Léopold Victor Charner

Léopold Victor Charner, fils d'un distillateur d'origine suisse établi à Saint Brieuc, naquit dans cette ville le 13 février 1797. Il fut admis à l'école impériale de la Marine de Toulon en février 1812. Nommé aspirant de première classe au début 1815, promu enseigne de vaisseau en 1820, puis lieutenant de vaisseau en 1828, il effectua de nombreuses campagnes. Il participa à l'expédition d'Alger. C'est comme second de l'Artemise que la prise de la ville d'Ancône (23 février 1832) lui valut la croix de chevalier de la Légion d'Honneur. Capitaine de corvette en 1837, il était commandant en second de la Belle Poule quand cette frégate rapporta de Sainte Hélène en France les cendres de l'empereur Napoléon 1er.

Lors de l'incendie de l'atelier des artifices de Toulon en 1841, le commandant Charner déploya une activité et un sang froid admirables qui lui valurent la rosette de la Légion d'Honneur et hâtèrent sa promotion au grade de capitaine de vaisseau. Il commanda successivement la frégate Sirène, les vapeurs L'Infernal et le Gomer puis le vaisseau amiral Le Souverain.

En 1848, après la révolution, Charner, candidat à la députation, fut élu représentant du peuple pour les Côtes du Nord. Contre-amiral en 1852, il fut d'abord chef de cabinet du ministre de la Marine Théodore Ducos, puis nommé au commandement en second de l'escadre de l'Océan. C'est sur le vaisseau le Napoléon en 1854, qu'il partit pour la guerre de Crimée (opérations de Yalta et Sébastopol). Vice-amiral en 1855, il fut appelé au commandement des forces françaises dans les mers de Chine. Il dirigea le débarquement des troupes à Peï-Tang (1er août 1860), et ce fut sur ces indications que les flottilles franco-anglaises prirent les dispositions qui amenèrent la reddition des forts de Peï-Ho et la prise de Tien-Tsin.

A peine la paix signée avec les Chinois, Charner, promu grand croix de la Légion d'Honneur en février 1861, dut courir au secours de notre établissement de Cochinchine où 20000 Annamites fortement retranchés et bien armés menaçaient Saïgon. Il commanda personnellement l'assaut victorieux des troupes françaises de terre et de mer contre les lignes de Ki-Hoa (25 février 1861), poursuivit l'ennemi en déroute et conquit en 20 jours toute la province de Saïgon ; un mois plus tard, il faisait occuper celle de My-Tho. Pendant les 6 mois suivants, le vice-amiral Charner sut organiser le pays et maintenir ses positions avec l'effectif très réduit de 3000 hommes de troupe. En novembre 1861, lorsqu'il fut rappelé en France, notre colonie de Cochinchine était fondée sur des bases solides.

Nommé sénateur en 1862, élevé à la dignité d'Amiral de France en 1864, Charner mourut à Paris en 1869 et fut inhumé dans sa ville natale de Saint Brieuc.

(Source : Cols Bleus n°2103 du 1er décembre 1990 - Photo Musée de la Marine)