Pattes d'épaules et manchons
1. Les origines Au cours de sa réunion de l’année 2004, en retenant le principe de l’ajout d’une ancre sur les pattes d’épaules du personnel non officier la commission de la tenue met un terme final à l’évolution d’un article vieux de près d’un siècle. Créée par un décret du 5 février 1912, la patte d’épaule mobile avec insigne de grade était destinée à être portée avec le veston blanc. Jusqu’à cette date cet effet ne comportait que des galons mobiles ne s’appliquant « qu'imparfaitement sur les manches » et donnant « à la tenue un aspect négligé ». A l'imitation de ce qui existait déjà dans certaines marines étrangères, le ministre de la Marine décide donc l'adoption de pattes d'épaules différenciées suivant les corps et sur lesquelles figureront les insignes de grade. Aux termes du décret, cette patte d'épaule est semi-rigide, en toile blanche pour les officiers de marine et les adjudants principaux (futurs officiers des équipages), en velours distinctif ou en drap bleu pour les autres corps d'officiers et en drap bleu pour les officiers mariniers du corps des équipages de la flotte, les musiciens et les sous-officiers armuriers. D'une longueur totale de 13 centimètres, la patte mesure 6 centimètres à l'emmanchure et 1,5 centimètres à la pointe. A 2 centimètres de cette pointe, elle porte un bouton d'uniforme de 12 millimètres, or ou argent selon le corps. A priori ce bouton est identique pour tous, les dispositions du décret ne prévoyant pas l'usage d'un bouton particulier pour les officiers généraux. Les galons
sont cousus un par un. Ceux des officiers supérieurs ont 6 millimètres
de large, ceux des officiers subalternes 7 millimètres. Le galon
inférieur est placé à 10 millimètres du bord
inférieur de la patte pour les officiers supérieurs et à
15 millimètres pour les officiers subalternes. Les officiers généraux de marine sont distingués par deux (contre amiral) ou trois (vice amiral) étoiles en argent massif. Les pattes d'épaules des officiers généraux des autres corps portent uniquement l'écusson brodé en or du modèle réglementaire pour leur corps. Dans les deux cas les pattes d'épaules sont encadrées d'un guipé en cannetille mate de 2 millimètres.
En prévoyant que les pattes mobiles pour officiers mariniers comporteront intérieurement une garniture en cuir lissé de 2 millimètres d'épaisseur, la circulaire de mai 1912 donne à cet article le caractère rigide qui sera de règle ultérieurement. 2. Les évolutions postérieures Les dispositions du décret du 12 octobre 1913 prévoient un nouveau mode de fixation des pattes sur les vestons. Mais ces dispositions ne concernent que les seules pattes en toile blanche pour officiers de marine, officiers des équipages et fonctionnaires du contrôle. Désormais ces pattes vont comporter une pattelette en toile cousue à la partie externe de la patte. Lors de la mise en place sur l'épaule la pattelette est glissée sous deux brides cousues sur le veston, une près de l'emmanchure, l'autre près du col. La patte est ensuite rabattue et réunie à la pattelette par le bouton fixé à partie supérieure par un anneau brisé. Ce modèle de patte préfigure ce que deviendra la patte d'épaule à cette seule différence que les éléments distinctifs (galons, bouton, ancre et étoiles) sont amovibles. Cette particularité était probablement destinée à faciliter l'entretien de la toile blanche de la patte. On note à ce sujet que les pattes d'épaules des officiers généraux de marine ne comportent plus de guipé en cannetille.
En 1918 les officiers généraux des corps assimilés sont autorisés à porter les étoiles de leur grade en plus de l'écusson distinctif de leur corps. Le décret du 11 avril 1926 marque l'abandon définitif de la patte d'épaule mobile en toile blanche. Désormais ne subsistent plus que des pattes d'épaules en drap bleu ou en velours distinctif pour les corps qui en sont dotés. Aussi étonnant que cela puisse paraître ce décret ne mentionne plus le système de fixation avec pattelette mais revient au procédé des trois agrafes anglaises. Il n'est cependant pas certain que cette prescription ait été observée car à la même époque les devis de confection des vestons en toile font déjà mention de brides pour pattes d'épaules.
Entre 1912 et la fin de la seconde guerre mondiale les choses
ont évolué. De nouveaux corps, de nouveaux grades et de nouveaux
effets sont apparus. Sans avoir vraiment changé d’aspect la
patte d’épaule a également été modifiée.
Dans son mode de fixation mais également dans ses dimensions puisqu’en
1931, la largeur de la pointe est passée de 1,5 à 2 centimètres.
La patte d'épaule mobile pour insignes d'épaules
(pour vestons de toile ou chemisettes) comprend une patte rigide grâce
à une armature genre rhodoïd de 1 millimètres d'épaisseur
et une languette de fixation. Le dessus est soit en drap bleu marine foncé,
soit en velours de la couleur caractéristique du corps (cf. annexe).
Ce dessus comporte un bouton doré d'uniforme et les insignes de grade.
Il peut également comporter, selon les corps, un insigne particulier
: ancre câblée pour les officiers de marine, lyre pour les
musiciens... La languette, plus courte (11 centimètres au lieu de 13) et moins large est cousue à la base de la patte à l'assemblage du tissu du dessus et de la doublure de la patte. La fermeture de cette languette à la patte est assurée à l'aide d'un bouton pression dont la partie mâle est fixée à la doublure de la patte et la partie femelle à la languette. Deux brides cousues sur les vêtements permettent la mise en place de la patte sur l'épaule, selon un système qui s'apparente à celui décrit en 1923. Les insignes de grade sont placés sur le dessus de la patte dans sa partie la plus large. Les étoiles des officiers généraux sont placées selon leur nombre en ligne, en triangle, en losange ou selon une combinaison losange – ligne. Ces étoiles, en argent ou en or (pour les contrôleurs généraux), ont une dimension de 12 millimètres et sont placées sous une ancre brodée en or de 35 millimètres de hauteur pour les officiers de marine ou sous l'insigne particulier du corps pour les officiers généraux des corps assimilés. Les pattes d'épaules de tous les officiers généraux sont encadrées d'un guipé en cannetille dorée de 2 millimètres. Et pour la première fois, le dossier annexé à la circulaire figure des boutons particuliers pour les pattes d'épaules des officiers généraux.
La position des galons des autres officiers, maîtres principaux et premiers maîtres demeure inchangée. Toutefois les galons ne sont plus cousus un à un, mais on utilise désormais les bandeaux de galons pour casquette pour les insignes d'épaules. Lorsque les galons sont placés en chevrons (maîtres, seconds maîtres, quartiers maîtres et marins portant la tenue d'officier marinier) ils forment un V renversé dont l'angle est de 135 degrés. Le chevron inférieur part des angles de la patte. Lorsqu'il y plusieurs chevrons l'espacement entre chacun d'eux est de 2 millimètres. La largeur des galons employés est de 22 millimètres pour le galon simple et 12 millimètres lorsque les galons sont doubles ou triples. Cette précision laisse supposer que sur les pattes d'épaules de ces personnels, les galons sont toujours cousus un par un. En fait dans un souci de simplification on n'utilisera que les bandeaux de galons prévus pour les manches des vêtements de drap. 4. Les notices techniques de 1971 et 1978 Abrogeant la circulaire de 1953, la notice technique du 2 novembre 1971 donne une représentation beaucoup plus complète de tous les modèles de pattes d'épaules et attributs pour pattes d'épaules. Elle modifie également la description générale de cet article dont la fermeture est désormais assurée par un bouton pression. Ce bouton
pression se compose de deux éléments principaux : La partie femelle comporte une calotte de 12 millimètres de diamètre faisant office de bouton d'ornement et un ressort de fixation. La partie mâle comporte une bombe et un œillet de bombe en laiton. L'arrêté n°119 du 29 août 1977 met un terme à la confection des pattes d'épaules en velours pour les officiers supérieurs et subalternes des corps assimilés. Ces officiers porteront des parements, sous forme de bordure de coton mercerisé de la couleur des velours distinctifs (cf. annexe). Ce parement est tissé en même temps que le galon, de part et d'autre de celui-ci pour un galon unique ou du côté extérieur des galons des bords pour les autres grades. Ces nouvelles dispositions s'accompagnent de la mise en place d'une distinction entre les officiers assimilés des corps navigants (officiers des équipages, officiers techniciens, commissaires) auxquels est accordé le droit au port d'une ancre câblée et les autres assimilés, considérés comme non navigants, et dont la patte d'épaule est vierge de tout attribut.
5. Vers l’uniformisation 1985-2004 1.- L'arrêté du 20 décembre 1983 introduit un nouveau type de confection des pattes d'épaules des officiers assimilés. Désormais les galons sont cousus sur le dessus des pattes d'épaules. Ils sont de même nature que les bandeaux de casquette avec parement de couleur cousu de part et d'autre de ce bandeau. Cette mesure constitue un progrès sensible au niveau des stocks d'articles à entretenir dans les magasins des ports mais n'améliore pas la situation des officiers non navigants. Il faut attendre encore dix huit mois (mai 1985) pour que soit enfin accordé à tous les officiers de la marine le droit au port d'une patte d'épaule avec une ancre brodée en or. Seuls les officiers de gendarmerie maritime, les chefs de musiques, les officiers féminins conservent des pattes d'épaules particulières avec l'attribut de leur corps. 2.- Au début des années 2000, la question des pattes d'épaules revient à l'ordre du jour des réunions annuelles de la commission de la tenue. Considérant que les pattes d’épaules des personnels des autres armées comportent toutes un attribut distinctif, les personnels non officiers de la marine expriment le souhait de pouvoir ajouter une ancre sur leurs pattes d’épaules.
Le principe de cet ajout est retenu en avril 2004. La question se pose alors de savoir comment sera réalisé cet attribut. L'ancre des pattes d’épaules destinées aux officiers est brodée en or et son prix de revient est manifestement trop élevé pour que ce type de fabrication soit généralisé à toutes les catégories de personnels. Dans un premier temps la commission décide que l’ancre sera métallique dorée, identique à celle figurant sur les écussons de casquette des officiers mariniers. Cette décision ouvre un nouveau débat. Peut on faire porter des pattes d’épaules avec ancre dorée aux quartiers-maîtres et matelots ou faut il réaliser une ancre métallique de couleur rouge. Divers prototypes sont proposés par le service technique et des marchés généraux du commissariat et lors de sa réunion du 23 mars 2005 la commission de la tenue décide que « les modèle retenus porteront une ancre rouge brodée pour les quartiers-maîtres et matelots et une ancre dorée brodée pour les officiers mariniers. Les majors conserveront leurs galons actuels ». Dans l'attente d'un approvisionnement de ces nouvelles pattes d'épaules une période de transition est instituée durant laquelle les deux modèles peuvent encore être portés. Au 1er septembre 2007 les nouvelles pattes ne sont pas encore disponibles en quantité suffisante. Par ailleurs la gestion des stocks résiduels des anciens modèles doit être la plus économique possible. La période de transition est donc repoussée jusqu'au 1er juillet 2008. A compter de cette date les pattes d’épaules sans ancres de l’ancien modèle n’ont normalement plus cours. On croise cependant encore fréquemment des officiers mariniers qui n’ont manifestement pas encore souhaité adopter un modèle qu’ils avaient pourtant eux-mêmes réclamé. Annexe Couleurs des velours distinctifs (1953 – 1977) CRC1 (R) S. Le Coustour pour Net-Marine © 2010. Pour copie et usage : cf. droits d'utilisation. Les dessins de pattes d'épaules sont tirés du bulletin officiel de la Marine. |