Histoire du pétrolier Aber Wrac'h


Le lancement de la partie arrière à Cherbourg (24 avril 1963).

1962-66 : Une construction originale

La mise en chantier des porte-avions Foch et Clemenceau entraine le financement sur le budget 1956 d'un pétrolier spécifiquement dédié à leur ravitaillement en produits blancs, à savoir carburéacteur, gazole et essence.

Inspiré du Noroît en service dans la marine marchande, sa construction ne débute à l'arsenal de Cherbourg que le 21 novembre 1962. Cette nouvelle unité a la particularité d'être construite en 2 tronçons!

Le 24 avril 1963, la partie arrière est lancée pour être échouée peu de temps après au bassin. La construction de la partie avant débute et se greffe directement sur l'autre tronçon pour bientôt former une coque complête.

Le projet est désigné initialement CA1. L'achèvement du montage de la coque s'effectue au bassin, sous la direction de l'ingénieur principal du génie maritime Chevalier. L'appareil moteur provient des Constructions Mécaniques de Normandie.

Au bilan 250 ouvriers auront travaillé sur ce chantier.

L'Aber Wrac'h est définitivement mis à flot le 21 novembre 1963, le premier envoi des couleurs ayant lieu le 30 novembre 1963, en présence du vice-amiral d'escadre Lahaye.


A flot à Cherbourg (22 novembre 1963).

Le navire est admis au service actif le 27 mars 1966, et basé à Cherbourg.

1966-68 : Campagnes dans le Pacifique

Quittant Brest le 21 avril, il rejoint la Force Alfa nouvellement créée en Polynésie pour la campagne d'essais nucléaires. C'est au cours de cette campagne qu'aura d'ailleurs lieu le premier essais nucléaire français en Polynésie (tir Aldébaran) le 2 juillet 1966 à Mururoa. Arrivé à Papeete le 1er juin, l'Aber Wrac'h soutiendra principalement le porte-avions Foch, bâtiment amiral de la Force Alpha et effectuera 160 jours de mers et 20 000 nautiques.

Accompagné du Rhin, il quitte Papeete le 2 novembre 1966 et rentre à Cherbourg le 17 décembre 1966, via Balboa (20 au 25 novembre) le canal de Panama (25 novembre) et Fort-de-France (30 novembre au 4 décembre).

Il est ensuite à Cherbourg, naviguant de Dunkerque à Lorient. En janvier 1968, l'Aber Wrac'h participe à l'enlèvement des hydrocarbures de la base de Mers-el-Kébir avant sa fermeture définitive. Il appareille de Cherbourg le 13 mars 1968 et reourne dans le Pacifique pour la campagne de tirs 1968. Il passe à Dunkerque le 14 mars, fait escale à Fort-de-France, Cristobal Balboa, aux Galapagos et rejoint Papeete le 3 mai. Il quitte repart de Polynésie le 30 novembre 1968 et est de retour à Cherbourg le 22 janvier. Le bâtiment est mis peu après en effectif réduit.


En Penfeld à Brest (10 novembre 1979).

1969-1983 : Basé à Brest

En juin 1969, il est affecté à Brest au sein de la flottille de l'Atlantique. C'est dans le grand port du Ponant que le pétrolier caboteur va effectuer l'essentiel de sa carrière, alternant travail en solitaire et accompagnement du groupe aéronaval.

Le reste de son activité est essentiellement consacré au transport de produits pétroliers entre les différents ports Français et accessoirement aux corvettes d'instruction au profit de l'Ecole Navale. Un grand carénage a lieu à Cherbourg du 1er avril à décembre 1973.

Début 1974, l'Aber Wrac'h effectue une campagne en Méditerranée, et rentre à Brest le 30 mars.

Il participe également à la mission de présence maritime Saphir en océan Indien (1er octobre 1974 au 6 avril 1975). Il retourne en Méditerranée de février à mars 1976, puis en océan Indien en 1977. En novembre 1978, puis févier et mars 1979, il effectue trois missions avec escales à Dakar.


A quai à Toulon (6 septembre 1986).

1983 : Escadre de la Méditerranée

En septembre 1983, l'état-major de la marine décide de redéployer le pétrolier à Toulon, rejoignant logiquement les grandes unités qu'il ravitaille. Quittant Brest le 26 septembre, il arrive à Toulon le 3 octobre 1983. Ses premières années dans le port varois sont principalement orientées vers le soutien de la force navale présente au large du Liban. Par la suite, les exercices avec les navires de l'escadre alternent avec les transports pétroliers classiques et les missions de surveillance de la Méditerranée (SURMED).

Le dernier grand déploiement opérationnel est réalisé en 1987/1988 lors de l'opération Prométhée destinée à protéger le trafic commercial dans dans l'océan Indien et le détroit d'Ormuz lors du conflit Iran-Irak. Le pétrolier caboteur est utilisé pour ravitailler en eau douce le Clemenceau, les frégates lance-missiles et les escorteurs d'escadres très gourmands de ce produit sous ces latitudes.

Un grand carénage en Afrique de l'Ouest au sein de l'Arsenal de Dakar, pratique courante à l'époque pour les unités de soutien de la Marine nationale, avait précédé cette ultime mission. Anecdote amusante : pour ce séjour à Dakar, le pétrolier avait emporté dans ses flancs 435 fauteuils roulants pour handicapés, 850 m3 de vêtements et un appareil de radiologie, destinés à une organisation caritative au Sénégal.


La coque de l'ex-pétrolier Aber Wrac'h est mise en place comme brise-lames devant la darse de Saint Mandrier (8 août 1990).

L'Aber Wrac'h est de retour à Toulon le 18 septembre 1988, au terme de sa dernière mission.

L'activité au sein de la flottille de la Méditerranée s'achève le 7 octobre 1988, jour de la dernière cérémonie des couleurs et par conséquent du désarmement. Stationné au quai de l'artillerie dans l'enceinte de l'arsenal principal de Toulon, l'ex-pétrolier est condamné le 21 mars 1989 et débaptisé (n° de condamnation Q671).

Le 8 août 1990, il rejoint le D'Estrées et l'Argens comme brise-lames à l'Ecole de Plongée dans la presqu'île de Saint-Mandrier, en remplacement du BDC Dives, qui va devenir un musée naval flottant.

Remplacé par l'ancien aviso escorteur Commandant Rivière, la coque inerte de l'Aber Wrac'h est coulée comme cible de tir en Méditerranée le 14 mai 1996.


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