La
campagne 2007-2008 du porte-hélicoptère Jeanne d'Arc
La campagne de Brest à Rio
Programme
du GEAOM* 2007-2008 :
* Groupe Ecole d'Application
des Officiers de Marine.
Brest (Départ le 15 décembre) - New York (28 décembre
- 2 janvier) - Fort de France (10 au 15 janvier) - Port of Spain
(23 au 28 janvier) - Rio de Janeiro (11 au 16 février) - Luanda
(1 au 5 mars) - Le Cap (12 au 19 mars) - Mayotte (28 et 29 mars)
- Antananarive (1 au 5 avril) - Djibouti (14 au 18 avril) -
Alexandrie (27 avril au 1 mai) - Barcelone (8 au 13 mai) - Casablanca
(21 au 25 mai) - Rouen (30 mai au 2 juin) - Brest 4 juin.
16
février 2008
: Descobrir Rio de Janeiros
Au
matin du onze février, la Jeanne
d'Arc arrive en vue des rives de la baie de Guanabara ; dans la
brume se dessinent les contours du célèbre Pain de Sucre qui dévoile juste
derrière la plage de Flamengo, les tours de Rio et le Christ qui, perché
sur le piton du Corcovado, accueille les marins du monde entier à bras ouverts.
L'escale à Rio de Janeiro marque en beauté la fin du périple du GEAOM en
Amérique ; la ville s'étend en effet sur le site unique de Guanabara entre
plages de sable blanc et morros, ces hauteurs verdoyantes caractéristiques
de la région. La cidade maravilhosa a pour quelques jours offert ses nombreux
atouts à l'équipage de la Jeanne ; au cœur de la ville, les églises baroques
et les édifices coloniaux côtoient les grands édifices commerciaux et les
innombrables petites échoppes dans un ensemble hétéroclite et bruyant où
la circulation dense et quelque peu anarchique ajoute à l'atmosphère animée
de la ville.
La visite du Pain de Sucre ou du Corcovado offre un panorama époustouflant
de la ville qui s'étire entre les nombreuses collines : le stade de Maracana
rappelle à tous la passion immodérée des Brésiliens pour le football ; plus
loin, Copacabana étire langoureusement ses kilomètres de sable blanc battu
par les rouleaux de l'Atlantique. Au loin, Ipanema, sa plage et son quartier
chic s'affichent, ses grands hôtels masquant presque les bidonvilles amoncelés
sur les pentes avoisinantes. Car Rio de Janeiro mêle étroitement richesse
et pauvreté dans un plan d'urbanisation quelque peu compliqué ; les grands
édifices bancaires côtoient les marchés aux puces et les hôtels de luxe
avoisinent les multiples favelas de la ville dans un microcosme où la disparité
flagrante des niveaux sociaux ne va pas sans engendrer de violence.
L'unité de Rio et la fierté des Cariocas pour leur ville s'affiche néanmoins
à l'occasion du Carnaval et des jours qui suivent cette grande fête ; les
groupes de samba font démonstration de leur talent aux quatre coins de la
ville, et les vacances d'été tout juste terminées incitent encore les Brésiliens
à sortir le soir dans les nombreux restaurants de la ville, en terrasse
de café ou dans un club de danse dans cette ville qui se veut être le Paris
de l'Amérique latine. Ce matin, la Jeanne
d'Arc a levé l'ancre pour regagner le large. Sur tribord défilent
le Corcovado, le Pain de Sucre, Copacabana…des noms qui résonnent désormais
comme une petite musique familière à l'oreille de l'équipage du GEAOM. A
présent, le groupe école s'éloigne des rivages de l'Amérique, direction
l'Afrique ! (photo
Marine nationale MP Le Ny)
10
février 2008
: Des souris et des hommes
Comme
sur tous les bâtiments de la marine nationale, les moyens de communication
internes de la Jeanne d'Arc
s'appuient essentiellement sur les réseaux informatiques. Le porte-hélicoptères
compte environ trois cent cinquante ordinateurs reliés entre eux par une
messagerie interne et un portail affichant toutes les informations relatives
à la vie du bord et aux activités ; certains sont également connectés à
l'extérieur par le biais de quatre réseaux différents. Un service entier
est dévolu à la gestion de ces réseaux de communication, au sein duquel
le secteur informatique est responsable du bon fonctionnement des ordinateurs
et de leurs connexions.
La salle informatique est située à l'arrière de la Jeanne
d'Arc ; dans une atmosphère surchauffée, huit personnes s'activent
quotidiennement pour répondre aux besoins du bord. De la souris défectueuse
à remplacer à la nouvelle configuration à installer, les demandes sont multiples
et souvent pressantes. Les ordinateurs du bord sont en effet soumis aux
conditions de la vie en mer : roulis, vibrations et condensation fragilisent
petit à petit les systèmes et rendent les interventions inévitables.
Les informaticiens du bateau veillent également au respect des règles de
sécurité et de confidentialité et sont en charge de la gestion des serveurs
du bord. Le secteur informatique du bord est habitué aux nombreuses sollicitations
qui sont autant de coups de pression ; l'ambiance détendue qui règne en
salle infor permet néanmoins de répondre à tous les besoins. Comme ils le
répètent eux-mêmes, " l'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour
le miracle prévoir un délai "… (photo
Marine nationale MP Le Ny)
9
février 2008
: Une nuit sur la Jeanne d'Arc
A
bord d'un bâtiment de la marine nationale, difficile d'un point de vue opérationnel
de parler de jour ou de nuit ; les quarts sont en effet assurés sans discontinuer
en passerelle, en machine et au central opérations. Cela n'empêche pas le
porte-hélicoptères de basculer dans une toute autre ambiance sitôt le basculement
des feux effectué.
Après 19h00, les coursives prennent une couleur écarlate dans l'éclairage rouge qui inonde tout le bord et incite instinctivement l'équipage à baisser la voix. Après 21h00, les carrés sont vides et les reliquats du dernier service nettoyés ; la circulation dans les coursives se fait plus rare, les discussions dans les fumoirs s'amenuisent, et les portes se ferment.
Pourtant, la Jeanne ne dort jamais
: en passerelle, une demi-douzaine de personnes reste concentrée sur la
route à suivre et les autres bateaux à proximité ; dans les profondeurs
du bateau, les quarts se succèdent pour assurer une vigilance constante
de la gigantesque mécanique du système de propulsion. Au central opérations,
les officiers élèves de quart s'appliquent dans la conduite des exercices
synthétiques (synthex) conduits jour et nuit et mettant en scène diverses
situation faisant intervenir d'autres bâtiments de surface, des aéronefs
ou encore des sous-marins.
Enfin, en passerelle supérieure les veilleurs demeurent attentifs, scrutant l'horizon pour déceler la lueur d'autres bâtiments et tendant l'oreille vers le grésillement de la communication passerelle, seul bruit dans le calme d'une nuit dont l'obscurité n'est rompue que par l'éclat vif des étoiles et la faible lueur des phares signalant les côtes brésiliennes. Pont 01, les boulangers s'activent pour confectionner les six cents baguettes qui seront englouties dans la journée qui s'annonce ; il est d'ailleurs six heures trente, le soleil point et l'éclairage rouge disparaît dans un claquement sec pour laisser la place à la lumière crue des néons. A sept heures trente, le branle-bas est diffusé dans les hauts-parleurs du bord : une nouvelle journée commence. (photo Marine nationale MP Le Ny)
9
février 2008
: Point de vente embarqué
Pour
les marins désirant se procurer un petit souvenir de la Jeanne
d'Arc ou ceux plus prosaïquement en manque de dentifrice, rendez-vous
à la coopérative, au pont 02 à l'avant du bateau. Partie intégrante du service
commissariat dirigée par le commissaire Jérémie Gaucher, ce point de vente
offre ses services à l'équipage deux fois par jour.
A la fois papeterie, confiserie et librairie, la coopérative a en catalogue
tout un éventail d'articles en plus des effets militaires réglementaires
: des produits d'hygiène aux effets d'habillement en passant par les parfums
et les articles de santé, les produits nécessaires sont disponibles à prix
modiques car hors taxes. Une partie des bénéfices engrangés trimestriellement
est ensuite investie au profit de l'équipage avec le financement d'excursions
et d'événements tels que l'arbre de Noël, l'achat de matériel de sport ou
de détente.
Toute une panoplie d'articles estampillés du sceau de la Jeanne
d'Arc est également en vente ; les plus emblématiques sont offerts
à chaque escale aux personnalités en visite à bord du porte-hélicoptères.
Afin d'éviter tout réapprovisionnement en cours de mission, un stock conséquent
de marchandises est constitué à Brest. Les cartons entreposés à l'arrière
du magasin se videront progressivement pendant les six mois en mer au gré
des besoins de chacun…ce qui nécessite une bonne anticipation des demandes
de la part du commissaire pour éviter de se retrouver en rupture de stock
ou avec des cartons d'invendus à la fin de la mission.
Coopérateur à plein temps, le second maître Franck Delattre est titulaire
d'un brevet d'aptitude technique ; il est secondé dans sa tâche par le matelot
Benjamin Barry et s'occupe des ventes et des inventaires afin de suivre
au plus près l'évolution des stocks. Comme pour tous les membres d'équipage,
leur rôle à bord ne se limite pas à la gestion de la coopérative : à la
moindre alerte, ils sont prêts à tirer à la mitrailleuse 12.7 pour l'un,
ou à œuvrer à l'armement du zodiac pour l'autre. (photo
Marine nationale second
maître Lucas)
8
février 2008
: Impact missile imminent…
A
l'extérieur, les hélicoptères grondent et les embarcations ennemies se rapprochent…l'impact
est prévu dans cinq secondes…quatre, trois, deux, un, le missile vient de
frapper le côté tribord de la Jeanne
d'Arc. Ce scénario a été mis en œuvre aujourd'hui dans le cadre
de l'exercice de maintien en condition opérationnelle - Macopex dans le
langage marine. Ce type d'entraînement a lieu à chaque traversée et vise
à assurer les capacités opérationnelles de la Jeanne
d'Arc. La cellule d'animation, composée d'une dizaine de membres
du bord, crée à chaque exercice une situation de menace aboutissant à un
impact source de nombreux dégâts matériels et humains. Les morts, blessés
mais également incendies ou voies d'eau sont signalés par des pancartes
qui doivent inciter le personnel à réagir selon les procédures adéquates
: téléphoner au PC sécurité de la zone ou central, appeler les brancardiers,
etc.
Durant un Macopex, la totalité de l'équipage est rappelée aux postes de combat : ces derniers se concentrent principalement sur la passerelle, l'armement, la sécurité et les deux cellules nerveuses en cas de crise : le central opération et la cellule macops. Tandis qu'au central opérations les efforts se tournent vers la défense et l'anéantissement de la menace, les douze personnes de la cellule macops recensent tous les sinistres et avaries survenus à la suite de l'impact.
Elles les traiteront ensuite tout en gardant à l'esprit les objectifs prioritaires fixés par le commandant au début de la menace. Le Macopex mené aujourd'hui était de niveau élémentaire ; il a fait participer de nombreux officiers élèves qui ont pu étudier de près les procédures et délais pratiques en usage pour ce genre d'exercice. Bientôt, ils en seront les principaux acteurs, confirmant ainsi la politique d'intégration progressive des officiers élèves dans la vie du bord. (photo Marine nationale MP Le Ny)
6
février 2008
: Capitaine d'armes
dans
la marine depuis vingt-neuf ans. Embarqué sur la Jeanne
d'Arc en mai 2006, il veille au bon déroulement de la vie à bord
en faisant appliquer les directives de la feuille de service.
Editée tous les jours et rédigée par ses soins, cette dernière recense le détail de toutes les activités de la journée, le personnel concerné ainsi que les communications éventuelles du bord. Le capitaine d'armes fait en outre appliquer les directives données au quotidien en mer comme en escale pour assurer les finalités édictées par l'état-major. Il a de ce fait le droit de sanctionner le personnel lorsque des dérives sont constatées, et est aidé au quotidien par ses adjoints officiers mariniers supérieurs, ses quatre officiers mariniers et le secrétaire du service vie courante.
Titulaire
de deux brevets de maîtrise, le major Nadon a débuté sa carrière dans la
marine il y a trente-sept ans et est rapidement devenu instructeur à l'école
des fusiliers marins de Lorient. Après une participation aux coopérations
militaires avec les armées argentines et saoudiennes et un passage dans
les forces commandos, il a parmi ses principales affectations embarqué en
1979 sur l'escorteur rapide " Le Normand " comme capitaine d'armes, puis
sur des avisos et frégates de surveillance pour ensuite participer à la
finalisation de l'armement du porte-avions Charles de Gaulle et à la féminisation
de son personnel (cent cinquante jeunes femmes de tous grades). Fait notable,
il fut également le premier major à commander la compagnie de fusiliers
marins de Sainte-Assise, proche de Melun en Seine-et-Marne.
Il s'exprime avec la précision de son travail et la chaleur de son métier…le capitaine d'armes fait partie de ces figures incontournables à bord d'un bâtiment de guerre, une de celles qui se distinguent autant par leur travail que leur personnalité emblématique. Parfois pressé mais toujours disponible, le major fusilier Jean-Jacques Nadon exerce la fonction de capitaine d'armes
Le rôle du capitaine d'armes est essentiel à plus d'un titre dans une unité de la marine ; en plus de graisser les rouages de la mécanique quotidienne, le capitaine d'armes connaît tout le monde à bord de la Jeanne d'Arc. Cette proximité lui permet de suivre l'évolution de chacun et de jauger le moral général du bord. Poète à des heures jamais perdues, toujours à l'écoute de chacun, le major Jean-Jacques Nadon a encore un an à passer sur la Jeanne. Il espère à l'issue effectuer une dernière d'instruction à l'école des fusiliers marins de Lorient, le saint des saints à ses yeux. Histoire de boucler la boucle.
Tic Tac L'horloge en mission rythme nos journées Selon la tactique, elle nous fait une avance Grâce au méridien qui lui donne des idées Elle peut même reculer par aisance Pour un repos plus que mérité. Elle nous aiguille vers un futur de félicité Sans tact sa sonnerie nous réveille Sans tic, saut du lit obligatoire Sa tactique toujours nous émerveille Attention ! Sa pile est un accessoire Sa durée vous devez connaître Pour que le temps puisse paraître Major fusilier Jean-Jacques Nadon (photo Marine nationale MP Le Ny)
4
février 2008
: Tremblez, néophytes !
Dimanche
3 février, 11h30…quelque part au large du Brésil, la Jeanne
d'Arc franchit l'équateur avec à son bord, 292 néophytes n'ayant
pas encore eu l'honneur de " passer la ligne " sur un bâtiment de la marine.
Afin de célébrer l'événement, le bord est exempt de toute activité opérationnelle
et invité à prendre part à la fête du passage de la ligne. Il s'agit d'intégrer
les néophytes dans le cercle très envié des chevaliers (qui ont déjà franchi
l'équateur) et des dignitaires (qui l'ont franchie au moins deux fois).
Costumés et grimés, les néophytes suivent pendant quelques heures un véritable
parcours initiatique inscrit dans les traditions de la marine nationale
: on ne franchit pas impunément les limites du domaine de Neptune ! Accompagné
de sa compagne Amphitrite, du commandant et des dignitaires participant
à la cérémonie - pilote, astronome, évêque, juges et greffier - , le dieu
des mers a présidé à la cérémonie du passage de la ligne. Au cours de celle-ci,
chaque néophyte comparaît devant le tribunal équatorial et franchit divers
ateliers à thème pour enfin terminer dans la piscine installée pour l'occasion
sur le pont d'envol. Humour bon enfant, renversement des rôles et barbouillages
en tous genres ponctuent l'après-midi sous un soleil équatorial toujours
au rendez-vous.
La cérémonie
du passage de la ligne est un événement profondément ancré dans les traditions
de la marine ; sans remonter jusqu'aux sacrifices offerts aux divinités
grecques par les navigateurs de l'Antiquité lorsqu'ils s'aventuraient sur
des mers inconnues, c'est au milieu du XVIème siècle que les explorateurs
portugais commencèrent à fêter le franchissement de l'équateur, synonyme
de victoire sur l'océan et de découverte de terres inconnues.
A bord de la Jeanne d'Arc,
la fête du franchissement de l'équateur est l'occasion de briser la hiérarchie
habituelle le temps d'une journée ; ce ne sont plus les galons qui s'imposent,
mais plutôt l'expérience de chacun en matière de navigation. Cette journée
devrait en tout cas laisser un souvenir impérissable à tous les ex-néophytes
devenus chevaliers ! (photos
Marine nationale MP Le Ny)
2
février 2008
: Agence
postale
La
Jeanne d'Arc est une véritable
petite ville, avec ses rues, ses places, ses services et, bien sûr, sa poste
appelé agence postale. Cette dernière constitue grâce aux deux agents postaux
qui y officient le principal relais entre les marins du GEAOM et leurs proches
en assurant le traitement quotidien du courrier.
Engagés dans la marine il y a respectivement treize et neuf ans, les seconds
maîtres Dominique Michel et Xavier Oustry ont suivi une formation de trois
mois dans un centre militaire à Paris, puis effectué un stage de quinze
jours dans un bureau de poste. A bord, tous les services classiques d'une
agence postale sont proposés : envoi et réception de courrier, et bien sûr
vente de timbres - plus de douze mille timbres ont été achetés depuis le
début de la mission !
Autre service très sollicité : les multiples tampons et flammes du GEAOM
qui font le bonheur de tous les marcophiles. Gérer les transferts de courrier
pour la Jeanne d'Arc et
le Georges Leygues prend
parfois des allures de corvée colossale ; avec plus d'une tonne et demie
de courrier reçu et trois cent quarante-six kilos de dépêches envoyées depuis
le début de la mission, le petit local de l'agence postale est rapidement
encombré du sol au plafond, à tel point que les horaires d'ouverture du
bureau sont parfois rallongés pour permettre à l'équipage de retirer plus
rapidement ses colis.
En moyenne, soixante-dix colis sont envoyés par escale : ils transitent avec le reste du courrier par l'ambassade de France avant d'être acheminés par avion au centre de Paris tri interarmées, puis réintégrés au circuit de distribution normal. Les consignes sont claires : pas d'envoi d'alcool ou de denrées périssables. Cela n'empêche pas les agents du bord d'avoir parfois de drôles de surprises lorsqu'ils se retrouvent avec un colis mal emballé au dégagement bizarre…ou face à une quarantaine de sacs pleins à craquer, comme ce sera le cas à Rio de Janeiro ! (photos Marine nationale MP Le Ny)
31
janvier 2008
: Spécialité
coiffeur
Les
textes sont clairs : " la coupe de cheveux doit être dégradée et, dans le
cou, s'arrêter au plus bas à mi-chemin entre le niveau du bas de l'oreille
et le col "…en six mois de mission, plusieurs rendez-vous chez le coiffeur
sont inévitables si l'on veut se conformer aux directives en la matière.
A bord, deux
membres d'équipage remplissent cette fonction : les matelots Martinez et
Nex officient quotidiennement dans le local F 0335 rebaptisé plus prosaïquement
" salon de coiffure ". A l'intérieur, rien ne distingue vraiment ce local
d'un salon de coiffure professionnel ; les matelots Martinez et Nex y voient
défiler quinze à vingt personnes par jour, voire trente les veilles d'escale.
Il s'agit tout de même d'entretenir la coupe de quelque six cent cinquante
personnes…ou plutôt six cent trente, car le personnel féminin est toujours
absent de la liste des rendez-vous.
Tout comme son collègue de travail, le matelot Martinez est volontaire dans
la marine ; il a entamé en décembre sa deuxième année à bord de la Jeanne
d'Arc et a été initié à la coiffure au terme d'un stage de cinq
semaines au Centre d'Instruction Navale. Sa spécialité ? " Intéressante,
car elle permet de voir tout le monde et de faire de nouvelles connaissances
" explique le matelot Martinez qui avoue par ailleurs vouloir travailler
dans la manœuvre lors de sa prochaine affectation. Comme tout le personnel
à bord, les deux coiffeurs de la Jeanne
d'Arc ont plusieurs rôles sur le bateau ; en plus de sa fonction
première, le matelot Martinez fait du quart en passerelle, fait partie de
la coordination des équipes de sécurité et est enfin prêt à intervenir en
cas de crash d'hélicoptère. (photo
Marine nationale MP Le Ny)
29
janvier 2008
: Rendez-vous
maritime
En
ce vingt-neuf janvier, le central opérations de la Jeanne
d'Arc tient plus de la ruche bourdonnante que du paisible bureau.
Et pour cause : à proximité du porte-hélicoptères croise le Georges
Leygues accompagné de deux patrouilleurs, la Capricieuse
et le Forward des coast guards américains. Les quatre bâtiments ont
conjointement décidé d'organiser un passex, ou regroupement d'exercices
de tous types menés en commun. La région des Caraïbes, très fréquentée par
les marines française et étrangères, est propice à ce type d'opérations
qui permet de s'adapter à des procédures et des techniques différentes.
En moins de vingt-quatre heures se sont ainsi succédés plusieurs transferts aériens entre le GEAOM, la Capricieuse et le Forward durant lesquels les hélicoptères de la Jeanne d'Arc ont embarqué passagers et dépêches postales au gré des rotations entre les bâtiments. Le patrouilleur américain a également effectué une série de présentations au ravitaillement à la mer entre la Jeanne et le Georges Leygues ; pour les officiers élèves, ces manœuvres ont été l'occasion de s'adapter à de nouvelles configurations. Quelques-uns étaient d'ailleurs présents sur la Capricieuse et le Forward pour participer aux exercices et les aborder sous un angle plus opérationnel, à l'instar des évolutions tactiques menées entre le GEAOM et la Capricieuse qui requièrent une grande souplesse de navigation.
Enfin, pour clore cette journée, une séance de tir sur buts dérivants multiples a réunit les trois bâtiments de la marine française durant quelques heures. Réactivité, adaptation ont été au rendez-vous tout au long de la journée ; d'un point de vue opérationnel, il s'agit en effet d'établir sans cesse le contact radio avec les autres bâtiments, d'anticiper les réactions, de prévoir les évolutions. Ce passex aura également contribué à renforcer les liens entre la marine française et les coast guards américains, dont cinq ont déjà embarqué à bord de la Jeanne d'Arc durant la traversée New York - Fort de France. (photo Marine nationale MP Le Ny)
28
janvier 2008
: Escale
à Trinidad et Tobago
Nichées
à l'extrême sud de l'arc antillais à quelques encablures seulement du Venezuela,
les îles de Trinidad et Tobago ont offert au GEAOM un dernier aperçu des
Caraïbes à l'occasion de leur escale à Port of Spain. Durant cinq jours,
l'équipage a pu découvrir les multiples facettes de ce pays aux influences
variées; entre forêt tropicale, reliefs escarpés et plages désertes, chacun
a pu se promener à son rythme et faire connaissance avec une population
aux origines diverses. Les influences indiennes, africaines et occidentales
s'y mélangent harmonieusement pour composer une société accueillante et
chamarrée ; ce métissage détonnant se reflète par ailleurs dans la gastronomie
locale qui mêle avec saveur les produits locaux, les épices indiennes et
la fraîcheur des fruits pour le plus grand régal des papilles.
A
quelques heures en bateau de Trinidad, l'île de Tobago arbore un visage
beaucoup plus reposant ; les touristes s'y retrouvent spontanément pour
profiter des magnifiques spots de plongée et admirer tortues, raies et poissons
clowns évoluer dans leur milieu naturel.
Pour ceux qui préfèrent rester sur la terre ferme, l'intérieur de l'île
offre cacaoyers, caféiers, bananiers et autres papayers au cœur de l'épaisse
forêt tropicale. Trinidad et Tobago, c'est enfin la beauté d'un carnaval
chaleureux et entraînant où tout le monde se retrouve pour faire la fête;
même
si le festival n'avait pas encore atteint son point d'orgue, les rues et
les parcs de la ville étaient le soir venu pleines de Trinidadiens venus
profiter de la musique rythmée des steel bands ; véritables symboles culturels
du pays, ces orchestres de percussions se sont affrontés au cours d'une
compétition très suivie visant à prouver que le carnaval local n'a rien
à envier à celui de Rio.
La comparaison va être facile à faire pour les marins de la Jeanne
d'Arc et du Georges Leygues
: le GEAOM vogue en effet depuis hier en direction du Brésil, qu'il atteindra
dans quatorze jours.
(photo Marine nationale MP Le Ny)
22
janvier 2008
: Lutte
contre le narcotrafic
Il est deux heures du matin en mer des
Caraïbes; dans la pénombre du pont 06, le central opérations reste en surveillance
constante tandis qu'à quelques miles nautiques de la Jeanne
d'Arc, une Alouette
patrouille dans la nuit à la recherche d'un navire suspect. Depuis leur
appareillage de Fort de France, les deux bâtiments du GEAOM sont entrés
dans une phase opérationnelle bien particulière : la narcops, ou opération
de lutte contre le narcotrafic. La région des Antilles est en effet depuis
plusieurs années le théâtre d'un trafic de stupéfiants à grande échelle
: chaque année, ce sont des centaines de tonnes de cocaïne qui transitent
par les eaux de la mer des Caraïbes pour alimenter les marchés nord-américains
et européens.
Majoritairement
produite dans le nord de l'Amérique du sud, la drogue ainsi acheminée est
dissimulée dans des bateaux de tous types, de la barque de pêcheur au gros
porte-conteneurs. La vigilance est donc de mise à bord de la Jeanne
d'Arc, et tous les bâtiments passant à proximité sont identifiés
et répertoriés. En cas de suspicion de trafic, le porte-hélicoptères peut,
au terme d'une interrogation plus poussée par radio, intervenir directement
et arraisonner le bateau suspect avec l'autorisation de l'Etat dont il arbore
le pavillon. Contrôle de documents et fouille sont alors effectués, menant
éventuellement à l'arrestation de l'équipage et la prise de contrôle du
bateau en cas de découverte de drogue à bord.
Traquer les trafiquants de cocaïne nécessite une collaboration étroite entre
les différents participants à la mission ; aux côtés de la Jeanne
d'Arc et le Georges Leygues, la frégate Ventôse
et le patrouilleur Forward des garde-côtes américains ont œuvré pour
intervenir si nécessaire sur le théâtre des opérations. Cette traque du
narcotrafic s'intègre parfaitement dans les missions de la marine nationale
: les bâtiments de la marine française doivent en effet participer à la
sauvegarde maritime dans toutes les mers du globe et, à ce titre, de lutter
également contre la piraterie et le transport illicite de migrants. A l'heure
du bilan, force est de constater qu'aucun bâtiment suspect n'a été détecté
dans la zone. Cette opération de lutte contre le narcotrafic aura néanmoins
permis de réaffirmer la présence de la marine française en mer des Caraïbes,
en plus de procurer à l'équipage le sentiment gratifiant d'avoir contribué
à lutter contre le narcotrafic. (photo Marine nationale MP
Le Ny)
18
janvier 2008
: Apprendre, comprendre et partager
A
bord d’un bâtiment tel que la Jeanne
d’Arc se croisent toutes les spécialités et tous les niveaux de
formation. Pour tous ceux qui désirent approfondir leurs connaissances,
l’université Jeanne d’Arc
propose des cours dans de nombreuses matières, dispensés par les officiers
élèves et aspirants volontaires et adaptés au niveau de chacun.
Ce programme, mis en place depuis quelques années déjà, permet aux membres
d’équipage qui le souhaitent de préparer de manière efficace un examen ou
un concours interne grâce à un soutien actif en anglais, espagnol, mathématiques,
physique et français.
Le temps d’une mission, les officiers élèves et aspirants qui le souhaitent endossent ainsi le rôle de professeur pour enseigner les sciences ou les langues à des groupes à effectif réduit. Des cours particuliers ont même été mis en place pour un enseignement particularisé ; il faut dire que les diplômes qui jalonnent la carrière des membres d’équipage nécessitent souvent une préparation adaptée, que ce soit pour le NFI (niveau de formation initiale) pour les quartiers-maîtres et matelots souhaitant obtenir le premier certificat, le NFS (niveau de formation supérieur) pour les officiers mariniers visant le brevet supérieur, ou encore les certificats militaires de langue (CML). L’aspirant Mohkam épaule les volontaires du secteur vivres : « ces cours leur permettent de rétablir certains mécanismes, certains réflexes. Certains ont quitté les bancs de l’école depuis plus de dix ans, mais l’envie est toujours là ».
A bord, l’université Jeanne d’Arc est sous la responsabilité du lieutenant de vaisseau Guena, assisté de l’aspirant Roblot. Même si l’organisation des cours est parfois compliquée à mettre en place entre l’emploi du temps chargé des officiers élèves et celui non moins rempli des membres d’équipage, chacun donne volontiers un peu de son temps libre pour partager ses connaissances, s’ouvrir sur les autres et ainsi aborder le reste de l’équipage sous un angle différent.
18
janvier 2008
: Courir en mer
Parce
qu'il est important pour chacun de maintenir une bonne condition physique
en mer, un créneau de sport est mis en place chaque soir à dix-sept heures
à bord de la Jeanne. Le
pont d'envol tout juste libéré des hélicoptères devient alors le lieu de
rendez-vous des coureurs tandis que dans le hangar, les sportifs peuvent
s'exercer sur les vélos d'appartement, rameurs et tapis de course mis en
place pour l'occasion. Des animations sportives sont fréquemment organisées
en parallèle par le moniteur de sport du bord, le maître Quellec. Initiation
à la boxe, tournois de volley-ball, séances de step ou renforcement musculaire,
les activités proposées sont adaptées au niveau de chacun et permettent
d'entretenir sa forme dans la détente et la bonne humeur.
Pour les plus sportifs, une salle de sports est en permanence à disposition de l'équipage ; haltères et autres appareils de musculation y attendent ceux qui souhaitent ainsi marquer une coupure dans leur journée de travail. Enfin, les armées des pays hôtes en escale proposent régulièrement des tournois pour les plus motivés ; c'est également l'occasion de s'initier aux sports locaux tels que le baseball aux Etats-Unis ou le cricket à Trinité et Tobago, la prochaine escale. Mens sana in corpore sano : cet adage est ainsi mis en application quotidiennement sur la Jeanne d'Arc, ce qui permet aux coureurs de prendre un bon bol d'air en profitant du spectacle unique du coucher de soleil sur l'océan.
17
janvier 2008
: Sur le pont d'envol
De
jour comme de nuit, les exercices de vol se succèdent à bord de la Jeanne
d'Arc. Les quatre hélicoptères embarqués sont en effet sollicités
en permanence pour transférer du matériel ou des personnes sur d'autres
bâtiments, effectuer des vols de reconnaissance ou participer aux exercices
de tirs. D'un bout à l'autre de la chaîne opérationnelle, ces manœuvres
font appel à de multiples domaines de compétences : techniciens, pilotes,
pompiers et équipage du pont d'envol se coordonnent sous la direction de
la passerelle aviation pour assurer un déroulement sans faille des manœuvres.
Une fois l'hélicoptère sorti du hangar grâce à l'ascenseur situé à l'arrière
du bateau, les équipes de manœuvres le font rouler jusqu'au spot qui lui
est attribué. Toute l'équipe se place alors sous la direction du chien jaune
: criant pour couvrir le vacarme des pales en rotation, il indique par de
grands gestes les manœuvres à effectuer : décollage, appontage, arrêt du
moteur ou retrait des saisines qui fixent l'aéronef au sol. Véritable point
de commandement au niveau du pont d'envol, le chien jaune est en liaison
permanente avec la passerelle aviation d'où sont délivrées les autorisations
d'appontage et de décollage en fonction des différents éléments en provenance
de la passerelle et du central opérations.
Si la communication entre les différents acteurs est nécessaire lors d'une manœuvre aviation classique, elle devient vitale lors des vols de nuit au cours desquels les pilotes ne disposent que de quelques points lumineux pour se repérer. Ils doivent alors suivre une trajectoire très précise d'approche pour apponter sur le porte-hélicoptères qui, rappelons-le, est toujours en mouvement et animé d'un roulis incessant. Depuis quelques jours, la température extérieure atteint les vingt-huit degrés et les vols s'effectuent sous un soleil brûlant. Sous les tenues de protection ignifugées, la température monte très vite, et c'est avec soulagement que les pompiers retirent leur équipement une fois les vols terminés et libèrent le pont pour le créneau de sport…
16
janvier 2008
: Escale en Martinique
Faire
escale en Martinique, c'est découvrir une France aux accents créoles, une
île multicolore que l'on aborde après une longue traversée en mer des Caraïbes.
Le dix janvier au matin, la Jeanne
d'Arc et le Georges Leygues
ont jeté l'ancre à Fort de France pour une halte de cinq jours, l'occasion
pour l'équipage de découvrir la richesse du métissage antillais et la beauté
d'une île trop souvent réduite au cliché de carte postale.
Il suffit en effet de s'éloigner des longues plages de l'ouest pour se retrouver
en quelques minutes dans la moiteur étouffante de la forêt tropicale ; les
fougères géantes, reliquats du crétacé, semblent partir à l'assaut de la
montage Pelée et cèdent la place en contrebas aux palétuviers d'une mangrove
que les officiers élèves ne connaissent que trop bien. Ils y ont effectué
un stage d'aguerrissement de deux jours dans des conditions précaires :
dans la boue, sous l'eau ou perchés dans les arbres, cet exercice leur aura
permis de découvrir la Martinique sous un angle inédit !
Pour le reste de l'équipage, l'escale a arboré un visage beaucoup plus classique
: les plages du sud et les villages de pêcheurs ont constitué des sites
très appréciés. Très fréquentés également, les multiples échoppes et restaurants
en bord de mer qui offrent les saveurs chamarrées de la cuisine créole :
les incontournables acras de morue, mais également le poulet boucané et
les nombreux fruits de mer, sans oublier bien sûr les jus de fruits frais
à la connotation mystérieuse et exotique : carambole, jujube, goyave, maracuja…Partout
s'offre la luxuriance d'une végétation épanouie grâce au soleil généreux,
aux pluies abondantes et au sol fertile. La faune n'est pas non plus en
reste : de nombreux oiseaux chamarrés et quelques espèces endémiques d'iguanes
peuplent la Martinique, et les forêts du centre de l'île recèlent de multiples
espèces d'insectes et de reptiles. Madinina, " l'île aux fleurs ", n'a pas
encore livré tous ses secrets.
10
- 15 janvier 2008
: Le groupe école d’application des officiers de marine (GEAOM), a fait
escale à Fort-de-France
A
cette occasion, de nombreuses activités ont été proposées tant au grand
public, qu’aux autorités locales ou encore aux officiers élèves. Le jeudi
10 janvier le préfet de Martinique Monsieur Ange Mancini et le contre-amiral
Philippe Combes commandant supérieur des forces armées aux Antilles ont
présenté les spécificités de la Martinique et plus largement du bassin de
la Caraïbe à travers leurs expériences respectives.
Du 11 au 13 janvier, les 110 officiers-élèves dont 18 étudiants étrangers
de 15 pays différents ont été pris en charge par le 33ème régiment d’infanterie
de marine de Martinique (33ème RIMa) et l’escadron de transport outre-mer
Antilles pour des activités opérationnelles. Ils on pu suivre un programme
d’aguerrissement en milieu tropical avec des activités en forêt, du tir
et une mise en situation sur un parcours nautique et dans la mangrove. Avec
l’armée de l’air, ils ont réalisé un posé tactique sur l’île de Saint Martin.
Associé à la progression du 33ème RIMa, ils ont pu mesurer toute la difficulté
d’un déploiement d’éléments précurseurs pour la saisie d’un aéroport.
Quelques heures avant l’appareillage, le 15 janvier, Roger Bencze le responsable
de la coopération interalliées du Joint Interagency Task Force South (JIATF
South), organisme de lutte contre la drogue basé à Key West leur présentait
les derniers résultats de lutte contre le narco- trafic dans la zone en
coordination avec le chef de l’antenne de l’office de répression des trafics
illicites, le commissaire divisionnaire Romuald Muller. Lors de cette escale,
le GEAOM a suscité l’intérêt du public.
Le 11 janvier le professeur Cabrol a offert une conférence à bord dans le cadre du 40ème anniversaire de la première greffe, et plus de 4200 visiteurs ont pu profiter d’une journée porte ouverte le 13 janvier. Ce succès record a revêtu également un caractère insolite car il coïncidait avec la première grande parade de carnaval sur le front de mer de Fort-de-France. Le point d’orgue de ces activités s’est déroulé le lundi 14 janvier avec l’accueil de 30 jeunes de Fort-de-France qui venaient réaliser à bord du porte-hélicoptères, leur journée d’appel de préparation à la défense.
10
janvier 2008
: Arrivée
de la Jeanne d'Arc et du Georges Leygues dans la baie de Fort-de-France
L'accostage
s'est effectué à la jeté de la pointe Simon pour la Jeanne
d'Arc et au port de croisière pour le Georges
Leygues. La manoeuvre d'accostage était soutenue par le MAÏTO
remorqueur portuaire de la Marine Nationale, le CARAMBOLE (Pousseur
n° 34), le TAURUS et le TOUAREG (remorqueurs du port de
Fort-de-France). Escale de 5 jours dans le port Martiniquais où les élèves
effectueront des échanges sportifs et entrainements militaires avec les
unités terrestres présentes sur l'île, en particulier le 33ème RIMa.
9
janvier 2008
: Un
parfum de Caraïbes
Depuis quelques
jours déjà, la Jeanne d'Arc
et le Georges Leygues
voguent en mer des Caraïbes. Les vagues furieuses qui montaient à l'assaut
du GEAOM sont bien loin derrière à présent, et la houle grise de l'Atlantique
a laissé place à une mer calme d'un bleu profond, à peine ridée en surface
par le passage furtif d'un exocet. Les îles des petites Antilles défilent
lentement, laissant flotter derrière elles des noms aux couleurs exotiques
: Saint Martin, Saint Barthelemy, Antigua, Saint Kitts et Nevis. Le beau
temps est bien entendu de la partie, et c'est sous un soleil éclatant qu'ont
lieu les activités en extérieur en dépit de températures plutôt élevées.
Du pont d'envol, ceux qui contemplent les reflets chatoyants de la mer des
Caraïbes ont parfois la chance d'apercevoir l'éclair vif d'un dauphin jouant
avec l'étrave du Georges Leygues. Aujourd'hui, les deux bâtiments ont mouillé
en baie des Saintes, archipel d'îles au sud de la Guadeloupe. L'occasion
pour le commandant d'effectuer une visite officielle à terre, et pour l'équipage
de sortir sur le pont admirer les eaux turquoises de cette baie idyllique
bordée de plages de sable blanc. Une plongée d'inspection de la coque a
également été conduite dans l'après-midi, suscitant l'envie de tous ceux
restés à bord ; une eau à 27°C en plein mois de janvier, c'est un des beaux
cadeaux de cette mission 07-08 ! La Jeanne
d'Arc et le Georges Leygues
ont levé l'ancre en fin d'après-midi pour poursuivre leur route vers Fort
de France ; l'accostage est prévu demain matin et sera l'occasion pour l'équipage
d'initier enfin un premier contact avec la terre des Antilles.
8
janvier 2008
: Des
coast guards sur la Jeanne
La
Jeanne d'Arc accueille
depuis le deux janvier des marins bien particuliers : cinq cadets et un
capitaine de l'école des garde-côtes américains ont en effet embarqué lors
de l'escale de New York pour suivre la formation des officiers élèves du
GEAOM. Cette concrétisation du partenariat noué entre les marines française
et américaine a pour objectif de faire découvrir aux cadets le contenu de
l'enseignement dispensé à bord du porte-hélicoptères, mais aussi de permettre
aux officiers élèves de mieux connaître une composante importante des garde-côtes
américains.
Intégrés au corps des officiers élèves, les cadets ont pu participer aux différentes activités de formation ; de la conduite nautique en passerelle aux exercices de synthèse du central opérations en passant par un séjour sur le Georges Leygues, le programme de la semaine leur a fourni un aperçu de la vie à bord d'un bâtiment école et des missions de la marine. Au terme de sept jours passés à bord des bâtiments du groupe école, le lieutenant de vaisseau Allisson Dussault dresse un premier bilan de cette expérience : " en comparant la formation dispensée à bord à celle des garde-côtes américains, nous nous sommes aperçus que les procédures utilisées sont similaires dans bien des cas […]. Les élèves étaient très enthousiastes à l'idée d'embarquer sur un bateau de la marine française et de découvrir une toute autre culture ".
Les cadets quitteront la Jeanne lors du deuxième jour d'escale à Fort de France ; pour deux d'entre eux, cette année sera la dernière avant l'obtention du statut d'officier. Les trois autres poursuivront leur formation à l'académie pendant un an, après un stage estival sur des bâtiments des coast guards.
7
janvier 2008
:
Planification, organisation, optimisation…
Bienvenue dans la fourmilière du bureau
opérations ! Au sein de ce local niché dans les hauteurs du porte-hélicoptères
s'active en permanence une demi-douzaine de membres d'équipage chargés d'organiser
l'activité opérationnelle du bâtiment. Sous les ordres directs du commandant
adjoint opérations, ils s'efforcent d'optimiser le fonctionnement de la
Jeanne d'Arc au travers
de la planification à plus ou moins long terme des événements à venir. Plusieurs
domaines de compétences s'y croisent et se complètent : informatique, renseignement
ou encore artillerie, le bureau opérations est un lieu de passage où s'établit
le déroulement des activités en fonction des besoins de chaque service.
C'est également une cellule stratégique du bateau dans laquelle les multiples ordinateurs reliés aux réseaux externes permettent de traiter en amont et en aval des informations souvent estampillées du sceau de la classification… Parmi les événements qui rythment quotidiennement la vie du bureau opérations figurent le briefing activité en début de matinée et la rédaction du SOE (le schedule of events) qui rassemble sous forme de tableau détaillé l'organisation des opérations des deux jours à venir. Ce document sera présenté par les officiers élèves désignés chaque jour au commandant en présence du reste de l'école et de l'état-major lors du briefing opérations tenu en début de soirée.
Cette particularité inhérente au GEAOM permet aux officiers élèves de s'imprégner des procédures à suivre lors de la planification d'évènements, et de leur rappeler notamment les incompatibilités éventuelles entre plusieurs opérations menées en parallèle. A vingt-trois heures, le " burops " retrouve enfin un semblant de calme ; mais que l'on ne se fie pas à cette apparente quiétude, il est prêt à tout moment à redevenir la ruche bourdonnante des temps de crise !
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Cette ligne, envoyée d'un bord à l'autre grâce au fusil lance-amarres, est récupérée par l'équipe du second bâtiment qui choque et vire - comprendre tire et relâche - en fonction de l'écartement relatif des bateaux, entre quarante et soixante-dix mètres en général. Cette manœuvre nécessite une parfaite synchronisation entre les deux équipes des plages avant la passerelle, et fait pour cela appel à un palettiste : à l'aide de sa grande plaque rouge vif, il signale par gestes l'opération en cours à son confrère du bâtiment opposé sans oublier de rester en communication radio avec la passerelle.
Si les exercices de PRERAM ont jusque là surtout servi à former les
officiers élèves à la conduite rigoureuse du bâtiment - il s'agit
d'être précis dans les manœuvres avec le Georges
Leygues à quelques dizaines de mètres seulement de la |
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C'est également le cas pour le second maître Lucas qui sort d'un an de formation à l'école de maistrance après avoir exercé sa profession dans l'audiovisuel. Les deux hommes travaillent désormais à l'ère du numérique, la photographie argentique ayant été abandonnée sur la Jeanne d'Arc depuis deux ans déjà. Photographier la mer requiert un savoir-faire qui ne s'apprend qu'à bord ; comme l'explique le cipal Le Ny, " la lumière change en permanence et rend chaque prise de vue différente ". Cela n'empêche pas les deux photographes de fournir quotidiennement de superbes clichés au bord, dont la fameuse photo du jour toujours très attendue lors du briefing opérations. |
Le
second maître Lucas en action sur Times Square
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Le
maître principal Le Ny à bord d'une Alouette III
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28
décembre 2007 - 2 janvier 2008 : Escale
à New York
Il est à peine quatre heures du matin et déjà les marins se pressent sur
le pont pour contempler les fameux gratte-ciel de Manhattan scintillant
dans la nuit glaciale. La Jeanne
d'Arc suivie du Georges
Leygues glisse silencieusement devant la statue de la Liberté illuminée,
et quelques minutes plus tard a lieu l'accostage en plein cœur de la ville.
Au milieu du tourbillon d'activités qui a marqué la journée du 28 décembre, l'événement le plus marquant aura sans doute été la remise de dix mille livres français à des classes défavorisées du Bronx. Ces livres récoltés par deux associations françaises ont été offerts par le commandant de la Jeanne aux élèves américains sur le pont d'envol du porte-hélicoptères, en présence de la fanfare de l'école. Quant
au traditionnel cocktail donné en soirée à bord, il a été l'occasion
pour les marins de découvrir New York au travers des discussions avec
les invités français et américains résidant dans la région. |
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Bon nombre
des membres d'équipage furent frappé par la diversité de cette ville aux
cent quartiers, l'accueil chaleureux des américains et la démesure d'une
mégalopole affichant fièrement ses immeubles comme autant de témoins de
son dynamisme économique.
Le programme de l'escale fut donc plutôt chargé pour tous, avec en point
d'orgue le réveillon du 31 décembre que tout le monde a su fêter à sa façon,
au cœur de la foule et des écrans illuminés de Time Square, dans l'ambiance
chaleureuse d'un bar ou face au feu d'artifice de Central Park.
Pour de nombreux marins, l'escale fut été plus inoubliable encore grâce
à la présence de vingt-cinq enfants de l'association Carlesimo à bord de
la Jeanne d'Arc. A l'occasion
du 25ème anniversaire de cette association d'aide aux enfants atteints d'un
cancer, le groupe accompagné de ses parrains de la Jeanne
d'Arc et du Georges Leygues
a pu découvrir le GEAOM et la ville de New York. Promenade dans Central
Park, hommage aux pompiers de New York à Ground Zero et nouvel an magique
sur Time Square furent des moments inoubliables pour les parrains et leurs
filleuls.
La Jeanne d'Arc et le Georges
Leygues ont à présent laissé les gratte-ciel de Manhattan derrière
eux et voguent ensemble vers leur prochaine escale : cap sur la Martinique,
où les températures estivales devraient vite faire oublier les frimas de
l'Amérique !
27
décembre 2007 : Préparer
l'escale :
A l'occasion
de la prochaine halte de la Jeanne
d'Arc et du Georges Leygues
à New York, penchons-nous sur les habituels préparatifs qui précédent une
escale. Même si la Jeanne est à présent rodée à ce type de manifestation
(quarante-deux missions à raison d'une quinzaine de haltes à chaque fois,
cela représente tout de même plus de six cents escales à son actif !), chaque
nouvelle halte dans un pays étranger est unique de par son contexte et les
découvertes qu'elle offre.
Le premier jour à terre est traditionnellement mené à un rythme tenant plus
du marathon que du séjour touristique ; il s'agit en effet de caser les
visites officielles de l'état-major, la conférence de presse, les visites
du bateau et le cocktail dans un emploi du temps souvent surchargé. A bord,
cette tâche est du ressort du cabinet et de la branche relations publiques
du service commissariat.
Une semaine avant l'escale, les contacts entre le porte-hélicoptères et l'attaché naval de l'ambassade se multiplient afin de coordonner au mieux le déroulement du séjour, tant sur le plan pratique que protocolaire. Le premier jour ont également lieu le ravitaillement en carburant, le réapprovisionnement en vivres effectué par le shipchandler et la délivrance des devises locales. Ces opérations se déroulent aussi sous la houlette du service commissariat, et plus particulièrement du major-commis pour l'embarquement des vivres.
Nécessitant l'utilisation d'un convoyeur, parfois même d'une grue, produits frais et boissons sont embarqués afin de regarnir les cambuses de la Jeanne. Le bâtiment a aujourd'hui accueilli la dernière réunion de pré-escale entre les états-majors de la Jeanne d'Arc et du Georges Leygues ; l'accostage devrait avoir lieu dès 6h30 du matin, et d'ici là tout l'équipage s'affairera pour que la Jeanne brille de mille feux au cœur de l'hiver new yorkais !
25
décembre 2007 : Un
Noël à bord de la Jeanne
Les guirlandes
fleurissent dans les coursives, le papier cadeau bruisse dans les carrés
et les pâtissiers décorent les bûches : c'est Noël aujourd'hui, et tous
ces signes sont là pour le rappeler à ceux qui l'auraient oublié ! Pour
une grande partie de l'équipage, il s'agit du premier en mer, loin de la
famille et des amis.
L'occasion
de penser à ses proches à quelques milliers de kilomètres des côtes françaises,
mais aussi de passer quelques heures en cohésion avec le reste de l'équipage
pour faire de cette fête un moment convivial et chaleureux. Le 24 au soir,
des animations furent organisées dans le hangar hélicoptères pour tout l'équipage.
Après avoir profité du buffet mis en place dans chaque carré et à la cafétéria,
chacun pu venir admirer la démonstration de jonglage, les chants et parodies
qui se succédèrent dans une ambiance bon enfant.
Au côté des Alouette et Gazelle sagement remisées au fond du hangar, dans les craquements du bateau et sous les coups répétés de la houle, la soirée se poursuivit avec pour les uns, un karaoké, pour les autres une veillée liturgique célébrée par l'aumônier du bord.
Le jour de Noël fut plutôt calme avec peu d'activités opérationnelles, laissant chacun profiter de cette journée à son rythme. Sport, lecture, films ou tout simplement moments de repos dans un calme inhabituel, ce 25 décembre fut pour tous l'occasion de rompre exceptionnellement avec le rythme habituel des opérations et de savourer pleinement ce Noël à bord de la Jeanne.
24
décembre 2007 :
Visite impromptue
Aujourd'hui,
exercice bien particulier pour les deux bâtiments du GEAOM : le visitex,
ou visite d'un bateau suspect.
Les bâtiments de la marine se doivent en effet de protéger les intérêts
nationaux en mer et à partir de la mer ; cela implique une lutte accrue
contre les trafics de toutes sortes, drogues, armes, transport illicite
de migrants, ou encore la piraterie.
Le Georges Leygues s'est
prêté au jeu du bateau suspect tandis que sur la Jeanne
d'Arc, l'équipe de visite mettait à l'eau deux zodiacs avec le renfort
de deux hélicoptères de type Gazelle et Alouette.
Composée
de membres de la brigade de protection du bord et d'un commissaire, elle
est chargée de vérifier les documents officiels du bâtiment inspecté ainsi
que sa cargaison le cas échéant. Famas au poing et équipements de protection
en exergue, elle a également pour mission de sécuriser la visite face à
un équipage pas forcément coopératif dans la réalité… Certificat d'immatriculation,
permis de navigation, liste des passagers ou manifeste de cargaison, autant
pièces étudiées en détail par le commissaire qui peut alors décider d'une
inspection plus poussée du bateau si la situation l'exige.
A bord de l'autre bâtiment, une cellule de crise mène le déroulement des
interrogatoires à distance et suit avec attention le déroulement des opérations
pour en conserver une trace dans les archives. Un bâtiment de la Marine
nationale ne peut en réalité arraisonner un bateau qu'avec l'autorisation
du gouvernement dont il arbore le pavillon. Si en dépit des appels radio
le bâtiment suspect poursuit sa route, le commandant peut alors recourir
à des tirs de semonce pratiqués en amont du bateau. Dans le cas où une infraction
majeure est constatée, il sera détourné vers le port le plus proche.
Protéger les intérêts et territoires nationaux mais aussi contrôler les flux et les territoires, tels sont les enjeux du programme de sauvegarde maritime. Les exercices de visites s'inscrivent donc pleinement dans ce cadre opérationnel, en plus de participer au projet de formation des officiers élèves du GEAOM.
23
décembre 2007 :
A la découverte du central opérations
Situé dans les hauteurs du bateau à proximité de la passerelle, le central
opérations est indéniablement une pièce secrète et obscure. Obscure par
l'absence de cette lumière crue qui inonde partout ailleurs les locaux du
porte-hélicoptères, obscure également en raison de l'opacité prégnante des
actions qui y sont menées.
Le CO est en effet au cœur de la chaîne de conduite des opérations, c'est
là que sont détectées les fréquences des bâtiments croisant à proximité
ou coordonnées les actions en relation étroite avec la passerelle et la
passerelle aviation. Autour de l'écran affichant la position de la Jeanne
d'Arc et du Georges Leygues
sont articulés plusieurs modules répondant chacun à une fonction particulière.
Guerre électronique, détection de bâtiments de surface, d'aéronefs ou de
sous-marins, autant de tâches diverses que remplissent consciencieusement
une dizaine de membres d'équipage.
Travaillant à la faible lueur diffusée par les lampes éparses, ils reportent
des positions, adaptent les procédures et analysent les données sans oublier
de surveiller les multiples écrans radars disposés aux quatre coins de la
pièce.
Le CO est une pièce qui vit au rythme de ses occupants permanents, qui vibre
au gré du cliquetis des détecteurs, qui tremble parfois au cœur de l'action.
Il est pour le moment le siège d'exercices synthétiques menés au profit
des officiers élèves de quart : ils se voient en effet confier par leur
instructeur une situation militaire bien spécifique à laquelle ils devront
réagir le plus efficacement possible.
Après une analyse rapide de la situation, ils coordonnent les actions à mener pour fournir la réponse la plus appropriée à la situation et éloigner une menace éventuelle. Les connaissances acquises à l'école Navale sont donc mises en pratique dans un contexte plus que réel qui initie progressivement les officiers élèves à la maîtrise du commandement.
22
décembre 2007 :
Digression culinaire
Descendons aujourd'hui
dans les cuisines de la Jeanne d'Arc,
explorons sa cambuse, ses offices et ses carrés, bref, découvrons l'organisation
du secteur vivres. Une soixantaine de personnes y oeuvre sans relâche pour
confectionner mille trois cents repas par jour !
A la base de la chaîne se situe la cambuse, ce garde-manger démesuré où
s'entassent du sol au plafond fruits et légumes, surgelés et pyramides de
conserves dans les soutes appropriées. Cinq commis y tiennent une comptabilité
précise des stocks afin de pouvoir se réapprovisionner auprès des shipchandlers
en escale et suivre ainsi au plus près la consommation du bord.
Près de deux cent quarante tonnes de vivres ont été embarquées sur la Jeanne
d'Arc avant l'appareillage à Brest, mais la durée de conservation
des produits frais tels que les fruits et légumes exige un réapprovisionnement
régulier à terre. C'est en cuisine que sont transformés tous ces aliments
selon le menu élaboré par le major-commis ; de 6h à 21h, deux équipes y
préparent à tour de rôle les multiples services de la journée tandis que
la nuit, les boulangers s'attellent à la confection des six cent cinquante
baguettes quotidiennes.
Tous gardent à l'esprit le respect de l'équilibre alimentaire et l'importance
de la diversité des plats proposés. Ceux-ci sont pris à la rampe par l'équipage
et les officiers mariniers, tandis que les officiers mariniers supérieurs
et les officiers se restaurent dans leurs carrés respectifs, servis par
des motels.
Actuellement,
les cuisiniers s'affairent pour les premiers préparatifs du repas de Noël
; principaux maîtres d'œuvre des buffets, cocktails et autres réceptions
organisées à bord, ils sauront une fois de plus régaler les papilles dans
la plus pure tradition des cuisiniers de la Marine nationale !
21
décembre 2007 :
Au cœur des machines
Dans les profondeurs de la Jeanne
se niche le compartiment machine, véritable centre névralgique du bateau.
Le curieux qui s'y aventure est aisément désorienté par l'apparente complexité
de cette installation où tout n'est que tuyaux, vannes et volants bigarrés.
Le grondement des turbines, le chuintement de la vapeur, la chaleur et l'odeur
de gazole rendent l'atmosphère lourde, voire oppressante pour le néophyte.
Cependant, quelques explications des mécaniciens permettent de comprendre
rapidement le fonctionnement global des machines et le rôle de la vapeur
dans la propulsion du bateau.
Cette dernière, élevée à une température de 450°C et à une pression de 45
bars, est répartie dans trois collecteurs pour des utilisations bien distinctes.
Elle sert principalement à mouvoir le porte-hélicoptères en passant par
des turbines qui actionnent les deux lignes d'arbre et les hélices.
La
vapeur alimente également trois turbo-alternateurs pour produire une partie
de l'électricité du bord, et permet de chauffer l'eau nécessaire à la vie
quotidienne sur le bateau. Enfin, elle contribue à la production d'eau distillée
par l'intermédiaire de trois mouilleurs pouvant délivrer quotidiennement
cent cinq tonnes d'eau chacun.
Bien qu'ayant largement fait ses preuves au cours des missions précédentes,
l'installation est sous la surveillance constante de dix mécaniciens qui
ne quittent pas des yeux les multiples compteurs et jauges de pression afin
de pouvoir pallier tout dysfonctionnement éventuel.
Etre de quart au PC machine requiert une concentration permanente et des
rondes sont organisées dans les compartiments afin de repérer la moindre
anomalie. Il y fait 45°C, et la chaleur se révélera rapidement étouffante
une fois la Jeanne d'Arc arrivée dans les zones chaudes avec des pointes
à 65°C, voire plus à proximité des réchauffeurs !
Températures suffocantes, odeurs de gazole et vacarme assourdissant, ces
conditions de travail soulignent la ténacité de ces vaporistes pour qui
entretenir les machines de la Jeanne relève plus d'une passion que d'un
simple travail.
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19
décembre 2007 : Même
au milieu de l'Atlantique, les équipements de la Jeanne
d'Arc permettent à l'équipage de communiquer avec la terre par téléphone
et internet, réconfortant ainsi le marin durant les longues traversées.
Le porte-hélicoptères dispose de deux principaux canaux de télécommunication,
l'un par satellite, l'autre via les hautes fréquences - ce dernier étant
réservé aux liaisons opérationnelles.
La voie satellitaire permet au bord de recevoir et d'émettre des mails grâce
au système Skyfile désormais bien connu des familles des marins de la Jeanne
; la couverture devrait en principe être totale sur toute la zone de la
mission 2007-2008 et ainsi assurer un contact
ininterrompu entre l'équipage et les proches restés à terre. Quant au téléphone
et internet, ils utilisent tous deux le support " Vsat ".
La préparation des escales à venir comme les échanges administratifs avec
les organismes en France sont donc facilités grâce à cet accès au débit
raisonnable. A bord de la Jeanne,
toutes les connexions et communications extérieures passent par le " PC
Telec ". Située dans les hauteurs du bateau, cette salle aux murs tapissés
de câbles et de fils recèle un nombre impressionnant d'ordinateurs et de
serveurs de toutes sortes.
Il faut en effet assurer la transmission des appels, des mails et des communications
avec le Georges Leygues
et une dizaine de techniciens y oeuvrent en permanence pour qu'à aucun moment
le fil qui lie la Jeanne d'Arc
au reste du monde ne soit interrompu.
18
décembre 2007 : Se
jouer du temps
Prendre la mer, c'est prendre la vie sur un nouveau rythme. A bord de la
Jeanne d'Arc, le temps paraît
se dissoudre et filer entre les doigts comme un souvenir trop vite remisé
dans un coin de la pensée. Les heures changent au gré des fuseaux horaires,
les fins de semaine deviennent des jours comme les autres et le marin se
surprend à oublier toute notion de ce temps qui, à terre, coordonne pourtant
nos actions quotidiennes.
Il n'est plus question d'heures ou de minutes à bord de la Jeanne;
il est question du roulis incessant qui impose impitoyablement son rythme,
du grondement régulier des vagues qui viennent frapper la coque, du soleil
qui se cache derrière les nuages pour celui qui aura la curiosité de monter
en passerelle.
Dans les profondeurs
du porte-hélicoptères, la luminosité ne varie guère et l'arrivée de la nuit
est signalée par la mise en place d'un éclairage rouge qui enveloppe le
moindre recoin d'une oppressante obscurité.
Des rappels quotidiens viennent pourtant ancrer le bord dans la réalité
: le matin, la diffusion "bonjour à tous, nous sommes le mardi 18 décembre…"
impose un brusque retour à la chronologie routinière que l'on espérait oublier
en embarquant sur
la Jeanne !
17
décembre 2007 : Rendez-vous
au briefing opérations
C'est un des points les plus importants de la journée, celui qu'il ne faut
pas manquer si l'on veut prétendre à une quelconque participation dans la
conduite du bâtiment. Chaque jour à 18h30, le briefing opérations rassemble
dans une salle de conférences comble le commandant, les officiers et bien
sûr les officiers élèves qui suivent avec attention la présentation des
exercices majeurs de la journée à venir. Car le " briefing ops " a pour
principal but de faire le point sur la succession des opérations quotidiennes
qui font de la Jeanne d'Arc
et du Georges Leygues
des bâtiments opérationnels prêts à intervenir à tout moment sur les océans.
Après un bref retour sur les exercices de la journée, les présentations
se succèdent en moins d'une demi-heure : météo et impact éventuel du temps
sur les opérations, exercices de tir, ravitaillements à la mer menés avec
le Georges Leygues, appontages d'hélicoptères, tout est évoqué en détail
et résumé dans l'incontournable SOE, le schedule of events ou emploi du
temps. Un point logistique est également présenté avec un rappel des réserves
en carburant et en eau douce, l'état des machines et la disponibilité des
quatre hélicoptères. Depuis le début de la mission, ce sont les officiers
élèves qui se prêtent à cette présentation qui prend parfois des allures
de grand oral.
Au-delà de la maîtrise des exercices et de leurs procédures, le briefing
est en effet l'occasion d'apprendre à s'exprimer devant deux cents personnes,
à s'appuyer sur des diaporamas et savoir se débrouiller sans eux lorsque
la technique ne suit plus… Gérer son stress, pouvoir répondre à des questions
de l'état-major sont autant de compétences qui ne s'apprennent qu'au briefing
opérations. Elles sont par ailleurs essentielles pour les fonctions de commandement
que seront amenés à relever les officiers élèves dès l'an prochain.
En dépit
d'une mer moyennement agitée, la première nuit Grincements
de toutes parts, grondements des vagues contre la coque ont également
été de la partie et la nuit Le porte-hélicoptères est en effet doté d'une grosse inertie et, contrairement aux bâtiments plus modernes dotés de systèmes de stabilisation automatisés, il amorce facilement un roulis dont l'amplitude augmente rapidement. |
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15
décembre 2007 : La
vieille dame repart en campagne.
L'émotion
est palpable
à bord de la Jeanne d'Arc.
Il est midi en ce samedi
15 décembre et dans quelques minutes, le porte-hélicoptère quittera le quai
d'armement pour appareiller dans le cadre de la 43ème campagne du groupe
école d'application des officiers de marine.
A bord, le ministre de la Défense Hervé Morin et le chef d'état-major de
la Marine sont présents aux côtés du commandant pour assister aux manœuvres
d'appareillage. Après la revue des troupes sur le pont d'envol en milieu
de matinée, le ministre s'est directement adressé aux officiers élèves dans
un discours soulignant l'importance de leur formation à bord de ce bâtiment.
C'est en effet sur la Jeanne d'Arc et la frégate anti-sous-marine Georges
Leygues que les 130 officiers élèves du GEAOM (groupe école d'application
des officiers de marine) vont acquérir l'expérience en mer nécessaire à
leur futur rôle de commandement sur les bâtiments de la marine nationale.
Durant six mois, ils seront progressivement immergés dans le fonctionnement du bord et découvriront au travers des nombreux exercices la mise en application des connaissances apprises à l'école navale. Cette année, la campagne du GEAOM les mènera en Amérique, sur la côte est-africaine et le long des rivages de la Méditerranée. Pour le moment, l'heure est plutôt aux derniers saluts adressés aux familles restées à quai. L'équipage a pu dans la matinée leur faire visiter le bateau et dire un dernier au revoir à leurs proches, compagnes et enfants. Alors que la Jeanne s'écarte lentement du quai et que les mains s'agitent sur le quai, on se prend doucement à songer aux futurs souvenirs qui immortaliseront cette 43ème campagne. Partir loin, longtemps, ensemble, n'est-ce pas l'une des plus belles façons de forger les caractères et de s'ouvrir sur le monde ? Il ne reste plus qu'à souhaiter à la vieille dame bon vent, bonne mer avant un retour attendu pour le 4 juin…