L'histoire du Richelieu

Le Richelieu attaqué à Dakar - Juillet 1940 (photo coll Y. Auffret)
Achevé à 95% en 1939, le Richelieu est encore en essais lors de l'invasion allemande de 1940.

Il quitte Brest le 18 juin 1940, juste avant l'arrivée allemande, convoyant une division de croiseurs auxiliaires avec un précieux chargement d'or (2000 tonnes d'or provenant de la Banque de France, les réserves d'or de la Belgique et de la Pologne en exil).

Le convoi arrive à Dakar le 28 juin puis est immobilisé par l'armistice.

Dès juillet, les Britanniques veulent s'emparer des navires français présents en Afrique occidentale. Devant l'hostilité des autorités françaises, les Britanniques passent à l'attaque et dans la nuit du 7 au 8 juillet les Swordfish du HMS Hermès attaquent le cuirassé qui est atteint par une torpille qui met hors service une de ses deux lignes d'arbres tribord et ses moteurs de barres principaux, immobilisant ainsi le navire.

Le Richelieu à Dakar - avril 1942 (photo G. Ancion)

Une deuxième tentative a lieu deux mois plus tard où une force composée de navires britanniques et de navires des Forces navales françaises libres passent à l'attaque les 23 et 24 septembre. Cette fois ce sont les canons du Richelieu qui tiennent tête aux cuirassés Barham et Resolution. Des lors, les Britanniques renoncent à aller plus loin et décident de se retirer.

Le Richelieu à New York
Lorsqu'en 1943 l'AOF passe dans le camp allié, le Richelieu part subir une importante refonte à New York (arsenal de Brooklyn). Sa DCA sera renforcée. A son retour en Europe, le Richelieu fait un bref passage en Méditerranée d'octobre à novembre 1943 puis est incorporé à la Home Fleet britannique à Scapa Flow de fin novembre 1943 à mars 1944.

D'avril à septembre 1944 il rallie Ceylan et l'Eastern Fleet commandé par l'amiral Somerville ou il participe à quatre opérations contre les Japonais, dont un bombardement à Sabang le 25 juillet 1944 (base japonaise au nord-ouest de Sumatra). Le Richelieu tire 80 coups de 380 mm lors de cette journée.

A Singapour, un détachement du Richelieu se rend à la cérémonie de la capitulation

Le Richelieu qui depuis plus d'un an n'est pas passé au bassin doit être caréné. Ses installations radars doivent être complétées. Le 10 septembre il quitte l'Eastern Fleet. Le 23 septembre 1944, il arrive à Alger pour en repartir le 30 avec à son bord l'amiral Lemonnier, chef d'Etat Major Général de la Marine.

Le 1er octobre 1944 le Richelieu entre pour la première fois en rade de Toulon, pour une nouvelle remise en état. Sa flamme de guerre mesure 52 mètres, autant que de mois passés hors de France.

Il réintègre l'Eastern Fleet fin mars 1945. Le 8 avril 1945, il participe à un raid contre Sumatra, où il tire 23 coups de 380 mm sur Sabang, puis fin avril à une opération contre les îles Nicobar (130 coups tirés).

Le 12 juin, un détachement de 45 hommes participe au défilé de la victoire à Rangoon en Birmanie.
En route vers Singapour, une mine saute sous sa coque dans le détroit de Malacca (démagnétisation et paravane en route), malgré une déformation de la coque, aucune voie d'eau n'est constatée.

Retour à Toulon le 11 février 1946 du Richelieu
Le 12 septembre 1945 l'amiral Mountbatten, accompagné du général Leclerc et du capitaine de vaisseau Merveilleux du Vignaux, commandant le Richelieu, reçoit la capitulation japonaise. A cette occasion, Singapour est libéré.

Fin septembre le Richelieu fait route vers l'Indochine, encore occupé par les Japonais avec un détachement du commando Ponchardier, puis pilonne le 19 novembre les lignes ennemies Viêt-minh à Nha-Trang (146 coups de 152 mm et 800 coups de 100 mm). Le 2 décembre le Richelieu tire à nouveau sur les Viêt-minh (1200 coups de 100 mm et 400 coups de 152 mm).

Le 29 décembre 1945 le Richelieu quitte l'Indochine direction la France et Toulon qu'il touchera le 11 février 1946. L'amiral Lemonnier Chef d'État Major Général de la Marine remet la Croix de Guerre au bâtiment et à un certain nombre d'officiers et marins.

Le 19 février, le Richelieu part vers Dakar rapatrier un millier de tirailleurs sénégalais qui rentrent au pays, puis fait route vers Cherbourg où il arrive le 7 mars pour une longue période d'entretien. De Cherbourg, il rallie Portsmouth le 2 août 1946. Il y convoie le premier équipage et l'intendance destinés à armer le porte-avions britannique prêté à la France, le Collossus qui deviendra Arromanches.

Le Richelieu à Toulon.
D'août à novembre 1946, c'est la croisière d'automne qui le mène de Cherbourg vers la Méditerranée et l'Afrique du Nord. Puis il rentre à Cherbourg le 12 décembre. Du 15 au 20 avril 1947, il convoie de Toulon à Dakar le Président de la République Vincent Auriol. Jusqu'au printemps 1952, le Richelieu est basé à Brest, d'où il effectue des sorties d'entraînements en Atlantique et Méditerranée, entrecoupées par des périodes d'entretien.

A partir de l'été 1952 son port-base devient Toulon, où il sert d'École de canonage. Ses sorties se font plus rares. Il sort en moyenne 4 jours par mois. Du 1er octobre 1953 au 15 février 1954 le Richelieu est en grand carénage. Il reprend ses sorties en mer à partir du 18 février 1954.

Le 26 janvier 1956, quelques semaines avant sa mise en réserve, le Richelieu et le Jean Bart évoluent ensemble pour la première (et dernière fois) au large de Toulon.

Le Richelieu est mis en réserve le 1er juin 1956, puis sert d'école à Brest (école des officiers de réserve et école de manœuvre).

Condamné le 30 septembre 1967, il devient le Q 432. Le 25 août de l'année suivante, le remorqueur de haute mer Hollandais Rode Zee le prend en remorque jusqu'au port Italien de la Spezia, où il arrive le 8 septembre. A la fin de l'année 1969 l'ex Bâtiment de ligne Richelieu est totalement démantelé.

Texte Guillaume Rueda -- pour Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation.


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