Claude
Forbin-Gardanne
D'une
illustre famille provençale qui a donné de nombreux officiers à la marine et
aux galères et qui se distingua dans l'ordre de Malte, il descendait de Palamède
de Forbin, amiral du Levant en 1481. Deux de ses parents servirent en même temps
que lui - Paul-Albert, chevalier de Malte, capitaine de galère, et Louis, capitaine
de vaisseau mort en 1695.
Claude naquit
à Gardanne (Bouches-du-Rhône) en 1656 et servit d'abord dans les galères avec
son oncle, Louis de Forbin-Gardanne. Il participa ainsi à la campagne de Sicile
et combattit au Stromboli et à Agosta (1676). Entré ensuite aux mousquetaires,
il fit les campagnes de Franche-Comté et d'Artois (1676) et revint dans la marine
comme enseigne de vaisseau en janvier 1677. Ayant tué en duel le chevalier
de Gourdon, il fut condamné à mort par le Parlement d'Aix, obtint des lettres
de rémission et réussit à rester dans la marine en usurpant l'identité de son
frère.
Il fit campagne
sur les côtes de Portugal en 1679, aux Antilles en 1680 et se distingua aux
bombardements d'Alger de 1682 et 1683. Lieutenant de vaisseau en janvier 1684,
il embarqua sur l'Oiseau dans la petite division envoyée au Siam. Il
plut au roi de ce pays qui le nomma gouverneur de Bangkok, amiral de la flotte
siamoise et généralissime. Rentré en France en juillet 1688, il commandait la
frégate les Jeux escortant un convoi en Manche avec Jean
Bart sur la Railleuse lorsque le mai 1689, attaqués par des forces
supérieures, ils se sacrifièrent pour sauver le convoi et furent faits prisonniers.
Ils s'évadèrent au bout de 11 jours de captivité et regagnèrent la France
en traversant la Manche dans un canot.
Promu capitaine
de vaisseau juin 1689, il commanda le Neptune à Béveziers (1690).
Après une campagne en mer du Nord en 1691, il commanda la Perle à Barfleur
où il fut blessé et participa en 1693 à l'affaire de Lagos. Commandant le Marquis
en 1695, il fit campagne en Méditerranée et à Constantinople puis participa
en 1697 à la canpagne de Catalogne et au siège de Barcelone. La guerre de succession
d'Espagne lui donna de nouvelles occasions de s'illustrer. Commandant en 1702
une division de trois vaisseaux en Adriatique, il intercepta le commerce
vénitien, bombarda Trieste, rançonna Fiume et passa ensuite au Levant pour
chasser les corsaires de Flessingue (1703-1704). En juin 1706, il attaqua
un convoi anglais et fit sept prises, le 12 juillet suivant il s'empara de deux
vaisseaux hollandais. Le 28 octobre, lors d'un combat contre un convoi hollandais
fortement escorté, il prit trois vaisseaux et coula un quatrième.
Chef d'escadre
en mai 1707, commandant le Mars et une division, il remonta jusqu'en
mer Blanche puis, le 21 octobre, participa avec Duguay-Trouin
à la destruction presque totale d'un convoi anglais en route vers le Portugal,
60 navires furent pris sur 80 ainsi que 3 vaisseaux tandis que 2 autres étaient
détruits. L'année suivante, on le chargea de conduire en Ecosse
le prétendant Charles-Edouard Stuart qui voulait tenter de conquérir
le trône d'Angleterre mais l'opération, mal préparée, échoua et Forbin
cessa de naviguer.
Il quitta définitivement
le service en janvier 1715 et mourut au château de Saint-Marcel près de Marseille
le 4 mars 1733. Ses Mémoires, publiés en 1730, ont été rédigés par son secrétaire.
Malgré son détestable caractère, Forbin peut être considéré comme un des
plus brillants marins de sa génération.
Source :
Dictionnaire des marins français
- Etienne Taillemite, Ed. maritimes et d'outre-mer - photo Guillaume Rueda,
buste exposé au Musée de la Marine, Paris.