Aristide Aubert du Petit Thouars


Aristide du Petit Thouars (1760-1798)

Aristide Aubert du Petit Thouars de Boumois : Marin célèbre, né au château de Boumois, le 31 août 1760. Ses parents le destine au métier des armes.

Il est envoyé à l’Ecole militaire de La Flèche. La lecture de Robinson Crusoé éveille en lui le goût des courses maritimes. Il compose un roman, dont il est le héros, et, pour le réaliser, s’échappe avec un de ses camarades, afin de s’embarquer à Nantes comme mousse. Repris tous les deux et menacés d’une peine sévère, Dolomieu, en garnison à La Flèche, séduit par le caractère d’Aristide, obtint sa grâce. De l’Ecole de La Flèche, il passe à l’ Ecole militaire de Paris. Il y fait alors des études sérieuses. En 1776, à la suite des réformes des écoles militaires par le comte de Saint-Germain, aucune nomination ne se faisant dans la marine, il entre dans le régiment de Poitou.

A la nouvelle du troisième voyage de Cook, il s’offre pour l’accompagner comme volontaire. On le retint. La guerre avec l’Angleterre lui fournit en 1778 la possibilité d’ obtenir du Ministère la permission d’aller à Rochefort où, à la suite d’un examen qu’il subit avec distinction, il fut reçu garde-marine. Il se trouve au combat d’Ouessant, à la prise du Fort Louis du Sénégal, au combat de la Grenade et à d’autres affaires sur le vaisseau Le Fendant, commandé par M. de Vaudreuil. A la fin de la guerre, il passe sur la Couronne et on lui donne à la paix le commandement du Tarleton. Pendant la paix, Aristide du Petit Thouars est employé à des croisières durant lesquelles il ne négligea aucune occasion de perfectionner ses connaissances. Dans ce dessein, il fait deux voyages en Angleterre.

A cette époque, il n’était question que de la disparition de La Pérouse. L’imagination d’Aristide s’enflamma à la pensée du sort que devait subir le hardi navigateur que l’on supposait échoué sur une île déserte : il forme aussitôt le projet d’aller à sa recherche. Il publie un prospectus pour cette expédition, qui devait se terminer par la traite des pelleteries de la côte nord-ouest de l’Amérique septentrionale. Son frère Aubert Aubert se joint à lui. La souscription n’ayant pas donné les fonds suffisants, les deux frères vendent tous leurs biens, afin de faire face aux frais de l’expédition. Louis XVI avait souscrit à l’entreprise et lui remet la croix de Saint-Louis dont le port était prohibé. Après bien des traverses le Diligent est armé et Aristide part le 2 août 1792, sans son frère qui manque le départ, arrêté par les révolutionnaires à Brest.

Aristide de Petit Thouars, arrivé à l’île du sel, l’une des îles du Cap Vert, y sauva des horreurs de la famine quarante Portugais qu’il transporta à l’île Saint-Nicolas : la disette s’y faisant sentir il ne peut résister au spectacle de désolation qui lui était offert ; il donna presque toutes ses vivres aux habitants, qui à son départ, leur évêque à leur tête, l’accompagnèrent sur le rivage en le couvrant de bénédictions. Ayant repris la mer, son équipage se trouve décimé par une maladie affreuse ; il prend le parti de gagner l’île de Fernand-de-Noremha, la terre la plus proche. Les portugais, que ce qui se passait en France à cette époque rendait extrêmement défiants, l’arrêtèrent malgré ses justes réclamations et saisirent son bâtiment qui s'échoue en entrant à Pernambouc. Ainsi son expédition est empêchée sans retour. On le conduisit, contre le droit des gens, prisonnier à Lisbonne, ou il essuie une assez longue captivité. Relâché, il part pour l’Amérique septentrionale.
Arrivé en Amérique, il eut pendant quelques temps l’idée de s’y fixer. Mais emporté par son goût de nouvelles découvertes, il essaie par deux fois à gagner par terre la côte du nord-ouest. Il alla de plus avec M. le duc de La Rochefoucauld-Liancourt visiter les chutes du Niagara, course intéressante, relatée par M. de Liancourt. Une apparence de tranquilité le fait revenir en France.

Signalé dès sa jeunesse par les amiraux et les capitaines sous lesquels il avait servi, MM. Le Bailli de Suffren, de Guichen, d’Albert de Rions, de Lamotte-Picquet, de Vaudreuil, etc…, comme un des officiers qui devaient faire un jour le plus d’honneur à la Marine française. On lui propose donc de rentrer au service ; il accepte. L’expédition d’Egypte étant en préparation, on donne à Aristide du Petit Thouars le commandement du Tonnant, vieux vaisseau de 80 canons, sur lequel il eut le plaisir de posséder Dolemieu. Il part comme chef de division des armées navales. Parvenu au terme de sa destination, la flotte qui devait en repartir fut retenue dans la rade d’Aboukir par les ordres imprudents du général en chef. A la fin de juillet 1798, on signala la flotte anglaise commandée par Nelson. Un conseil est convoqué à bord du vaisseau de l’amiral Brueys. Du Petit Thouars, prenant la parole, dit « que l’on est perdu si l’on attend Nelson dans la position fausse ou l’on est et qu’il faut appareiller sans délai ». Quelqu’un ayant improuvé avec aigreur cet avis salutaire, « je ne sais ce que l’on fera, reprit Petit Thouars, avec une fureur concentrée ; mais on peut être sûr que, dès que je serai à bord, mon pavillon sera cloué au mât ! ».

Sa fin glorieuse est devenue une scène historique. Le Tonnant lutte jusqu’à la mort, désemparé, rasé : du Petit Thouars mutilé, les bras et une jambe emportés, fait jurer à son équipage de ne jamais amener son pavillon. Il meurt en héros, le 1er août 1798.

Le 13 septembre 1931, à Saint-Martin-de-la-Place, et le 2 juillet 1933, à Saumur, furent élevés deux monuments à sa mémoire. Celui de Saint-Martin-de-la-Place représentant le scène de la fin du Tonnant, dû au sculpteur Benon, celui de Saumur, inauguré sous la présidence de M. Leygues, ministre de la Marine, le 2 juillet 1933, dû au sculpteur Jouanneault et érigé sur la place du Petit Thouars, le représente en pied dans une très belle attitude de commandement. En 1821, son frère Aubert Auber, membre de l’Institut, a recueilli la plupart de ses manuscrits et en a formé un gros volume intitulé le Capitaine Aristide Aubert du Petit Thouars peint par lui-même.

(Net-Marine 2006 ; Source : Suite de la descendance des Aubert Du Petit Thouars de Saint Georges, Récits biographiques par le Comte du Petit Thouars, Saumur imprimerie Girouard & Richou 1934 ; Mes plus vifs remerciements à Mme Françoise Du Petit Thouars pour la documentation et l'iconographie)


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