Le
chevalier Paul
Né
en mer en rade de Marseille en 1598, fils d'une lavandière, protégé par
le gouverneur du château d'If, Paul de Fortia, qui était peut-être son père,
il commença à naviguer au commerce à l'âge de douze ans. Vers 1614, il s'embarqua
à La Ciotat sur un brigantin de l'Ordre de Malte et passa alors dans la
marine de la Religion où il donna rapidement les preuves d'une valeur
exceptionnelle ce qui lui fit pardonner ses incartades. Lors d'une rixe
à La Valette, il tua un sergent qui l'avait insulté, fut gracié et
se distingua peu après dans un combat contre deux galères turques. Son capitaine
ayant été tué, il le remplaça, coula un des navires ennemis et prit l'autre
à l'abordage.
Confirmé
dans son commandement par le grand-maître de l'Ordre, il établit alors sa
base à Mytilène pour y faire la guerre au commerce ottoman et livra de nombreux
combats. Au cours de l'un d'eux contre cinq bâtiments turcs, il en coula
deux, prit un troisième et mit en fuite les deux autres. Ses faits d'armes
lui valurent d'être nommé en 1637 chevalier de l'Ordre malgré sa bâtardise.
Recommandé
à Richelieu qui cherchait des cadres pour la marine qu'il créait, il fut
nommé capitaine de vaisseau et reçut le commandement du Neptune à
Brest. Paul rallia aussitôt l'escadre commandée par Sourdis sur les côtes
d'Espagne et, le 22 août 1638, prit une part déterminante à la victoire
de Guetaria où l'escadre espagnole fut presque détruite. Entré ensuite
en Méditerranée, il prit un corsaire turc. Commandant la Licorne
en 1639 dans l'escadre de Sourdis, il fit à nouveau campagne sur les côtes
d'Espagne (attaques de Santona et de Larreda). Passé en 1643 au commandement
du Grand Anglois, il joua un rôle essentiel à la bataille de Carthagène
ou du cap de Gate (4 septembre) puis participa en 1644 et 1645 aux opérations
sur les côtes de Catalogne.
Dans
l'escadre de Maillé-Brézé en 1646, Paul dirigea le 22 mai le débarquement
de Talamone en Toscane et le 14 juin se distingua au combat d'Orbitello
où il mit hors de combat deux frégates ennemies. L'année suivante, au cours
d'une nouvelle campagne sur les côtes d'Italie, il effectua le 3 avril un
coup de main sur Naples avec une escadre de six vaisseaux et réussit, après
quatre jours de violents combats, à échapper à des forces très supérieures.
Dans les mêmes eaux en 1648, il livra le 19 décembre devant Castellamare
un vif combat au cours duquel cinq vaisseaux et cinq galères espagnols furent
détruits. En janvier 1649, Paul coula en Méditerranée un bâtiment anglais
et engagea à nouveau une escadre ennemie.
Anobli
et promu chef d'escadre en novembre suivant, il mit en 1650 son pavillon
sur la Reine et, le 13 avril, dispersa une division espagnole au
large du cap Corse. Lieutenant général en mars 1654, il fit une nouvelle
campagne dans les eaux napolitaines et protégea un débarquement à Castellamare.
Commandant une division sur le César en 1655, Paul fut gravement
blessé lors des combats des 29 et 30 septembre devant Barcelone. Commandeur
de Malte en 1659, il effectua en 1660 et 1661 des croisières de protection
du commerce devant Tripoli, Alger, Tunis et prit en février 1661 deux corsaires
algériens. Commandant en 1663 une division avec pavillon sur l'Hercule,
il lança un coup de main sur la Goulette, captura le 8 juin la Perle,
navire-amiral algérien et repoussa les attaques d'une escadre tunisienne.
Conseiller du duc de Beaufort sur la Royale en 1664, il participa activement
le 23 juillet au débarquement de Djidjelli et livra bataille le 24 août
devant Cherchell à une escadre algérienne qui fut pratiquement détruite.
Paul commanda l'année suivante une division dans l'escadre de Beaufort en
Manche sur le Vendôme puis sur le Neptune. Après une dernière
campagne en Méditerranée en 1666, malade, il se retira à Toulon où il
mourut le 20 décembre 1667 laissant le souvenir d'un marin d'une
audace et d'une maîtrise exceptionnelles.
(Source
: Dictionnaire des marins
français - Etienne Taillemite, Ed. maritimes et d'outre-mer;
iconographie SHM Toulon - photo blason Jean-Michel
Roche/CIN St Mandrier)