Le jour J en zone Ohama

Sur la zone d'Omaha peu avant l'aube l'artillerie allemande est entrée en action. La batterie de Longues, à l'est de Port-en-Bessin, commence un tir précis en direction de l'Arkansas, qui est encadré à 05 h 42. Les 152 français ouvrent alors le feu sur le haut de la falaise qui supporte les 155 ennemis ,avant d'engager les objectifs nommément désignés, qu'ils ont pour mission de détruire.

A 05h37 le Georges Leygues contrebat Longues, suivi de peu par l'Arkansas; et la batterie se tait provisoirement. Vers 05h50, les croiseurs français se tournent alors vers leurs objectifs; tandis que l'amiral engage les blockhaus et les nids de mitrailleuses qui dominent Colleville, à l'est de la vallée du Ruquet, le Montcalm essaie de réduire deux batteries de Port-en-Bessin, susceptibles de tirer sur la plage Omaha. Pendant ce temps, les 90 arrosent le futur lieu de débarquement. L'horaire doit être minutieusement respecté. Ouverture du feu à H - 40. L'heure " H " étant l'instant où les premiers LCT doivent accoster la plage (06h30 suivant les prescriptions). Le tir doit être suspendu à " H - 3 " pour le Georges Leygues en vue de ne pas gêner le débarquement; les 152 du Montcalm cesseront le feu à < H+30 ", leurs objectifs étant suffisamment éloignés de la plage (pillboxes, abris et casemates défendant Port-en-Bessin). Les 90 arrêteront le pilonnage de la plage dès que les LCT se seront suffisamment rapprochés, vers 06 h 10...

A 06h05, la batterie de Longues se remet à tirer en direction du groupe Arkansas. Le cuirassé est manqué de peu, le Montcalm est moins bien ajusté; quant au Georges Leygues, les coups tombent sur son arrière. Les 152 du Montcalm ripostent immédiatement et l'ennemi se tait pour un long moment. Il est 06h10, le jour se lève; les croiseurs français, sur le point de terminer leur première mission, assistent au passage des forces d'assaut. Les embruns et le fort clapot gênent la marche des chalands de débarquement, des chars DD et, surtout, des " landing craft " portant blindés et camions. A 06h27, le Georges Leygues cesse le feu et à 06 h 30, à l'heure prévue, les premiers éléments sont mis à terre; c'est le début de l'invasion. Les marins du Georges Leygues envoient de grands saluts aux chalands qui défilent le long du bord. Quant au Montcalm, il continue son tir jusqu'à 07 h 00, puis cesse le feu à son tour. Vers 08 h 20 enfin, le Montcalm peut engager un carrefour un peu au sud d'Escures, et à 08h48 le Georges Leygues détruit le chateau à 1,50 km est-nord-est de Mosles où se concentraient les troupes ennemies. Ces tirs ont lieu sur l'indication d'avions. Mais l'observateur du croiseur amiral est rapidement abattu; la réaction antiaérienne des Allemands est très vive.

Sur les plages, les pertes sont très importantes. Un chaland, bondé de blessés, accoste le Georges Leygues à 08h08; il est malheureusement impossible d'embarquer les blessés. A bord du croiseur amiral, l'inaction se prolonge, il est impossible de prendre contact avec le SFCP et on a une vue pessimiste de la situation.

Le Montcalm est plus heureux ; il effectue deux tirs vers O8 h 40 sur demande de son SFCP et détruit les deux objectifs signalés (mitrailleuses à l'est et au sud de Sainte-Honorine-des-Pertes; à 11h15, la batterie, défilée derrière l'éperon est de Port-en Bessin, ouvre à nouveau le feu sur la plage: les 152 et 90 battants ripostent sans délai, en même temps que les pièces de l'Arkansas. La batterie est immédiatement réduite au silence. Par la suite, de 11 h 30 à 14 heures, le SFCP réclame encore du Montcalm 6 tirs, jusqu'à ce que, sérieusement 'blessé, il ne puisse plus continuer sa mission. C'est ainsi que sont atteintes 2 batteries (nord-est Sainte-Honorine et 1 kilomètre est de Cabourg) et un blockhaus dominant la jetée est de Port-en-Bessin. Un violent tir de soutien est exécuté à un kilomètre nord-ouest de Sainte-Honorine. Le Texas avertit que les pertes à terre ont été lourdes et que les SFCP, En première ligne, ont été assez éprouvés.

Il est 18h35. Le Georges Leygues, avant la tombée de la nuit, ne va plus utiliser ses 152 que sur une casemate de la batterie de Longues qu'il réduit par 2 coups au but, un peu avant 19 heures. Le Montcalm engage encore à 21h32 des troupes ennemies à Surrain sur demande du SFCP. Mais les deux croiseurs assistent, impuissants, au tir précis d'une batterie ennemie non repérable qui met en flammes vers 21h50 une vingtaine de camions sur la plage de Colleville et oblige les chalands à abandonner cette portion de grève pour aller débarquer les renforts vers Saint Laurent et Vierville. A la nuit tombante, l'aviation allemande. Incapables de prendre le vol pendant la journée, du fait de l'écrasante supériorité alliée, les aviateurs ennemis tentent le combat dans l'obscurité. A 22h20, l'alerte est donnée par toute l'Armada mouillée aux abords immédiats du rivage; les innombrables canons antiaériens de toutes les unités ouvrent un feu intense auquel répondent les sourdes explosions des bombes. Vers 23h00, deux avions allemands sont descendus mais l'attaque se rapproche du groupe Arkansas. Deux bombes explosent à proximité du cuirassé chef de groupe à 23h18 et le Montcalm, dans les instants qui suivent, voit s'égrener un chapelet de bombes à 1 000 mètres à l'ouest à lui. La réaction est très vive; le tir des 20 et des 40 des canonniers français descend l'un des appareils, un JU88, qui s'écrase en flammes à côté du Montcalm.