Histoire de l'aviso-escorteur Protet (1981-2001)

1981-1982 : Quatrième grand carénage à Lorient (deuxieme refonte)
Le Protet bénéficie du 3 août 1981 au 15 mai 1982 (y compris les essais à la mer du 26 avril au 12 mai 1982) d'un nouveau grand carénage marqué par des modifications qui vont augmenter de façon importante ses capacités opérationnelles.On y installe le système antimissile lance-leurres Dagaie, l'appareil d'écoute ESM ARBR16, l'infrastructure pour les BSM (Brouilleurs Simplifiés Marine) et la vidéo 9. Le mortier de 305 mm anti-sous-marin, devenu obsolète, est condamné mais il demeure sur son roof ; ses locaux techniques sont réaffectés aux autres services. Pour tenir compte de la modification de la pyramide des grades, les logements de l'équipage ont été refondus. Au sortir de cette refonte a lieu la prise de commandement ducapitaine de frégate de Maintenant (5 mars 1982). Après une escale à Barcelone et un stage au centre d'entraînement de la Flotte du 24 mai au 28 juin 1982, le Protet quitte la métropole le 2 juillet pour l'océan Indien.

1982 : Retour en océan Indien
Le Protet franchit le canal de Suez le 8 juillet, date à laquelle il passe sous le commandement organique d'Alindien ; il retrouve Djibouti son nouveau port d'attache le 13 juillet. A la fin du mois de juillet, le bâtiment patrouille en sous-zone 51 avant d'appareiller le 4 août pour une mission dans le sud de l'océan Indien qui le mène à la Réunion, aux Seychelles et aux Comores. De retour à Djibouti, le 7 novembre, il effectue une navigation dans le golfe d'Aden au début du mois de décembre avant de rallier la mer d'Oman pour une patrouille du 12 décembre 1982 au 9 janvier 1983.

1983
Lecapitaine de frégate de Chaulliac prend le commandement du bâtiment le 10 mars. Pendant les mois de mars et avril 1983, le Protet effectue une patrouille en.mer d'Oman avec une escale à Mascate, puis rallie la sous-zone 52 pour passer une période au bassin à Maurice du 21 avril au 4 mai, à l'issue de laquelle il assure une surveillance maritime aux Comores en mai. Il bénéficie d'une indisponibilité périodique pour entretien et réparation à la Réunion du 24 mai au 12 août ; il est de nouveau à Djibouti le ler septembre après une escale aux Seychelles du 22 au 26 août. Au cours de la fin de l'année 1983 il effectue une patrouille et mer d'Oman du 4 septembre au 10 octobre avec une escale à Karachi du 19 au 23 septembre. Il termine l'année par une dernière patrouille en décembre 1983 au cours de laquelle il visite Doha et Mascate.

1984
Le Protet quitte la mer d'Oman au début du mois de janvier pour rallier directement la sous-zone 52 ; il fait escale à Port Victoria et aux Comores avant de séjourner en février et mars à la Réunion. Lecapitaine de frégate Beauvois prend le commandement du bâtiment le 13 mars. Après le passage d'un cyclone, l'aviso intervient à Diego Suarez au mois d'avril, puis séjourne à Mayotte. Il ne rentre à Djibouti que le 31 mai à l'issue de 6 mois d'absence, après avoir fait escale à Mombasa. Du 18 juin au 22 juillet, il retrouve la mer d'oman et fait escale à Karachi ; il assure une mission identique du 20 octobre au 24 novembre au cours de laquelle il visite Abu Dhabi du 3 au 8 novembre. Entre ces deux patrouilles, il est amené à participer à l'accompagnement des nouveaux bâtiments saoudiens venant de Toulon et ralliant Djeddah au cours du mois de septembre. Après une escale à Mombasa du 10 au 16 décembre, il passe la fin d'année à la Réunion où il bénéficie d'une période d'entretien.

1985
Le Protet quitte la Réunion le 14 janvier pour passer au bassin à Karachi du 23 février au 4 mars, après avoir fait escale à Mayotte et Port Victoria. Il visite Malé en mars et ne revient à Djibouti que le 3 avril, date à laquelle lecapitaine de frégate Witrand en prend le commandement. Le Protet effectue à la suite deux patrouilles en mer d'Oman du 6 avril au ler mai, puis du 11 mai au 5 juin avant de mériter une période d'indisponibilité pour entretien et réparation à Djibouti du 13 juin au 15 août. Du 11 septembre au 30 octobre,il est de nouveau dans les parages du détroit d'Ormuz et fait escale à Bahrein et Karachi. Il quitte Djibouti le 9 décembre pour être déployé en sous-zone 52 ; il est à Mombasa du 16 au 21 décembre, passe Noël aux Glorieuses, s'arrête à Mayotte et voit la Saint Sylvestre à Bassas de India.


Le Protet en exercice de transfert de courrier avec le TCD Orage, 1986-87

1986
La Réunion accueille le Protet du 6 au 18 janvier et du 12 au 16 février. Le bâtiment fait escale à Maurice du 17 au 21 février, aux Comores puis à Port Victoria du 10 au 15 mars avant de retrouver Djibouti le 20 mars et y demeurer un mois, période au cours de laquelle lecapitaine de frégate Habert prend le commandement. A l'issue de celui-ci, il effectue une patrouille sans escale en mer d'Oman du ler au 26 mai et bénéficie ensuite d'une période de deux mois d'entretien à Djibouti. Au mois d'août,après une courte patrouille en sous-zone 51, il subit un passage au bassin à Karachi du 20 au 30 août. Il est à Djibouti début septembre, fait escale à Port Victoria du 19 au 21 septembre, et effectue plusieurs missions de surveillance maritime à partir de Djibouti en mer rouge et golfe d'Aden en octobre et novembre. Il quitte Djibouti le 26 décembre
pour la zone d'Ormuz.

1987
En janvier le Protet reste 11 jours à l'intérieur du Golfe Arabo-Persique, visitant Dubai (11 au 15 janvier) et Doha (17 et 18 janvier). Il est de retour à Djibouti du 5 février au 6 mars avant d'effectuer une mission de présence en sous-zone 52 de deux mois ; il visite Mayotte, la Réunion (30 mars au 4 avril). Lecapitaine de frégate Feuilloy prend le commandement le 9 avril. L'aviso poursuit sa mission par des escales aux Seychelles (10 au 14 avril) et Mombasa (19 au 23 avril). Après une semaine à son port base, il appareille pour la mer d'Oman où il patrouille du 7 mai au 10 juin ; il est en escale à Karachi du 21 au 26 mai. Il est à 200 nautiques de l'USS Stark quand celui-ci est frappé par un missile AM39 irakien au nord de Bahrein le 17 mai 1987. En période d'entretien à Djibouti depuis le 10 juin, il appareille sur alerte le 14 juillet pour prêter renfort au Victor Schoelcher : en effet le porte-conteneurs français Ville d'Anvers, non escorté, a été attaqué de nuit le 13 juillet à 3h00 locales dans le nord du golfe par des vedettes de Pasdaran qui se sont acharnés sur lui pendant 20mn. Ceci est la 4ème attaque contre les bâtiments de commerce français, après le D'Artagnan, le Chaumont et le Brissac en 1986. Cette 3ème et dernière patrouille de l'année 1987 sera la plus longue : 60 jours en dehors de Djibouti dont 52 jours de mer et le record de présence à l'intérieur du golfe : 36 jours en 5 incursions. Les relations diplomatiques franco-iraniennes sont rompues le 17 juillet. Le groupe aéronaval autour du Clemenceau parti de Toulon le 30 juillet arrive au large de Massirah le 16 août. Le Protet et le Georges Leygues assurent 7 missions de surveillance des transits de la marine marchande française dans le G.A.P. : Ville d'Anvers, Floréal, Athos, Esso Normandie, Esso Picardie, Antsiranana, Athos de nouveau, sans aucun incident. La preuve est faite que les iraniens n'osent pas agresser les navires escortés. Le Protet visite Khor Fakkan les ler et 2 août, Dubaï les 12 et 13 août et Dammam du 27 au 31 août. Après un bref séjour à Djibouti du 12 au 25 septembre, où le port est bondé de bâtiment de la Royale venus de métropole, le Protet chargé de souvenirs entame son pèlerinage vers Lorient, où il arrive le 16 octobre, via Suez le 30 septembre, Port Saïd (ler au 4 octobre) et Tanger (10 au 13 octobre). Le 5ème carénage Lorientais entamé le 2 novembre 1987 se termine le 15 avril 1988.


Le Protet à Toulon, 17 mai 1988

1988
Le 9 mai 1988, le Protet quitte Lorient pour se rendre, via Valence (13 - 16 mai) à Toulon où il effectue un stage CEF du 18 mai au 10 juin. C'est à cette date qu'il entame son transit vers Djibouti, qu'il rallie au terme d'une navigation de 11 jours, le Protet réintègre alors les forces maritimes de l'océan Indien (franchissement du canal de suez le 16 juin) et passe sous le commandement ducapitaine de frégate Desmarest le 22 juin 1988. Il appareille le 11 juillet en direction du golfe d'Oman, huit jours après la destruction d'un Airbus iranien par le croiseur américain Vincennes . Après une escale technique à Khor-Fakkan le 21 juillet, il effectue une brève incursion dans le golfe arabo-persique le 24, avant d'y accompagner successivement les transits du TG 623.3 (groupe anti- mines, composé de la Loire, du Garigliano et du Cantho) le 27, puis de l'Athos le 29. Il retrouve le groupe anti-mines à Sharjah le 31 juillet pour une escale de trois jours, puis rentre vers Djibouti, après avoir surveillé les transits retour du Lanistes et de l'Athos. Aucun incident n'est à déplorer pendant la mission, qui prend fin le 14 août. Un concours du CEF motive ensuite une sortie à la mer dans le golfe d'Aden, avant l'entrée en PEI du bâtiment du 3 au 22 septembre. A partir du 23 septembre, une nouvelle patrouille en mer d'Oman le conduit à Karachi (2 au 6 octobre) et à Fujeirah (9 au 11 octobre). Dans une ambiance calme, il y accompagne les transits de l'Athos, du D'Artagnan, de l'Esso Languedoc et de l'Esso Normandie. Son retour à Djibouti le 25 octobre sera de courte durée puisque la surveillance du trafic commercial l'appelle à nouveau dans le détroit d'Ormuz du ler novembre au 5 décembre. Lors de ses cinq incursions dans le golfe arabo-persique, il surveille les transits de 9 bâtiments de commerce battant pavillon français, visite les ports de Doha (13 au 16 novembre) et d'Abu Dhabi (27 au 29 novembre). Il regagne Djibouti le 6 décembre et y passe les fêtes de fin d'année au cours d'une période d'entretien intermédiaire qui s'achève le 6 janvier 1989.

1989
La première mission de l'année consiste en une nouvelle patrouille dans la zone du détroit d'Ormuz, qui débute le 7 janvier, et le mènera à Mascate du 23 au 27 janvier. Le Protet quitte le sultanat d'Oman pour rallier bombay, où il rejoint la Marne pour une escale de courtoisie. François mitterand est alors en Inde à l'occasion de l'ouverture de l'année de la France. Il se rend sur la Marne, salué par les équipages au poste de bande, les bâtiments étant sous grand-pavois. Le Protet quitte le bâtiment amiral le 7 février pour rallier Phuket (13 - 16 février), le retrouve à Singapour (18 - 23 février), qu'il quitte pour gagner Penang (24 - 28 février) puis Chittagong (5 - 8 mars) et le rejoint enfin à Cochin (13 - 18 mars). Les deux bâtiments se dirigent ensuite vers Colombo, où ils font escale avec la Loire (20 - 24 mars) avant de rallier Djibouti pour une période d'entretien intermédiaire. Après son inspection générale, le Protet effectue une nouvelle mission Ormuz, au cours de laquelle il visite Abu Dhabi (13 - 16 mai) et Suarjah (27 - 30 mai). Il regagne Djibouti le 7 juin et y change d'équipage le 15. Le capitaine de frégate Desmarest fait reconnaître lecapitaine de frégate Gard comme commandant le 22 juin au matin, quelques heures seulement avant un nouveau départ en patrouille. Celle-ci prend fin le 26 juillet et est marquée par la commémoration du bicentenaire de la révolution franraise à Abu Dhabi du 10 au 15 juillet. De retour à Djibouti, le bâtiment entre en PEI. Un concours du CEF prélude à la reprise de son activité opérationnelle dans le golfe arabo-persique, pour lequel le Protet part le 28 août. La mission Néreïdes ayant pris fin le 15 du même mois, il s'agit de la première Ariane, qui se caractérise par la réduction à un seul bâtiment de patrouille dans la zone redevenue calme. Il effectue successivement trois escales, à Sharjah (7 au il septembre) Karachi (17 - 23 septembre) et Abu Dhabi (ler au 5 octobre), où il retrouve la Marne. C'est au cours de cette patrouille qu'il prête le 7 septembre assistance médicale au pétrolier Esso Normandie. A son retour à Djibouti, il effectue une PEI du 10 octobre au 16 novembre. C'est pendant cette période dans la nuit du 25 au 26 octobre que des membres de son équipage participent à la lutte contre l'incendie à bord du Marion Dufresne, navire ravitailleur des terres australes. Le 28 novembre, il appareille d'urgence pour l'archipel des Comores où le président Abdallah vient d'être assassiné. Après 4 jours d'escale à Dzaoudzi, il participe à l'opération Oside du 13 au 16 décembre, au sein du TG 623.5 qui comprend également la Marne, le La Grandiere et La Boudeuse, le CTG étant Alindien, l'ensemble des forces étant sous les ordres du général commandant les forces armées de la zone sud de l'océan Indien. Cette opération qui s'est déroulée sans aucun incident, avait pour but d'assurer la relève de Bob Denard et de ses mercenaires par des cadres militaires français. Le 16 décembre, le Protet rallie Mayotte pour trois jours, avant de conduire à Tulear une partie du commando Hubert, qui prête une assistance technique aux autorités malgaches du 21 au 29 décembre. Il s'agissait du déroctage d'une passe dans un platier aux abords du Mangoro, à 25 nq au sud de Tulear. On peut noter que le 21 décembre à midi, le Protet et le La Boudeuse étaient mouillés à Tulea, ville toute proche du tropique du capricorne - or c'était le jour du solstice : le soleil ne leur faisait pas d'ombre !


Le Protet à quai à Djibouti, 1992.

1990
Le Protet fête Noël à Tulear et la Saint Sylvestre à Mayotte, avant d'effectuer une mission de présence aux îles Eparses qui le mène aux Glorieuses et à Tromelin. Il passe ensuite au bassin à l'île Maurice pendant son escale à Port-Louis du 17 au 30 janvier 1990. Cette mission variée en sous-zone 52 s'achève par un passage à la Réunion (30 janvier - 2 février) avant d'effectuer une escale avec le Jules Verne à Port Victoria (5 - 10 février). Le Protet retrouve Djibouti, le 15 février pour y entrer en IPER. Il reprend la mer le 21 avril pour effectuer une sortie d'entraînement en mer d'Arabie, entrecoupée par une escale à Salalah (1er au 5 mai) et s'achève le 7 mai à Djibouti. Son activité se poursuit avec une mission en mer rouge du 15 au 27 mai (Djeddah du 19 au 24) , qui précède la relève d'équipage à Djibouti et prise de commandement du capitaine de frégate Demoisson le 17 juin 1990.
Le 2 août 1990, lors de l'invasion du Koweit par l'Irak, le Protet se trouve dans le golfe arabo-persique. Dès lors, il participe à l'opération Artimon (contrôle de l'embargo vis-à-vis de l'Irak) et à l'accompagnement des convois de matériel militaire français.

1991
Avant l'opération "Tempête du Désert", le bâtiment embarque à Djibouti des équipements supplémentaires (Inmarsat, caméra infra-rouge, missiles Mistral, bâches de furtivité, ...). Jusqu'à la fin de l'année, alternent les missions de contrôle de l'embargo et les escales (Kenya, Seychelles, Pakistan, pays du Golfe). Le dernier commandant, le capitaine de frégate de Roquefeuil, prend ses fonctions à Djibouti durant le mois de mai.

1992
Comme l'année précédente, le bâtiment effectue des missions de contrôle de l'embargo et plusieurs escales (Monbasa, Singapour, Colombo, Chitagong) avant de quitter Djibouti le samedi 13 juin 1992. Il rentre à Toulon le lundi 22 juin 1992 pour y entamer les opérations de désarmement. Sa dernière sortie à la mer aura lieu à l'occasion de la traditionnelle sortie de ses commandants le jeudi 25 juin 1992.

En 4020 jours de mer, ce bâtiment aura parcouru 44 fois le tour de la Terre, soit environ 960 000 nautiques (1780000 km). Le Protet est retiré du service actif le 29 juin 1992, désarmé le 22 octobre 1993, et, le 24 mai 2001, il est coulé au large de Toulon par une force combiné aéronavale pendant un exercice Trident.

Source : Marines n°23 et 24 - article de Bernard Dumortier


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