Bonnet : une représentation d'avant 1858
Publié : 20 févr. 2013, 15:29
Bon jour,
Voici une iconographie que je ne crois pas connue, dûe au forçat Clémens.
En 1840, Jean-Joseph Clémens est au bagne de Rochefort, et en conséquence d'une nouvelle tentative d'évasion, il en a pour vingt-neuf ans pour vol, récidive avec effraction, vol lors d'une première évasion, et trois ans de mieux pour sa dernière sortie.
Mais, assez instruit, il a la chance d'être pris comme secrétaire par le commissaire chef du "détail de la chiourme" de Rochefort.
M. de Friocourt est une belle âme qui croit à la régénération morale du forçat qui reconnaît sa faute, dénonce son erreur et promet de se corriger. Mais comment donc!
Clémens adhère à ce point de vue, et pour en persuader son chef, lui présente, outre tous les signes de sa contrition, un album de peintures de la vie du bagne . Laissons-lui le bénéfice du doute sur sa sincérité.
En particulier, Clémen peint des évasions célèbres ... toutes suivies de capture. Où serait la morale, sinon?
Parmi ces évasions, il en est trois, celles de Toudic, et Dubois et Chartier, qui ont été commises sous la tenue de travail de matelot, qui a un triple avantage :
- facile à imiter,
- facile à se procurer au contact des marins dans l'arsenal ou à contrefaire avec les matériaux à disposition,
- permettant de passer les portes sans grand risque de contrôle.
Et Clémens précise pour Dubois et Chartier" ...ils s'évadèrent des travaux du port à l'aide d'un déguisement de matelot qu'ils fabriquèrent eux-mêmes...ils n'eurent donc que les capousses à faire venir. Et comme dans le port, les forçats trouvent facilement des hommes libres, qui pour de l'argent leur apportent ce dont ils ont besoin, ces deux-ci n'eurent pas de peine à se les procurer...".
Nous sommes donc sûrs que les deux ont porté des bonnets, faisant au moins partie du sac à Rochefort en 1840, et que Clémens a représenté exactement ce que son commissaire et lui ont toute toute la journée sous les yeux. Clémens est par ailleurs très exact sur les uniformes des gendarmes (à part l'inversion des couleurs de la banderole de giberne) et des garde-chiourme.
Ce bonnet, assez large et mou, présente :
- un plateau plissé autour du gland; on dirait qu'il a été tricoté en tube à partir du bas et replié, comme un bonnet grec, contrairement au modèle 1858, tricoté à partir du cabilhou, dont le fil a donné l'attache de la houpette;
- un gland entièrement rouge, contrairement au modèle 1858;
- un bandeau en carreaux rouge et bleu, comme la casquette-champignon de 1825, et peut-être récupéré de celle-ci.
Serait-ce la représentation du bonnet de travail de l'ordonnance de 1832 sur les équipages de ligne, jamais décrit, encore moins figuré?
Est-ce celui que Casy a fait mettre dans son essai?
Quel est votre sentiment?
Cordialement
NB L'ouvrage de Clémens a été publié sous le titre "La légende noire du bagne" par Découvertes Gallimard Albums en 1992.
Voici une iconographie que je ne crois pas connue, dûe au forçat Clémens.
En 1840, Jean-Joseph Clémens est au bagne de Rochefort, et en conséquence d'une nouvelle tentative d'évasion, il en a pour vingt-neuf ans pour vol, récidive avec effraction, vol lors d'une première évasion, et trois ans de mieux pour sa dernière sortie.
Mais, assez instruit, il a la chance d'être pris comme secrétaire par le commissaire chef du "détail de la chiourme" de Rochefort.
M. de Friocourt est une belle âme qui croit à la régénération morale du forçat qui reconnaît sa faute, dénonce son erreur et promet de se corriger. Mais comment donc!
Clémens adhère à ce point de vue, et pour en persuader son chef, lui présente, outre tous les signes de sa contrition, un album de peintures de la vie du bagne . Laissons-lui le bénéfice du doute sur sa sincérité.
En particulier, Clémen peint des évasions célèbres ... toutes suivies de capture. Où serait la morale, sinon?
Parmi ces évasions, il en est trois, celles de Toudic, et Dubois et Chartier, qui ont été commises sous la tenue de travail de matelot, qui a un triple avantage :
- facile à imiter,
- facile à se procurer au contact des marins dans l'arsenal ou à contrefaire avec les matériaux à disposition,
- permettant de passer les portes sans grand risque de contrôle.
Et Clémens précise pour Dubois et Chartier" ...ils s'évadèrent des travaux du port à l'aide d'un déguisement de matelot qu'ils fabriquèrent eux-mêmes...ils n'eurent donc que les capousses à faire venir. Et comme dans le port, les forçats trouvent facilement des hommes libres, qui pour de l'argent leur apportent ce dont ils ont besoin, ces deux-ci n'eurent pas de peine à se les procurer...".
Nous sommes donc sûrs que les deux ont porté des bonnets, faisant au moins partie du sac à Rochefort en 1840, et que Clémens a représenté exactement ce que son commissaire et lui ont toute toute la journée sous les yeux. Clémens est par ailleurs très exact sur les uniformes des gendarmes (à part l'inversion des couleurs de la banderole de giberne) et des garde-chiourme.
Ce bonnet, assez large et mou, présente :
- un plateau plissé autour du gland; on dirait qu'il a été tricoté en tube à partir du bas et replié, comme un bonnet grec, contrairement au modèle 1858, tricoté à partir du cabilhou, dont le fil a donné l'attache de la houpette;
- un gland entièrement rouge, contrairement au modèle 1858;
- un bandeau en carreaux rouge et bleu, comme la casquette-champignon de 1825, et peut-être récupéré de celle-ci.
Serait-ce la représentation du bonnet de travail de l'ordonnance de 1832 sur les équipages de ligne, jamais décrit, encore moins figuré?
Est-ce celui que Casy a fait mettre dans son essai?
Quel est votre sentiment?
Cordialement
NB L'ouvrage de Clémens a été publié sous le titre "La légende noire du bagne" par Découvertes Gallimard Albums en 1992.