En 1870, pendant
le siège de Paris, il construisit avec lui la France,
le premier aérostat dirigeable. C’est à cette
occasion que, cherchant un moteur à la fois puissant et léger,
Gustave Zédé collabora, avec le commandant d’infanterie
Krebs, à la construction du moteur électrique qu’il
devait appliquer plus tard à son Gymnote.
Dans l’idée
de Dupuy de Lôme, comme dans celle
de Gustave Zédé, l’étude de la direction
des machines dirigeables plongée dans l’air n’était
que le prélude, le point de comparaison pour l’étude
d’une machine dirigeable plongée dans l’eau, c’est
à dire le navire sous-marin. Dans
une note de l’Académie des Sciences (séance du 5 avril
1886), Zédé écrit « La question des navires
sous-marins,, est aujourd’hui partout à l’étude
et à l’Académie on apprendra certainement avec intérêt
que mon regretté maître et ami Dupuy de Lôme en avait
trouvé une solution simple et pratique. Il me répétait
souvent que la question des aérostats et celle des bateaux sous-marins
étaient intimement liées et que, le jour où la première
serait résolue, la seconde serait bien près de l’être.
En effet, le point capital lui paraissait, dans les deux cas, d’imaginer
un moteur puissant et léger, ne changeant pas de poids pendant son
fonctionnement. Aussi, lorsqu’il apprit la réussite du ballon
de Meudon (le dirigeable la France, de Renard et Krebs), grâce à
son moteur électrique, il me dit : « Nous allons reprendre
maintenant l’étude du bateau sous-marin et nous mettrons d’accord
les torpilleurs et les cuirassés en les annulant tous les deux
».
Le lancement du sous-marin Gustave Zédé à Toulon
(1er juin 1893). |
Dans la situation
géographique et internationale de notre pays, il voyait, en effet,
un grand intérêt pour la France à la solution du problème
de la navigation sous-marine. Dans
l’intervalle, Zédé, qui avait été nommé
en 1877, directeur des Constructions Navales, avait, en 1880,
quitté la Marine pour entrer aux Forges et Chantiers de la Méditerranée.
Il établit les plans du Gymnote et les présenta au
ministre d’alors, l’amiral Aube ; on sait que celui-ci était
chaud partisan des petites unités ; il approuva les plans et fit mettre
le Gymnote en chantier au Mourillon. Zédé adoptait,
avec le diamètre de 1,80 m, une longueur inférieure à
20 mètres et un déplacement de 30 tonnes.
La collaboration
Zédé-Krebs continua à cette occasion et Krebs dirigea
la construction d’un moteur électrique léger (52 ch.
pour 2 tonnes) qui devait assurer la propulsion à 9 ou 10 noeuds.
Les premiers essais furent faits à Toulon, en novembre 1888,
par les ingénieurs eux-mêmes, Zédé, Krebs, Romazotti,
qui, à l’arsenal de Toulon, avaient dirigé la construction
et le lieutenant de vaisseau Baudry Lacantinerie, et comme cinquième
membre de l’équipage, le contremaître qui avait été
chargé du chantier de ce petit navire.
Les essais
furent longs et nécessitèrent des modifications, en particulier,
aux gouvernails – pour arriver à obtenir une stabilité
suffisante en plongée, mais le Gymnote, bâtiment d’étude
assez petit pour n’être pas trop coûteux, permet d’étudier
et de résoudre tous les problèmes de la plongée.
Gustave Zédé
mourut peu de temps après avoir vu le succès de ses conceptions
: en 1891, il étudiait, au laboratoire de l’Ecole Normale,
l’utilisation de poudres à combustion lente pour la propulsion
des torpilles ; une explosion se produisit qui lui brisa une cuisse
: Gustave Zédé succombait peu de temps après l’accident
(26 avril 1891).
Gustave Zédé
avait suivi les idées de Dupuy de Lôme, il les avait développées
et concrétisées. De même, il trouva un successeur
en Romazotti qui avait construit à Toulon le Gymnote
et en avait effectué la mise au point. La
Marine, à la suite des essais du Gymnote, avait décidé
de construire un sous-marin plus grand, qui put être un navire de
combat. Romazotti fut chargé de sa réalisation : ce fut la
Sirène, appelée Gustave Zédé après la
mort de celui-ci, et le premier sous-marin doué de qualités
militaires sérieuses.
Gustave Zédé,
par le Gymnote, bateau d’essai, qui fera l’étude
de tous les problèmes de la plongée, est donc le véritable
créateur du sous-marin dans l’histoire de la navigation. Il
est remarquable qu’il soit ainsi placé entre le grand ingénieur
que fut Dupuy de Lôme, dont le cerveau fécond avait vu toutes
les données du problème et Romazotti qui, utilisant les travaux
et les essais de ses devanciers, a donné à la Marine française
ses premiers sous-marins et ouvrit la voie à Laubeuf qui devait,
peu après (en 1896-1897), en donner une solution moderne à
l’aurore du XXème siècle.