Les VCSM en action
Les premiers essais et évaluations, effectués avec la P601 Elorn, ont démontré que la vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) répond pleinement aux performances fixées par le cahier des charges. Malgré quelques petits soucis de jeunesse rapidement résolus, les vedettes suivantes ont confirmé ce constat à la plus grande satisfaction des utilisateurs. L’excellent comportement de la vedette et son extraordinaire potentiel associés à sa répartition sur le littoral ont offert à la gendarmerie maritime l’outil indispensable et tant attendu pour mener à bien ses ambitions. Le dispositif basé sur les unités élémentaires équipées par les VCSM utilement servies par le professionnalisme, la fiabilité et la disponibilité des équipages s’avère être le maillon essentiel de cette « gendarmerie de la mer » imaginée par les chefs visionnaires des années 90. Les arguments sur lesquels elle s’appuie : - Matériel
dorénavant performant et adapté,
font
que la gendarmerie maritime répond aujourd’hui aux
besoins d’une stratégie devant faire face aux menaces
actuelles. Elle est unanimement reconnue parmi
les institutions en charge de l’action de l’Etat en
mer. La gendarmerie maritime tient désormais
la place qu’elle a souhaitée en devenant un
acteur incontournable et la seule véritable compétence
judiciaire sur les mers. Toutes les vedettes ont été livrées à Lorient, et pour chaque équipage, la prise en charge de leur nouveau bateau est un souvenir inoubliable. Tout à la joie de découvrir ces VCSM tant attendues, ils ont eu à subir un premier stage de prise en main dispensé par le constructeur, puis le stage de mise en condition (MECO) sous le contrôle attentif de l’officier chargé des bâtiments du commandement de la gendarmerie maritime afin d’obtenir leur qualification opérationnelle. A l’issue de ces journées intensives et éprouvantes, ils ont reçu le « feu vert » pour rejoindre leur port d’attache. Pour les unités implantées sur la façade méditerranéenne, ce fut un long transit ponctué d’escales puisque la Marine exigeait un passage à quai tous les soirs… La VCSM est un bateau aux dimensions respectables. Plusieurs unités ont eu des difficultés pour se faire attribuer une place à quai ; en certains endroits il a même fallu réaménager l’infrastructure existante. Le cas le plus problématique fut celui de la P616 Trieux, dont la livraison a été en avance sur le programme, a du rester plusieurs semaines en Penfeld à Brest avant de rejoindre Saint Malo. Néanmoins, dès leur arrivée dans leur port, et après des cérémonies d’accueil plus ou moins fastes, les vedettes entament aussitôt et sans désemparer, le cours de leurs missions.
Si bien entendu la surveillance des approches maritimes, la police de la navigation et la police des pêches représentent l’essentiel de leur activité, il n’en demeure pas moins que depuis leur mise en service, les VCSM ont été mises à contribution et ont accompli de multiples missions. Dès qu’il se passe un événement en mer ou ayant un lien maritime il est évident que l’on voit l’étrave d’une ou plusieurs VCSM poindre à l’horizon. Parmi ces missions aussi nombreuses que variées, il y a : -
Les missions militaires :
- Les
missions judiciaires : - Les
missions d’ordre public : - Les
événements sportifs :
Elles concernent des événements ponctuels et bien souvent spectaculaires. Les vedettes guyanaises surveillent une zone dite « dangereuse » lors du lancement de la fusée « Ariane ». Des navires sensibles ou très imposants sont escortés lors de leurs mouvements dans les chenaux. D’une manière plus originale, on a vu des VCSM survolées par la patrouille de France à l’occasion de meetings aériens avec des évolutions au-dessus de la mer. Mais la sécurité est aussi assurée sur le volet maritime lors de sommets avec des dignitaires étrangers ou des représentants gouvernementaux voire avec le chef de l’Etat. Lors des moments de détente de celui-ci au fort de Brégançon ou au Cap Brun, il y a toujours une ou plusieurs VCSM à proximité. Au delà de la protection d’autorités, il a fallu parfois les transporter ou prévoir l’éventualité de leur évacuation par voie maritime. - Les
missions de secours ou d’assistance : On ne compte plus le nombre de personnes secourues, de recherches en mer, de luttes contre l’incendie, d’assistances, de remorquages et même d’évacuations sanitaires, chaque intervention devenant une véritable histoire par elle-même. Plusieurs drames comme des naufrages et des crashs aériens ont marqué l’esprit des équipages. La lutte contre la pollution fait aussi partie des missions de secours.
- Et
aussi : La VCSM est également un bon vecteur pour une ouverture par la médiatisation. Le travail en mer se déroulant la plupart du temps hors de portée visuelle du grand public, la presse, tant écrite qu’audiovisuelle, s’est intéressé aux missions de la gendarmerie maritime ; de nombreuses fois, on a pu voir ou apercevoir une VCSM en action au cours de reportages. La VCSM est aussi une vedette du petit écran car la Charente a même fait une apparition dans un téléfilm mettant en scène une intrigue policière. Comme on peut s’en rendre compte dans cette énumération qui est loin d’être exhaustive, depuis sa mise en service, la VCSM s’est retrouvée bien souvent en première ligne sur tous les fronts. Elle fait dorénavant partie du paysage maritime et a permis à la gendarmerie maritime d’émerger en se faisant connaître, sous un autre aspect que celui très restrictif de simple contrôleur des accès aux établissements maritimes. L’action des brigade est organisée et planifiée de manière à ce qu’une unité soit en permanence en alerte dans un secteur déterminé.
Les qualités et les défauts des VCSM La
réputation de la VCSM n’est pas usurpée ; c’est
un excellent bateau et se trouver à ses commandes est un
privilège qui procure un réel plaisir. En navigation hauturière, ce sont les qualités manœuvrières de la VCSM qui impressionnent le plus les pilotes. Par ses formes de coque elle peut s’adapter à des houles de 2,50 mètres de creux correspondant à une mer 4. Cependant, bien qu’elle puisse subir une mer plus forte, sa légèreté, son faible tirant d’eau et un poids important dans les hauts, font qu’elle est rapidement malmenée dès que les conditions météorologiques se durcissent et ses limites sont vite atteintes. Certains équipages l’on apprit à leurs dépens en se faisant de grosses frayeurs n’ayant, fort heureusement aucune conséquence tant corporelle que matérielle. De plus, dès que les vagues commencent à déferler sur la plage avant, on sent que le bateau « souffre » dans sa structure.
Equipées
des moyens de navigation modernes procurant de l’aisance à
celui chargé du quart et donc de la manœuvre, les VCSM
sont des unités rapides réclamant une grande vigilance
quant à l’évolution de la situation nautique.
Que ce soit en zone portuaire, en eaux resserrées ou au large,
compte tenu des aides à la navigation simplifiant le suivi
de route, au regard de son déplacement rapide et à
la nature même des missions, il faut admettre que les V.C.S.M.
sont des bateaux sur lesquels l’action du chef de quart est
axée essentiellement sur la manœuvre. Il convient aussi de souligner que si le « confort » procuré par les aides à la navigation offrent beaucoup d’aisance dans l’accomplissement des tâches courantes, les chefs de quart, notamment les moins confirmés ne doivent pas sombrer dans la facilité et se laisser aller à une sorte de routine. La rapidité du moyen nécessite une faculté d’analyse et un jugement quasi immédiat pour appréhender avec justesse les différentes situations pouvant se présenter, et ce, notamment en matière d’anti-collision. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de répondre à une situation dégradée lors d’un incident ou d’un accident. Les pilotes de VCSM apprécient sa maniabilité. La vedette répond immédiatement à la moindre sollicitation de la barre et elle est capable de virer dans un très faible rayon sans déraper et tout en conservant une excellente assiette.
En allure lente, à faible vitesse la vedette conserve une excellente tenue de cap, et ce même sur une seule ligne d’arbre, l’effet du bord en route n’étant contré que par un angle de barre d’environ 5°. La coque forme deux tunnels au niveau des hélices. Ceci agit sur les filets d’eau dont le flux est activé dans l’axe longitudinal du bateau. En marche arrière, la vedette conserve cette bonne tenue de cap, l’arrière ayant toutefois une tendance à remonter un peu au vent. A l’arrêt sa position d’équilibre est perpendiculaire au lit du vent, mais cette position est rapidement très désagréable à cause d’une grande sensibilité au roulis. Manœuvres portuaires : Grâce à son faible tirant d’eau, réduit en partie par les hélices sous tunnels, les VCSM peuvent accéder dans la plupart des ports. Cependant si les VCSM sont de dimensions respectables pour de petites unités, elles demeurent des bâtiments modestes face aux éléments lors des navigations en haute mer, mais se révèlent imposantes lors des manœuvres dans les petits ports qui constituent le but essentiel des patrouilles. Ce paradoxe exige une certaine finesse de la part de celui qui « est aux manettes ».
La vitesse sur deux lignes d’arbres (8 à 9 nœuds) est trop rapide pour pouvoir respecter la réglementation en zone portuaire. Les évolutions dans les ports se font donc sur une seule ligne d’arbre. Bien que la vedette soit en mesure d’évoluer dans des zones à l’espace restreint, le manœuvrier doit parfaitement appréhender les paramètres nautiques pour ne pas se laisser piéger. Le faible tirant d’eau associé à un fardage très important rend la vedette très sensible au vent latéral. L’effet de celui-ci se fait très nettement sentir au bout de 2 à 3 secondes dès que l’erre est cassée. Cette caractéristique peut être opportunément utilisée pour les accostages par vent collant. Le fly-deck offrant une vision panoramique sur 360° est idéal pour les manœuvres délicates et le manœuvrier y fait véritablement corps avec son bâtiment. Embrassant du regard l’ensemble du navire et son environnement, il ressent tous les mouvements du bateau. De plus, en extérieur, il perçoit parfaitement la force et les effets du vent et se trouve dans une position privilégiée pour apprécier le sens de la houle. Cet emplacement dominant est idéal pour appréhender l’ensemble des éléments et observer l’activité humaine sur le navire.
La VCSM a été conçue selon un cahier des charges très exigeant. Il n’en demeure pas moins qu’à l’usage quelques imperfections sont apparues.
-
Une modification du système de mouillage permettant de positionner
l’ancre plus en avant sur le davier pour une bascule automatique
lors du mouillage. Un arceau de guidage de la chaîne a été
créé pour éviter que celle-ci saute du davier
à la remontée. Des
modifications ont été accordées par le service
de soutien de la flotte de Brest en charge des VCSM, à savoir
: D’autres
soucis sont en voie de trouver une solution, ils concernent : Par
contre la VCSM présente certains défauts liés
au bateau lui-même et auxquels aucune solution n’est
envisageable, ils portent sur : Les petits problèmes et les défauts de la VCSM n’occultent en rien la valeur générale du bateau. D’une part il faut admettre que des choix ont du être faits, et ensuite ne pas oublier que, comme toutes les machines, un bateau est un engin qui vit et qui est donc perfectible. Eric Giboint pour Net-Marine © 2009. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.
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