Histoire de l'escadrille 12S - La renaissance (1953-71)


L'AAC1 Toucan (Junkers Ju52). Cet avion fut construit à plus de 5000 exemplaires !

IV - LA DEUXIEME 12S EN 1953

En 1953, le vice-amiral d'escadre Nomy, Chef d'État-Major Général de la Marine, décide de rendre plus cohérant le système de numérotage des escadrilles et flottilles de l'aéronautique navale suivant leur fonction.

Le 20 juin 1953, l'escadrille 12S réapparaît en remplacement de la 22S. Le lieutenant de Vaisseau Denis Thiroux de Gervilliers est le commandant de cette nouvelle escadrille. Après ce changement d'identification les missions restent les mêmes. On change le numéro dans l'insigne SAMAR ; mais en fin de compte la priorité est venue à l'entraînement des flottilles à la lutte anti-sous-marine.


L'insigne de la 12S représente un requin surgissant de la mer, encadré dans un viseur quadrillé (allusion au sous-marin faisant surface et visé par les appareils de détection de l'avion de lutte ASM).

L'insigne SAMAR n'est plus approprié. Le secours maritime bien entendu reste important, et n'est plus spécifique à quelques escadrilles mais à toutes les formations de l'Aéronautique Navale. Une décision de création d'insigne est prise. Il représente un requin surgissant de la mer, encadré dans un viseur quadrillé (allusion au sous-marin faisant surface et visé par les appareils de détection de l'avion de lutte ASM), un éclair rouge zébrant le tout, représente les moyens électroniques utilisés pour cette interception. Ce nouvel insigne fut homologué sous le numéro M452, le 15 mars 1954, pour cette escadrille 12S de servitude et d'entraînement à la lutte anti sous-marine.

Son rôle est alors mieux défini : École d'écoute des bouées sonores, servitudes du groupe de lutte anti sous-marine, SAMAR. Si la 12S est une nouvelle escadrille, il en est autrement pour ses aéronefs qui sont à bout de souffle et datent de la seconde guerre mondiale.

Le 1er août 1954, l'escadrille déménage. Elle laisse ses anciens avions, et prend possession à Saint-Mandrier de cinq amphibies Noroît N1402 provenant de l'escadrille 33S dissoute à cette époque, ainsi qu'une partie de son personnel.
En novembre 1954 a lieu le dernier accident sur Noroît. Lors d'un amerrissage sur un moteur, un N1402 de l'escadrille 53S de Karouba capote et entraîne dans la mort tout son équipage. A bord se trouvent le lieutenant de vaisseau Sauvage et le premier maître Leberre. La Marine décide alors d'interdire de vol le Noroît et de le retirer du service. L'escadrille 12S aura possédé les Noroît durant 4 mois.


Le Noroît n'est pas un beau cadeau. L'avion n'est pas fiable et des équipages du CEV et de l'Aéro payent de leur vie l'utilisation de cet amphibie.

Le Noroît n'est pas un beau cadeau. Cet aéronef était prévu pour remplacer le Catalina par une construction française. L'avion n'est pas fiable (plusieurs types de moteurs furent utilisés sur les prototypes sans beaucoup de succès). Des équipages du CEV et de l'Aéro payent de leur vie l'utilisation de cet amphibie.

L'escadrille 12S a pris un rôle important dans la formation du personnel de lutte anti-sous-marine sans négliger le SAR. Elle ne peut pourtant pas rester sans avions. Quatre hydravions lourds Sunderland lui sont affectés. Ces hydravions proviennent des 19 livrés à l'Aéronautique Navale. On a recourt une fois de plus à du matériel d'Outre-Manche conçu durant la seconde guerre mondiale.


Les Sunderland sont convoyés à la 50S de la BAN Lanvéoc Poulmic. Cette dernière équipée elle aussi de ces aéronefs, les utilisera jusqu'en 1962.

On trouve comme numéros : 12S1 Mk5 (No ML 796 fabriqué à l'usine de Rochester), 12S2 Mk III (No ML 820 usine Shortland Marland à Belfast), 12S3 Mk III (No ML 824 même usine), 12S4 (Inconnu). La 12S sera dissoute le 1er janvier 1960. Les Sunderland sont convoyés à la 50S de la BAN Lanvéoc Poulmic. Cette dernière équipée elle aussi de ces aéronefs les utilisera jusqu'en 1962.

V - UNE NOUVELLE 12S EN 1969

La France poursuit ses recherches et ses essais afin de se doter d'un armement dissuasif garantissant son indépendance et sa crédibilité. Le Centre d'Essais des Landes (CEL) réalise les essais des premier missiles à longue portée. Le Centre d'Expérimentations du Pacifique succédant au Centre d'essais du Sahara, poursuit les essais nucléaires.

En 1968, les missions de servitudes liées aux essais dans les Landes sont exécutées par la flottille 25F, armée de Neptune P2H. Ces servitudes étant incompatibles avec sa mission prioritaire de flottille de combat (entraînement des équipages à la lutte anti-sous-marine), l'État-Major de la Marine envisage la création à Lorient d'une escadrille pour les besoins du CEL.

Ainsi renaît le 15 avril 1969, l'escadrille 12S. Le vice-amiral Thabaud, chef de la Division Aéronautique en a décidé, en paraphant sa note n°339 EMM/AERO. Cette escadrille reprend les traditions et l'insigne de l'ancienne 12S. Son appellation reste conforme à la circulaire 295 EMG/AERO concernant le numérotage des escadrilles.


Le Neptune n°686 de la 12S lors du défilé aérien du 14 juillet 1970 à Papeete.

Le site de Kermadoye de la BAN Lann-Bihoué est choisi pour l'installation. Le capitaine de corvette Sauveur Vivanco, son « pacha », sept équipages et l'équipe de piste président à sa destinée bretonne. Conséquence peu connue de cette renaissance, la disparition de l'escadrille 11S, devenue section de liaison par compression de son personnel. SAR, missions de servitudes pour le Centre d'essais des Landes, concours divers avec les escadres de la Méditerranée et de l'Atlantique, tels sont les missions de la nouvelle 12S, il est même question de son concours au Centre Spatial Guyanais.

VI - DES MOYENS

La 12S est équipée de 8 Neptune P2H, avions de patrouille maritime construits par Lockheed : puissants, maniables et robustes.

Dans sa dotation, on trouve quatre Neptune AMOR (avion de mesures et d'observation au réceptacle) pour le CEL. Il s'agit des 148 331 - 332 - 334 et 336 modifiés à l'usine Breguet de Biarritz. Ces avions sont équipés d'instruments de télémesures rapides et lentes, logés dans la pointe avant. Dans ce nez spécial rouge, en forme de cadran de téléphone, les appareils permettent d'enregistrer les signaux retraçant les paramètres de vol des engins balistiques SSBS et MSBS, tirés depuis le CEL, ou du sous-marin expérimental Gymnote. La queue de ces avions est aussi modifiée. Au lieu de recevoir le détecteur d'anomalie magnétique, qui équipe les avions de patrouille maritime, il est placé dans la pointe arrière un «pot à feu». Cet ensemble permet de recréer des signatures infrarouge de missiles. Cette modification est peu utilisée. Il est possible de découper à la hache la queue de l'avion, au cas où, le feu s'étendrait intempestivement en vol (procédure d'urgence assez surprenante...).


La 12S est équipée de 8 Neptune P2H, avions de patrouille maritime puissants, maniables et robustes.

Un autre P2H, le 147 569 est équipé pour des expérimentations de guerre électronique. Deux autres Neptune sont prévus pour le Centre d'essais de la Méditerranée et un pour l'entraînement et servitudes diverses. Ce sont les 144 688 - 144 689 - 144 690. Une particularité des avions de la 12S est à signaler. Outre l'insigne distinctif de l'escadrille placé de chaque côté du poste de pilotage, les casseroles d'hélice sont peintes entièrement en blanc, par différence avec celles des Neptune de la Flottille 23F qui sont peintes en rouge et celle de la 25F en gris.

VII. - LE CENTRE D'ESSAIS DES LANDES

Durant les périodes de tir du CEL, deux P2H AMOR sont placés à Santa-Maria aux Açores. Sur ce terrain où se trouve, un petit échelon logistique de l'Armée de l'Air l'approche est parfois délicate. La piste d'aviation se trouvant sur un bord de l'île, est mal disposée suivant les vents. Des équipages se sont posés avec un vent de travers atteignant 40 noeuds. Les pilotes accrochés à leur manche pour tenir l'avion, le mécanicien au poste arrière voyait l'axe de piste. L'escale est très appréciée ; le Porto coule à flot. Les parties de chasse au lapin, et les dégustations de «Cigales de mer» sont de mise à chaque fois. Pour les vols, ce sont les SURMAR et les calibrations des radars du bâtiment réceptacle Henri Poincarré avant les tirs. Puis, après le bon déroulement des expérimentations, il est confié au P2H de repérer le point de retombée de la fusée avec un bon nombre de marqueurs colorants.

Les premiers P2H à être équipés de l'ILS complet sont ceux de la 12S, en priorité, les P2 «Nez Rouge» pour qu'ils puissent atterrir par tous les temps aux Acores. Cette aide à l'atterrissage fonctionne avec des Quartz et l'antenne agrémente la silhouette du Neptune d'une jolie moustache.

Au rythme des visites de 3° degré, au SEA de la base de Lann Bihoué, la 12S se retrouve avec des avions de passage pour remplir ses missions tel le 147 564 ; il est à noter le bref séjour du 147 563. Un équipage de la 12 S exécute les vols techniques de cet avion, en sortie de visite, avant qu'il ne soit repris en compte par le CEV. Le 563 est un avion spécial. II sert à la mise au point de l'A.P.U. du Breguet 1150 Atlantic. L'A.P.U. (Auxiliair Power Unit) est placé dans la soute à bombe, à droite, avec un bombay de kérosène en place gauche.

L'indicatif radio, Novembre, de l'escadrille est aussi utilisé par les avions de l'Aéro Club de Lorient. Pour éviter toute confusion dans le circuit d'approche de la base, au premier janvier 1971 on attribue à la 12S l'indicatif Golf (FYDG.)

Le dynamisme du CC Vivanco est tel à cette époque que l'on disait : «Sur la BAN de Lann Bihoué, il y a des flottilles de servitudes et une escadrille de combat : la 12 S...»
De sa renaissance, jusqu'en décembre 1971 l'escadrille totalise 6182 heures de vol. Durant cette période un équipage exécute le plus long vol de secours maritime de la 12 S : 13.6. Cette mission se déroule lors du naufrage du cargo Maori au large du Cap Finistère le 11 novembre 1971.

Suite de l'histoire...

(D'après un texte du PM Blandin M., complété par des archives du quotidien La Dépêche de Tahiti et Cols Bleus ; Sources : Service Historique de la Marine, SIRPA Mer, Musée de la Marine, Service Photo de la Base de Lann Bihoué, SIAR, AHAN Faa'a) -> Anciens de la "douze" : Vous avez sans doute des corrections, des anecdotes ou des photos pour compléter cet historique. N'hésitez pas à nous écrire :


[Sommaire escadrille 12S]    [Sommaire Net-Marine]