La vie à bord des VCSM
Les équipages de vedette côtières de surveillance maritime (VCSM) sont composés d’êtres humains provenant d’horizons variés et d’origines professionnelles diverses. Il devient alors évident qu’on constate un important brassage de mentalités qui fait toute la richesse du microcosme. Malgré cette hétérogénéité, ces hommes n’en demeurent pas moins unis par une même culture maritime acquise spontanément ou insufflée par la formation rigoureuse dont ils ont fait l’objet pour parvenir à intégrer ce type de bâtiment. Cette condition est essentielle pour garantir une bonne osmose à bord et éviter toute forme de conflit nuisible à la bonne marche de l’ensemble. Un lieu de vie Comme nous l’avons vu précédemment, le gendarme maritime navigant est un être à part, qui se déplace avec son lieu de travail qui est également l’endroit où il vit, mange et dort. Le bateau devient sa deuxième maison dans laquelle il cherche à recréer son univers. Son quotidien, lorsqu’il est en mer pour plusieurs jours, consiste à vivre en collectivité dans un espace réduit se résumant à quelques dizaines de mètres carrés et isolé sur un élément qui n’est pas toujours favorable à un bien-être physiologique.
Bien que chaque membre d’équipage dispose de sa banette qui constitue son « coin à lui », il est difficile, voire impossible pour lui de trouver l’isolement. A bord, il n’y a pas de coupure, sans cesse on se croise et on se recroise. Dans la promiscuité les caractères se révèlent et rien ne peut être dissimulé. Pour les missions de plusieurs jours, la configuration d’un équipage de cinq hommes est idéale. Au-delà de cet effectif, l’espace vital de la VCSM devient réduit. Le travail A travers la variété des missions, chaque patrouille est différente et devient une nouvelle aventure au cours de laquelle tout devient possible. La mise en œuvre de la vedette nécessite une parfaite connaissance du moyen. En mer, où le maître-mot est « sécurité », chaque action et chaque geste, même celui paraissant le plus anodin, requièrent une technique et un savoir-faire qui exclut toute forme d’improvisation. Pour accomplir sereinement et en toute confiance sa mission un équipage doit détenir une expérience qui peut s’acquérir que par une pratique régulière. Globalement, et indépendamment de l’événement qui peut survenir à chaque instant, le travail à bord consiste à aller d’un point à l’autre de la zone d’emploi et à contrôler toute l’activité maritime rencontrée. Pour ce faire, le moyen d’action est l’embarcation pneumatique projetée sur l’objectif avec une équipe de contrôle.
Bien entendu l’entraînement à la sécurité et l’instruction pour une formation qui est permanente ainsi que la rédaction de différents documents administratifs font partie du travail régulier de l’équipage. L’entretien La vedette demande beaucoup d’attention et, à quai, l’entretien monopolise une grande partie du temps de l’équipage. Il en va de la sécurité de ceux se trouvant à bord et de la longévité du moyen. Dès le retour de mission, il y a les tâches courantes comme l’avitaillement en vivres, eau et carburant, mais aussi le rinçage et le nettoyage complet du bateau et du matériel employé. Les moteurs et toutes les parties techniques font l’objet d’une surveillance et d’un entretien très « pointu ». De nombreuses tâches sont planifiées à échéances régulières et font l’objet d’un contrôle rigoureux par les instances chargées de la gestion et du suivi des vedettes.
La convivialité Que ce soit au cours de ses patrouilles ou dans son rôle de représentation, une vedette reçoit beaucoup de monde à bord. La VCSM par son aspect et sa modernité attise la curiosité. Les militaires des autres formations de la Gendarmerie, des autorités portuaires, des élus, des équipages d’autres institutions, des associations d’anciens militaires et bien d’autres amis des unités se succèdent à bord. La VCSM est un point de rencontre tout à fait convivial où on se sent bien parmi des équipages accueillants. La VCSM participe aussi à des manifestations patriotiques, à des fêtes de la mer et à des opérations de relations au cours desquelles elle ouvre ses porte au public. Durant une patrouille s’étalant sur plusieurs jours, les moments consacrés au travail et les instants nécessaires à un repos physiologique s’alternent. L’équipage doit aussi subvenir à ses besoins et accomplir certaines tâches ménagères. Au cours d’une mission les journées sont bien occupées et le rythme assez soutenu, il est alors indispensable que l’équipage puisse se ménager quelques plages de détente. Arrivés au mouillage certains décompressent en regardant la télévision ou en lisant, tandis que d’autres s’adonnent à des activités plus ludiques.
La VCSM offre un bon niveau de confort, mais comme il a déjà été dit, pour l’équipage qui y passe une grande partie de son temps, elle est, certes un outil de travail, mais aussi une sorte de deuxième maison qu’il cherche en permanence à améliorer et à personnaliser selon ses goûts. Le confort de conduite de la VCSM a été abordé et n’est plus à commenter. Le sujet qui nous intéresse ici concerne davantage le confort de vie trouvé bord. Tout en restant dans la sobriété, l’équipement apporte tout le nécessaire aux premiers besoins des occupants du bateau. Le carré avec sa large banquette en « U » entourant une vaste table, offre un espace agréable et convivial où son pris les repas et qui sert également de point de rencontre. Un téléviseur et un poste de radio sont à la disposition de l’équipage. Certaines unités ont complété cet équipement avec une console pour jeux vidéo et un lecteur DVD. Le
coin cuisine est bien fourni avec un plan de travail, une cuisinière
vitro-céramique avec un four électrique intégré.
Pour les cuissons rapides, la cuisine comporte également
un four micro-ondes. Un réfrigérateur avec congélateur
permet d’emporter des vivres fraîches. Les cabines et le poste équipage sont suffisamment vastes, mais ne sont pas équipés d’un coin bureau. Les bannettes sont très confortables pour des individus de taille moyenne. (2,00 X 0,80 mètres). Les sanitaires sont en nombre suffisant. La VCSM ne dispose pas de « dessalinateur » et l’emport d’eau douce suffit largement aux besoins. Pour l’hygiène corporelle, la fourniture d’eau chaude est suffisante et ne fait jamais défaut quelle que soit la sollicitation. Les toilettes sont équipées de broyeur ne posent pas de problème technique. La caisse à eaux noires, quant à elle, apparaît de faible capacité et doit être vidangée régulièrement. La
vedette ne souffre pas d’humidité sauf au niveau du
panneau « FREEMAN » du poste avant attirant la condensation
lorsque la température extérieure est basse. Dans
les locaux « vie », il n’existe ni ouverture,
ni manche à air ; la VMC doit être en fonction en permanence
pour assurer une bonne ventilation. Enfin, bien que la VCSM soit fort bruyante à l’extérieur, l’insonorisation de la partie habitable est un facteur important de confort. Les aménagements Toute forme de modification du bateau sans l’accord du service soutien de la flotte de Brest est interdite. Cette interdiction est avant tout une question de principe sur un bâtiment appartenant à l’Etat. Pour les VCSM, elle se justifie également par un souci d’harmonisation de la flottille et pour éviter les déconvenues telle celle survenue sur la Vertonne lors de l’installation d’un banal porte-savon ayant aboutie au… perçage d’une cuve à gas-oil. Un autre point important, et non des moindres, motivant l’interdiction est l’augmentation de poids du moyen. Les vedettes sont suivie en terme de qualité et un bon nombre de modifications ont déjà été effectuées sur l’ensemble de la flotte des VCSM après une étude d’impact sur le fonctionnement général du bateau. Il n’en demeure pas moins que certains équipages s’affranchissent d’autorisation non pas par pure insubordination, mais pour faire passer « en force » un aménagement intéressant. Le seul but étant soit d’agrémenter, d’embellir ou complémenter le confort, voire de singulariser sa vedette.
Parmi les modifications ou aménagements fréquents mais non généralisés sur l’ensemble des vedettes on rencontre :
- La protection de la platine de contrôle du groupe électrogène ; - L’apport de certains équipements de rangement à la passerelle (coffre à carte, rayons pour la documentation, …) ; - L’agencement du bureau avec l’installation d’une bannette repliable ; - L’habillage de l’épontille du carré ; - L’installation de vide-poches dans les bannettes ; - La mise en place caissons pour les effets personnels pour pallier le manque de rangements ; - L’installation de rideaux ; - Les vitres du carré teintées ; - L’installation de distributeur de boissons chaudes ; - Le remplacement du caillebotis de la passerelle et du revêtement de sol de la cuisine ; - La mise en place de bande antidérapantes sur les marches de l’échelle et sur certains accès ; - La peinture du pont (sur la « GRAVONA » seulement) ; - La mise en place d’un arceau sur l'embarcation Tender One. Cette liste est loin d’être complète ; car chacun fait preuve d’ingéniosité pour imaginer diverses petites astuces en vue de créer des petits objets pratiques pour masquer un voyant trop lumineux, éviter le glissement d’objets, protéger un appendice fragile, ou encore masquer un élément. La décoration, quant à elle, est libre et reste à l’appréciation de l’équipage suivant sa sensibilité. A travers tous ces petits détails, rares sont les vedettes restées à l’état originel. Eric Giboint pour Net-Marine © 2009. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.
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