Les insignes spéciaux de l'aéronautique navale 1ère partie : Des origines à la seconde guerre mondiale 1. Les origines 1.1. Premières dispositions (26 décembre 1914) Lorsqu'en 1910 le ministre de la Marine décide d'envoyer sept jeunes officiers suivre les cours de pilotage de l'Aéro-Club de France, personne ne songe à matérialiser le brevet qu'ils vont obtenir par un quelconque insigne. Un an plus tard, les officiers titulaires du brevet de pilotage civil sont désignés pour suivre les cours du brevet de pilotage militaire. Avec le temps cette formation, jugée plus difficile que celle de l'Aéro-Club de France, demeure la seule admise pour la formation des pilotes des ministères de la guerre et de la marine. C'est
probablement dans le cadre de cette formation commune que les
personnels de la marine vont découvrir que leurs camarades
"terriens" ont droit au port d'un insigne destiné
à marquer leur qualification. Il faut cependant attendre
le 26 décembre 1914 pour que le ministre de la marine
« estime... qu'il importe de donner le plus tôt possible au personnel non officier de l'aéronautique maritime des insignes spéciaux comme en possède déjà le personnel de l'aéronautique militaire ». L'annexe à la dépêche ministérielle donne la description de ces insignes spéciaux - telle qu'elle figure au fascicule n° 105-1 du ministère de la guerre - et qui seront désormais les insignes du personnel navigant de l'aéronautique maritime.
1.2.1. Pour le personnel non officier Les insignes, cousus sur le haut de la manche gauche ou du veston, sont les suivants : a. Pour les titulaires du brevet militaire d'aérostation (dirigeables) : une ancre ailée,
c. Pour les mécaniciens brevetés (aérostation et aviation) : une roue dentée à 4 rayons et 14 dents,
1.2.2. Pour le personnel officier Le port de l'insigne est facultatif pour le personnel officier. Deux modèles d'insignes sont cependant définis comme suit :
1.3. La circulaire de février 1915 Le 17 février 1915 une circulaire publiée au bulletin officiel de la marine (année 1915, page 187), notifie le descriptif d'insignes "conformes à ceux du Département de la guerre" pour le personnel de l'aéronautique maritime. La comparaison de ce texte avec celui diffusé deux mois plus tôt met en lumière les différences ci-dessous :
Dans les deux textes, on note par ailleurs qu'en ce qui concerne le brevet militaire d'aérostation, les insignes des quartiers-maîtres et matelots ne devraient pas comporter de jaseron. A ce jour pourtant, tous les insignes connus de ce type présentent un jaseron autour de l'axe. 2.
Des dispositions spécifiques à la Marine (avril
1917)
Le 18 avril 1917 une circulaire du ministre de la Marine crée de nouveaux insignes destinés au personnel de l'aéronautique maritime. Les dispositions de cette circulaire reposent sur la constatation que ce personnel appartient à deux catégories distinctes :
Dans les deux cas, les personnels porteront un insigne de bras mais seul le personnel volant pourra prétendre au port d'un insigne métallique. A l'exception des insignes propres à l'aérostation, ces insignes sont toujours ceux en usage aujourd'hui.
2.1.1. Les bénéficiaires Le personnel de l'aéronautique maritime a droit au port d'un insigne de bras de forme unique quel que soit le grade ou le titre du porteur. Ce droit est simplement subordonné à la condition de réunir douze heures de vol dans le trimestre civil écoulé. Toutefois les personnels blessés en service aérien commandé conservent sans conditions le droit au port de l'insigne pendant les hostilités. A
partir de 1918, le port de l'insigne de bras va progressivement
être étendu aux spécialistes de l'aéronautique
maritime non volants mais détenteurs de certains certificats
(mécaniciens d'ateliers, arrimeurs de dirigeable ou d'hydravions,
charpentiers d'aviation, tailleurs d'atelier d'aérostation
ou gabiers-voiliers-tailleurs d'atelier d'aviation). Pour ces
personnels la condition d'un nombre minimum d'heures de vol n'est
plus exigée.
2.1.2.
Description de l'insigne
L'insigne
représente une ancre ailée, avec étoile sur
la verge de l'ancre, brodée or sur drap noir. Pendant les
hostilités il est prévu que l'insigne des quartiers-maîtres
et marins puisse être exécuté en broderie
de soie jaune d'or. D'une largeur totale de 93 millimètres
et d'une hauteur totale 42 millimètres environ, l'insigne
est cousu sur la manche gauche des vêtements (figure 8).
2.2. L'insigne de poitrine 2.2.1. Les bénéficiaires Le personnel volant, sous réserve d'avoir accompli les heures de vol exigées par le règlement, peut prétendre au port d'un insigne de poitrine différent selon le brevet ou certificat détenu.
En 1923 la terminologie relative au personnel change : le personnel
volant devient personnel navigant pilote ou non pilote. Puis au
fil des ans, de nombreuses modifications vont affecter les bénéficiaires
du droit au port des différents insignes mais l'insigne
de bras et les insignes métalliques demeureront inchangés
jusqu'à nos jours.
2.2.2. Fabrication et port des insignes Les
plus anciens insignes de poitrine ne portent pas d'indication
de fabricant. Par la suite, ils seront principalement fabriqués
par la maison DRAGO dans le cadre d'un marché annuel
passé par le service du commissariat de la marine.
On connaît également des insignes de pilotes de dirigeables dans lesquels la roue de gouvernail ne surmonte pas la couronne câblée mais est à l'intérieur de celle-ci et masque l'organeau de l'ancre. Dans la mesure où aucun des insignes ainsi découverts n'est numéroté, il est probable qu'il s'agit d'une fantaisie.
A
cet égard il convient d'observer que, durant tout le premier
conflit mondial, la réglementation n'est pas encore bien
établie à l'égard des personnels de l'aéronautique.
On admet ainsi que :
« le personnel de la marine pourvus de titres et de service donnant droit au port d'insignes de l'aéronautique militaire (pilote d'avions terrestres, ...) est autorisé à porter ces insignes tant qu'il n'a pas acquis le droit au port des insignes de l'aéronautique maritime » (circulaire du 18 avril 1917). De même une lettre du 8 juillet 1917 précise que : « les pilotes d'avions du centre de Dunkerque portent les mêmes insignes que les pilotes de la Guerre. » En présence de dispositions aussi tolérantes les personnels volants vont faire preuve d'une très grande liberté dans le port des insignes qui leurs sont attribués. Les photographies jointes donnent une petite idée de la fantaisie qui aura cours, au moins jusqu'à la fin du premier conflit mondial. 2.3.
L'entre-deux guerres
En 1937 le désarmement des trois derniers dirigeables en service, marque la fin de l'aérostation dans la marine nationale. Par voie de conséquence les insignes correspondants cessent d'être délivrés mais continuent d'être portés par les personnels les ayant acquis antérieurement. Entre 1917 et 1940, deux nouveaux insignes destinés aux personnels non officiers vont voir le jour. a.
Le 12 avril 1928 une décision ministérielle institue
un insigne de col réservé aux pilotes titulaires
:
Cet insigne, très proche de celui adopté pour les officiers pilotes titulaire du brevet militaire d'aviation de 1914 est porté de chaque côté du collet du veston. En broderie d'or, il est formé d'une étoile ailée de 50 millimètres environ de largeur totale et 10 millimètres environ de hauteur (figure 13) b.
En 1935 est créé un insigne pour les radiotélégraphistes
faisant partie du personnel navigant de Il est constitué par l'insigne de bras du personnel spécialiste de l'aéronautique surmonté des lettres « T.S.F. » le tout brodé au fil d'or (figure 14).
CRC1 (R) S. Le Coustour pour Net-Marine © 2009. Photographies collection N. Desgouttes. Pour copie et usage : cf. droits d'utilisation. |