Toulon et son Arsenal

Quand se répandit l'usage du canon, les galères qui ne pouvaient être armées qu'a la proue et à la poupe, se révélèrent inférieures aux nefs. Mais le tirant d'eau de celle-ci étant supérieur, il fallait pour les construires de vastes et profondes rades. C'est pourquoi Toulon fut choisie pour y implanter un arsenal.
L'histoire de l'Arsenal de Toulon et celle de la ville sont inséparables, en raison d'une interdépendance naturelle, qui se perpétue, pour assurer à la fois la défense nationale et le développement économique de la région.


Plan de Toulon au Moyen-âge.

Depuis des temps antiques, la rade exceptionnelle de Toulon fascine les marins. Dès le Xème siècle avant J.C., les Phéniciens fondent une teinturerie de pourpre sur la plage de Lagoubran non loin du Canton Celto-Ligure nommé Télo. Cet établissement est à l'origine d'une ville industrielle et commerçante connue à l'époque Romaine, sous le nom de Télo-Martius. Le site, hors du commun, de la rade est déjà utilisé comme port militaire, puisque les galères de l'Empire viennent y mouiller. La chute de Rome, les grandes invasions, puis les guerres carolingiennes ravagent la région.

Au Moyen-Age, Toulon est cédé aux Comtes de Provence qui en font un petit port de pêche très dynamique. L'installation de l'évêché renforce la ville de Toulon qui attend le XIIIe siècle pour voir s'élever ses premières murailles. Le rattachement de la Provence au Royaume de France, en 1481, change peu la situation de la ville. Toulon est occupé par les troupes de Charles-Quint et, en 1543 le passage du Turc Barberousse et de sa flotte, pourtant allié à François 1er, met la ville en coupe réglée.

Ces événements et l'installation d'une flotte de guerre étrangère à celle du Royaume font prendre conscience aux autorités de la nécessité de fortifier le site pour en assurer la défense. Progressivement Toulon sort de son rôle de port de pêche pour celui de port de guerre. En 1595, la ville est devenue citadelle.


Agrandissement de Toulon sous Henri IV.

D'HENRI IV à LOUIS XIV: NAISSANCE DE L'ARSENAL

C'est justement cette année là qu'Henri IV, reconnaissant que les habitants avaient, à leurs frais, élevé les murailles qui protégeaient la ville, leur accorde l'usufruit à perpétuité des fossés et terrains à gagner sur la mer. On peut voir dans cette concession la naissance de l'arsenal. En 1599, un arrêt rendu par le Parlement de Provence précise, le 30 juin, qu'une partie de ces terrains est "destinée à servir à la construction, à fabriquer des vaisseaux et pour bâtir un arsenal". En 1610, les premières galères s'installent à Toulon. Marseille reste encore le principal port de guerre méditerranéen du Royaume mais plus pour très longtemps. L'évolution des technologies maritimes, le passage de la rame à la voile, l'augmentation progressive du tonnage et du tirant d'eau des bâtiments, l'approvisionnement en matériaux divers - voiles, gréements, mâts, explosifs, etc. -la nécessité de protéger les bâtiments, tout cela désigne Toulon et sa rade exceptionnelle. Le 29 mars 1631, Richelieu, devenu Grand Maître et Surintendant Général de la Navigation, décide que les vaisseaux ne seront plus à la charge de leur capitaine, mais que l'Etat les possèdera en propre et les entretiendra dans des arsenaux. Des Commissaires généraux sont désignés pour gérer les nouveaux ports de guerre du Royaume. En juillet 1636, 59 vaisseaux sont équipés à Toulon et reprennent les îles de Lérins aux Espagnols. Toulon vient de faire ses preuves. Trois ans plus tard, le Cardinal de Richelieu affirme "Toulon sera notre premier établissement militaire en Méditerranée". A peine achevés, les travaux reprennent. La flotte est trop à l'étroit dans la vieille darse et ne dispose que de quelques magasins de stockage. Dès 1650, l'Intendant de la Marine, Louis Le Roux d'Infreville, projette l'agrandissement de l'arsenal. Projet d'autant plus nécessaire qu'au cours d'une visite, Louis XIV décide la construction de nouveaux bâtiments. Pierre Puget, mis à contribution, dessine quelques plans et dresse celui du vaisseau-amiral le Monarque.


Vue du port - huile sur toile par Vernet.

En 1666, Toulon est désigné pour devenir le grand port de guerre du Levant, en quelque sorte le pendant de Rochefort qui contrôle l'océan Atlantique et la route du sucre. Colbert prévoit la construction d'une corderie, de nombreux magasins et d'un fourneau pour la fonderie qui alimentera en canons et boulets les nouveaux vaisseaux. Trois ans plus tard, on décide de dresser un grand projet d'arsenal le port doit être important car les vaisseaux de haut bord se substituent progressivement aux galères. Le rayon d'action de la flotte française s'étend. L'arsenal doit pouvoir accueillir 50 à 60 vaisseaux de ligne ! De 1669 à 1678, de nombreux projets arrivent sur le bureau de Colbert. Des noms prestigieux sont associés à cette aventure : le Chevalier de Clerville, Pierre Puget, Cambert, etc. Trop onéreux, ils sont refusés. Ne sachant que faire, Colbert fait appel à Vauban qui décide de fortifier la ville et d'agrandir l'arsenal. Le projet tient debout mais coûte cher. Vauban démontre pourtant l'impérieuse nécessité du chantier: chacun sait que la sécurité du territoire n'a pas de prix... En juin 1679 débutent les travaux, menés de main de maître par Antoine Niquet. L'arsenal s'étend vers l'Ouest et s'agrandit du hameau de Castigneau. De nouvelles fortifications sont édifiées et, pour éviter l'envasement du port, on détourne les ruisseaux du Las et de l'Eygoutier. Toulon change. Ces travaux durent 15 longues années et bouleversent définitivement la physionomie toulonnaise. Pour Vauban, Toulon sera "le plus grand port de l'Europe situé dans la meilleure rade". Pour mener à bien ces projets grandioses, Louis XIV décide d'agrandir la ville. Les opérations immobilières qui en découlent financeront les travaux de Vauban. Entre 1681 et 1701 l'arsenal sort de terre et de mer : on voit apparaître un hôpital, un quartier des vivres, d'immenses magasins de stockage, un casernement, de nouvelles jetées, un magasin pour cordage goudronné, la corderie, l'étuve ; on prévoit d'agrandir la fonderie qui produit 500 canons tous les 18 mois et écoule vers Brest une partie de sa production... A tout cela, on ajoute une poudrerie (Lagoubran puis Milhaud) puis des ouvrages de prestige : une pépinière, un séminaire et une boulangerie. Dès 1668, on arrive à armer 4 vaisseaux de ligne par an Le 15 janvier 1698, on célèbre la paix de Ryswick. Le nouvel arsenal est à peu près terminé. Mais le bel effort des constructions navales des années 1664-1673 s'est terriblement ralenti. Les finances du royaume sont au plus bas. Eternel problème budgétaire : on hésite entre Ponant et Levant... Lorsque la Guerre de Succession d'Espagne (1702-1713) éclate, on arrive à ce paradoxe : un arsenal flambant neuf accueille 50 vaisseaux sans munitions. En 1707, face à l'arrivée des troupes impériales, piémontaises et anglaises, on saborde la flotte dans l'esprit de la renflouer plus tard. Peine perdue. Puis en 1720, la peste frappe... La moitié de la population est décimée. C'est sur cette touche sinistre que s'achève la première phase de la construction de l'arsenal.


Elévation de la corderie - août 1689 (© SHM Toulon)

DE LOUIS XIV A LA RESTAURATION


Toulon sera la ville des galériens et des bagnards, une main d'oeuvre corvéable à merci.
Le développement économique lié à la multiplication des armements maritimes, et les tensions de la Guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), tous ces événements conjoncturels marquent, avec la seconde partie du XVIIIe siècle, la reprise des travaux. L'arsenal rentre dans le paysage architectural toulonnais avec des bâtiments de prestige : Porte Monumentale (1738), Tour de l'Horloge (1776). Cependant l'arsenal manque toujours cruellement de bras : la reprise démographique qui suit la peste ne s'amorce que dans les années 1770. En partie pour pallier ce problème, la Marine décide la suppression, en 1748, du Corps des Galères de Marseille. Désormais, Toulon sera la ville des galériens et des bagnards. La main d'oeuvre pénale, 2000 hommes corvéables à merci, travaillera à l'édification d'un arsenal plus moderne, plus fonctionnel.

Si les constructions de bâtiments évoluent peu entre 1750 et 1778, l'armement des vaisseaux de combat connaît un formidable essor avec la Guerre de Sept ans (1756-63). Un corps nouveau y contribue : celui des Ingénieurs constructeurs de la Marine, créé en 1765. C'est à lui que l'on doit des bâtiments de guerre plus puissants et plus rapides. La France tente à nouveau d'affirmer sa puissance maritime. Toulon est au centre de ces enjeux stratégiques et marque son rôle de port-base d'opérations lointaines. Rôle que l'arsenal ne fera que renforcer au cours des temps. Pour entretenir la flotte de guerre, de nouvelles infrastructures sont nécessaires. En 1774, l'ingénieur Groignard fait construire le premier bassin de radoub de la Méditerranée. Achevé en 1778, il sert au carénage du vaisseau de 74 canons le Souverain. L'arsenal est, dès lors, la plus grosse entreprise toulonnaise. En 1783, on dénombre 4000 ouvriers. A la fin de l'Ancien Régime, l'Arsenal a conquis ses lettres de noblesse. Véritable entreprise de par ses structures incontestablement modernes, l'arsenal le devient aussi dans ses techniques de production. Un arsenal dynamique, qui embauche et fait vivre la population toulonnaise. Tel est le rapide croquis que l'on peut esquisser à la fin de l'Ancien Régime. Ce tableau ne saurait durer : avec la Révolution, la ville se transforme en champ de bataille. En 1793, Toulon la royaliste se livre aux Anglais et c'est Bonaparte qui reprendra la ville. Nouvel épisode dramatique, l'Amiral anglais Hood détruit la flotte française et fait incendier l'arsenal. Il ne reste plus que 15 navires aux forces républicaines. C'est l'Empire qui sauvera Toulon. L'artilleur de 1793 devenu Empereur entreprend un vaste programme de reconstruction de la flotte. En 1798, un des convois de l'expédition d'Egypte est rassemblé à Toulon. Le 20 juillet 1800, le contre-amiral Vence, premier Préfet maritime, prend ses fonctions. La Marine se prépare au combat et malgré les défaites d'Aboukir et de Trafalgar, se modernise et reconstitue sa flotte. A l'arsenal on travaille jour et nuit, "aux flambeaux" dit-on alors. Après la défaite de Napoléon 1er en 1814, lorsque les coalisés imposent le désarmement de l'escadre française, ce sont 80 navires de guerre qui défilent dans le port de Toulon. Cet élan, donné par Napoléon 1er, est poursuivi sous la Restauration. La Marine retrouve une intense activité en Méditerranée. C'est une nouvelle histoire qui commence. La France abandonne pour un temps la géostratégie continentale et passe à l'ère de la vapeur. L'arsenal en cela, reflète bien ces profondes mutations qui marquent l'histoire nationale.

LE PORT DE GUERRE DE L'EMPIRE COLONIAL


Plan des bassins en 1896 (© SHM)

1830 : la conquête de l'Algérie. Toulon inaugure sa nouvelle image : celle du port de guerre du nouvel Empire colonial français. En outre, la Marine aborde le grand passage de la voile à la vapeur. En 1841, Dupuy de Lôme met en chantier le Napoléon, premier navire à hélice propulsé par vapeur. Ce n'est plus une évolution, c'est une révolution. Accomplie en un peu plus de vingt ans, elle bouleverse toutes les anciennes infrastructures. L'arsenal entre dans l'ère industrielle. Il doit disposer de personnel qualifié plus nombreux, d'espaces neufs, et de fournisseurs nouveaux. Les effectifs passent entre 1830 et 1850, de 3000 à 5000 ouvriers. Les terrains d'entrepôt que possède la Marine au Mourillon sont transformés en arsenal. Celui-ci déborde ainsi vers le sud-est de la vieille enceinte devenue totalement anachronique. Elle tombera en 1852, la même année que le bagne, survivance désuète d'un autre temps. Cayenne et la Nouvelle-Calédonie, peu à peu, prennent le relais. En 1873, le dernier forçat quitte Toulon et embarque pour l'île du Diable, en Guyane. Entre 1838 et 1842, on creuse la rade du port de commerce et on étend l'arsenal vers l'Ouest, dans les marécages de l'embouchure du Las. On y construit la pyrotechnie sur la presqu'île de Milhaud et, au-delà vers Brégaillon. Onze ans après, en 1853, la Marine aménage la grande darse de Castigneau. Les aventures lointaines du second Empire, la révolution technologique qui l'accompagne expliquent le développement d'une puissante marine de guerre. De 1862 à1868, on fait construire la darse de Missiessy destinée à recevoir de nouveaux bâtiments qui permettront à la France d'affirmer sa puissance outre-mer. Puissance dont le contrôle passe par Toulon, surtout depuis l'inauguration du Canal de Suez le 17 novembre 1869.

Désormais, la ville abrite le grand port de guerre de l'Empire, au même titre que Marseille est le principal port du négoce colonial. Cet arsenal moderne contribue en une dizaine d'années, de 1850 à 1860, à une mutation radicale de la Marine. Les techniques évoluent : en 1858, Dupuy de Lôme lance la construction de la frégate cuirassée Gloire. Avec la IIIe République, la Marine entre dans l'ère des charpentes métalliques. Nouvelles transformations : jetées, ceintures de forts donnent à l'arsenal un aspect encore plus imposant. En 1886, le premier sous-marin, le Gymnote, est mis à l'eau au Mourillon. Mais les constructions ne se font plus toutes dans l'arsenal même. On cède le pas à la logique financière et industrielle de l'époque. On abandonne la construction des grands bâtiments aux Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne-sur-Mer. Les cales Vauban sont désaffectées et celles du Mourillon se spécialisent dans les petits bâtiments de guerre (torpilleurs et sous-marins).


L'atelier des torpilles (début 1910)

La fonction essentielle de l'arsenal n'est donc plus la construction mais l'entretien d'une puissante flotte qui ne cesse de se moderniser. Le passage de Georges Leygues au ministère de la Marine sera décisif : avec lui, la Marine française rentre de plain pied dans le XXème siècle alors que l'on commence, à Toulon, à construire les appontements Milhaud. Mais, avec l'entrée dans le XXème siècle, les risques d'incidents technologiques se multiplient. Les poudres explosent trop facilement. De 1899 à 1910 une série de drames endeuille l'arsenal ; malgré cela, le prestige de la Marine n'est pas atteint. 4 septembre 1911, Armand Fallières, le Président de la République, passe en revue la Flotte : 92 navires arborent fièrement le pavillon national. La Marine française est alors la seconde au monde. Elle s'est modernisée. De nouvelles technologies font leur apparition : torpilles au Mourillon, radiotélégraphie, naissance de l'aéronautique navale, etc... De 1918 à 1939, Toulon reste le centre névralgique de la défense de l'Empire d'Outre-mer. Depuis 1936, Saint-Mandrier forme tous les apprentis mécaniciens de la Flotte. C'est le temps de Toulon la coloniale, porte de l'Empire, d'où partent les convois vers Oran, Bizerte, Mers-El-Kébir, Saigon ou Shanghaï... Images de cartes postales qui restent dans les mémoires d'un Pierre Loti ou d'un Claude Farrère... Temps immuables jusqu'au coup de tonnerre de 1939.

DE LA RECONSTRUCTION À NOS JOURS


L'arsenal, 5 janvier 1945.

Ces structures anciennes perdurent jusqu'au 27 novembre 1942, jour de sinistre mémoire. La flotte se saborde. Les plus belles unités de la Marine nationale, qui ont échappé à Mers-El-Kébir et Dakar, sombrent dans les eaux de la rade. Achevant cette oeuvre de destruction, bombardements alliés et sabotages allemands réduisent en cendres l'arsenal toulonnais. En 1939, l'arsenal avait une superficie d'environ 300 ha, dont près de 50 étaient bâtis. A la Libération, sur ces 50 hectares d'immeubles, 20 sont détruits, 20 autres sinistrés à plus de 50 % , sur 18 km de quais, 10 sont effondrés. Quant aux routes, voies ferrées, réseaux d'eau et d'électricité, les destructions atteignent 80 %. Enfin, sur les 13 bassins de radoub, aucun n'est en état de recevoir le moindre navire. De plus, les épaves sabordées bloquent le port ... C'est ce tableau dantesque que découvre la Première Armée d'Afrique lorsqu'elle libère Toulon en 1944...


L'arsenal ravagé par les bombardements.
La reconstruction demandera des années car tous les maigres crédits disponibles sont utilisés à Mers-El-Kébir, le "futur grand port de guerre français" où des travaux considérables sont menés à bien, peu de temps encore avant l'évacuation de l'Algérie. Il fallait faire vite. Moins de dix huit mois après la Libération, 6 bassins de radoub sont dégagés et remis en état et les principaux ateliers reprennent du service. Toulon renaît de ses cendres. En 1946, l'Ecole du Commissariat de la Marine s'installe à la Corderie. La même année, un « plan de masse » est proposé. Trop onéreux, il est refusé. On lui préfère une formule beaucoup moins ambitieuse un "plan de masse réduit" est approuvé deux ans plus tard. La Marine regroupe ses ensembles industriels. A cet effet, elle abandonne à la ville une partie de l'arsenal du Mourillon. En compensation, l'arsenal s'étend vers Malbousquet, Brégaillon et Lagoubran. On perd à l'est pour gagner à l'ouest. En outre, la ville accorde un terrain sur le quai Stalingrad pour construire la nouvelle Préfecture maritime dont les travaux s'achèvent en 1954. L'arsenal est alors doté de locaux destinés à recevoir les sous-marins et le Centre d'Entraînement de la Flotte. C'est encore une fois, l'Histoire qui décide. Les évènements vont vite. En 1956, l'indépendance de la Tunisie, la guerre d'Algérie et l'Expédition de Suez redonnent à Toulon son rôle de premier port de guerre français et de centre névralgique de la Méditerranée. Bizerte, Bône et Mers-El-Kébir sont abandonnés.

L'arsenal de Toulon (1998)

A Toulon, on assiste à une nouvelle vague de créations ou de transferts : écoles pour officiers et équipage (canonnier, missilier, détection, transmission, armes sous-marines), Ecole d'Application du Service de Santé, Centre d'Etudes et de Recherches d'Engins Spéciaux et le Groupe d'Etudes et de Recherches Sous-Marines. L'arsenal se tourne vers l'avenir. L'électronique fait son apparition : en 1965, le Suffren est équipé de missiles sol-air Masurca et anti-sous-marin Malafon. La même année, - en octobre - l'Amiral, Préfet Maritime, devient commandant en chef pour la Méditerranée. A la fin de l'année 1975, le groupe aéronaval composé du Foch et du Clemenceau est affecté définitivement à Toulon et, en 1982, les premiers sous-marins nucléaires d'attaque (S.N.A.) viennent renforcer la IIIe Région maritime.

Depuis 1991, l'Ecole du Commissariat de la Marine a été rejointe par l'Ecole d'Administration de la Marine, anciennement à Cherbourg, pour former le Groupe des Ecoles du Commissariat. De nos jours, l'arsenal de Toulon est le premier port militaire français. Il s'étend sur 252 hectares, accueille la Force d'Action Navale, qui représentent plus de la moitié du tonnage de la flotte en service. Tournée résolument vers l'avenir, la Marine prépare la défense du XXIe siècle en accueillant les frégates furtives type La Fayette et le porte-avions Charles De Gaulle. Depuis 1989, l'évolution des rapports internationaux bouleverse les plans de la Défense nationale. La fin de la Guerre Froide contribue à réorienter la stratégie navale française. Ainsi, l'arsenal retrouve son rôle de grand port de guerre du Levant - celui préconisé par Richelieu - et des expéditions lointaines, mais cette fois-ci, dans un cadre interarmées et multinational.

Texte © Jean-François Klein, maître de conférences d'Histoire contemporaine, département Asie du Sud-Est (INALCO), chercheur au Centre Roland Mousnier, Paris IV-Sorbonne. Ce texte est issu d'une plaquette réalisée à l'occasion du quadricentenaire de l'arsenal de Toulon pour le Service Historique de la Marine en 1995.