'entretien du 5 au 23 novembre, une demande de parrainage de la classe de 4ème du collège Jules Solesse de la plaine Saint Paul, est approuvée par le Commandant de la base navale de Port-des-Galets, le 23 novembre.

La bâtiment effectue en fin d'année un exercice interarmées SAR, et, un autre interalliés cette fois-ci, Oxide avec la South African Navy du 4 au 6 décembre, tout en multipliant les escales sud-africaines : Durban du 30 novembre et 18 décembre, Simon's Town du 3 au 4 et 11 au 15 décembre et Le Cap du 6 au 11 décembre.


La Rieuse et La Boudeuse à quai à La Réunion (21 juillet 2002).

2002

Les conditions météorologiques ne sont pas fameuses en ce début d'année, c'est le moins qu'on puisse dire, puisque du 21 au 24 janvier, La Rieuse appareille en urgence pour parer au cyclone Dina. Même scénario un mois plus tard, où une mission de surveillance maritime dans le canal du Mozambique en février mars, voit un départ anticipé le 19 février, de manière à parer à un autre cyclone, Guillaume, menaçant l'île de La Réunion.


Une concentration inhabituelle de bâtiments autour de l'île de Madagascar.
La Rieuse est en escale à Mayotte du 26 février au 1er mars, puis du 6 au 16 mars. A la mi-mars, le Var jete l’ancre dans le lagon de Mayotte où il retrouve le Floréal, la Garonne, le Françis Garnier et le P400. S’y ajoute la présence du bâtiment amphibie Siroco à la Pointe-des-Galets... Une telle concentration navale inhabituelle est justifiée officiellement par des réparations auprès de la Garonne.

A quai, au mouillage ou en mer, ces bâtiments ne sont évidemment pas là par hasard surtout au moment où Madagascar s’enfonce dans le chaos. La perspective d'une prochaine rencontre entre Didier Ratsiraka (président autoproclamé) et Marc Ravalomanana (président élu) relance cependant l'espoir d'une sortie de la crise politique qui secoue Madagascar depuis plus de trois mois. Le Var appareille le 20 mars de Mayotte. La Rieuse lève l’ancre le 16 mars après avoir effectué un exercice de rendez-vous à la mer, avec le Détachement de la Légion Etrangère (DLEM) dans le lagon de Mayotte le 8 mars.


Tous les bâtiments de la flotte française basés à La Réunion sont rassemblés pour une photo de famille exceptionnelle (août 2002).

De retour à La Réunion, La Rieuse effectue une période d'entretien du 19 mars au 26 avril avec le soutien de la Garonne.

Deux journalistes de la presse écrite locale embarquent lors d'une sortie à la mer au profit de la Préparation Militaire Marine le 16 mai. Le 30 mai, le bâtiment accueille les élèves de la classe de 4ème du collège Jules Solesse de la plaine Saint Paul, classe qui est désormais parrainée par le patrouilleur.

Fin mai début juin, la participation à la corvette d'été mauricienne comprend une escale à Port Louis avec un passage au bassin Taylor-Smith.

De la même manière, deux escales à Port Victoria du 20 au 25 et du 27 au 28 juin sont entrecoupées par une corvette seychelloise. La mission se prolonge par un arrêt à Mayotte du 1er au 2 juillet.


Lors d'une période d'entretien en février 2003 sur le slipway du Port.
De retour à La Réunion, c'est au cours d'une période d'entretien (9 juillet au 9 août), que le 26 juillet, La Rieuse accueille son nouveau commandant, le lieutenant de vaisseauFrank Bestard.

L'équipage de La Rieuse profite ensuite en août de trois semaines de permissions bien méritées après un premier semestre particulièrement dense et avant une autre période d'activité qui s'annonçait tout autant. En septembre, la tourelle de 40 mm est intégralement remplacée et quelques travaux supplémentaires complètent les préparatifs du stage de mise en condition qui débute le 30 septembre.

La période d'exercices qualifiants, se déroulant à la mer du 4 au 10 octobre, est marquée par un entraînement à la conduite d'une opération d'évacuation de ressortissants, exercice mené conjointement avec la Garonne, le La Grandière et un détachement de la Légion étrangère. Un dispositif grandeur nature est mis en place dans la Baie de Saint Paul. Ce stage qui montre toute la qualité et la combativité de son équipage est, hélas, l'occasion de constater aussi les premiers signes de faiblesse de la propulsion de La Rieuse.


Un magnifique gâteau pour les 16 ans du patrouilleur.

Une avarie grave est constatée le 15 octobre sur le moteur bâbord. Malgré tous les efforts fournis pour trouver une solution technique, il faut se résoudre à déclarer l'ensemble de la propulsion indisponible compte tenu de l'état général des turbos. Un important pont logistique est organisé avec la métropole pour remplacer ces turbos mais les délais de fournitures et de fabrications de certaines pièces ne permettront sans doute pas à La Rieuse de reprendre la mer avant le mois de mars 2003. L'équipage profite donc de cette période à quai pour entreprendre d'importants travaux que son activité précédente ne lui a pas toujours permis de mener à terme. Le 5 décembre, l'équipage de La Rieuse fête son 16ème anniversaire.

2003

Lancées le 25 mars, un exercice de lutte antipollution consiste au déploiement de barrages de confinement et à la récupération du produit pétrolier d'une nappe fictive menaçant le lagon à terme mais surtout la ferme aquacole. Equipée d’un système de pompe monté dans un conteneur et muni de canalisations, La Rieuse est chargée d’aller répandre du produit dispersant sur les nappes d’hydrocarbure en cas de pollution. L’autre objectif visé par cet exercice, outre la coordination des différents services, c’est la définition d’un nouveau plan Polmar à destination du préfet. Un plan qui prendra en compte les moyens nécessaires pour la lutte contre la pollution.

Le 25 juillet 2003, a lieu la prise de commandement dulieutenant de vaisseau François Pungier.


Petit à petit, l’Adamandas s’est enfoncé dans les eaux par l’arrière, et a sombré dans les eaux de l’océan Indien à 1 750 mètres de profondeur.
L’Adamandas, vraquier chypriote de 165 mètres en provenance de Durban (Afrique du Sud), est au mouillage dans la baie de La Possession depuis le 13 septembre. Dans ses cales, de l’hydrogène particulièrement instable. La destruction par immersion est la seule et unique solution, avant que tout finisse par exploser. Il est coulé par une équipe de plongeurs-démineurs de Brest, à 25 kilomètres au large de la Pointe des Galets, au nord-ouest des côtes réunionnaises. Mais un peu de fioul s'échappe du navire.
La Rieuse et La Boudeuse, équipés de moyens d’épandage, effectuent chacun leur tour deux navettes pour disperser des produits dispersants à base de solvants non toxiques et non aromatiques.

Début octobre, les frégates Nivôse et Floréal, le patrouilleur austral Albatros, le Batral La Grandière, les patrouilleurs La Boudeuse et La Rieuse, et le patrouilleur de gendarmerie Jonquille ont effectué leur stage Méco sous la tutelle de la division "Entraînement" de la Fan et des 26 entraîneurs détachés à La Réunion pour la circonstance. Au cours de ce stage de deux semaines, la coque de l’ex bâtiment de soutien mobile Garonne a été coulée. Le bâtiment avait été au préalable désarmé à la Réunion après transfert de ses ateliers à la base navale de Port-des-Galets. Le 9 octobre, après avoir été remorquée au large par le remorqueur-ravitailleur Rari, la Garonne est touchée par des tirs de missiles MM38, et des tirs d’artillerie. Trop endommagée, la coque a été achevée par le GPD (Groupe des Plongeurs Démineurs) de Cherbourg.


Arraisoné le 22 février, ce pirate japonais avait 30 tonnes de thon dans ses cales.

2004

Le 22 février, La Rieuse détecte au large d’Europa un navire de pêche. Non seulement, le bateau refuse de s’identifier mais tente de prendre la fuite. Il finit par stopper ses machines. Une fouille approfondie du bateau, commencée à 3h du matin s’achève à l’aube.
L’équipe de visite découvre dans les cales 30 tonnes de thon. Ce
palangrier japonais Fukuseki Maru 7, long de 50 m, est armé par un équipage de 24 hommes de nationalité japonaise et indonésienne. Escorté par La Rieuse, le palangrier arrive à Port-des-Galets le 27 février.


2004 : Le LV Alexis Béatrix, commandant La Rieuse.

Le 28 juillet, le capitaine de vaisseau Louis-Claude Chailleux, commandant la Marine et l’aéronautique navale en zone maritime sud océan Indien fait reconnaître, lelieutenant de vaisseau Alexis Béatrix comme nouveau commandant du patrouilleur, succédant au lieutenant de vaisseau François Pungier. Embarqué depuis 1996 sur diverses unités de la Marine Nationale, le nouveau commandant est un spécialiste de la lutte au-dessus de la surface.

Le 6 septembre, un vraquier japonais, le Glory Sanye, est repéré, en flagrant délit de dégazage, par un Falcon 50 de la flottille 24F. Le contrevenant, battant pavillon panaméen, déplace 38000 tonnes et est chargé de 11 000 tonnes de manganèse (équipage de 20 personnes).

Il est alors dérouté et escorté par La Rieuse jusqu'au mouillage en baie de Saint Paul, où il reste 48 h sous la garde de l'équipe de prise de La Rieuse puis du Floréal, le temps que les investigations judiciaires soient achevées. Le capitaine, son second et le chef mécanicien sont entendus par les gendarmes maritimes.
Le vraquier quitte les eaux françaises après paiement d'une caution de 250 000 €. Le constat de ce type d'infraction (dégazage) constitue une première historique dans la région !


Repérage du "client" par le Falcon 50 de la 24F.

Au cours d'une autre mission de surveillance maritime, le Falcon 50 de la 24F déployé à la Réunion localise le 14 septembre une flottille de six palangriers japonais sur lesquels pèse une très forte présomption de pêche illicite dans le nord de la ZEE Tromelin.

Le 15 matin, une opération coordonnée Nivôse/Rieuse/Falcon 50 permet de les relocaliser à l'aube et de conduire un contrôle à la mer. Le Nivôse se charge du Koryu Maru 38 et La Rieuse du Chokyu Maru 38 qui a été observé en action de pêche au cours de la nuit. Dans les deux cas, les investigations ont confirmé que ces navires avaient mouillé des palangres dans la ZEE française de Tromelin. Ces palangres relevées par les contrevenants ont permis de confirmer l'infraction de pêche illicite (bâtiment étranger pêchant sans licence valable en ZEE française). Un peu moins de 150 tonnes de thon congelé ont été trouvées dans les cales des deux navires.

L'appréhension des navires, du produit de leur pêche et de leur matériel ainsi que leur déroutement vers Port des Galets ont ensuite été signifiés aux capitaines des deux navires fautifs. Des équipes de prise mixte Rieuse/Nivôse mises en place sur les palangriers ont assuré leur surveillance pendant leur transit sous la bonne garde du Nivôse. Pendant que les équipes de visite opéraient sur les contrevenants, le Falcon 50 investiguant la zone prit en flagrant délit un troisième navire japonais du même type en train de mouiller ou remonter une palangre. Un PV d'infraction a également été dressé, mais ce contrevenant n'a pu être rattrapé avant sa sortie de la zone, les bâtiments de surface étant déjà accaparés par leurs prises. Les deux contrevenants ont accosté à Port des Galets le 17 au matin.


Le palangrier japonais Chokyu Maru 38.

L'équipe de visite à bord du palangrier japonais Chokyu Maru 38.


L'équipe d'intervention "kwassa" du patrouilleur.
Dans la nuit du 3 octobre, La Rieuse intercepte une embarcation clandestine à destination de Mayotte. Neuf personnes, dont un bébé, se trouvaient à bord du "kwassa kwassa".

Le bateau, probablement en provenance de l'île comorienne voisine d'Anjouan, n'était pas immatriculée, et les passagers n'avaient pas de papier d'identité. Repéré par le patrouilleur, la barque a tenté s'échapper avant de stopper une heure plus tard. Les passagers clandestins ont été remis à la Police de l'air et des frontières de Mayotte.

Le 19 novembre, au large de Mayotte, La Rieuse intercepte un nouveau navire de clandestins cherchant à rejoindre les côtes mahoraises en provenance d’Anjouan.L'embarcation de type “kwassa-kwassa”, est comme d’habitude lourdement chargée, avec 30 personnes dont 4 femmes et 7 enfants à bord. Le navire est dérouté vers Dzaoudzi.

La Rieuse fait escale à Majunga (Madagascar) du 22 au 24 novembre. Aucun navire militaire français n'avait escale dans ce port depuis 2001. L'accueil est très chaleureux.

26 décembre : appareillage sur alerte pour cause de Tsunami. Alors que le navire est en gardiennage et que tout le personnel est en permissions. Le Comar ordonne à tous les navires le pouvant d'appareiller sans délais. En moins de 4 heures, le personnel rallie, l'ensemble du matériel est redémarré et le navire appareille. Les effets secondaires du Tsunami causeront d'importants dégâts dans les ports de Saint Gilles et Sainte Marie où plusieurs petits navires de plaisance seront coulés.

(textes Jean-Michel Roche - Photo © DR/La Rieuse/Marine nationale - © Netmarine 2004 - Remerciements LV Alexis Béatrix)


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