Transport ravitailleur Saintonge

Saintonge fait parti des nombreux navires de commerce achetés pour soutenir l'installation et l'activité du centre d'expérimentation du Pacifique sur les atolls de Mururoa, Fangataufa et Hao. Construit aux chantiers Duchesne et Bossière installés au Havre, il est lancé le 12 juillet 1956 et navigue au commerce sous le nom de Santa-Maria. Acquis par la Marine Nationale, il est rebaptisé transport ravitailleur Saintonge (n° de coque A733) le 17 mars 1965, admis au service actif le 10 avril de la même année et basé à Papeete.

Caboteur comme il en existe alors beaucoup sur les côtes de France, il est principalement chargé de ravitailler depuis Tahiti les nombreuses stations météo et de surveillance de la radioactivité dispersées sur plusieurs milliers de kilomètres autour des sites d'essais nucléaires. Ces installations étant implantées la plupart du temps sur des atolls ne disposant ni de port, ni de passes franchissables, le bâtiment reste à la dérive à l'extérieur de la barrière de corail. Le déchargement de matériel s'effectue par de grosses baleinières de récif venant à couple et se remplissant au mat de charge. Des véhicules seront même mis à terre par ce procédé plutôt sportif !

Arrivé de métropole via les Antilles et le canal de Panama, le transport ravitailleur visite et ravitaille dans le Pacifique de nombreux sites (Tubuaï, Raivavae, Rapa, Gambiers, Reao, Tureia, Pukapuka, Pukarua…) au nom souvent évocateur de rêves et voyages lointains. Comme pour la majorité des navires stationnés outre-mer, les missions de service public génèrent une activité importante. Livraison de marchandises au voyage aller, expédition de coprah (chair de noix de coco séchée dont l'huile est extraite) vers Papeete au retour. En 1967, alors qu'il fait route vers les Marquises, une grave avarie de propulsion le laisse désemparé. Pris en remorque par le patrouilleur La Paimpolaise, Saintonge est placé en grande réparation à Papeete avec un équipage de gardiennage.

L'année 1976 est marquée par le départ du caboteur vers sa nouvelle affectation, l'Ile de La Réunion. Après un long périple via notamment l'Indonésie et l'Ile Maurice, il arrive à Port-Des-Galets le 7 janvier 1977 et commence ses missions de ravitaillement au profit de Mayotte et des îles éparses (Juan De Nova, Europa, Tromelin, Iles Glorieuses). Ces minuscules possessions Françaises, entourant Madagascar, ne sont habitées que par quelques météorologues, scientifiques et soldats assurant une présence militaire symbolique. Hormis leur intérêt stratégique, elles ont un rôle économique important en assurant des droits de pêche dans une zone très poissonneuse.

Arrivant en fin de carrière, ses rotations logistiques sont reprises par le Batral Champlain. La dernière cérémonie des couleurs, achevant les opérations de désarmement, a lieu le 1er décembre 1980. Le 7 janvier 1981, Saintonge est condamné, débaptisé (n° de condamnation : Q612) et destiné à devenir une cible de tir. Le 3 mars 1981, tracté par le remorqueur Cormier, il part pour son ultime voyage. A 10h08, ce même jour, l'ex transport ravitailleur est mortellement touché par un missile MM38 Exocet du Victor Schoelcher. Réduit à l'état d'épave, il sombre dans les profondeurs de l'océan Indien.

Pour en savoir plus :
Les caractéristiques principales
Les bâtiments ayant porté le nom de Saintonge
Une collection de photos

Les commandants de la Saintonge
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Texte Franck Dubey pour Net-Marine © 2007. Copie et usage : cf. droits d'utilisation

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