Les préparatifs du débarquement pour les navires français


Le croiseur Montcalm

Le 14 avril 1944, le contre-amiral Lemonnier appareillait d'Oran avec les deux bâtiments à destination de la Grande-Bretagne. Le 18, les deux croiseurs se séparèrent. Le Georges-Leygues continua vers le nord, passa entre les Orcades et l'Ecosse, redescendit la côte est et mouilla le 19 dans la Tyne. Quant au Montcalm, il fit une première escale à Greenock, avant de gagner la Clyde de Scapa-Flow où il arriva le 20 ; il y fut rejoint le 28 par le Georges Leygues.

Au cours de leurs visites des trois grandes rades britanniques, les 2 croiseurs avaient été surpris par l'importance des préparatifs du débarquement. Ils commencèrent immédiatement des exercices, au large de Scapa Flow et de Greenock, qui portèrent sur le tir contre-avions, le tir contre terre, l'exploitation des transmissions et accessoirement la navigation en compagnie de grands bâtiments. Le Georges Leygues manœuvra d'abord avec le Devonshire et le Jamaïca et ensuite avec le Nevada et le Tuscaloosa. L'importance des transmissions entraîna l'embarquement de 5 officiers de liaison alliés et de 9 opérateurs radio. Les exercices familiarisèrent le navire avec les nouveaux appareils, les changements de longueur d'onde et la procédure utilisée pour le tir contre la terre.

Le 26 mai, non loin de Belfast, eut lieu une répétition générale de l'opération. Le Georges Leygues avait pratiqué le même entraînement dans un groupe constitué par le Glasgow, le Texas et l'Arkansas. Dans l'ensemble, les résultats concernant la navigation, le tir contre-avion, l'utilisation du radar, furent très satisfaisants. Par contre, les liaisons entre avion et bâtiment appui-feu furent loin d'être probantes. Un seul pilote de Spitfire d'observation devait à la fois piloter, lire la carte, reconnaître le terrain, observer les points de chute, communiquer par radio, revenir sur l'objectif masqué par la fumée sans perdre son orientation, tout cela au mi lieu de tir de la DCA et sans disposer d'armes efficaces contre l'intervention de la chasse ennemie! De leur côté, les frégates françaises la Surprise, l'Aventure, la Découverte, l'Escarmouche, et les corvettes Aconit, Renoncule, Roselys et le Commandant d'Estienne-d'Orves participèrent à de multiples exercices d'escorte de convoi, avec recherche radar, asdic, tir antiaérien... Quant aux dragueurs français. il ne leur était réservé qu'un rôle très secondaire.

Dans l'ensemble, tous les exercices étaient terminés au milieu de mai. C'est ainsi que le 18, le contre-amiral Jaujard, qui avait reçu le commandement du groupe des deux croiseurs français, hissa sa marque sur le Georges Leygues. Ainsi, un certain nombre de bâtiments français allaient être présents au débarquement de Normandie. Par rapport à l'ampleur des moyens réunis par les alliés, cette participation était très faible; il n'y avait pas un seul navire de ligne, deux croiseurs sur 22, 4 frégates et 4 corvettes sur 142 escorteurs. Mais, malgré leur nombre restreint et leur isolement au milieu des formations anglo-américaines, les navires français, parfaitement entraînés, allaient donner le maximum de leurs possibilités.