Histoire du Bâtiment de Soutien Mobile Loire (1965-85) L'expédition de Suez (fin 1956) avait mis en évidence l'insuffisance des moyens logistiques de la "Force Navale d'Intervention". L'Etat-Major Général demande alors, à l'automne, au Service Technique des Constructions et Armes Navales d'étudier des bâtiments "destinés à assurer le maintien en conditions opérationnelles des diverses formations que la Marine peut être amenée à mettre en oeuvre simultanément". Ces bâtiments reçurent alors le nom de "Bâtiments de Soutien Logistique" (BSL). On s'orienta vers la construction de plusieurs unités de tonnage modéré, possèdant des caractéristiques communes. Quatre versions furent prévues à l'origine : Electronique, Amphibie, Dragage et Sous-Marins. En fait, il y en aura 5 :
Mise en chantier
le 9 juillet 1965 par la DCAN de Lorient, la Loire
est mise à flot le 1er octobre 1966 et armée pour essais le 4 mars 1967.
Son premier commandant est le capitaine de corvette
La Loire est armée définitivement le 1er mai 1967 et admise au service actif le 17 octobre 1967, et rallie son port base, Brest, au sein de la 2ème escadrille de dragage et de forces côtières (2e ESDRA). Tout au long de sa longue carrière, la Loire sera dédiée à la Guerre des Mines et au soutien de la Force de Guerre des Mines. Le bâtiment connaît quelques soucis de jeunesse, au point de vue propulsif, mais également pour assurer le soutien des dragueurs, puisque son bordé en dévers empêche l'accostage sûr à couple des dragueurs. Durant le commandement du CC Hervé, la Loire parcourt ses 15612 premiers nautiques, en 136 jours de mer, et 238 appontages ont lieu sur la plateforme. Le capitaine
de corvette
L'été 1969 est mis à profit pour effectuer un petit carénage (7 juillet au 2 août 1969). Entre temps, elle apporte son concours à l'Ecole navale pour embarquer des élèves dans le cadre de "corvettes" d'entraînement à la navigation. Elle navigue ainsi jusqu'à Brême en mars 1969 et en Iroise en octobre 1969. Les ateliers apportent parallèlement leur concours aux dragueurs durant les périodes d'entretien au port base. Le 9 janvier 1970,
le capitaine de corvette Durant l'été 1970, la Loire se déploie durant une mission d'un mois en Norvège, du 22 juin au 22 juillet 1970. Elle réalise des escales aux Pays-Bas, en Allemagne, Norvège et en Grande-Bretagne. D'énormes défenses gonflables sont mises en place à bord pour l'accostage à couple au mouillage des dragueurs, lui permettant d'accueillir jusqu'à sept bâtiments.
Le 15 janvier 1971,
le capitaine de corvette Durant l'été 1971, la Loire appareille sur alerte pour transport et soutien d'un détachement hélicoptère du 16 août au 11 décembre en Amérique du Sud. Elle transporte une Alouette III dernier modèle et sur le pont milieu, dans une énorme caisse, le premier hélicoptère Puma partiellement démonté. Une équipe civile de "Sud Aviation" fait la traversée à bord. La Loire assure également, durant cette mission, la surveillance des pêches au large de la Guyane (24 au 27 novembre 1971) et effectue régulièrement des démonstrations de ses moyens de soutien aux marines étrangères, puisqu'elle visite 6 pays d'Amérique du Sud, le Sénégal et la Guyane en 11 escales différentes (Dakar, Santos, Buenos-Aires, transit par les chenaux de Patagonie, Valparaiso, Arica, Callao, Guayaquil, Cartagena, La Guaira, Iles du Salut, Fort-de-France , Brest). Elle passe pour la première fois la ligne de l'équateur au cours de cette mission. Le bâtiment
passe au bassin pour un petit carénage du 10 janvier au 22 février 1972. Durant
ce passage au bassin, le capitaine de corvette Une nouvelle ère s'ouvre pour la Loire : une de ses missions est désormais la surveillance de la grande pêche sur les bancs de Terre Neuve. La Loire y apporte également son soutien matériel et médical aux pêcheurs. Elle se déploie pour la première fois durant le 4e trimestre 1972 en Atlantique Nord. Cela ne va pas sans conséquence sur la vie à bord : l'installation de climatisation n'avait jamais bien fonctionné en mode "pompe à chaleur" pour le chauffage. Elle est remise en état durant l'IPER permettant le déploiement vers Terre Neuve : cela fonctionne bien , mais chose étonnante, la sensation de maux de tête et de "gueule de bois" est ressentie à chaque fonctionnement prolongé du fait de la très faible hygrométrie de l'air en zone Terre Neuve - Labrador.
Durant le commandement
du capitaine de corvette puis capitaine de frégate
Cela amène le bord
à demander l'implantation d'une chaudière auxiliaire pour déglacer le guindeau,
la plage avant et le pont d'envol, réchauffer l'huile des moteurs et les caisses
à eau douce, ainsi que les zones vie avant et arrière du bâtiment lors des prochaines
missions de surveillance des pêches. En 1973 le pack s'est étendu jusqu'à l'île
SABLE et le port de St Jean de Terre Neuve a été bloqué jusqu'au 1er juin. Le
bâtiment a été contraint de naviguer dans la glace dont l'épaisseur sous la
flottaison pouvait atteindre 4 à 6 mètres. Le capitaine
de frégate Esnault raconte l'un des moments les plus palpitants de cette
campagne : "Au moment du dégel qui commence fin avril, 1ère quinzaine
de mai, le pack se transforme en un magma de glace pillée qui descend à une
profondeur supérieure au tirant d'eau du bâtiment. Les filtres situés sur les
circuits d'eau de mer des moteurs se remplissent de glace et les circuits se
désamorcent. D'où l'obligation de stopper, ce qui n'est guère recommandé dans
le pack. Cet incident nous est arrivé en pleine nuit, lors de la remontée sur
St Jean de Terre Neuve. La chasse d'air étant impuissante à dégager les circuits,
la seule solution a été de vider les filtres à la cale et de ne fonctionner
que sur un seul à la fois. Cette façon de faire nous a permis de franchir la
trentaine de nautiques qui restaient à courir pour atteindre St Jean de Terre
Neuve, en changeant de filtre tous les dix à quinze minutes environ."
La mission doit se terminer du fait de l'avarie d'un moteur de propulsion, le bâtiment rentrant à Brest pour le réparer du 1er juin au 8 juillet. Le bâtiment reprend ensuite le rythme de la guerre des mines, soutenant les exercices Marindra 73 (21 octobre au 5 novembre) et Donges 73 (12 au 23 novembre), puis l'Ecole navale, accompagnant les élèves du cours de brevet supérieur de chef du quart jusqu'à Göteborg du 28 novembre au 14 décembre 1973. Le 11 octobre 1973,
en baie de Douarnenez, la Loire
conduit avec succès les essais de mouillage des mines OTAN. L'année 1974, sous
le commandement du capitaine de corvette Le début de l'été est consacré à la surveillance de la Grande Pêche du 24 mai au 13 juillet, en Norvège du nord, Islande et Canada. La mission se déroule par très beau temps et en jour permanent. Le BSL fait halte durant cette campagne de multiples fois à Hammerfest, mais aussi à Honninsvaag du 7 au 8 juin 1974, Alta du 12 au 13 juin 1974, Tromsöe du 18 au 20 juin 1974, et Reykjavik du 5 au 9 juillet 1974,
Au retour, le bâtiment connaît sa 2e IPER, à Cherbourg du 18 août au 11 octobre 1974, avant de soutenir l'opération DECAN, le déminage du canal de Suez avant sa réouverture. Au cours de cette opération, du 2 novembre 1974 au 13 janvier 1975, la Loire embarque pour la première fois deux Poissons AutoPropulsé PAP 104. Elle transite par Augusta, du 9 au 11 novembre 1974, Port Saïd du 15 au 27 novembre 1974, Ismaïlia du 27 novembre au 21 décembre 1974 et Alexandrie, du 26 au 30 décembre 1974, puis au retour passe par Malaga du 6 au 9 janvier 1975. Au retour de Suez,
le 17 janvier 1975, le capitaine de corvette L'activité
est plus ralentie ensuite, de novembre 1975 à avril 1976, la Loire
étant employée à quai pour soutenir les dragueurs de mines.
Elle participe tout de même à de nombreux exercices : Donges
75 du 2 au 12 novembre 1975, Verdon 76 du 22 février au 3 mars 1976, Norminex
76 du 25 avril au 6 mai 1976 (mouillage de 32 mines), Marindra du 13 au 30 mai
1976, faisant escale du 15 au 17 et du 25 au 27 mai 1976 à Marin,
du 17 au 22 mai 1976 à Vigo. La Loire effectue parallèlement le mouillage de 10 mines du 22 au 30 janvier 1976 et se rend à Amsterdam du 18 au 22 juin 1976 et à Nantes pour une mission de représentation du 25 au 28 juin 1976. Durant l'été 1976, la sécheresse pose également des problèmes à bord, puisque la climatisation est indisponible depuis janvier 1973 : le bâtiment devient invivable lorsqu'à l'extérieur il fait 36°C à l'ombre.
Le capitaine
de corvette La Loire
participe au plan POLMAR du 18 au 31 octobre 1976 suite au naufrage du pétrolier
Böhlen au large de l'île de Sein puis passe au bassin du 24 novembre
au 21 décembre 1976 pour entretien. Du 24 au 27 juin 1977, elle se rend
à Funchal sur l'île de Madère. Le 7 juillet 1977,
le capitaine de frégate La Force de Guerre des Mines s'entraîne début 1978 au large du Portugal du 11 au 21 janvier, la Loire faisant halte à Leixoës du 16 au 19 janvier, avant de connaître une nouvelle période d'entretien majeur du 21 janvier au 17 avril 1978. Dès la fin de sa période d'entretien, la Loire participe à la mission POLMAR consécutive au naufrage, le 16 mars 1978 du pétrolier panaméen Amoco Cadiz. Du 16 mai au 13 juillet 1978, la Loire retrouve l'Océan Glacial Arctique pour une nouvelle campagne de surveillance des pêches : elle se rend à Hammerfest, mais également à Harstad les 29 et 30 mai 1978, Vardöe du 4 au 6 juin 1978, et à Tromsöe du 17 au 19 juin et du 4 au 6 juillet 1978.
Le capitaine
de frégate La part de travail consacrée au soutien augmente de manière conséquente à la fin des années 70, la quantité de travail fourni au profit des autres bâtiments passant de 131 Hommes.Heures par mois à 1347 en 1979. Parallèlement, les ateliers doivent se moderniser pour pouvoir accueillir les nouveaux venus dans la Force de Guerre des Mines : les chasseurs de mines tripartites, de type Éridan : cette rénovation des ateliers doit se faire en deux périodes, durant la période d'entretien du 16 juillet au 5 octobre 1979 et celle prévue en 1980-81.
Le 6 septembre
1979, le capitaine de frégate La Loire
participe ensuite à des exercices et sorties d'entraînement au
profit de la Force de Guerre des
Mines durant le début d'année 1980, et apporte son concours
à l'Ecole navale pour l'entraînement à la navigation des
élèves.
Le capitaine
de frégate Le 22 novembre
1980, la Division Anti-Mines de l'Océan Indien (DAMOI) est mise
en place, aux ordres d'Alindien, l'amiral commandant les forces navales de l'Océan
Indien. Le 23 novembre 1980, la Loire arbore
la marque du capitaine de vaisseau commandant la DAMOI. La mission de la DAMOI
est appelée à durer, et les bâtiments composant cette force
viennent des trois régions maritimes (Manche-Mer du Nord, Atlantique
et Méditerranée).
Le BSL Loire doit assurer, à partir d'un mouillage forain, le soutien logistique et le commandement d'une force de lutte contre les mines opérant principalement sur la façade Manche/Atlantique". La force que
la Loire doit pouvoir
soutenir est du type : Cette longue période avec tous les types de bâtiments de guerre des mines permet d'effectuer diverses expérimentations comme les ravitaillements en eau douce de dragueurs océaniques à 6 noeuds et les ravitaillements à la mer des chasseurs de mines type Dompaire.
La Loire est alors stationnée à Djibouti, son unique port de ravitaillement durant pratiquement un an, quittant la corne de l'Afrique uniquement à l'été 1981 le temps de se rendre à Mombasa, du 9 au 23 juillet 1981, pour passer au bassin. Elle y retourne du 18 au 23 janvier 1982. Le 1er septembre
1981, le capitaine de frégate La Loire se rend à Karachi pour passer au bassin du 13 au 26 mai 1982. Durant toute cette période, les bâtiments entrant au sein de la DAMOI sont les chasseurs de mines Garigliano, Cantho, Mytho, Vinh Long, les dragueurs côtiers Phénix, Céphée, Capricorne, Capella et les dragueurs océaniques Baccarat et Ouistreham. La Loire participe également au soutien des bâtiments déployés en Océan Indien comme l'aviso-escorteur Protet, le pétrolier Isère, l'escorteur d'escadre Kersaint, l'aviso D'Estienne d'Orves et l'EDIC 9091, mais soutient aussi l'ambassade de France à Djibouti.
Le 21 août
1982, le capitaine de frégate La mission Khandjar du 3 au 26 octobre 1982 conduit le BSL et sa force à Mascate (du 11 au 15 octobre 1982) et Abu Dhabi pour travailler dans la région du détroit d'Ormuz. La Loire quitte la DAMOI le 15 novembre 1982 pour effectuer son transit retour vers Brest, escortant les chasseurs Dompaire et Garigliano ainsi que le dragueur Alençon. Elle passe Suez le 23 novembre 1982, fait halte à Augusta le 28 novembre 1982 (le Garigliano quitte la force à ce moment), à Palma de Majorque du 2 au 4 décembre 1982 et à Leixoës les 10 et 11 décembre 1982. La Loire retrouve Brest le 15 décembre 1982 et débute une période d'entretien majeur le 3 janvier 1983, qui va durer jusqu'au 13 juillet 1983 pour finir la période d'essais consécutive le 29 juillet 1983. Suite à
des ennuis de santé, le capitaine de frégate Bernaudin quitte
son commandement prématurément, laissant la place au capitaine
de frégate
A l'issue de sa longue période d'entretien, la Loire effectue une sortie d'entraînement individuel qui la mène à Lerwick du 4 au 8 août 1983, puis effectue un stage de remise en condition durant le mois d'octobre 1983, avec la 21e division de dragueurs, la 25e division de chasseurs de mines et le 2e Groupe de Plongeurs Démineurs. Du 10 au 13 octobre 1983, elle participe à l'opération Protecmar V dont le but est de recueillir des informations techniques sur le traitement en mer des nappes d'hydrocarbures au moyen d'un dispersant répandu par un bâtiment de surface et un Super Frelon.
Elle participe ensuite à Portland, du 25 novembre au 2 décembre 1983 à la mise en oeuvre du 1er conteneur de guerre électronique de l'OTAN, le TRACSVAN. Le 5 décembre
1983, le capitaine de frégate Elle participe durant le printemps 1984 à au stage de remise en condition de la Force de Guerre des Mines puis à l'exercice Norminex 84. La Loire appareille en août 1984 pour l'Océan Indien, soutenant la Force de Guerre des Mines participant à la mission Grondin-Muge en mer Rouge, et faisant halte à Port Saïd, le 26 août 1984, Hurghada du 28 au 30 août 1984, Jizan du 3 au 7 septembre 1984 et Djibouti du 10 au 13 septembre 1984.
Le capitaine
de frégate Elle participe à de nombreux stages du Centre d'Entraînement de la Flotte pour assurer la remise en condition des chasseurs de mines après des arrêts prolongés, apporte son concours à l'Ecole navale en dirigeant un groupe de six bâtiments partant du 12 au 21 février 1985 en "corvette" à Saint Malo, escorte le P400 L'Audacieuse durant sa traversée de l'Atlantique et se tient parée à le remorquer (4 au 22 avril 1985).
La Loire participe aux exercices Damier 85 (2 au 7 mars 1985) et Norminex 85 (14 au 31 mai 1985) ; durant cette période, elle participe le 17 mai 1985 à l'évacuation sanitaire d'un blessé du bâtiment de surveillance de site Hibiscus vers Cherbourg, puis le 23 mai elle hélitreuille du personnel à bord de la vedette des douanes "Vent d'Amont" et remorque le bâtiment suite à un incendie à bord, ce qui lui vaut une lettre de félicitation du directeur général des douanes. La Loire connaît une nouvelle période d'entretien majeur du 1er juin au 12 juillet 1985 puis, à l'automne 1985, participe à l'exercice Ocean Safari du 8 au 27 septembre 1985, durant lequel elle mouille des mines. Cette activité conduit la Loire à Saint Malo du 15 au 18 février 1985, Dakar du 11 au 15 avril 1985, Portsmouth du 26 au 30 avril 1985, Caen du 18 au 21 mai 1985, Anvers du 23 au 25 septembre 1985 et Cherbourg, en mai, novembre et septembre 1985. Texte Antoine Morcello pour Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Remerciements CF Pierre LETERME, CA(2S) Claude GAUCHERAND, CV Bernard BACHOLLE, CV(R) Michel BENOIST de BEAUPRE, CV Philippe CONVERT, CV(R) Robert GASPARD, CV(H) Pierre GELEZ, CV(H) Gérard SAVY, CV Jean-Luc THELOT, CV(R) Jean-Martin TUTENUIT, CV(H) Gilles WAYMEL. [Sommaire Loire]. [Sommaire Net-Marine] |