La Base d'Aéronautique Navale de Nîmes-Garons
L’implantation d’une base aéronavale sur le site de Nîmes-Garons, autrefois simple aérodrome avec une piste en terre battue, fut décidée en 1958, après la fin du protectorat du Maroc et le rapatriement annoncé en France des formations aéronavales de Port-Lyautey et Agadir. Cependant la première formation opérationnelle à investir la BAN de Nîmes-Garons en octobre 1961 fut la 6F, avec ses Breguet Alizé, venant de Hyères. Avec l’évacuation de la base algérienne de Lartigue (Oran) et l’arrivée des Neptune P2V-6 des flottilles 21F et 22F, Garons devient la grande base de patrouille maritime en Méditerranée. Lorsqu’en en avril 1964, l'escadrille 56S et l’Ecole du Personnel Volant et Radariste (EPV 56S) s'implantent à Nîmes, avec notamment les Beechcraft JRB-4/SNB-5, les formations volantes de la BAN atteignent un format global qu’elle conserveront jusqu’en 1996 (année de la dissolution de la 22F).
La première formation opérationnelle à investir la BAN en octobre 1961 fut la 6F, avec ses Breguet Alizé (photo Michel Cristescu). |
De 1964 à 1996, Nîmes-Garons vit au rythme des quatre grandes unités qui stationnent sur la base : ainsi voit-elle les Breguet 1150 Atlantic remplacer les P2, la 21F étant la première à délaisser ses Lockheed en 1965, suivie par la 22F en 1966. Les Neptune furent affectés à l’escadrille 8S en mars 1966 avant de partir pour la Polynésie Française. Une section "Neptune" exista brièvement à Garons en 1967. Les deux flottilles de patrouille maritime partagent leur temps entre la Méditerranée, l’Atlantique, mais aussi l’Afrique où l’Atlantic rend de précieux services à l’occasion de plusieurs conflits de basse ou moyenne intensité.
Un autre bimoteur à pistons, le Douglas C-47 de la 56S, fait de la résistance pendant un temps, puis finit par céder lui aussi la place, en 1984, mais à deux avions différents : le bi-turbine Embraer 121 Xingu, et un autre bi-turbine « presque neuf », le Nord 262E, une version de la Frégate spécialement équipée pour l’école et la surveillance maritime. Un changement d’organisation des formations volantes intervient en 2002 lorsque l’escadrille 56S est dissoute, et que ses Nord 262E sont versés à la flottille 28F, qui s’installe peu après sur la BAN de Nîmes-Garons en provenance d’Hyères.
A côté de ces changements majeurs, le passage en 1993 de l’Atlantic à l’Atlantique représente une évolution majeure pour la flottille 21F et la base aéronavale. Durant 3 ans, les deux générations du Breguet coexistent à Nîmes-Garons, la 22F conservant ses Breguet de première génération.
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La flottille 22F est dissoute en 1996 : c’est la retraite pour les Atlantic. |
Seule représentante de l’aviation embarquée à Garons, la flottille 6F franchit les décennies avec son inusable Breguet 1050 Alizé (modernisé, il est vrai) : mais la 6F ne connaîtra pas le nouveau millénaire, car elle est dissoute en septembre 2000. Désormais, la 4F de Lann-Bihoué sera seule à assumer la mission de veille et d’alerte avancée pour le Groupe Aérien Embarqué, les hélicoptères se chargeant de la lutte protection anti-surface et anti-sous-marine.
Arithmétiquement, le nombre d’aéronefs a diminué sur la base depuis les années 70-80 : seules les flottilles 21F (Atlantique) et 28F (Nord 262E et Xingu) sont présentes en permanence, alors qu’autrefois on comptait quatre flottilles et escadrilles. Cependant, Nîmes-Garons accueille souvent des flottilles d’aviation embarquée (4F, 11F, 12F , 17F) depuis que l’accès des avions à réaction est restreint à Hyères : la BAN est un terrain de dégagement ouvert H24, ou une base temporaire de ces unités à l’occasion de déploiements hivernaux à des fins d’entraînement. La base assure aussi le soutien ponctuel du groupe aérien embarqué sur le porte-avions Charles de Gaulle.
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L'avion de patrouille maritime Atlantique 2 aux couleurs de la 21F, au parking à Nîmes-Garons (photo MN / BAN Nîmes-Garons). |
Le CENTEX PATSIMAR a pour missions :
- d’animer
le retour d'expérience dans les domaines d'expertises tactiques et techniques
de la patrouille maritime,
- d'apporter un soutien au centre d'expérimentations pratiques et de
réception de l'aéronautique navale (CEPA/10S),
- d'assurer l'audit et la qualification des équipages opérationnels
PATSIMAR,
De plus, le CENTEX PATSIMAR est l'interlocuteur privilégié des autorités organiques de la marine et des organismes extérieurs à la marine sur les questions relatives à ces domaines.
A Nîmes, un Atlantique 2 en alerte SAR, à 5 minutes de vol de la mer Méditerranée. (photo MN / BAN Nîmes-Garons). |
Le GEI assure la formation des futurs pilotes et mécaniciens de bord sur ATL2, forme les équipages d ’ATL2 sur simulateur de pilotage (SIMPIL) et simulateur tactique (SIMTAC), aussi bien pour la formation ab initio) que pour le maintien des compétences.
Bien que le ministère de la défense en demeure l’affectataire principal depuis 1961, l’aérodrome reste ouvert a la circulation aérienne générale : le trafic civil va plutôt en s’intensifiant, ainsi en 2005 il y a eu 15 500 mouvements civils sur un total de 38 000 (Ryanair, Airways formations, Sécurité Civile, AVDEF, …). La maintenance aéronautique devient un pôle industriel des plus actifs de la plate-forme de Nîmes-Garons (SABENA Technics).
Cependant, la base d’aéronautique navale de Nîmes-Garons demeure avant tout une plate-forme majeure pour assurer les missions de la marine nationale sur la façade méditerranéenne : missions vitales de défense nationale, comme la lutte anti-sous-marine et anti-surface, la reconnaissance maritime lointaine, ou bien missions plus orientées vers la sécurité et le service du public, comme la lutte contre le narco-trafic, les actes de piraterie, l’immigration clandestine et la pollution marine. Sur le plan du respect de l'environnement, d’ailleurs, la BAN est engagée pour minimiser l’impact des nuisances sonores sur la population.
La décision de fermer la BAN Nîmes Garons a été prise en 2008. Cette décision va entraîner un redéploiement des moyens aériens vers la seconde base de patrouille maritime, à Lann Bihoué (56). Parallèlement, la marine s’est résolue à décider l’arrêt en juillet 2009 des Nord 262E, dont les missions seront soit partiellement reprises par d’autres unités (surveillance maritime), soit externalisées (formation).
Les
commandants de la base d’aéronautique navale de Nîmes-Garons |
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Texte Alexandre Gannier pour Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.