LCVP : Landing Craft - Vehicle & Personnel

Le LCVP engin américain comparable au LCA, ne pèse pas plus lourd, à l'origine, que son homologue (9 tonnes lège), mais il parait plus gros, parce qu'il est sensiblement plus haut sur l'eau. Et c'est, toujours à l'origine, le plus "caisse à savon" de tous les Landing Craft.

Long de 11 mètres, large de 3,20 mètres, avec un tirant d'eau approchant 1 mètre, il est propulsé à 8 noeuds par une seule hélice (un seul moteur Gray Marine). Sa coque est en bois et son armement d'origine comporte deux mitrailleuses de 7,6 mm.. I1 peut transporter 36 hommes avec leur équipement, ou un véhicule : une jeep y tient à l'aise.

Mais il est considérablement transformé en Indochine le bordé de coque est protégé par des plaques de blindage, une sorte d'abri blindé est construit autour du poste de l'homme de barre, une toiture est établie au-dessus de la cuve ; et surtout un canon de 20 mm Oerlikon est installé, avec masques et piédestal, derrière la "porte", laquelle voit sa hauteur diminuée pour ne pas gêner le tir du canon. D'une embarcation de débarquement assez rustique, on a fait un engin de patrouille assez redoutable.

Cet engin n'est pas sans défauts : un seul moteur (mais pour parer au risque que cela présente on fait toujours marcher les LCVP par "sections"' de deux), des possibilités de transport réduites par le canon qui encombre le passage, un tirant d'eau qui dépasse finalement un mètre, enfin un moteur et un échappement. très bruyants, excluant toute mission où il est important d'être discret.

Tel qu'il est le LCVP forme la piétaille des Flottilles : celle du Sud d'abord (9 LCVP seulement au 15 mars 1946, mais déjà 30 au 1er octobre 1947), puis celle du Nord, à partir du moment où il faut remplacer les LCA défaillants : on compte au 31 décembre 1950, 78 LCVP blindés en service, auxquels s'ajoutent 13 LCVP "légers" c'est à dire non transformés ; c'est en 1952 que le maximum est atteint avec 150 LCVP dont environ 120 blindés.

On peut enfin noter que le commandement d'une section de LCVP est la première responsabilité confiée à tout midship ou jeune enseigne, d'active ou de réserve, lorsqu'il embarque à la Flottille.

Les petits engins

La guerre se termine sans que la Marine ait trouvé une solution satisfaisante au problème de "l'engin mineur, apte aux missions de liaison, de surprise, d'éclairage et de dragage rapide, et caractérisé par la discrétion, la vitesse, la sureté nautique, et une protection acceptable" (Rapport n°57 EM.3/Plans/F.M.E.O. du 3 mars 1955).

  • Les LCVP, et leur réplique française, les E.A, ou Engins d'Assaut (construits à Cherbourg) sont trop lents et trop bruyants : ils sont, finalement, surtout utilisés en dragage ;
  • Les vedettes FOM sont longtemps réservée à la Cavalerie : 4ème Dragons, puis R.I.C.M., puis 5ème Spahis Marocains. La Marine envie le faible tirant d'eau et les qualités manoeuvrières de la vedette de 8 mètres, mais sa légèreté finit par devenir un défaut ; la vedette de 11 mètres est appréciée pour sa vitesse, moins éloignée de la valeur idéale, mais sa tenue à la mer n'est pas brillante ;
  • Les vedettes S.T.C.A.N. (Service Technique des Constructions et Armes Navales) sont analogues, mais plus bruyantes, à cause de leurs moteurs Gray Marine ; elles peuvent donc faire du dragage, mais sont peu apte aux patrouilles ;
  • Les "cutters", ou "vedettes Y", qui proviennent du Coast Guard Service américain, sont de séduisantes petites embarcations (12 tonnes, soit à peine plus qu'un LCVP, armées d'un canon de 20 à l'arrière et d'une mitrailleuse de 12,7 à l'avant), dont la vitesse peut atteindre 25 noeuds ; mais elles aussi sont bruyantes (elles sont propulsées par deux Gray Marine), et de plus leur coque est fragile et leurs hélices sont trop débordantes (rançon de l'aptitude à la vitesse) ; aussi, après un temps d'essai en rivière, les vedettes Y sont affectée, à la surveillance maritime côtière ;
  • Enfin, les vedettes type blizzard, arrivées seulement après le cessez-le-feu, sont très rapides et manoeuvrantes, mais, avec leur coque en plastique et leur moteur hors-bord à essence, elles sont certainement trop fragiles pour la quasi totalité des missions qu'on voudrait pouvoir leur confier.

Et, dans le même rapport de mars 1955, l'amiral F.M.E.O. énumère les caractéristiques de l'engin idéal ! A part la valeur de la vitesse souhaitée (qui aurait vraisemblablement été moins grande) et la spécification des "butées" (sur les lignes d'arbre) "permettant de remorquer des dragues", toutes les caractéristiques énoncées a posteriori auraient pu l'être, sinon a priori, au moins dès 1946 ; et c'est en 1949 que la nécessité des butées est apparue. Alors, pourquoi.ces retards ? pourquoi cette paralysie ? la recherche de la réponse sort du cadre de la présente étude.


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