Un portrait de Gustave Zédé (1825-1891)


Gustave, Alexandre Zédé.
Gustave, Alexandre Zédé naquit à Paris en 1825. Son père était ingénieur de la Marine, membre du Conseil des Travaux de la Marine et Maître des requêtes au Conseil d’Etat. Entré à l’Ecole Polytechnique à l’âge de 18 ans, avec le numéro 2, Gustave Zédé suivit la carrière paternelle.

Sa remarquable intelligence lui attira l’amitié du grand Dupuy de Lôme, dont il fut le second pendant les dix années que le célèbre ingénieur occupa le poste de directeur de matériel.

En 1870, pendant le siège de Paris, il construisit avec lui la France, le premier aérostat dirigeable. C’est à cette occasion que, cherchant un moteur à la fois puissant et léger, Gustave Zédé collabora, avec le commandant d’infanterie Krebs, à la construction du moteur électrique qu’il devait appliquer plus tard à son Gymnote.

Dans l’idée de Dupuy de Lôme, comme dans celle de Gustave Zédé, l’étude de la direction des machines dirigeables plongée dans l’air n’était que le prélude, le point de comparaison pour l’étude d’une machine dirigeable plongée dans l’eau, c’est à dire le navire sous-marin. Dans une note de l’Académie des Sciences (séance du 5 avril 1886), Zédé écrit « La question des navires sous-marins,, est aujourd’hui partout à l’étude et à l’Académie on apprendra certainement avec intérêt que mon regretté maître et ami Dupuy de Lôme en avait trouvé une solution simple et pratique. Il me répétait souvent que la question des aérostats et celle des bateaux sous-marins étaient intimement liées et que, le jour où la première serait résolue, la seconde serait bien près de l’être. En effet, le point capital lui paraissait, dans les deux cas, d’imaginer un moteur puissant et léger, ne changeant pas de poids pendant son fonctionnement. Aussi, lorsqu’il apprit la réussite du ballon de Meudon (le dirigeable la France, de Renard et Krebs), grâce à son moteur électrique, il me dit : « Nous allons reprendre maintenant l’étude du bateau sous-marin et nous mettrons d’accord les torpilleurs et les cuirassés en les annulant tous les deux ».


Le lancement du sous-marin Gustave Zédé à Toulon (1er juin 1893).
Dans la situation géographique et internationale de notre pays, il voyait, en effet, un grand intérêt pour la France à la solution du problème de la navigation sous-marine. Dans l’intervalle, Zédé, qui avait été nommé en 1877, directeur des Constructions Navales, avait, en 1880, quitté la Marine pour entrer aux Forges et Chantiers de la Méditerranée. Il établit les plans du Gymnote et les présenta au ministre d’alors, l’amiral Aube ; on sait que celui-ci était chaud partisan des petites unités ; il approuva les plans et fit mettre le Gymnote en chantier au Mourillon. Zédé adoptait, avec le diamètre de 1,80 m, une longueur inférieure à 20 mètres et un déplacement de 30 tonnes.

La collaboration Zédé-Krebs continua à cette occasion et Krebs dirigea la construction d’un moteur électrique léger (52 ch. pour 2 tonnes) qui devait assurer la propulsion à 9 ou 10 noeuds. Les premiers essais furent faits à Toulon, en novembre 1888, par les ingénieurs eux-mêmes, Zédé, Krebs, Romazotti, qui, à l’arsenal de Toulon, avaient dirigé la construction et le lieutenant de vaisseau Baudry Lacantinerie, et comme cinquième membre de l’équipage, le contremaître qui avait été chargé du chantier de ce petit navire.

Les essais furent longs et nécessitèrent des modifications, en particulier, aux gouvernails – pour arriver à obtenir une stabilité suffisante en plongée, mais le Gymnote, bâtiment d’étude assez petit pour n’être pas trop coûteux, permet d’étudier et de résoudre tous les problèmes de la plongée.

Gustave Zédé mourut peu de temps après avoir vu le succès de ses conceptions : en 1891, il étudiait, au laboratoire de l’Ecole Normale, l’utilisation de poudres à combustion lente pour la propulsion des torpilles ; une explosion se produisit qui lui brisa une cuisse : Gustave Zédé succombait peu de temps après l’accident (26 avril 1891).

Gustave Zédé avait suivi les idées de Dupuy de Lôme, il les avait développées et concrétisées. De même, il trouva un successeur en Romazotti qui avait construit à Toulon le Gymnote et en avait effectué la mise au point. La Marine, à la suite des essais du Gymnote, avait décidé de construire un sous-marin plus grand, qui put être un navire de combat. Romazotti fut chargé de sa réalisation : ce fut la Sirène, appelée Gustave Zédé après la mort de celui-ci, et le premier sous-marin doué de qualités militaires sérieuses.

Gustave Zédé, par le Gymnote, bateau d’essai, qui fera l’étude de tous les problèmes de la plongée, est donc le véritable créateur du sous-marin dans l’histoire de la navigation. Il est remarquable qu’il soit ainsi placé entre le grand ingénieur que fut Dupuy de Lôme, dont le cerveau fécond avait vu toutes les données du problème et Romazotti qui, utilisant les travaux et les essais de ses devanciers, a donné à la Marine française ses premiers sous-marins et ouvrit la voie à Laubeuf qui devait, peu après (en 1896-1897), en donner une solution moderne à l’aurore du XXème siècle.


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