Les bâtiments ayant porté le nom de Rhin

Le Bâtiment de Soutien Mobile Rhin est le cinquième du nom, il vient après :

Une frégate de 46 canons (1802-1806)
Armée à Toulon le 9 octobre 1802, elle participa ,sous le commandement du C.V. Infernet, du 21 octobre 1802 au 28 juillet 1804, au combat du Cap St-Vincent le 22 Juillet 1805. Sous le commandement du C.F. Chosneau, du 29 juillet 1805 au 28 juillet 1806, le Rhin fut présent au combat de Trafalgar (21 octobre 1805).
Placé avec les autres frégates à quelques encablures sous le vent, il servit d'observateur et de répétiteur de signaux; après la bataille il porta secours au Bucentaure et à L'Algégiras dématés, donna la chasse à des bâtiments anglais, et, avec l'Hermione, contraignit un vaisseau ennemi à abandonner le vaisseau espagnol la Santa Aita qu'il avait à la remorque.
En 1806, le Rhin faisait partie d'une division de quatre frégates qui, sous les ordres du C.V. Lamare Lameillerie, sortit de Cadix le 26 février à destination de Cayenne. Après une Croisière au vent des Antilles, elle se rendit aux Açores, d'où elle fit route pour la France. Le 27 juillet au soir, à l'atterrage sur l'île d'Aix, les quatre frégates furent chassées par une division de six vaisseaux anglais. Isolé, en raison de sa mauvaise marche, le Rhin fut attaqué par le vaisseau de 82 canons, le Mars; le C.F. Chesneau fit amener le pavillon.

Une corvette de charge (1841-1854)
Ce bâtiment fut construit à Rochefort d'après les plans et devis de M. Forfait, Ingénieur de la Marine. Commencé le 15 avril 1840, et mis à l'eau le 21 mai 1841 il fut armé pour la première fois dans le courant de la même année.
Les caractéristiques du bâtiment étaient :

  • longueur : 43.3 m ;
  • largeur : 10.4 m ;
  • tirant d'eau : 6.7 m ;
  • déplacement : 800 tx.
  • Il était armé de 4 canons obusiers de 30 et de 18 caronades de 24.

Le Rhin partit de Toulon le 15 août 1842 pour se rendre à la Nouvelle Zélande. Après une relâche à Bahia (Brésil) le 12 octobre 1842, il se rendit directement à Hobart-Town (Tasmanie) où il arriva après 66 jours de traversée; il en partit pour Akaroa le 3 janvier 1843, et mouilla dans ce port le 11 janvier. Après quelques mois de séjour il visita différents ports, de la Nouvelle Zélande : Nicholson, Aukland. Il revint à Akaroa qu'il quitta le 10 octobre 1843, pour aller faire des vivres à Sydney, en passant par la baie des Iles. Il était de retour à Akaroa le 30 décembre 1843. Le 31 août 1844, au cours d'une traversée d'Akaroa à Valparaiso, il reçut un très fort coup de vent qui l'obligea à fuir vent arrière pendant 24 heures. De Valparaiso le Rhin se rendit aux Iles Marquises, puis à Tahiti, et enfin à la Nouvelle Zélande; il arriva le 8 février à Akaroa après avoir visité la baie des Iles.
Parti d'Akaroa le 12 mai 1845, pour faire une tournée dans les missions catholiques de l'Océanie, le Rhin visita les Iles Tonga, Wallis et la Nouvelle Calédonie; il arriva à Sydney le 29 octobre 1845. Le Rhin quitta Sydney le 12 janvier 1846, toucha le 22 à la baie des Iles, le 28 à Aukland, et le 11 février il arriva à Akaroa. Il quitta la Nouvelle Zélande le 16 avril 1846, passa à Sainte-Hélène le 15 juin, le 25 à l'Ascension, jeta l'ancre à Oran le 18 août, et enfin rentra à Toulon le 28 août 1846.
Parti de Toulon le 4 juin 1847 pour se rendre à lfIle de la Réunion, le Rhin devait successivement toucher à Ténériffe, à Gorée pour débarquer les passagers, du numéraire et divers objets de chargement pour la colonie du Sénégal, relâcher à Simon's bay et enfin aller déposer à l'île de la Réunion deux compagnies d'infanterie de Marine, du numéraire et divers colis pour différents services. Cette première partie de la campagne du Rhin s'effectua du 4 juin au 17 octobre 1847, jour de l'arrivée.
Parti de l'Ile de la Réunion le 29 octobre 1847, le Rhin rentra en France après avoir touché à Mayotte, être descendu par le Canal de Mozambique et avoir relâché à Sainte-Hélène. Il rentra à Toulon le 24 février 1848 à midi.
En 1849 et 1851, le Rhin aurait dû armer, mais le mauvais état de certaines de ses parties avait fait ajourner les travaux d'armement. Une nouvelle visite en 1853 fit conclure à sa condamnation. Celle-ci fut prononcée le 2 janvier 1855.

Un transport à hélice (1854-1886)


Transport à hélice Rhin (1854-1886)
Ce bâtiment fut construit à Rochefort d'après les plans et devis de M. Bouleur, Ingénieur. Commencé en octobre 1854, mis à l'eau le 31 août 1855, il fut armé pour la première fois en novembre 1855. L'appareïl moteur, de la force de 230 CV nominaux, construit au Creusot, fut monté à bord d'avril à juillet 1870.
Les dimensions principales du bâtiment étaient : longueur : 71 m 90, largeur : 12 m 90, tirant d'eau : 8 m, déplacement : 2916 tx. Il portait comme armement deux canons de 14 cm.

Le Rhin fit, en 1855, plusieurs voyages de Toulon en Crimée et à Milo. En 1859, lors de la guerre d'Italie, il effectua de nombreuses traversées entre la France, l'Italie et l'Algérie. En décembre 1859, il partit pour la Chine et revint à Rochefort en septembre 1862 ; à la fin de 1862, il appareilla pour Alexandrie et de là pour Toulon, où il reçut quelques réparations et des chaudières neuves, En août 1863, il quitta Toulon pour les mers du Sud et de là pour les côtes occidentales du Mexique ; dans la nuit du 3 au 4 février1864, il reçut en rade de Mazatlan un violent coup de vent qui le poussa sur les rochers de l'île Trestin ; à la suite des avaries graves causées par cet échouage, il fut remorqué à San Francisco par la frégate la Victoire. Il fit ensuite plusieurs voyages à Guaymas, Alcalpulco, Mazatlan, San Blas ; il toucha Panama en décembre 1866, Callao en janvier 1867 et Valparaiso en mars. De là il fit route pour Rio où il arriva le 3 mai et en repartit le 9 pour Toulon où il arriva le 27 juin 1867. Il y débarqua ses machines et ses chaudières et fît route pour Brest où il arriva le 15 avril 1869. Il fut désarmé dans ce port, réparé complètement, reçut un spardeck, la machine et les chaudière de 1'Allier. Dans cette réparation, le plan de voilure avait été modifié et établi conformément à celui approuvé le 25 août 1864 pour la Meuse.
En janvier 1872, le Rhin fit route pour Toulon où il prit des forçats et des passagers pour la Nouvelle Calédonie ; il partit pour cette destination en février 1872 en passant par le Canal de Suez, arriva en mai à Nouméa et fit retour à Rochefort par le Cap Horn, il arriva dans ce port en septembre 1872. En décembre 1872, il repartit pour Toulon où il prit de nouveau des condamnés pour la Nouvelle Calédonie, fit route pour cette destination en janvier 1873 en passant par Dakar, arriva à Nouméa et revint par le Cap Horn à Brest où il désarma en septembre 1873.

Armé le 2 août 1875, le Rhin quitta Brest le ler septembre 1875 pour Rochefort où il prit des condamnés pour la Nouvelle Calédonie ; parti pour cette destination le 6 septembre 1875, il arriva à Nouméa le 30 janvier 1876 et revint par le Cap Horn à Toulon le 24 octobre 1876 où il désarma le 24 novembre 1876.
Le Rhin réarma à Toulon en 1879, pour porter les produits français à l'exposition de Sydney. Le bâtiment revint par la voie du Cap Horn de Sydney à Toulon où il désarma en mars 1880. Le Rhin réarma une dernière fois à Toulon en mars 1885 pour faire les voyages de Madagascar à la Réunion ; les batteries basse et haute furent pourvues de postes de couchage et de planches à sacs, en vue du transport des passagers. Condamné par Décision Ministérielle du 5 juin 1886,ce bâtiment fut employé comme charbonnière et centre de station de torpilleurs à Lézardrieux jusqu'en 1910 par la lère Flottille de l'Océan. Remplacé par le Fulton, il fut remis aux Domaines et vendu.

Un transport (1924-1942)


Rhin Transport (1924 - 1942) Ex Gironde 1884 - Ex Tourville 1909.
Les dimensions principales du bâtiment étaient : longueur - 105m.4 ; largeur - 15m,4 ; déplacement - 5770 t ; Sa machine de 3.000 CV pouvait donner une vitesse de 13.7 nds.
Baptisé à la construction Gironde (1884) puis Tourville (1909), il fut d'abord affecté à la Division des Ecoles de la Méditerannée, il y demeura dans cette position jusqu'en 1939, date laquelle il passa à la Division d'Instruction à Toulon où il resta, déclassé, comme bâtiment caserne. Il s'y trouvait encore en novembre 1942 au moment du sabordage.

Le Rhin Fidelity (1939-1942)

Ce bâtiment, qui n'a jamais été armé par la Marine, était un petit cargo de 2455 tonnes de la Compagnie Paquet qui fut affrêté, au cours de la campagne 1939-1940, par les services speciaux du Ministère des Colonies sous le commandemcnt du Capitaine au long cours Canebotin. Le 9 mai 1940 à Las Palmas des Canaries, une équipe de deux hommes, constituée de l'officier radiotélégraphiste Péri et d'un mécanicien venu du Rhin, déposait sur les flancs du vapeur allemand Corrientes une charge de plastic qui fit de sérieux dégâts. Les Allemands crurent à un bombardement venu du large!

Le 26 juin 1940, à Gibraltar, ce même Péri s'empara par un coup de force du Rhin malgré l'opposition de la plus grande partie de l'équipage, et se rallia à l'Amiral Muselier. Cependant ce Rhin ne servit pas dans les F.N.F.L. Il fut offert par Péri à la Royal Navy qui l'accepta et le transforma en "Spécial Boomvessell' sous le nom d'H.M.S. Fidelity,et en laissa le commandement à Péri devenu pour la circonstance le lieutenant-commander Langlais, R.N.

La Fidelity fit, en 1941,deux missions spéciales en Méditerranée. Il s'agissait de débarquements d'agents sur les côtes de France et d'Algérie, Un certain nombre de ces agents furent arrêtés à Port-Vendres. L'année suivante, la Fidelity subit en Angleterre des travaux assez importants (renforcement de la D.C.A, embarquement de deux hydravions, d'une vedette rapide, etc...). Elle devait transporter un commando de 200 hommes environ pour exécuter, semble-t-il, des coups de main en Indochine.
La Fidelity appareilla de Grande Bretagne au mois de décembre 1942 avec le convoi ONS 154 qui, le 26 décembre, dans les parages des Canaries fut intercepté par deux groupes de sous-marins et perdit treize bâtiments. La Fidelity qui, comme certains batiments de commerce, expérimentait des filets pare-torpilles, essuya successivement une torpille de l'U225 puis de l'U615 et ne fut enfin coulée que le 30 décembre 1942 par l'U435, entrainant avec elle son commandant Péri dit Langlais, le commandant Canebotin qui était resté à bord sous ses ordres et environ 400 hormes: équipage, commandos et rescapés des autres bâtiments coulés.

(d'après une notice du Service Historique de la Marine - 13 oct 1962)


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