Histoire du cuirassé Dunkerque


En achèvement à flot dans l'arsenal de Brest (octobre 1935).
1932-37 : En construction à Brest

Construit sur plans élaborés par le Service Technique des Constructions et Armes Navales. (S.T.C.A.N), le Dunkerque est mis sur cale, dans la forme du Salou à Brest le 24 décembre 1932.

Il est mis à flot le 2 octobre 1935, armé pour essais le 1er février 1936, puis armé définitivement le 31 décembre de la même année.

Ses essais officiels ont lieu du 22 mai au 9 octobre 1936.

1937-38 : Premières navigations

Sa première sortie est effectuée pour représenter la France, du 17 au 23 mai 1937, lors d'une revue navale britannique en rade de Spithead à Portsmouth, en l'honneur du couronnement du nouveau roi d'Angleterre Georges VI.


Essais d'artillerie au large de Brest (septembre 1936).
Quelques jours après, le 27 mai 1937, Le Dunkerque participe à une autre revue navale, avec les escadres de la Méditerranée et de l'Atlantique au large de l'Ile de Sein.

Du 15 aout 1937 au 14 octobre 1937, il est immobilisé à l'arsenal de Brest, dans le cadre de visites de garantie. La mise au point de ce type de bâtiment étant toujours longue et complexe, jusqu'à la fin de l'année 1937, le Dunkerque poursuivra ses essais à la mer avec notamment de nombreux tirs d'artillerie. Le 8 janvier 1938, lors de nouveaux essais d'artillerie, un ouvrier meurt coincé entre une tourelle de 130 mm et la rambarde du cuirassé.

Le 20 janvier 1938, le cuirassé appareille pour une transatlantique qui le mène aux Antilles et à Dakar. De retour en Métropole, il rend visite à la ville de Dunkerque du 1er au 3 juillet 1938, puis, sur la route du retour vers Brest, il mouille à Saint Vaast la Hougue les 4 et 5 juillet.

Le 17 juillet 1938, le Dunkerque reçoit les souverains anglais à Boulogne puis à Calais.

Le Dunkerque est admis au service actif le 1er septembre 1938, et incorporé à l'escadre de l'Atlantique comme navire amiral.

Du 18 au 20 novembre 1938, il participe avec le porte-avions Béarn, les torpilleurs Boulonnais, Foudroyant et l'aviso Somme à des manoeuvres au large des côtes bretonnes. Du 29 novembre 1938 au 27 février 1939, le bâtiment est en entretien.


Le cuirassé Dunkerque au mouillage en rade
1939 : L'entrée en guerre

Pendant les quelques mois qui précèdent le déclenchement des hostilités, le Dunkerque va effectuer principalement des missions d'escortes. Du 14 au 16 avril 1939, il couvre le retour des Antilles du croiseur Jeanne d'Arc qui, suite à la crise des Sudètes, peut être menacé par la présence de cuirassés de poche allemands face aux côtes espagnoles.

Du 3 au 6 mai 1939, il est en visite, avec son sister ship le Strasbourg, à Lisbonne au Portugal, puis du 23 mai au 14 juin 1939, il participe à une grande tournée des ports anglais, et fait relâche à l'issue au Havre du 16 au 20 juin 1939.

Le 2 septembre 1939, le Dunkerque part avec la 1ère escadre couvrir le passage du Pluton à Casablanca et de la Jeanne d'Arc aux Antilles. Il est de retour à Brest le 6 septembre. Le même jour son hydravion disparaît en recherchant le paquebot Flandre. Le 8 septembre, un autre hydravion du Dunkerque l'HS 21 est à son tour accidenté.

Du 22 au 25 octobre 1939, le Dunkerque escorte jusqu'aux Açores un convoi britannique depuis la Jamaïque. Le 25 novembre, une alerte en Atlantique Nord oblige le Dunkerque à quitter Brest avec le cuirassé Hood. Il dirige alors une croisière de recherche de cuirassés allemands entre l'Écosse et l'Irlande par très gros temps.


Position des bâtiments lors de la bataille de Mers-el-Kébir (juillet 1940)

De retour à Brest le 3 décembre, il en repart le 11 avec la Gloire, puis du 17 au 22 décembre, il transporte une cargaison d'or de la banque de France vers Halifax. Au retour il escorte, avec le HMS Revenge, un convoi anglais. Il regagne Brest le 30 décembre 1939.

1940 : L'attaque de Mers-el-Kébir

Le 2 avril 1940, la force de raid de l'amiral Marcel Gensoul, avec comme navire amiral le Dunkerque, quitte Brest pour le port algérien de Mers-el-Kébir, où il arrive le 5 avril. Le Dunkerque est rappelé, le 9 avril, pour remonter vers Brest suite à l'invasion de la Norvège par l'Allemagne.

Du 12 au 24 avril, le bâtiment est en alerte à Brest, puis il est ensuite définitivement basé à Mers-el-Kébir. De là, le 13 juin 1940, il effectue un raid en Sardaigne.

Après la débâcle française de juin 1940, l'attention des britanniques va se porter sur la flotte française, dont la plupart des bâtiments étaient encore en état de marche. Ordre est donc donné de se saisir de la flotte française ou de la neutraliser dans tous les ports de guerre où elle se trouve.


Une brèche énorme causée sur tribord (juillet 1940).
A Mers-el-Kébir, outre le Dunkerque battant pavillon de l'amiral Gensoul se trouve le Strasbourg, son sistership. Il y a aussi deux cuirassés de 22 000 tonnes, plus anciens, la Provence et le Bretagne. Au bout du môle se trouve le transporteur d'hydravions Commandant Teste, et enfin en face, six contre-torpilleurs de 2 000 à 3 000 tonnes : Kersaint, Terrible, Tigre, Lynx, Volta et Mogador.

Arrivé à l'aube du 3 juillet, avec une force aéronavale imposante, devant la base navale algérienne, l’amiral Somerville adresse à l'amiral Gensoul un ultimatum. Malgré de longues discussions et tentatives de compromis, le dialogue, autant au niveau politique que stratégique, est un échec.

Le 3 juillet 1940, la force aéronavale britannique attaque les bâtiments français au mouillage à Mers-El-Kébir. Dès la seconde salve, le Dunkerque reçoit quatre projectiles de 380 mm dont un dans la machine tribord, un dans la chaufferie de la machine bâbord, un dans le hangar aviation et un sur le toit de la tourelle n°2.

Le 6 juillet 1940, trois vagues d'avions torpilleurs vont successivement attaquer le DUNKERQUE, alors échoué et entouré, à tribord avant par le patrouilleur P18 Terre Neuve, à bâbord arrière par le patrouilleur P139 La Sétoise ayant à couple l'arraisonneur-dragueur AD276 Grouin du Cou. Les avions anglais vont lancer neuf torpilles dont six sans résultat.
Au cours des deux premières attaques le Terre Neuve est touché par une torpille qui causa également quelques dégâts au Dunkerque. Lors de la troisième attaque, le Terre Neuve fut à nouveau touché à l'arrière par une torpille qui provoqua l'explosion de ses grenades (quatorze de 100 kg sur les lanceurs et trente en caissons). L'arrière du patrouilleur fut entièrement détruit et une brèche importante fut ouverte dans la coque du Dunkerque. Le bordé intérieur fut déformé sur une quarantaine de mètres, plusieurs plaques de cuirasse déplacées, le pont blindé déformé, la cloison pare-torpilles déchirée. Le cuirassé rempli d'eau jusqu'à la flottaison depuis la tranche cuirassée avant jusqu'à l'arrière était entièrement échoué.

Au total, 9 officiers et 201 hommes d'équipage qui sont tués.

Le 8 juillet 1940, le Dunkerque est renfloué, et subit quelques réparations provisoires.

1942-58 : La fin du Dunkerque


...

Le 19 février 1942, le Dunkerque appareille pour Toulon, afin de subir des réparations dans l'un des bassins Vauban. Il est ensuite placé en gardiennage d'armistice à compter du 1er mars suivant.

Il n'aura malheureusement pas l'occasion de naviguer à nouveau, puisque le 27 novembre 1942, suite à la tentative par les allemands de s'emparer de la flotte à Toulon, celle-ci se saborde. Le Dunkerque, quant à lui, est sabordé dans le bassin sud-ouest Vauban.

En 1944, son épave est une nouvelle fois atteinte par des bombardements, et elle est ensuite partiellement démantelée à hauteur de 30 % environ.

En 1945, l'épave du Dunkerque est retiré du bassin.

Elle est ensuite vendu par les Domaines en 1958 pour être démoli.

Texte : Guillaume Rueda -- et Jean-Michel Roche pour Net-Marine © 2009. Copie et usage : cf. droits d'utilisation. Bibliographie : Cent ans de cuirassés français par Eric Gilles ; Les cuirassés Dunkerque et Strasbourg par Jean Moulin ; Cinquante ans de Marines VA J. Gabrié.


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