Jean-Charles
de Borda
(d'après
un article du capitaine de vaisseau Michel Pène - Cols Bleus n°2485 mai
1999)
Né à Dax le 4
mai 1733, son goût pour la recherche et les mathématiques ne l'attire point
au début vers la Marine mais vers l'École du génie militaire de Mézières. Il
se fait ensuite transférer aux Chevaux légers pour poursuivre à Paris sa formation
scientifique. En 1756, il rédige pour l'Académie des sciences un mémoire sur
la balistique. C'est seulement vers 1762, à vingt-neuf ans et après un séjour
dans le port de Dunkerque qu'il arrive à Brest au service des bâtiments de l'arsenal,
à une époque où, sous l'impulsion de Choiseul, la flotte tente de se relever
de ses ruines. Il se découvre une passion pour l'étude des fluides et leurs
applications dans la construction navale. Cependant, la Marine regarde d'un
oeil soupçonneux ce "terrien" qui veut entrer dans le corps très fermé des officiers.
En 1771, il est embarqué sur La Flore chargée par l'Académie des sciences
de mettre au point les montres marines. Il est nommé lieutenant de vaisseau
en 1775 alors qu'il est déjà très connu, voire célèbre pour ses nombreux travaux
scientifiques et ses communications à l'Académie des Sciences, en particulier
dans le domaine de l'observation et de la navigation. À cette époque, il fait
connaître sa méthode des relèvements astronomiques obtenus par des instruments
de réflexion. La mesure du méridien est la grande entreprise qui mobilise alors
la communauté scientifique.
La guerre de l'indépendance
américaine vient bouleverser ses activités. Borda est tout d'abord major général
de l'escadre de l'amiral d'Estaing, puis est promu à quarante-six ans capitaine
de vaisseau. il commande en 1781 Le Guerrier et en 1782 Le Solitaire, vaisseau
de 74 canons, avant de se voir confier le commandement d'une petite division
navale à la Martinique. Le 6 décembre 1782, il se heurte alors à une force anglaise
beaucoup plus puissante. Après plusieurs heures de combat, son navire étant
désemparé et une bonne partie de l'équipage, dont son second, tués, il doit
amener son pavillon.
Libéré après une
captivité peu sévère, il reprend alors ses activités. C'est à la veille de la
Révolution française qu'il va connaître la consécration. En 1783, le ministre
de la Marine lui confie la direction des constructions navales à Paris. il est
inspecteur des constructions navales en 1784, directeur de l'École des élèves
ingénieurs de la marine en 1789. il publie en 1787 son ouvrage Description
et usage du cercle de réflexion après avoir réalisé l'instrument en 1775.
Le chevalier de Borda a traversé la Révolution française, plutôt qu'il n'y a
participé et il a évité la guillotine qui a emporté tant de ses collègues de
la Marine et de l'Académie. Mais il n'en profite pas pour commencer une nouvelle
carrière comme son collègue Monge qui sera ministre de la Marine. Il est pourtant
membre de l'Institut créé en 1795 et il participe à l'instauration du système
métrique. Mais sa santé et sa fortune se sont altérées. Travaillant toujours
sur des problèmes de réfractions et de logarithmes, il disparaît à Paris en
1799
Ainsi la guerre
de l'indépendance et la Révolution se sont conjurées pour empêcher le chevalier
de Borda de donner sa pleine mesure et de réaliser la carrière que ses dons
et son travail lui permettaient d'espérer. Il meurt à Paris en 1799.