Histoire de la frégate Duquesne (1965-1979)

Deuxième de la série des frégates lance missiles, le Duquesne est mis sur cale à l'arsenal de Brest le 1er février 1965, puis mis à flot le 12 février 1966, en présence du M. Messmer, ministre aux Armées et de l'amiral Cabanier, chef d'état-major de la Marine.

1968-69

Le bâtiment est en position armé pour essais depuis le 27 juillet 1968, date à laquelle lecapitaine de vaisseau Albert Jaffrelot en prend le commandement.

Il effectue ses premiers essais machines et équipements, conduit en deux périodes avec des sorties d'essais à la mer du (16 octobre au 19 décembre 1968 et 5 au 16 mai 1969). Ces premiers essais sont malheureusement interrompus par une avarie de butée de ligne d'arbres et une explosion de cheminée. Un passage au bassin a lieu du 11 au 23 juillet.

Pendant cette période difficile d'armement, le commandant réussit toutefois à former une équipe soudée d'officiers et officiers-mariniers compétents.

1969-70

Le 26 juillet 1969, lecapitaine de vaisseau Jean Gabrié prend le commandement du bâtiment. Le Duquesne va alors connaître une année d'activité intense et variée.

Les essais à la mer reprennent dans le golfe de Gasgogne pratiquement sans interruption du 1er septembre au 13 décembre 1969. Deux tirs de missiles-torpilles Malafon d'exercice ont lieu contre le sous-marin Vénus. Ces essais seront couronnés par une mission d'escorte du sous-marin Le Redoutable pendant ses essais en plongée du 1er au 5 novembre 1969.

Après clôture de l'armement, le Duquesne quitte Brest le 8 janvier 1970 et arrive à Toulon le 12. Les essais se poursuivent en Méditerranée en janvier et février, avec notamment le premier tir au but de deux missiles Masurca Mode 3 au Centre d'Essais de la Méditerranée.

Le 20 février 1970, le Duquesne appareille de Toulon pour sa croisière d'endurance. Attendue avec impatience par l'équipage, cette croisière permet de rompre avec le rythme ingrat des essais à partir des bases métropolitaines. Le bâtiment passe par Gibraltar le 23, fait le tour de l'Atlantique Nord avec escales à Santa-Cruz de Ténériffe (23 au 25 février), Fort-de-France (3 au 7 mars), Philadelphie (11 au 16 mars), Norfolk (17 au 18 mars) et Hallifax (20 au 24 mars, soit 10 050 nautiques, puis rentre à Brest le 30 mars, où il reste au mois d'avril.

Le Duquesne est admis au service actif le 1er avril 1970, et est affecté à l'escadre de l'Atlantique le 27 avril.

Il quitte alors Brest pour Toulon, ce qui lui permet de réaliser un stage au Centre d'Entraînement de la Flotte (CEF) du 4 mai au 6 juin 1970 avec les escorteurs d'escadre Vauquelin et Forbin, et un autre entraînement orienté vers la lutte anti-sous-marine avec le Vauquelin du 22 juin au 3 juillet. Deux tirs de missiles-torpilles Malafon d'exercice ont également lieu contre le sous-marin Daphné. Cette période est également marqué part la mise au point d'une nouvelle procédure dite "bang-bang" de tir Masurca, le missile étant téléguidé en surélévation avec piqué puis ressourcé pour rallier le faisceau de la conduite de tir. Au retour à Brest, le Duquesne est placé en indisponibilité pour travaux d'achèvement et d'entretien, et pour les permissions d'été du personnel. Après des débuts pour le moins difficiles, le bâtiment est alors dans un état général excellent.

1970-71

Le 30 juillet 1970, lecapitaine de vaisseau André Bommelaer prend le commandement du bâtiment.

D'août à décembre 1970, après une série d'essais techniques, le Duquesne participe à l'exercice Kroumir avec le Clemenceau et le Du Chayla du 1er au 5 novembre.


Le bâtiment à la revue navale du 19 juin 1971.

Le Duquesne quitte Brest pour Toulon le 11 janvier 1971. De janvier à mars 1971, un stage à Toulon au Centre d'Entraînement de la Flotte permet de valider la campagne Masurca Mode 3. Un tir sur cible CT20, à plus de 45 km de distance, conclu cette campagne. Une sortie à la mer au profit de la Presse a lieu le 22 janvier 1971.

Après un petit carénage du 22 mars au 25 avril, le Duquesne appareille le 29 avril 1971 pour une croisière avec l'escadre de l'Atlantique. Il relâche à Port of Spain de Trinidad (10 au 13 mai), Basse Terre (14 mai), aux Saintes (15 et 16 mai), Saint Martin (17 mai), Terre-Neuve (23 au 25), Reykjavik (28 au 31 mai). La perte d'un élément du loch occasionne une voie d'eau le 4 mai. Elle sera colmatée en pleine mer par les plongeurs, après que les requins aient été écartés... à la grenade.

De retour à Brest le 3 juin, le Duquesne repart en compagnie du Maillé-Brézé le 6 pour rallier Toulon où les bâtiments participent à l'exercice Constellation du 13 au 18 juin, puis à la revue navale le 19 juin.

1971-72

Le 29 juillet 1971, lecapitaine de vaisseau Francis de Queylar prend le commandement du bâtiment. Une période d'entretien a lieu du 30 juillet au 30 août.

De juillet 1971 à août 1972, le Duquesne vit la vie normale d'une frégate en escadre, alternant les périodes d'activité avec les périodes de petit carénage et de permissions. L'activité à la mer comporte un stage CEF de "rafraîchissement", plusieurs sorties de groupe, la plupart sous commandement du Duquesne : exercice Kroukrou du 6 au 8 octobre 1971, croisière d'automne de l'escadre dont l'exercice Albatros du 11 au 13 décembre, opération Rayon Vert du 6 au 13 juin 1972, une participation aux "concours région" : mise en condition du sous-marins d'attaque Narval du 2 au 3 septembre 1971, accompagnement du SNLE Le Terrible.

Le Duquesne effectue une sortie d'escadre en Afrique occidentale de novembre à décembre 1971 avec escales à Abidjan (17 au 21 novembre), Cotonou (23 au 28 novembre), Dakar (3 au 6 décembre) et retour à Brest le 16 décembre. Puis, après une sortie ponctuée par un mouillage à Tanger (22 au 27 décembre), un petit carénage du 5 avril au 10 mai 1972, le bâtiment effectue une croisière en mers du Nord et de Norvège de mai à juin 1972, avec escales à Amsterdam (18 au 23 mai), Bergen (31 mai au 5 juin) et Portsmouth (16 au 21 juin). Il est de retour à Brest le 22 juin 1972.

Deux escales en métropole ont également lieu, au Havre du 23 au 28 septembre 1971 à l'occasion du parrainage du bâtiment par la ville de Dieppe (qui a vu naitre Abraham Duquesne), et Dunkerque du 2 au 6 mars 1972 à l'occasion de l'inauguration de l'écluse Charles-de-Gaulle par le Premier Ministre.

1972-74

Le 31 août 1972, le capitaine de vaisseau Jean Orosco prend le commandement du bâtiment.

Le Duquesne participe à l'exercice interrallié Sunny Sears du 15 janvier au 10 février 1973 au large du Portugal, ponctué par deux escales à Lisbonne du 19 au 21 janvier et du 2 au 4 février.


Le capitaine de vaisseau Hubert Moineville.

Le 3 mai 1973, le bâtiment quitte Brest pour la croisière de printemps de l'escadre de l'Atlantique qui comprend des escales aux Açores (7 mai), à Porto-Rico (14 au 20 mai), Norfolk (24 au 29 mai) et Philadephie (1er au 6 juin). Il est de retour à Brest le 18 juin.

Peu après l'exercice Iles d'Or du 30 octobre au 24 novembre 1973, le Duquesne est placé en Indisponibilité (20 décembre 1973 au 15 mars 1974) pour des travaux préparatoires à la campagne Mousson.

1974-75

Le 20 mars 1974, lecapitaine de vaisseau Hubert Moineville prend le commandement du bâtiment.

La mission Mousson a lieu du 22 avril au 10 décembre 1974, dans un contexte marqué par la tension internationale consécutif à la guerre du Kippour et à la crise pétrolière qui en suivit. C'est la plus longue mission qu'effectuera le Duquesne au cours de sa carrière.

Le bâtiment forme un groupe " Mousson " avec le Jauréguiberry et la Garonne. Le Duquesne fait escale à Dakar (29 avril au 9 mai), Abidjan (9 au 13 mai), Simonstown (22 au 27 mai), La Réunion (3 au 4 juin), Comores (6 au 7 juin), Djibouti (21 juin au 4 juillet), Bander Abbas (11 au 15 juillet), Damman (16 au 21 juillet), Koweit (22 au 27 juillet), Abou Dhabi (29 juillet au 1er août), Dubaï (2 au 3 août), Port Louis (12 au 16 août), La Réunion (17 août au 3 septembre), Djakarta (13 au 19 septembre), Bangkok (24 au 30 septembre), Singapour (2 au 7 octobre), Port Kelang (8 au 13 octobre), Colombo (17 au 22 octobre), La Réunion (29 octobre au 3 novembre), Le Cap (11 au 14 novembre), Port Gentil (20 au 23 novembre), Freetown (27 au 30 novembre), Dakar (1er décembre). Il rentre à Brest le 10 décembre.

De retour en escadre, le Duquesne reprend son activité habituelle (exercices divers et sorties de SNLE). Il effectue également une mission en mer de Norvège avec escale à Edinburgh (30 mai au 2 juin), Trondheim (11 au 14 juin) et participe à la semaine de Kiel (23 au 30 juin).

1975-76

Le 10 octobre 1975, alors que le bâtiment est en pré-IPER, lecapitaine de frégate Bernard Franiate prend le commandement du bâtiment à titre provisoire. Le bâtiment débute sa première IPER (Indisponibilité Pour Entretien et Réparations) le 20 octobre 1975.

Les principaux travaux réalisés sont l'installation d'un système de lancement pour quatre missiles Exocet MM38, la modification du système d'armes Masurca et du radar DRBI-23, et la refonte des emménagements de l'équipage.

1976-78

Le 14 septembre 1976, lecapitaine de vaisseau Alain Duthoit prend le commandement du bâtiment. Les essais qui suivent cette première IPER sont laborieux. Des avaries successives et une mauvaise météo les contrarient fortement.

Enfin le bâtiment reprend son activité habituelle. Il participe à l'exercice Subex du 18 avril au 9 mai 1977 avec le Duperré, avec escales à Las Palmas (25 au 30 avril) et Lisbonne (2 au 6 mai).

Puis il effectue la mission Surnor IV du 24 mai au 13 juin 1977. Il fait escale à Mourmansk (1er au 5 juin). Le Duquesne reçoit plus de 9000 visiteurs en deux après-midi. Il revient ensuite à Brest d'où il appareille le 24 juin pour Portsmouth, mouille à Spithead le 25 juin à l'occasion du jubilée de la reine Elizabeth II.

Le Duquesne rallie Toulon et l'escadre de la Méditerranée le 4 juillet 1977. Ses premières semaines au sein de l'escadre sont notamment marquées par un tir de missile MM38 le 14 septembre.

Le Duquesne est désigné fin août pour rallier l'océan Indien, mais une explosion dans un conduit de fumée le 19 septembre fait annuler le départ, au grand dam de tout l'équipage. Les réparations sont achevées le 10 novembre. Le Duquesne participe alors à de nombreuses sorties : exercice Iles d'Or du 16 au 26 novembre, sortie d'escadre avec le Colbert du 6 au 15 décembre et escale à Alicante (9 au 13 décembre), remise en condition du porte-avions Foch, mission Elise du 1er au 19 février 1978 avec escale à Naples (13 au 18 février).


L'équipage de la frégate Duquesne (1978).

1978-79

Le bâtiment entre en "IPER courte" à Toulon le 1er mars 1978, il y reste jusqu'au 2 juin. Entre-temps le 16 mars 1978, lecapitaine de vaisseau Yves Morel en avait pris le commandement.

En juin, juillet et octobre 1978, le bâtiment prend part aux activités de l'escadre de la Méditerranée : essais et concours, exercice interalliés Tridente avec la marine italienne en juillet et National Week avec l'US Navy avec deux escales à Augusta, mission de surveillance en Méditerranée Orientale, sortie d'escadre Silène en octobre.

Mais l'activité est surtout marquée par la mission du bâtiment en océan Indien. Le Duquesne quitte Toulon le 31 octobre, passe à La Sude le 3 novembre, franchit le canal de Suez le 5 novembre et arrive à Djibouti le 16 novembre, où il stationne jusqu'au 30 novembre. Puis il fait escale à Abu Dhabi (5 au 7 décembre) en compagnie du Commandant Rivière, Port Louis (16 au 21 décembre), La Réunion (22 au 30 décembre), Mayotte (2 au 3 janvier 1979) avec le Doudart de Lagrée, Bombay (30 au 5 janvier), Colombo (8 au 15 janvier), Umm Qsar (Irak - 21 au 26 janvier), Damman (28 février au 5 mars), Port Soudan (22 au 25 avril), Doha (21 au 24 mai). Ces escales seront entrecoupées par plusieurs autres passages à Djibouti (9 au 24 janvier, 11 au 24 mars).

Au cours de cette mission, de nombreux exercices sont effectués avec les bâtiments français sur zone (aviso-escorteurs, escorteurs d'escadre "Tartar"), ainsi que les Mirage III de l'escadron 3/10 Vexin de Djibouti, des rencontres et exercices avec des bâtiments américains (dont le porte-avions USS Midway), hollandais et britanniques.

Après avoir passé la relève au Guépratte, le Duquesne quitte Djibouti, et met le cap vers la France. Le retour de Djibouti vers Toulon se fait sur le groupe arrière uniquement. Le réducteur de la machine avant étant hors service. Les lignes d'arbres ne sont réaccouplées que pour traverser le canal de Suez le 16 juin. Le Duquesne est de retour à Toulon le 20.

Le bâtiment entre en " IPER courte " à Toulon le 1er juillet. Il y restera jusqu'en décembre 1979. Date à laquelle il repart pour une brève mission de surveillance en Méditerranée occidentale.

Suite de l'histoire...

(Texte LV Jean-Michel Roche)


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