15 ans après l'AGNES 200, l'aventure du navire à effet de surface continue


Vue d'artiste du LCS (US Navy).
La marine américaine, sans cesse porteuse de nouveaux projets et concepts, souhaite rénover l'architecture de ses flottes opérationnelles. L'une des composantes identifiée sous le nom de « Littoral Combat ship - LCS » est caractérisée en particulier par une très grande agilité pour évoluer au milieu de la « menace côtière » tout en conservant une compatibilité technico-opérationnelle avec le reste de la flotte (transit, ravitaillement, etc) : des navires trop sophistiqués et trop chers pour être engagés à proximité immédiate des côtes hostiles : … un grenadier voltigeur en quelque sorte ! le concept d'emploi est bien décrit sur un site web de l'US Navy.

A l'issue d'une préselection qui s'est terminée cet été, la marine américaine a retenu trois compétiteurs :

  • General Dynamics - Bath Iron Works, Bath, Maine ;
  • Lockheed Martin Naval Electronics & Surveillance Systems - Surface Systems, Washington, D.C.;
  • Raytheon Co., Integrated Defense Systems, Portsmouth, R.I.,

Projet SES de Raythéon

En m'appuyant sur les résultats observés sur les premières années d'exploitation des monocoques rapides déjà développés, aucun autre concept que celui du navire à effet de Surface ne semble pouvoir répondre aux caractéristiques demandées par l'US Navy.

C'est le pari que tient en tout cas le consortium dirigé par le géant Raytheon, qui propose un projet sur la base d'une architecture de navire à effet de surface. L'objectif de l'US navy est d'acquérir, d'ici 2009, 9 navires. Elle devrait au total acquérir entre 30 et 60 bâtiments de la classe LCS et engager des sommes considérables .

Derrière cette opération se cache potentiellement la plus grande révolution du monde de l'architecture navale de ce siècle. Depuis toujours, le domaine de la vitesse d'exploitation (pour les navires commerciaux océaniques, il s'entend) est parfaitement identifié et ne dépasse pas les trente nœuds. Bien souvent, ce n'est que le gigantisme qui permet de repousser (à peine) ces limites, mais ce gigantisme apporte avec lui d'autres contraintes. Toutes les solutions exotiques que sont les " hydrotrucs " et " catachoses " (cette analyse n'engage que l'auteur de ce modeste article bien sûr) ont peu de chances de voir le jour à cette échelle, car les problèmes de stuctures et les coût associés sont tels qu'aucun armateur ne prendra le risque de s'investir dans une solution qui ne soit pas garantie à 100% . A notre époque, les conditions économiques sont telles que les chantiers navals ne construisent plus sur leurs fonds propres. Le dernier qui s'y était risqué était ACH, dans les années 80, qui proposait un monocoque à stabilisateurs latéraux (concepts d'ailleurs repris par la DERA britannique et que l'on retrouve également sur le prospect du LCS). Si l'US Navy sélectionne effectivement le navire à effet de surface de Raythéon, il y a fort à parier que le flot des armateurs s'engouffrera dans cette voie afin de multiplier les flux commerciaux maritimes par deux, voire plus.

Texte par le CV Eric Hassan - © novembre 2003. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.