Depuis
un siècle, la Marine nationale baptise régulièrement l'une
des ses unités du nom de cet officier, rendant ainsi hommage à
son courage et à son ardeur à porter à l'autre bout du
monde les couleurs de la France. C'est à Saint-Etienne le 25 juillet 1835 qu'il naît. Après ses études au lycée de Montpellier, il est admis à l'Ecole Navale en 1855. Une première campagne l'emmène vers les mers du sud, puis il s'aventure en 1859 sur le Duperré qui part pour la Chine. C'est au cours de cette traversée qu'il se jette à l'eau en pleine nuit pour sauver un camarade emporté par une lame. Il a vingt-et-un ans avec le grade d'enseigne de vaisseau lorsqu'il découvre la Chine, pays qui ne cessera plus de le fasciner. Sous les ordres de l'amiral Charner, il participe à la prise de Pékin et au sac du Palais d'Eté par les troupes franco-britanniques. Première expédition sur le Mékong En
1863, il rentre dans le corps de l'Inspection des Affaires indigènes.
Il est nommé administrateur à Cholon, ville proche de Saïgon.
Le contact et la richesse de la civilisation chinoise le passionnent et c'est
à cette époque qu'il publie ses premiers ouvrages documentaires
: "La Cochinchine" et "De la colonisation de la Cochinchine"
où apparaît l'idée de l'exploration du Mekong au cours encore
inconnu. "L'exploration du Mékong, que le Commandant de Lagrée avait comprise si grande, et qu'il a réalisée si complète, restera sienne ; ses glorieux et féconds résultats sont à jamais inséparables du nom d'Ernest Doudart de Lagrée." En
1871, Francis Garnier reçoit la Médaille d'Honneur du Congrès
de Géographie, médaille qu'il partage avec Livingstone. Il quitte donc la France avec sa femme, qu'il a épousée en 1870, et s'installe à Shangaï. Son but est de poursuivre l'oeuvre géographique de l'expédition de Doudart de Lagrée, de reconnaître jusqu'au Tibet le cours supérieur du Mékong mais aussi d'essayer de jouer le médiateur entre le pouvoir impérial chinois et les rebelles musulmans qui épuisent le pays. Un officier en congé à la tête de 200 hommes ! C'est en solitaire qu'il explore ces régions pendant six mois, avant d'être rappelé par l'Amiral Dupré, gouverneur de la Cochinchine. Celui-ci lui donne les pleins pouvoirs pour régler au Tonkin un différend qui oppose quelques colons français aux rebelles. Francis Garnier, officier en congé, se voit confier le commandement d'une troupe de deux cent hommes et quatre canonnières. Il arrive à Hanoï en novembre 1873 et, ne parvenant pas à régler par la voie diplomatique le conflit, s'empare sans coup férir de la citadelle puis envoie des détachements occuper les principales places du delta. Le 21 décembre, alors que les négociations étaient sur le point d'aboutir, la citadelle est attaquée par les "Pavillons Noirs". Les Français résistent courageusement aux assaillants et les obligent à se replier. C'est alors que Francis Garnier sort de la citadelle avec plusieurs hommes et un canon à la poursuite de l'ennemi. A six cent mètres de là, il abandonne le canon et continue sa course avec trois hommes. En tentant de passer une digue dans les rizières, il trébuche et, se trouvant isolé, est mortellement frappé par les "Pavillons Noirs". Ne le voyant plus, ses compagnons se rapprochent et trouvent son corps décapité. Sa dépouille est ramenée à Saïgon où il est inhumé en 1875 aux côtés de Doudart de Lagrée. Telle fut la vie de ce pionnier de la présence française en Asie. Par le rôle essentiel qu'il joua dans le succès de la mission d'exploration du Mékong, par les réflexions que lui inspirèrent ses voyages en Chine et sa parfaite connaissance de l'Empire du Milieu, par les oeuvres qu'il publia au retour de ses expéditions, Francis Garnier demeure l'un des artisans de l'ouverture de l'Asie au monde occidental. Le retour des cendres de Francis Garnier Dans la nuit du 1er au 2 mars 1983, le corps de Francis Garnier, après avoir été exhumé (ainsi que celui de Doudart de Lagrée) furent incinérés. Les urnes furent remis au consul général de France à Ho Chi Minh ville le 2 mars 1983. C'est la Jeanne d'Arc, commandée alors par le capitaine de vaisseau Merveilleux du Vignaux, qui se chargea de ramener en France les cendres des deux explorateurs. Dépôt des cendres de Francis Garnier Le jeudi 23 avril
1987, une brève mais émouvante cérémonie au cours
de laquelle l'urne contenant les cendres de Francis Garnier était confiée
par le capitaine de vaisseau (H) Besancon, descendant de l'illustre marin, à
la ville de Paris pour être enchassée dans le socle d'un monument,
situé à la rencontre du boulevard Saint-Michel et de la rue d'Assas. |