COMMUNIQUE
L’Association des amis du
Croiseur « Colbert » a pris connaissance avec stupéfaction et indignation
des propos tenus par le Maire de Bordeaux le samedi 24 juin dernier, exprimant
une position confirmée ensuite par sa démarche officielle auprès du ministère
de la Défense.
Elle
déplore que la volonté de destruction pure et simple du croiseur ait été ainsi
catégoriquement exprimée en l’absence de toute concertation préalable et sans
véritable analyse du dossier, alors même qu’elle occupe juridiquement une
position centrale dans cette affaire, conformément à un traité de concession de
service public, valide jusqu’au 18 décembre 2007.
Elle
s’étonne tout particulièrement de voir le maire de Bordeaux s’exprimer de
façon aussi extrême alors que lui-même et son administration n’ont jamais
rien fait de sérieux pour s’intéresser au « Colbert », notamment
lors des graves troubles occasionnés à son exploitation par les interminables
travaux des quais. Le recours aux services d’un huissier a d’ailleurs été
nécessaire pour qu’un passage soit aménagé afin que le personnel de gestion
du « Colbert » et les visiteurs puissent monter à bord.
-
elle souhaite poursuivre et
renforcer son action de sauvegarde du plus grand élément de
patrimoine maritime flottant existant en Europe continentale, amarré
aujourd’hui au cœur d’une agglomération riche d’une histoire technologique et
militaro-industrielle, de la poudrerie construite en 1664 par Jehan Dupérier
jusqu’au Laser Mégajoule, en passant par les nombreux navires de guerre
construits à Bordeaux et Lormont ;
-
elle s’élève vivement contre la
diffusion d’informations fragmentaires et le plus souvent imprécises
nourrissant dans les médias des faux débats qui occultent les véritables
données et enjeux de la mise en valeur du « Colbert » sur les quais
rive gauche de Bordeaux, ou ailleurs ;
-
elle en appelle à des
personnalités de tous horizons pour inscrire la réflexion sur l’avenir du
« Colbert » dans un véritable travail de mémoire permettant
d’évoquer l’identité d’un grand port atlantique de deux mille ans d’âge,
ouvert sur le monde, tant pour ce qui réunit les hommes qu’à travers les
aspects les plus tragiques de leur histoire.
L’Association
constate avec satisfaction qu’il existe à Bordeaux, en Gironde, en Aquitaine
et ailleurs en France, de nombreux responsables publics – en particulier politiques
– qui ne réduisent pas la réflexion sur le « Colbert » à des considérations
simplistes et à des propositions témoignant d’une étonnante légèreté, par
exemple quant aux conditions techniques et financières d’une éventuelle déconstruction
du croiseur en Gironde. Il faut ainsi souligner que le départ du « Colbert »
coûterait bien plus cher que la remise à niveau immédiate de son entretien en vue d’une exploitation ultérieure
dans des conditions économiques intégrant
sa maintenance régulière.
Ayant
elle-même tiré avec résolution et réalisme les leçons positives aussi bien
que négatives d’une expérience de 13 années d’exploitation – 750 000 visiteurs payants et
une absence totale de subvention de fonctionnement par la puissance publique
– par les sociétés sous- concessionnaires successives, elle se tient à la
disposition de tous ceux qui souhaitent que se développent, en particulier
vers le nord de Bordeaux et de la Communauté Urbaine, les signes d’une « porte
océane » digne du passé et de l’avenir de notre ville.
Il
n’est pas trop tard pour sauver de nouveau le « Colbert » et réveiller
la mémoire vivante et attractive d’une cité qui mérite autre chose que des
quais maritimes déchus et impersonnels, à la reconversion économique difficile
en dépit de la mobilisation de budgets publics dont la sauvegarde d’un élément
patrimonial unique ne représenterait qu’une très faible fraction.
Communiqué adopté à l’unanimité du Conseil d’Administration extraordinaire de l’Association, réuni à bord du « Colbert » le 8 juillet 2006.