Jean-Bernard Jauréguiberry

Né à Bayonne, le 26 août 1815, fils du capitaine du port, il entra à l'Ecole navale en novembre 1831 et embarqua l'année suivante sur la Melpomène avec laquelle il prit part au blocus d'Anvers. Aspirant de 1ère classe en 1834, il servit sur l'Inconstant, sur la Bordelaise, puis sur la Créole à la station du Sénégal et des côtes occidentales d'Afrique (1834-1836). Passé sur la Sapho, à la division du Brésil et de La Plata, il participa aux opérations sur le Paraña et l'Uruguay, au blocus de Buenos Aires et commanda pendant plusieurs mois le cotre la Louise (1837- 1840). Enseigne de vaisseau en février 1839, il servit sur l'Embuscade à la station du Levant (1840-1841) puis sur l'Andromède dans l'océan Indien (1841-1842). Sur le Ténare en 1843, il s'intéressa vivement aux machines à vapeur et suivit le montage de celles du Titan (1844). Sur le Jemmapes en 1845, lieutenant de vaisseau en décembre de cette année, il servit en escadre sur l'Alger et l'Océan (1846-1848) puis sur le Caton (1849) et le Valmy (1852).

Commandant la Chimère au Sénégal et aux Antilles,Il procéda à une reconnaissance du golfe du Darien et se distingua lors d'une épidémie de fièvre jaune (1854). Commandant en 1855 la canonnière la Grenade, il prit active à la guerre de Crimée, se fit remarquer aux combats d'Eupatoria, de Kinburn et lors des opérations en mer d'Azov et sur le Bug (octobre 1855). Sa brillante conduite lui valut d'être promu capitaine de frégate en novembre 1856. Major de la division des équipages à Toulon en 1857, il reçut ensuite le commandement de la Gironde en Extrême-Orient, se signala à l'attaque des forts de Tourane et commanda pendant cinq mois la flottille affectée à ce secteur (1858). Conmandant le Primauguet dans l'escadre de Genouilly de novembre 1858 à avril 1860, part décisive à l'expédition contre Saigon (février 1859) et commanda pendant treize mois les forces à terre et de mer de ce secteur après s'être à nouveau illustré en avril à la prise des forts de Kin-hoa.
Passé en avril 1860 au commandement de la Meurthe dans l'escadre de Chine, capitaine de vaisseau en juillet, il commanda le corps de débarquement et mérita trois citations pour sa conduite lors de la prise du camp de Tang-Kou, des forts de Peï-ho et de Pékin (août-octobre 1860). Le protestant austère qu'était Jauréguiberry fut vivement choqué par les scènes de pillage auxquelles il assista à Pékin aussi consigna-t-il tous ses hommes pour les empêcher d'y participer.

Rentré en France en avril 1861, il fut nommé en octobre suivant gouverneur du Sénégal et commandant de la station navale. Dans ces fonctions, il poursuivit la politique d'expansion menée par son prédécesseur Faidherbe et conclut des accords avec les chefs du Balmadou et du Pakao (1863). Commandant la frégate cuirassée Normandie en escadre d'évolutions (1863-1864), puis la Revanche (1867- 1869), major de la flotte à Toulon, il fut promu contre-amiral en mai 1869. Commandant une division de l'escadre d'évolutions en mer du Nord sur l'Héroïne en juin 1870, il débarqua en septembre pour devenir commandant supérieur des lignes de défense de Carentan. Commandant la 1ère division du XVIème corps de l'armée de la Loire, il combattit à Orléans et à Villepion (novembre-décembre 1870) et fut cité à l'ordre de l'armée. Commandant le XVIème corps en décembre et aussitôt promu vice-amiral, il participa en janvier 1871 à la bataille du Mans. Elu député des Basses-Pyrénées en février 1871, il démissionna en décembre et fut nommé préfet maritime de Toulon où il s'attacha à la réorganisation des services et de la flotte. Vice-président du Conseil d'amirauté en septembre 1875, membre de la Commission de défense des côtes, il commanda en chef l'escadre d'évolutions sur le Richelieu (1876-1877). Président du Conseil des travaux en décembre 1877, sénateur inamovible en juin 1879, maintenu en activité sans limite d'âge en août 1880,

Jauréguiberry fut à deux reprises ministre de la Marine de février 1879 à septembre 1880 et de janvier 1882 à janvier 1883. Il déploya dans ces fonctions une grande activité, développa et perfectionna l'armement de la flotte, renforça la défense des ports, améliora le statut du personnel, réprima certains abus du système colonial en développant la vie municipale et en consacrant la liberté de la presse. Très attentif au sort des matelots, il déclencha un mini-scandale politique en installant des orgues de Barbarie destinés à distraire les équipages. Intransigeant sur les principes, Jauréguiberry démissionna en janvier 1883 pour protester contre le vote de la loi frappant de proscription les membres des familles princières, laquelle touchait plusieurs marins dont le vice-amiral prince de Joinville. Vice-président des Forges et chantiers de Méditerranée en 1885 en remplacement de Dupuy de Lôme, il fut chargé, en octobre 1886, de représenter la France à l'inauguration de la statue de la Liberté à New-York. Il mourut à Paris le 21 octobre 1887.

(Source : Dictionnaire des marins français - Etienne Taillemite, Ed. maritimes et d'outre-mer )