Historique
du pétrolier Verdon
1951-1964
: Sous pavillon norvégien
Premier d’une
série de deux pétroliers sister-ships de type longitudinal qui
sont construits pour l’armement A/S.J. Ludwig Mowinkels Rederi de Bergen
par les chantiers norvégiens A.S Bergens Meikaniske Verksteder (Bergen),
ce navire a pour numéro de chantier 391, avant d'être baptisé
Josta.
Mis sur cale le
9 août 1951, il est lancé le 20 février 1952
et pris en charge par son armateur le 31 mars 1952.
Au cours de sa
carrière civile, de 1952 à 1964, il assure une ligne régulière
sur les principaux ports de l’Europe du Nord jusqu’à sa vente
en juillet 1964.
Mouillé sur coffre face à la centrale électrique de Hao (juillet 1967 -
photo CV Barthe). |
1964 : Incorporé
dans la Marine française
En juillet, il
est acquit par le Ministère des Armées (Direction Centrale des
Essences) auprès de Monsieur Aurland représentant de l’armement
norvégien J. Ludwig, propriétaire du pétrolier.
Le navire est destiné
à l’approvisionnement en « produits blancs »
des sites du Centre d’Expérimentations du Pacifique (CEP)
en Polynésie Française. Il est armé par la Marine nationale
sous le nom de Verdon et reçoit le repère
de coque « A.634 » (suivant DM n° 855 EMM/3 du 17 juillet 1964).
Il est pris en
compte le 10 juillet, jour de son arrivée à Brest,
qui est également sa date d’admission au service actif. La DCAN
de Brest le prend en charge pour un grand carénage du 1er août
au 25 novembre. Les travaux portent en particulier sur les aménagements
du personnel dont 18 cabines individuelles sont aménagées en cabines
à deux. Il subit plusieurs passages au bassin du 4 au 14 août,
du 7 au 10 octobre puis du 12 au 14 novembre. Sa francisation a lieu à
Brest le 22 octobre 1964 sous le n° 4250. Ses essais se déroulent
du 15 au 17 novembre. La remise en état du bâtiment n’est
pas menée à son terme, faute de temps et de crédits.
Le 10 juillet,
le contre-amiral, major général du port de Brest fait reconnaître
l’officier en chef des équipagesDumontheil,
comme premier commandant du pétrolier Verdon.
A son départ de métropole pour l’Océan Pacifique,
son équipage se compose de 4 officiers dont le commandant, 15 officiers-mariniers
et 22 quartiers-maîtres et matelots. Cet effectif sera complété
à son arrivée en Polynésie à 53 hommes.
Le 28 novembre,
il quitte Brest à destination de La Pallice, où il relâche
du 29 novembre au 2 décembre et charge 1800 m3 d’essence auto et
avion ainsi que 12 tonnes d’huile. Le 2 décembre, il quitte le
port vendéen pour Fort de France qu’il atteint
le 15 décembre par un fort coup de vent de N.W. Il arrache les défenses
du quai et du bord provoquant une légère déformation de
la coque. De ce fait, les mauvaises conditions météorologiques
l’amènent à mouiller sur rade.
Le 19 décembre
il quitte le port martiniquais pour un transit via le canal de Panama. Il embouque
le canal le 24 décembre, puis fait escale à la base américaine
de Rodman du 24 au 28 décembre. Pour obtenir l’autorisation
de sortie du canal pour sa traversée du Pacifique, les autorités
du canal refont les calculs de jauges provoquant deux jours d’attente
à Balboa. Son transit vers Mururoa s’effectue sans autre incident.
Le Verdon arrive à Papeete (20 janvier 1965) |
1965 : Arrivée
en Polynésie
Le 12 janvier il
touche Mururoa puis Hao pour décharger
une partie de sa cargaison avant de gagner Papeete le 20, où
il s’amarre quai du transit à Fara-Uté. Le pétrolier
est placé sous l’autorité de l'amiral commandant les Forces
françaises dans le Pacifique (ALPACI), par qui il est « actionné »
(antenne SEA auprès de l’Etat Major CEP).
Le Verdon
est classé « usage normal » sans sujétion radiologique
particulière. Son commandant est chargé de l’administration
du matériel et responsable vis-à-vis de la Direction Générale
des Essences, la Marine nationale assurant l’armement et la gestion technique
et militaire du bâtiment. L’antenne SEA supporte l’ensemble
des frais d’entretien et d’exploitation du bâtiment.
Son activité
principale est le transport des produits blancs, kérosène
(TR0) gasoil (F76) et essence (115/145 et 100/130), vers les sea-line
de Mururoa (dépôt n° 1) et Hao (dépôt
n° 2). Parfois des missions particulières de représentation
lui sont confiées vers certaines îles plus éloignées
de Polynésie française. Le 13 mai, il touche Bora-Bora
et rentre à Papeete le 19.
En carénage sur le dock de Papeete (décembre 1966) |
Le 23 décembre
1965, le capitaine de corvetteCauchie
prend le commandement du bâtiment.
1966 :
Transports au profit du CEP
En dépit
de nombreuses avaries d’auxiliaires et de ses installations de sécurité,
il remplit avec succès ses missions. Du 1er mai 1965 au 1er mai 1966
il transporte 18 000 m3 de produits blancs.
A partir de Papeete,
il effectue plusieurs rotations vers la base de Hao après
la première campagne de tirs :
- Du 20 au 22
septembre il effectue le transit Papeete-Hao et atteint le port de Papeete
le 24.
- Le 5 octobre,
il appareille à nouveau pour Rangiroa où il séjourne
du 6 au 11 puis Bora Bora du 12 au 17 avec retour à Papeete le 18.
- Le 21 octobre,
il reprend la route de Hao pour y arriver le 23 et rejoint Papeete le 25.
- Le 1er novembre,
il est placé sur le dock de la base militaire pour y subir un petit
carénage qui se termine le 3 décembre.
Le 7 décembre,
après des essais de fin de carénage, il reprend la mer pour une
nouvelle mission de ravitaillement du site de Hao où il séjourne
du 9 au 10. C'est aussi à Hao que le 9 décembre, le capitaine
de corvetteYves
Barthe prend le commandement du bâtiment. Le Verdon
rentre à Papeete le 14.
C'est à
cette date qu'à l’initiative de son équipage, un insigne
est réalisé. Le Verdon a été
le seul bâtiment du SEA à avoir eu un insigne.
En forme d’écu, il représente la silhouette du pétrolier.
En arrière-plan sont représentés l’île de Tahiti
et deux cocotiers pour symboliser le port d’attache et la zone d’action
du bâtiment.
Un incendie se déclare en machine (LDP 20 février 1967) |
1967 : Incendie
en machine
Le 18 février
un incendie se déclare dans la rue de chauffe du compartiment
des machines suite à la rupture du système de fixation
du tuyau d’alimentation en mazout de la chaudière, au moment de
l’allumage de celle-ci. Le sinistre survient alors que le bâtiment
vient de terminer son chargement de produits blancs et prend les dispositions
avant appareillage.
Il reste
localisé au compartiment des machines grâce aux excellentes réactions
immédiates des équipes de sécurité du bord et peut
être circonscrit avec succès en dépit des températures
très importantes atteintes dans la partie haute du compartiment (ayant
occasionné la fonte des ampoules d’éclairage).
Les dégâts
causés nécessitent la remise en état de plusieurs auxiliaires
et la réalisation d’importants travaux de tôlerie (déformation
du pont supérieur). Le Verdon est immobilisé
six semaines pour réparations.
Après plusieurs
rotations de ravitaillement des sites de Hao et de Mururoa,
le bâtiment est à nouveau échoué le 5 novembre sur
le dock de la base militaire de Papeete pour y subir un grand carénage.
Pris en charge par la DCAN, le bâtiment fatigué subira de nombreuses
réparations, en particulier d’une fissure de coque à hauteur
du tank n°5 à bâbord en raison du vieillissement et de l’oxydation
de la coque.
1968 :
Fin de carénage
Prise de commandement du CC Jammayrac à Papeete (11 juin 1969). |
Le 22 mars marque
la fin des travaux de grand carénage. Après
des essais satisfaisants, le Verdon reprend son
activité de ravitaillement des sites du CEP.
Le 24 juin 1968,
le capitaine de corvetteJouslin
de Noray prend le commandement du bâtiment.
1969
En mars 1969, il
transporte 28 000 m3 de produits divers en 12 rotations et effectue des
missions sur les îles Marquises.
Le 11 juin, le
capitaine de corvetteJammayrac
prend le commandement du bâtiment.
Du 1er juillet
au 3 septembre, il est à nouveau sur le dock pour un petit carénage.
A l’issue, il reprend ses rotations de produits pétroliers sur
Hao et Mururoa en transportant 30540 m3 en 11 rotations.
En octobre, il
effectue trois sorties d’entraînement individuel ainsi qu’une
évacuation sanitaire (EVASAN). Le
8 décembre, il entre en période DISAC jusqu’au 8 janvier
1970.
Remarquez la baleinière de récif, sur le roof avant, qui peut être mise
à l'eau à l'aide du mât de charge. |
C’est au
prix de gros efforts d’entretien par le personnel du bord que le Verdon
réalise ses missions avec succès.
1970
Le 8 juin, le capitaine
de corvetteLeméni
prend le commandement du bâtiment.
Le 5 juillet, il
est pris en charge par la DCAN suite à une fuite d’eau au tank
n°4 et une entrée d’eau par corrosion de la coque au niveau
du local des pompes.
Le 2 novembre,
il bénéficie d'un petit carénage avec passage sur le dock
à Papeete.
1971
Le 14 janvier,
il termine son carénage et reprend ses activités de transport
où il livre 41 110 m3 d’hydrocarbures blancs en 15 rotations.
En mars, un début
d’incendie dans le compartiment machines, de même origine que celui
survenu en 1967, est rapidement maîtrisé. Les dégâts
sont légers.
Derniers instant du Verdon. Touché par plusieurs obus de combat, il coule
par 2500 mètres de fond. |
Un grand carénage
a été prévu du 1er novembre au 1er mars 1972 mais la multiplicité
des avaries amène l’arrêt définitif de ses activités.
Le désarmement est prononcé le 10 novembre et la mise en vente par
le service des domaines ordonnée par la Direction Centrale des Essences
pour compter de la même date.
Le 15 décembre,
le Verdon est mis en maintenance et gardiennage
avec effectif réduit, et placé sous l’autorité de
la Direction du port de Papeete. Une partie du personnel est transférée
sur le nouvel arrivant le Papenoo,
pétrolier de 2 500 m3 acheté par la Direction du Centre d'Expérimentations
Nucléaires (DIRCEN) cette même année.
Depuis son premier
armement, le Verdon aura parcouru 21 931
milles nautiques. Son appareil propulsif aura fonctionné 72 892
heures.
1972 :
Coulé par 2 500 mètres de fond
N’ayant pas
trouvé acquéreur, il est désigné comme cible de
tir. Il est remorqué au large de Papeete le 28 avril par le remorqueur
de haute mer Hippopotame pour servir de but flottant à l’artillerie
de 100 mm des avisos-escorteurs
Enseigne de vaisseau Henry
et Amiral Charner. A
11 h 45 touché par plusieurs obus de combat, il coule par 2 500 mètres
de fond en 18° 5’ sud et 149° 50’ ouest à 40 nautiques dans le sud de la presqu’île
de Tahiti et de l’île de Mola.
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pétrolier Verdon].
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Net-Marine]