Les
bâtiments ayant porté le nom de La Railleuse
- La première
Railleuse est une frégate en service de 1671 à 1680.
- La deuxième
(1683-1689), placée sous les ordres de Jean
Bart, est détruite en 1689 par les Anglais.
- La troisième
subit le même sort (1689-1703).
- Aux XVIIème
et XVIIIème siècles, deux autres navires portent ce nom.
- A partir de
1825 une Railleuse brick-aviso, fait plusieurs voyages sur les côtes
africaines, avant d'être désarmé en 1839.
- Le dernier bâtiment
a avoir porté le nom de La Railleuse est un torpilleur.
Le bâtiment coula dans le port de Casablanca lors d'une tragique explosion
qui fit 28 morts le 23 mars 1940. Vous pouvez lire, un témoignage exceptionnel,
le récit d'un survivant de l'explosion.
L'accident
du torpilleur La Railleuse
(
par Hubert Bayre : hbayre@ac-toulouse.fr
- Ce dossier retrace le récit de mon grand père lors de
l'accident du bâtiment La Railleuse survenu pendant la seconde Guerre
Mondiale. Je ne connais malheureusement pas l'auteur de cet article")
Le
23 mars 1940 les trois torpilles de la plate forme avant et trois réservoirs
d'air comprimé à 200 gs/cm2 d'une capacité d'environ 1000
litres du Torpilleur LA RAILLEUSE explosent dans le port de Casablanca.
Ce
bâtiment coule en quelques minutes, la partie milieu complètement
détruite. Un fait divers parmi tant d'autres ; faits divers qui endeuillent
trop de familles en temps de guerre. Bilan Humain 28 morts.
La
cause de l'accident est demeurée indéterminée par la commission
d'enquête ; en décembre 1939 LA RAILLEUSE avait coulé un
U-Boot au large du Cap Finistère et le sabotage du torpilleur semble
être l'hypothèse à retenir.
Invraisemblable
mais vrai (faits certifiés par le juge d'instruction qui a mené
l'enquête) le matelot Léonce BAYRE ancien arpète promotion
1937-1938 se trouvait à 1 mètre de la plate forme supportant les
torpilles. Il ne faut pas être ancien marin pour mesurer l'importance
de cette déflagration et se demander ou s'arrêtent les limitent
de la chance.
Le
matelot Léonce BAYRE est grièvement blessé, mais écoutez
son récit et vous serez certainement surpris.
"Je me trouvais
au moment de l'accident presque adossé aux torpilles, je parlais avec
six camarades qui hélas ! n'ont pas eu la même chance que moi.
Je me suis senti projeté par une force inouïe, je me souviens très
bien de ce vol et de ce plouf ! précédant ma descente dans l'eau.
Complètement paralysé je ne pouvais faire aucun mouvement, mes
bras et mes jambes me semblaient liés, alors serein je me suis dit :
" c'est fini ". Je n'exagère en rien en employant le mot " serein " et
je me demande bien des fois quel sera mon comportement au moment du grand départ.
Je ne suis sans doute pas resté très longtemps dans cette fâcheuse
situation mais si je devais faire un compte rendu du film qui s'est déroulé
devant mes yeux, je pourrais écrire pendant vingt minutes les événements
de ma vie. Ce petit exercice je l'ai maintes fois répété......
Sans savoir ni pourquoi ni comment je me suis retrouvé nageant vers
l'arrière du bâtiment situé à environ 50 mètres
et je me suis accroché à l'escalier de coupée. Je n'avais
plus de force, plus je rentrais les ongles dans le bois, plus je sentais que
je lâchais prise. Heureusement, la chance restait avec moi ; malgré
le bruit et la panique à bord un officier marinier entendit mes appels
et se porta à mon secours.
De nombreuses embarcations de bâtiments ancrés dans le port
ont participé à l'évacuation des blessés et de l'équipage
des rescapés.
Non croyant, je veux cependant signaler un fait. Au moment de l'accident
je portais sur moi un porte-monnaie (reçu le jour même) dans lequel
une personne de ma famille avait cousu deux médailles religieuses, par
la déflagration je me suis trouvé complètement nu ; mes
souliers montants et lacés avaient même disparu. NU ?? Non : Il
restait sur moi la ceinture en cuir de mon pantalon contenant la doublure de
ma poche avec, à l'intérieur, le porte-monnaie et ses médailles.
Nu et recouvert de mazout malgré mes blessures, je me souviens de
cette infirmière qui dans la pénombre du couloir s'est écriée
à mon arrivée à l'hôpital : " mais c'est un nègre
"
Gendarmerie
Maritime - Toulon, le 12 juin 1941
Nous soussignés, HOURCADE, Capitaine de frégate, ex-Commandant
de " LA RAILLEUSE " et DELAAGE, Enseigne de Vaisseau, ex-officier torpilleur
de " LA RAILLEUSE " certifie que :
1 - Lors
de l'accident de " LA RAILLEUSE ", le 23 mars 1940 à 16h55, dans le port
de CASABLANCA, les trois torpilles de la plate forme avant ont fait explosion
(900 Kilos de tellite + 3 réservoirs d'air comprimé à 200
Kgs/cm2 d'une capacité d'environ 1.000 litres).
2
- le Matelot Mécanicien BAYRE, Léonce, se trouvait à ce
moment-là sur le pont milieux, à 1 mètre environ de cette
plateforme. Il à été projeté à l'eau et grièvement
blessé.
A
ce titre le Matelot BAYRE a été entendu par le juge d'instruction
qui à conduit l'enquête sur l'accident de la " Railleuse ", comme
le plus proche témoin survivant de l'explosion.
Signé
: le Capitaine de Frégate Hourcade et l'enseigne de Vaisseau Delage.