Histoire du patrouilleur La Paimpolaise

Le 17 juillet 1952, les chantiers Vickers de Montréal (Canada) lancent le dragueur HMCQ Thunder, type AMC Bay. Remis à la France le 7 avril 1954, il est admis au service actif le 21 mai 1954, jour de son arrivée à Brest. Affectée à la 1ère région maritime et basée à Cherbourg, il est mis en réserve dans ce même port en 1955, puis réarmé à Brest en septembre 1960 en dragueur-patrouilleur, dépouillé de ses apparaux de dragage.

La Paimpolaise, alors stationné à Dakar, effectue des missions de transport et de surveillance sur les côtes d'Afrique Occidentale, sous les ordres du commandant de la Marine en Atlantique Sud. De retour à Cherbourg pour un grand carénage de janvier à juillet 1963, La Paimpolaise gagne la Polynésie française où elle est placée sous le commandement organique de Marine Papeete le 18 août 1963.

Sauvetages et missions scientifiques

Premier sauvetage le 30 novembre 1964, lorsque le patrouilleur récupère sept personnes après le naufrage de la goélette Suzanne sur le récif de Tetiaora. Le 30 mai 1965, La Paimpolaise mène une mission scientifique qui a pour but d'observer une éclipse totale de soleil, et dépose une équipes d'astronomes sur les atolls de Mopélia et Bellinghausen dans des conditions particulièrement délicates. Les observations concernant les incidences de l'éclipse sur la propagation des ondes radios et rayons X.


Le patrouilleur La Paimpolaise devant Tahiti.

Hormis un grand carénage à Diego-Suarez en 1966-67, la patrouilleur rayonne en direction de tous les archipels de Polynésie Française. Il y aura effectué des missions diverses : surveillance maritime, surveillance des pêches, observations météorologiques, bathythermiques et hydrographiques (notamment du volcan sous-marin Mac Donald), transports d'autorités civiles et ramassages scolaires.

Sous le commandement du lieutenant de vaisseau Moreau, en février 1970 lors d'une évacuation sanitaire, La Paimpolaise transporte un jeune homme de 17 ans, qui avait avalé une boite de Gardenal, de Tubuai à Papeete. En mars 1971, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Xavier de Cussy, elle porte secours à Scilly (300 nq de Tahiti) au chalutier coréen Ching Feng, au sec sur le récif. La Paimpolaise revenait d'une mission aux Marquises. Le chalutier, considéré comme perdu doit être évacué et La Paimpolaise récupère ses 20 passagers.

Quand les marins français déjeunaient sous les cocotiers avec Greenpeace

En juillet 1972, alors que le Greenpeace III, bâtiment de l'organisation écologiste éponyme, tente par sa seule présence (dans la zone interdite contaminée) de contrer les essais nucléaires atmosphériques français dans le Pacifique, La Paimpolaise se porte au devant du voilier contestataire pour lui porter un message. Une fausse manoeuvre entraîne le Greenpeace III a heurter le patrouilleur avec son étrave. Le Greenpeace III, endommagé, est accueilli à sa demande dans le lagon de Mururoa pour réparation. A couple de la Garonne, il est réparé gratuitement par les techniciens du bâtiment atelier. L'équipage du Greenpeace III est accueilli l'Amiral Claverie, commandant le Groupement Opérationnel des Expérimentations Nucléaires, qui leur offre le champagne sous les cocotiers face au lagon. Elégence, prestance...


Après l'abordage avec La Paimpolaise, le Greenpeace III est accueilli à Mururoa pour réparation. La Dépêche (juillet 1972)

Le vice-amiral Christian Claverie et les contestataires de Greenpeace déjeunant sous les cocotiers (Coll. Didier Claverie).

Le 1er juin 1973, La Paimpolaise est reclassé officiellement patrouilleur.


La Dépêche (octobre 1978)
En octobre 1978, deux chalutiers formosans le Daiho et le Hui Ching n°1 sont arraisonnées dans la zone economique exclusive.

En mars 1981, La Paimpolaise, sous le commandement du lieutenant de vaisseau Girard, est alors engagée dans un emission de surveillance des pêches avec deux autres patrouilleurs. La Paimpolaise découvre une dizaine d'homme parmi la trentaine que compte le Kwang-Muong 33, un bateau de pêche coréen, visblement intoxiqués par la ciguatera. Le bateau est dérouté sur les Marquises. En septembre 1982, Un ketch espagnol, Abuelo III, qui faisait route vers Tahiti signale qu'une filette est en danger de mort. Le message capté par un radio-amateur est transmis au COT (Centre Opérationnel du Taone) qui dépêche La Paimpolaise sur place. Le bébé de 10 mois est ramené à bord puis conduit sain et sauf à l'hôpital de Tahiti. Toute les histoires ne se terminent pas aussi bien hélas. En janvier 1983, un pilote de speed-boat, disparu au large de Raiatea, est repêché sans vie par les plongeurs de La Paimpolaise. Son navire avait heurté un tronc d'arbre et coulé à pic. Le pilote était mort d'épuisement après avoir nagé et dérivé sur plus de 24 nautiques.

En mars 1983, La Paimpolaise apporte son secours aux sinistrés après le passage du cyclone Orama. En juillet 1984, La Paimpolaise, alors mouillée à Huahine, se dirige vers Mopelia pour effectuer l'évacuation sanitaire d'une femme agée de 59 ans et malade.


La Dépêche (mars 1985)

Du 25 octobre au 3 novembre 1984, La Paimpolaise effectue une mission hydrographique à Raivavae (Australes) pour permettre l'ouverture d'une passe et son balisage. Une équipe du SHOM est embarqué pour l'occasion. De retour de sa mission, elle sauve les quatre membres d'équipage d'un kau de 22 pieds à quelques miles de la passe de Maraa. La PMP reviendra à Raivavae en février 1985, pour poursuivre sa mission hydrographique et effectuer quelques sondages dans des zones latérales. L'Evasan vers Rapa d'une jeune femme enceinte a lieu à l'issue.

La Paimpolaise a effectuée deux détachement en Nouvelle-Calédonie en 1985 et compte aussi quelques escales à l'étranger, aux Samoa Occidentales et à Niué en 1978, aux Tonga en 1985 et aux îles Cook en 1987.

En avril 1987, elle effectue une mission dans les îles sous le Vent au profit des agents du recensement. Un mois après, elle accompagne le ministre des DOM-TOM, Bernard Pons, en visite officielle aux Marquises. D'une baie de Nuku-Hiva, elle transporte les personnalités (ministre, Gaston Flosse, Boris Léontieff,...) jusqu'à Taiohae pour une réception et les cérémonies du 8 mai. Quelques mois après, un 14 juillet haut en couleurs sera célébré à Makemo (Cdt : LV Rouzeau).


La Dépêche (novembre 1987)
Coulée au large de Tahiti

Sous l'oeil attentif de Charlie, le chien-mascotte du bord, la dernière patrouille a lieu le 21 juillet 1987. Un de ses siter-ship La Lorientaise, avait connu le même sort quelques semaines auparavant. A la date du 1er août 1987, date du retrait du service actif en vue de sa condamnation, La Paimpolaise aura parcouru 469 032 nautiques et navigué 2916 jours. Diverses pièces, comme le guindeau, seront prélévés sur le bâtiment pour être installé sur le navire océanographique Calypso du Commandant Jacques-Yves Cousteau.

Le mardi 10 novembre 1987, en milieu de matinée, le Balny, l'EV Henry et La Railleuse, effectue une série de tirs au canon sur la coque de La Paimpolaise. Vascillant lentement au rythme des vagues, La Paimpolaise sera définitivement coulée par une charge explosive posé par des artificiers. Au son de la Marseillaise, La Paimpolaise est engloutie par l'océan et repose désormais à jamais au large de Tahiti.

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