Sous-marin d'escadre Narval

Mis à flot en 1954 à l'arsenal de Cherbourg, le Narval, premier d'une série de six unités, consacre la renaissance de la construction sous-marine en France. C'est en effet le premier sous-marin, de conception nouvelle, construit en France après la fin de la seconde guerre mondiale. Le Narval établira en juin 1956, un record de plongée en Atlantique aux alentours de 150 mètres. Mais, comme l'ensemble de la série, il connaîtra malheureusement des défauts de jeunesse, dont de multiples avaries sur ses moteurs diesel, peu fiables, jusqu'à sa refonte complète en 1969-70.


Le Narval lors de sa deuxième croisière polaire (1967).

Basé à Lorient la quasi totalité de sa carrière, le Narval est affecté à la 2e escadrille de sous-marins. Les période de carénages et exercices avec le concours de l'escadre légère, de l'aéronautique navale et d'autres submersibles se suivront à un rythme régulier.

Le Narval connaît son heure de gloire en 1965 avec un de ses sistership le Dauphin, lors de l'opération « Sauna », une croisière polaire en mer de Norvège. Le Narval et le Dauphin sont ainsi les premiers sous-marins français à naviguer sous la banquise. Les deux sous-marins resteront une dizaine de jours à la latitude 72° Nord, à proximité puis sous la banquise, navigant de polynia en polynia (*). Camouflé en « expérience scientifique », cette croisière avait un but principal : valider la navigation en mers polaires au profit des futurs sous-marins nucléaires lançeurs d'engins type Le Redoutable.

La carrière du Narval sera également marquée par deux accidents majeur :

  • Le 3 mai 1962, alors qu'il navigue à l'immersion périscopique, il est abordé par le pétrolier British Vision. Les dégats sont importants : massif enfoncé, mâts tordus.... et nécessiteront de longues réparations.
  • Plus dramatique, le 3 avril 1966, alors qu'il tente d'appareiller d'un mouillage des Glénans, trois hommes d'équipage et le commandant tombent successivement à la mer par des conditions météo particulièrement mauvaises. Les quatre corps sans vie seront retrouvés.

Désarmé le 15 juin 1983, le Narval est condamné le 14 août 1985. Sa coque est vendue à Lorient le 6 février 1986 à René Vaysse, un ferrailleur local, pour la somme de 276 000 francs. Elle est démolie à l'intérieur de l'arsenal au printemps 1986.

Pour en savoir plus :
Les caractéristiques principales
Généralités sur les sous-marins d'escadre type Narval
Historique du sous-marin Narval
Les bâtiments ayant porté le nom de Narval
Objets de tradition
Une collection de photos
Les sous-marins du type Narval :
. Nom Sur cale Lancé En service Désarmé Destinée
S631 - Narval Fin 1951 11/12/1954 01/12/1957 15/06/1983 06/02/1986 : Vendu pour démolition (Lorient)
S632 - Marsouin 1954 21/05/1955 01/10/1957 08/11/1982 06/02/1986 : Vendu pour démolition (Lorient)
S633 - Dauphin 1953 17/09/1955 01/08/1958 31/12/1992 17/12/2003 : Coulé comme cible au large de Toulon
S634 -

Requin

06/1952 03/12/1955 01/08/1958 01/11/1985 31/05/1996 : Coulé comme cible au large de Toulon
S637 - Espadon 03/1957 15/09/1958 01/04/1960 11/09/1985 26/06/1987 : Ecomusée Saint Nazaire
S638 - Morse 27/12/1956 10/12/1958 01/05/1960 19/12/1986 19/02/1991 : Vendu pour démolition (Naples)

Les commandants du sous-marin Narval
Capitaine de corvette Pierre Emeury 1956 ?
Lieutenant de vaisseau Michel Jacquemain
1957
Lieutenant de vaisseau Jean Royer
5 avril 1960
??? 13 avril 1962
Lieutenant de vaisseau André Deloince 1964
Lieutenant de vaisseau Henri Goubelle 1965
Lieutenant de vaisseau Michel Berger
23 mai 1966
??? 17 octobre 1967
Lieutenant de vaisseau François Querat
6 avril 1970
Lieutenant de vaisseau Gérard Balastre 20 août 1971
Capitaine de corvette Girard 17 juillet 1972
Capitaine de corvette Gilles Waymel
30 juillet 1974
Capitaine de corvette Lodin de Lepinay
16 septembre 1976
Capitaine de corvette de Lauzon 2 septembre 1977
Capitaine de corvette Michel Picard 1er février 1980
Capitaine de corvette Emmanuel Janssen 23 novembre 1981
Fin de commandement (dernier envoi des couleurs) le 31 juillet 1983 

(*) Un polynia est une étendue d'eau libre, espace de mer libre de glace, et qui permet donc au sous-marin de faire surface.

Texte Net-Marine © 2010. Remerciements Patrick Du Cheyron, Franck Dubey, Serge Le Coustour, Jacques Pradignac. Copie et usage : cf. droits d'utilisation


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