Pierre Belain d'Esnambuc

Fils cadet d'un gentilhomme normand, Pierre Belain d'Esnambuc a 18 ans quand il embarque sur un brigantin pour aller chercher fortune dans le Nouveau Monde. Ce n'est pourtant que bien plus tard, vers 1625, que sa propre aventure - personnelle, coloniale, politique - va prendre tout son éclat : lorsque, dans des Antilles qui cherchent encore leur maître, convoitées par les rois les plus puissants d'Europe, écumées par des corsaires et des flibustiers de tout pays, Richelieu lui accorde la concession de Saint Christophe, " désirant l'augmentation de la religion et foi catholiques, et l'établissement du négoce et commerce autant que faire se pourra ".

Voilà donc d'Esnambuc à la tête de la Compagnie de Saint-Christophe... et en guerre contre les Espagnols qui ont relancé leur offensive dans les Caraïbes. Victorieux avec l'aide des Anglais, la petite troupe d'Esnambuc fait ensuite face aux ambitions de ses anciens alliés : Albion, la perfide, ne veut pas d'une présence française en Amérique. Puis, dans la valse des adversaires, c'est à nouveau les Espagnols qu'il faut battre...

La Compagnie des Isles d'Amérique a remplacé celle de Saint Christophe. Ses statuts exhortent à l'installation française, catholique, aux Caraïbes. En quelque temps, une société entière s'implante en Martinique sous l'impulsion intelligente de Belain d'Esnambuc et de son neveu, Du Parquet. " J'ai habité l'île de la Martinique le premier jour de septembre 1635, où j'ai planté la croix et fait arborer le pavillon de France ", écrit il à Richelieu.

Outre l'intérêt local. c'est celui de la France qu'il a défendu face aux possessions anglaises de Nevis, Montserrat, Antigna et la Barbade. Et lorsque, épuisé par tant de luttes, il demande à Richelieu la permission de rentrer mourir en terre normande, le cardinal la lui refuse. On a trop besoin de lui outre-mer.

"Le roi perd l'un des plus fidèles serviteurs de son Etat".

D'après : L'agenda Marine 1997 (Edition Coeur de France 29, rue de Versailles 78150 Le Chesnay)