Les Corsair français


Corsair de la 12F, embarqué sur le Bois Belleau en 1954 (dessin Gaëtan Marie).
Les Marines Alliées s'équipèrent aussi en Corsair de la seconde guerre mondiale et dans l’après guerre. La « Fleet Air Arm » britannique prit livraison de 2012 de ces appareils dans différents types. La Nouvelle Zélande en reçut 425 pour équiper 13 squadrons.

C'est à la demande du Gouvernement français et dans le cadre du M.D.A.P. (Mutual Defense Assistance Program) que Chance-Vought étudia une nouvelle et ultime version du prestigieux oiseau. Désignée F4U-7, cette version se révélait être un mariage entre le F4U-4 et l'AU-1.

Propulsé par un moteur Pratt & Whitney double étoile turbocompressé, 18 cylindres, R 2800-18W de 2.100 ch (hélice 4 pales, diamètre 4 m), il était armé, comme le F4U-4B et l'AU-1, de quatre canons de 20 mm et ses multiples points d'attache autorisaient l'emport de 10 roquettes de 127 mm, de deux bombes de 450 kg, de missiles air-sol AS-11, de conteneurs Matra 116G etc...

C'est le 2 juillet 1952 que le prototype X F4U-7 vola pour la première fois. Il fût suivi de 94 F4U-7 de série (79 en 1952 et 15 en 1953). Le dernier sortit le 31 janvier 1953 et ce sera aussi le dernier Corsair jamais construit, portant le nombre d'appareils produits au total de 12 571, toutes versions confondues.

Les Corsair français participèrent à toutes les opérations hors Métropole auxquelles la France fût mêlée depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

La Marine utilisa en fait un total de 163 Corsair : 94 F4-U7 et 69 AU-1.

Ce fut le cas de la dernière période de la guerre d'Indochine où les Corsair participèrent à de nombreuses missions d'appui et de protection tant depuis des bases au sol en Annam et au Tonkin (flottilles 12F, 14F puis 15F) que des porte-avions Arromanches, Bois Belleau et La Fayette, notamment en ce qui concerna la défense du camp retranché de Dien bien Phu.

A partir du 23 avril 1954, les 25 AU-1 prêtés par les Américains vinrent relever les Hellcat de la 11F dans la défense de Dien Bien Phu : la 14F opéra depuis Bach Mai. Après la chute du camp retranché, la 14F continua les opérations de guerre, puis des missions de protection à partir de Tan Son Nhut, à compter de juillet 1954. En août, elle se rééquipe progressivement de 17 F4-U7 livrés par le Dixmude. Les AU-1 restants sont restitués aux Etats-Unis, grâce à un convoyage de l’Arromanches vers Manille en août et un autre du Bois Belleau en décembre. Les F4-U7 Corsair furent à nouveau utilisés furent à nouveau utilisés en Indochine, par la 12F, à partir d’avril 1955, avec les porte-avions La Fayette et Bois Belleau, et sur la base de Tourane. Le Bois Belleau et la 12F quittent Saigon en novembre 1955. La dernière flottille à voler en Indochine avec le Corsair fut la 15F, qui effectua une campagne sur place du 11 février au 3 mai, avec le La Fayette.

Puis c’est la guerre d'Algérie où, entre 1955 et 1961, les Corsair des flottilles 12F, 14F, 15F et 17F, F4U-7 bientôt complémentés par des AU-1 d’occasion, opérèrent depuis Karouba, Télergma et Biskra, Ils eurent à assurer des missions de d'appui-feu, et les flottilles 15F et 17F assurèrent en alternance la mission d’entraînement pré-opérationnel depuis Hyères et Karouba Ces deux flottilles abandonnèrent le Corsair en 1962, la 12F faisant de même en 1963 ; les flottilles 12F et 17F terminèrent d’ailleurs avec un plan d’armement composé uniquement d’AU-1. La carrière du Corsair dans la Marine s’acheva avec la 14F, à Cuers, en septembre 1964.

Entre-temps les Corsair furent engagés pendant la fameuse affaire de Suez déclenchée à la suite de la nationalisation du Canal par le Président égyptien Nasser, le 26 juillet 1956. Cette opération nommée « Mousquetaire » mettait en œuvre coté français les porte-avions Arromanches (ex-HMS Colossus) et La Fayette (ex-USS Samuel P. Langley, du nom de l'inventeur de la catapulte...) avec à leur bord les flottilles 9F (Grumman TBM Avenger torpilleurs), 14F et 15F (Corsair F4U-7). Ces unités reçurent l'ordre de couler la flotte égyptienne en rade d'Alexandrie. Les Corsair se présentèrent à l'attaque deux jours de suite (1er et 2 novembre 1956) mais durent abandonner leur mission par suite de la présence « gênante » de navires de la 6ème flotte U.S. venus embarquer les ressortissants américains.


Orange-Caritat, le dernier des Corsair français (29 juin 2003).

Après la guerre d'Algérie, les Corsair servirent encore quelque temps, en attendant le ré-équipement des diverses flottilles avec du matériel moderne (Chance-Vought F8E-FN et Dassault Étendard IV-M). L'Aéronavale, ne conserva aucun exemplaire de ses prestigieux avions... Toutefois, quelques uns de ces rares F4U-7 français existent toujours, furent rachetés par des Américains comme le n° 133710 conservé au musée des Marines à Quantico.

L'Aéronavale, ne conserva aucun exemplaire de ses prestigieux avions... Toutefois, quelques uns de ces rares F4U-7 français existent toujours, rachetés par des... américains. C'est le cas du N° 133710 conservé au musée des Marines à Quantico, et c'est peut-être encore le cas du N° 133693 qui volait sous l'immatriculation N693-M...

Aux U.S.A. évidemment, mais aussi en Europe, des Corsair de versions différentes sont maintenus en état de vol par des amateurs et des pilotes passionnés. On peut en voir régulièrement dans des rassemblements, des fêtes aériennes, des meetings « Flying Legend ».

Le rassemblement organisé début Juin 1996 à la Ferté Alais en a montré quelques uns. En 1998, il y avait un Corsair sur les Champs Elysées à l'occasion du Centenaire de l'Aéro-club de France parmi d'autres avions de légende ... et surtout, il y a en France le magnifique « 133704 » F-AZYZ, qui vole !


Orange-Caritat, le dernier des Corsair français (28 juin 2007).
Le capitaine de frégate (H) Ramon Josa raconte : « Un Corsair F4U7 ,ou presque, vole en France depuis le 9 mars 2000 à 16h20 très exactement. C'est appareil, porte la robe de l'aéronautique navale et les couleurs de la flottille 14F sous le numero 14F-6. Ce Corsair F4U5NL, exposé au musée de Tigre près de Buenos Aires, a fait l'objet d'une adjudication internationale par l'Armada Argentina en novembre 1991, il a été acquis par un groupe de passionnés français.

En 1995, après bien des déceptions et des rebondissements, l'épave, car celà en était une, est arrivée sur l'aérodrome du Castellet, la restauration pouvait commencer. Elle a été conduite pendant cinq ans par Claude Semenadisse et réalisée par une sorte de magicien de la mécanique nommé Didier Rohmer, son travail a commencé par le démontage de l'épave et s'est terminé le 9 mars 2000 jour du premier vol. Cette restauration est l'oeuvre d'un seul homme du décapage à la peinture finale en passant par la mise au point du moteur. Ce Corsair F4U5NL est devenu F4U7 par la suppression du radar de bord d'attaque, l'échange de la couronne moteur par une couronne de F4U7 trouvée au musée de Mobile (Floride) et par la transformation des volutes d'échappement ainsi que celles de la répartition de l'air de refroidissement, afin de les rendre compatibles de la couronne du F4U7.

J'ai eu l'honneur et la responsabilité de faire le premier vol ainsi que les vols d'essais et de mise au point, aujourd'hui les quatre propriétaires, tous pilotes privés ou professionnels, volent sur le F4U7 14F-6. Pour ma part j'ai l'immense plaisir de présenter cet appareil aux différentes manifestations aéronautiques ou il a toujours un superbe succès. En 2002 le Corsair 14F-6 a été présent à 12 manifestations ou meetings nationaux ».

Par Léon C. Rochotte 1999 ; Addendum 2000 par le capitaine de frégate (H) Ramon JOSA - Ailesaero@aol.com ; Ajouts et corrections 02/2008 par Alexandre Gannier pour Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.


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