Historique du bâtiment hydrographique La Recherche


Le "paquebot" Guyane naviguant au commerce.

L'histoire du BH1 du La Recherche est surprenante par la diversité des évènements qui ont conduit à son admission dans la Marine Nationale.

Commandé par le ministère de la France et d'Outre-Mer, aux ateliers et chantiers Ziegler de Dunkerque, ce bâtiment fut lancé le 17 septembre 1951 sous le nom de Guyane, en présence du ministre et de nombreux invités. Il devait assurer pour le compte de la Compagnie Générale Transatlantique un service régulier entre Fort-de-France (Martinique) et Cayenne (Guyane). Mais, en cours de construction il fut allongé à la demande de la CGT qui souhaitait augmenter sa rentabilité et donc le nombre de passagers. C'est alors le plus important navire jamais construit par les chantiers Ziegler (sa longueur était exactement celle de son ber de lancement).

Le transport Guyane

Au essais, (septembre 1952), la Commission le jugea " très vulnérable aux assauts de la mer ". De plus il tombe en avarie de moteur (bloc fendu), ce qui va ajourner sa recette de 6 mois. C'est un échec total et le Guyane ne verra jamais les Antilles ! Il est désarmé de 1953 à 1956 à Dunkerque, puis se rend à Bayonne pour être utilisé comme navire exposition.

Lors de l'affaire de Suez il est malgré tout réquisitionné, afin d'héberger l'équipe française chargée, en coopération avec les britanniques, pour des opérations de renflouage d'épaves qui faisaient obstacles dans le canal. On le nommait le " paquebot Guyane ". Par la suite, il fut à nouveau retiré de ses missions et les marins de Bayonne disent l'avoir bien connu, car il servait de cabaret flottant !


C'est ainsi que le petit paquebot Guyane prit le nom de bâtiment hydrographique de 1ère classe La Recherche...

Le BH1 La Recherche

En 1960, la Marine nationale, qui souhaite remplacer le BH1 Ingénieur Hydrographe Nicolas alors désarmé, rachète le paquebot Guyane. Le Guyane quitte Marseille le 5 février 1960, à la remorque du Pachyderme pour Toulon, puis Cherbourg.

Sa refonte en bâtiment hydrographique, à l'arsenal de Cherbourg, n'est pas une mince affaire. Il faut améliorer sa stabilité (qui jusqu'à son désarmement en 1988, restera un problème) et lui donner des moyens modernes pour l'époque, afin de lui permettre de remplir ses nouvelles tâches en matière hydrographique.

C'est ainsi que le petit paquebot Guyane prit le nom de bâtiment hydrographique de 1ère classe La Recherche. A l'arsenal de Cherbourg les ouvriers de la DCN lui donnaient, à cette époque, le quolibet de : " la Trouvaille ". Mais ce surnom fut oublié très vite, tant les services rendus par ce navire furent importants pour la navigation civile et militaire.

La Recherche commence sa carrière de bâtiment hydrographique avec succès dans des missions d'identification d'obstruction, de reconnaissance de chenaux et de voies navigables aux abords de Dunkerque, de Cherbourg, du Havre, du Croizic et de Port en Bresse. Le bâtiment cartographie avec précision les bancs de la Bassurelle, du Colbart et du Vergoyer puis effectue des levés bathymétriques systématiques des atterrages de Brest et de Lorient ainsi que des tranches côtières allant de la Vendée jusqu'à la frontière espagnole.


La Recherche à son entrée dans la rade de Toulon (8 novembre 1986)

De juillet 1968 à mars 1969, le navire participe à l'opération REMINER, avec pour objectif d'identifier puis de tenter de récupérer le sous-marin Minerve qui avait disparu le 27 janvier 1968 au sud du cap Sicié. Les sondages serrés effectués lors de cette opération permettent d'obtenir des renseignements bathymétriques très intéressants par leurs précisions dans la zone d'investigation.

En 1969, de retour à Cherbourg, il assure ses activités en mer d'Iroise, en baie de Seine, sur la côte nord du Cotentin et la côte sud de la Bretagne.

Fin 1972, il est affecté à Toulon. Sa mission, jusqu'en 1987, sera de se consacrer à des levés bathymétriques côtiers de l'ensemble du littoral méditerranéen français. Le 27 juin 1988 et après un ultime périple de trois semaines en Méditerranée orientale, La Recherche franchi une dernière fois les passes de la rade de Toulon. Après 37 années d'une vie tumultueuse, le BH1 La Recherche est désarmé et retiré du service en juillet 1988. Il sera vendu en 1991 pour démolition à Naples.

On ne verra plus La Recherche, entourée de toute la prévenance des pousseurs de la Direction du port, quitter le lundi matin son quai après trois coups de sifflets annonçant son départ pour deux semaines de sondages. Elle ne transmettra plus d'informations si utiles comme les " avis urgents à la navigation " ou les " avis au navigateurs " témoignant de la découverte de hauts fonds, de récifs dangereux pour la navigation, d'épaves et de diverses obstructions.

Les ajacciens avaient pris l'habitude de la voir le dimanche quai des Capucins alors qu'elle effectuait son ravitaillement en eau, gazole et vivre frais. En Corse elle avait acquis estime et sympathie car opérant sur leurs côtes depuis 1976.

(Texte MP(R) Daniel Dezelak, Maître BS Radio à bord, de juillet 1981 à novembre 1982 - dezelak.daniel@wanadoo.fr ; Sources : Documentation personnelle - DGA - Témoignages d'anciens marins de Bayonne - Cols Bleus n° M1396 -2008 du 29/10/88 article de l'IPA GAILLARD que je remercie pour avoir contribuer à la création de cette documentation sans prétention aucune).


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