Allocution prononcée par M. Georges Leygues ministre de la Marine à bord du Duquesne
Monsieur
le Président de la République, Les
escadres rassemblées pour les grandes manoeuvres sont déployées
devant vous. Le mer exerce une influence décisive sur la vie des peuples. Se retirer de la mer ou n'y jouer qu'un rôle effacé, équivaudrait à déchoir. La Marine est si étroitement mêlée à notre existence que chacun de ses redressements marque un réveil des énergies nationales. Pendant la guerre notre Marine a rempli une tache ingrate et rude. En collaboration avec les marines amies et en particulier avec la marine britannique, dont l'action fut prédominante, elle a tenu le blocus, elle a pris part aux opérations qui, en nous assurant la maîtrise des mers, nous ont permis de subsister, de combattre et de vaincre. Elle a accompli sur le front maritime et terrestre des exploits qui sont restés légendaires. Seule parmi les marines belligérantes, elle n'a pu réparer ses pertes au cours des hostilités, ses arsenaux ayant consacré toutes leurs ressources au service de l'armée française et aux armées alliées. Après
une période de recueillement, elle s'est remise a l'oeuvre. Elle se
reconstitue avec méthode selon les principes fixes et selon les derniers
progrès de la science nautique. Ses bâtiments de surface, ses
sous-marins et ses aéronefs sortent des chantiers par larges groupes
du même type et donnent à nos forces navales la cohésion
et l'homogénéité. Les résultats de cet effort
sont sous vos yeux. Officiers et matelots acceptent avec fierté l'incessant labeur et la stricte discipline indispensable à la connaissance parfaite de leur métier. Vous admirerez leur tenue et leur allure. Ils sont de la forte lignée dont les fastes illustrent notre histoire. Ils gardent intactes les mâles vertus de la race, le courage, l'endurance, l'audace, l'allégresse dans l'effort et dans le danger. Monsieur
le Président, La
Patrie et la République peuvent compter sur elle. |