COMAR Le Havre

La Marine nationale au Havre, une tradition vivante

(Texte EV1 François Xavier Miermont avec son aimable autorisation - Cols Bleus N° 2635 du 26 octobre 2002)

Premier port à conteneurs de France. Le port du Havre. plus connu aujourd'hui comme port à vocation commerciale. Semble faire oublier l'existence du commandement de La Marine au Havre. Il n'en fut pas toujours ainsi...

Présent depuis plusieurs siècles au Havre, le commandement de la Marine au Havre vit en symbiose avec la cité. Les quatorze marins et civils de la Défense qui aujourd'hui en constituent le personnel se posent ainsi en héritiers de l'un des anciens bastions de la Marine française. Des origines militaires indéniables.

Le Havre de Grâce, fondé en 1517 par François 1er, a été avant tout conçu comme une place militaire. Les ingénieurs du Roi ont, par leur savoir-faire, construit un port voué à une destinée prestigieuse dont la hardiesse technique n'avait rien à envier à l'actuel chantier de Port 2000. L'installation d'un port étoffé à l'embouchure de La Seine répond en fait à un impératif militaire : La sécurité de l'embouchure du fleuve. Il faut bien aussi reconnaître que l'envasement des ports de Honfleur et Harfleur a contribué à la naissance du Havre. Peu à peu, la population croît en des proportions suffisantes pour justifier l'adoption par la ville du Havre de Grâce d'un de ses premiers plans d'urbanisme, le plan Bellamarto. Un arsenal voit le jour sous Colbert (1667). Il demeurera l'un des points structurants de la ville avant de fermer ses portes en 1827. Cherbourg prendra alors le relais dès le début du XIXe siècle et deviendra ainsi la base navale que tout marin connaît. À cette même période, le préfet maritime quitte le Havre et, depuis, ce ne sont pas moins de soixante-trois officiers supérieurs de marine qui ont pris la tête du commandement de la Marine au Havre. Héritier de cette longue tradition maritime et militaire, le commandant de la Marine au Havre assure par ailleurs les fonctions de commandant d'armes de la place du Havre.


L'arsenal du Havre en 1900.

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le Havre se caractérise par sa fonction militaire à laquelle les chantiers havrais et l'arsenal ont été associés par la mise à l'eau de nombreux vaisseaux. Peu à peu, au XIXe siècle, le Havre vit sa consécration de place de commerce grâce à la prospérité de son trafic à destination des colonies. Dès 1787, le plan Lamandé avait déjà réorganisé la ville et l'avait, pour ainsi dire, partiellement préparée à sa vocation maritime et commerciale à venir. Négociants, armateurs, cotonniers mais aussi torréfacteurs, chantiers navals, bâtisseurs, se disputent la place. De 17 500 habitants en 1800, le Havre de Grâce finit par accueillir à la fin du siècle 130000 habitants et compte alors parmi les dix plus grandes villes de France. Sur ce trafic commercial vient aussi se greffer un trafic de passagers non négligeable, qui sera l'une des gloires de la ville. Le musée de l'Espace maritime et portuaire du Havre témoigne de ce passé prestigieux où les paquebots et les compagnies maritimes de légende continuent de rayonner (French Line, Compagnie générale transatlantique...). L'urbanisme témoigne lui aussi à sa manière de ce passé qui, après n'avoir jamais réussi à s'éteindre, revit aujourd'hui avec la reconversion des docks et l'accueil de nouveaux paquebots...


Le croiseur Colbert au Havre (1962).

De 1871 à 1913, une période faste voit le jour pour les chantiers navals havrais avec la construction de cuirassés, de torpilleurs et de contre-torpilleurs. Les chantiers Augustin-Normand vivent Leurs heures de gloire et vont jusqu'à fournir les marines étrangères. C'est le cas de la Marine japonaise qui prend livraison de plusieurs cuirassés au Havre. En ce qui concerne la France, la thèse de la "Jeune Ecole" a donc indéniablement contribué à la prospérité de l'industrie navale ou maritime havraise. Au moment même où le développement de ces chantiers navals est consacré, la Marine étend son emprise sur le port et la ville. Elle comptera jusqu'à huit cents hommes en ses rangs durant la Grande Guerre. Par décision ministérielle du 28 juillet 1915, un centre d'aviation maritime est créé à 100 mètres de l'hôtel Frascati, haut lieu de villégiature de la Belle Époque havraise. Dès octobre 1915, des avions FBA sont mis en place et en 1918 La base compte désormais dix-huit hydravions. Neuf officiers, dix-huit officiers mariniers et quatre-vingt-dix-huit marins donnent vie à ce centre d'aviation du Havre. Compte tenu de son emplacement et des craintes pour la sécurité de la population, une délibération du conseil municipal du Havre et une pétition de la population datée d'avril 1918 demandent au contre-amiral Didelot la suppression du centre. L'amiral reconnut la légitimité des inquiétudes mais rejeta la requête.


Le paquebot France à quai au Havre (1962)

A la même époque en 1917, un centre de ballons captifs voit le jour au Havre. L'enseigne de vaisseau de première classe Ducuing en est nommé commandant. Le but de ce centre est clairement défini par les autorités de l'époque: il est "destiné à fournir des ballons captifs à un certain nombre de petits bâtiments de patrouille et du front de mer pour la surveillance aérienne de la baie de la Seine et la surveillance des dragages. Le centre entrera effectivement en service en janvier 1918 mais sera désarmé le 31 décembre 1918. L'armistice venait alors de clore le réveil militaire de la cité havraise. Il en fut de même pour le centre de dirigeables du Havre créé en juillet 1915 et désarmé en janvier 1919. Durement éprouvée par la Seconde Guerre mondiale, la ville voit ses relations avec le monde militaire transformées... Port commun d'intérêt majeur (PCIM), port d'intérêt économique vital pour notre pays, comme le prouvent, entre autres, les stocks pétroliers de la Compagnie industrielle et maritime et Le trafic portuaire, le Havre conserve des liens étroits avec le ministère de La Défense. Le parrainage du futur bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral par la ville du Havre en est l'une des illustrations. Le district de transit interarmées, implanté au Havre depuis Le 1er mai 1964, est spécialisé dans le transport maritime de troupes et de matériel mais aussi dans l'approvisionnement au profit de la Défense ou d'autres organismes et alliés. Il occupe depuis 1983 une place de choix au sein du port et regroupe aujourd'hui une centaine de civils et de militaires, toutes armées confondues, et contribue au chargement de plusieurs navires par an sur les quais dont il dispose.


Le porte-avions Clemenceau à quai au Havre (1962).

La Marine, après avoir quitté les prestigieux bâtiments dont elle bénéficiait avant que le Havre ne soit rasé durant la Seconde Guerre mondiale, est toujours implantée sur deux sites: l'un au sein du port (base Amiral Durand-Viel avec un ponton d'accueil pour les bâtiments d'un gabarit égal ou inférieur à celui d'un chasseur de mines), l'autre, toujours appelé "état-major", situé en face du port de plaisance, à proximité du plus ancien club de régates d'Europe continentale (la Société des Régates du Havre pour Les connaisseurs). Fort de onze militaires et de trois civils, le commandement de la Marine au Havre mène aujourd'hui de nombreuses opérations de relations publiques et de communication. Il participe ainsi à l'organisation de la Transat Jacques Vabre, accueille les bâtiments français et étrangers souhaitant relâcher au Havre ou à Rouen, met en place des opérations de communication multiples et variées (conférence du directeur du personnel de la Marine en partenariat avec la chambre de commerce locale, expositions concernant l'action de l'État en mer, conférences intéressant la Marine ou les Armées en général..).


Le patrouilleur de gendarmerie maritime Géranium dans le port du Havre (septembre 2001).

Recevant ses directives du commandant de L'arrondissement maritime de Cherbourg, le commandement de la Marine au Havre n'en est pas moins associé à l'action du préfet maritime en lien avec la division "action de l'État en mer", en particulier lors d'exercices Polmar, ainsi que par l'entretien de la station délivrant des produits dispersants aux bâtiments de la Marine nationale. Le Comar est également commandant du Ciram du Havre: ce ne sont pas moins de 2870 réservistes qui sont ainsi gérés par le Ciram. 450 ont exprimé un volontariat pour intégrer la réserve opérationnelle et environ 80 vivent régulièrement des expériences enrichissantes au sein de la Marine dans des domaines d'emploi très divers (protection du port du Havre, intégration au sein du district de sûreté portuaire, conférence auprès des appelés en journées d'appel de préparation à la défense, instruction au profit de la PMM, officiers de liaison, stages marine marchande, opérations de communication, soutien ponctuel au car podium du Sirpa...). Avec deux périodes d'information de deux jours par an, le Ciram maintient son objectif de formation et d'information des réservistes. Par ailleurs commandant d'armes, le Comar est un interlocuteur privilégié de nombre d'autorités civiles ou militaires.


Le remorqueur côtier Acharné dans le port du Havre (septembre 2002).

Port 2000, Le projet d'extension du port, donne au Havre l'envergure et la stature propices à concurrencer nos voisins d'Europe du nord. La Marine est particulièrement concernée par la réalisation de cet ouvrage qui n'échappe pas à la vigilance du préfet maritime de Cherbourg. Véritable service de proximité de la Marine nationale, en un port aujourd'hui presque exclusivement tourné vers le commerce et le trafic de conteneurs, le commandement de la Marine au Havre est un interlocuteur apprécié des autorités comme l'ont encore prouvé les nombreuses et diverses sollicitations adressées à Comar le Havre lors des opérations de déminage menées dans le cadre du projet Port 2000. Au service du rayonnement de la Marine en un port non militaire, au service des réservistes qui souhaitent donner le meilleur d'eux-mêmes dans la Marine, au service de La Marine et des bâtiments qui relâchent au Havre et à Rouen, au service du lien Armées-Nation ravivé par les nombreux liens qu'il tisse avec La société civile et la réserve, Comar Le Havre perpétue une tradition militaire toujours aussi vivante et appréciée.

A voir : La Préparation Militaire Marine du Havre

 

 

Les commandants de la Marine au Havre
CF GUILLET 1811
CF COCHEREL 1812
Cre de CHABANON 1816
Cre SAMSON 1825
Cre LECONTE 1827
Cre DENOIS 1830
Cre de la GATINERIE 1843
Cre BAUDRY 1853
Cre BONIFACIO 1855
Cre FARON 1863
Cre HEBERT 1871
Cre LE FRAPER 1873
Cre MALCON 1881
Cre MANCEL 1887
Cre FALLOY 1888
Cre LE GRIX 1891
Cre de TERSANNES 1894
Cre LHOPITAL 1895
Adm ANTOINE 1901
Adm GARDANE 1902
Adm MASSONI 1904
CA LE FLAMBE 1909
CA DELACOUR 1913
CA CHARLIER 1914
CA BIARD 1915
CA VARNEY 1916
CA DIDELOT 1917
CV de MEYNARD 1920
CV du PETIT THOUARD 1924
CV NIVET 1928
CV WILLM 1931
CV AUBERT 1934
CV d'HARCOURT 1939
- -
CF LE BLANC 1944
CV HERON de VILLEFOSSE 1945
CV GALLERET 1945
CV BIENAYME 1949
CV TEZENAS du MONTCEL 1950
CV DEMEOCQ 1951
CV ALIX 1952
CV ROUX 1955
CV HEBERT 1958
CV TANDONNET 1962
CV NORMAND 1963
CV MICHEL 1965
CV BOUVET de la MAISONNEUVE 1968
CV MARIE 1970
CV DUPONT 1973
CV MENES 1976
CV MARTIN 1979
CV ESNAULT 1981
CV CHAILLOU de FOUGEROLLE 1983
CV CORD'HOMME 1985
CV GALLOY 1987
CV BALASTRE 1989
CV GILLAN 1991
CV LETARD 1992
CF GIRAN 1995
CV LE BORGNE 1995
CV BOISELLE 1998
CV BENISTAN 2001
CV DOUCET 2003
CF SUBRA 2010
CF GUITTARD 2012
CV LE GUIGOT
2012

 


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