L'histoire de la goélette Papeete (puis Zélée)

RECORD DE VITESSE ENTRE SAN FRANCISCO ET TAHITI.

La Papeete, sous pavillon français, avec un équipage américain, commandée par le capitaine allemand Aus, fait le trajet San Francisco / Papeete (3663 milles) en 17 jours, 20 heures à la moyenne de 8 nœuds 55 ( record seulement battu en 1995 par un maxi yacht américain en 15 jours).

SINISTRE A TUBUAI

 Dans la nuit du 25 septembre 1894, un fort coût de vent jette la Papeete à terre sur l’île de Tubuaï archipel des Australes face au village de Mataura. En octobre Le bateau est sauveté  puis remorquée par la DURANCE jusqu'à Papeete où elle arriva le 17 avril 1895. De nombreux dégâts sont constatés, elle restera en réparation jusqu’au 29 juin 1895.

LA GUERRE DE RAIATEA TAHAA

 La Papeete  participe  en 1897 à l’expédition des îles sous le vent et en particulier aux opérations contre le chef rebelle Teraupoo à Raiatea.

LA VIE CIVILE 

En 1901 la goélette sort du service de la Marine Nationale, elle est vendue à l’armateur Emile Martin, qui fait installer 2 moteurs à essence et l’utilise pour son commerce dans les îles de la Polynésie.
Le 15 janvier 1903, après le passage d’un cyclone sur les Tuamotu du centre, la Papeete se trouve au mouillage dans l’atoll de Rangiroa, le 21 janvier elle se trouve au large de Fakahina elle  recueille à son bord le subrécargue de la goélette LEON, abandonné à terre par celle ci au début du coût de vent. Le 22 janvier  la Papeete se trouve devant Fangatau où la mer trop dure empêche l’accostage. Aucune trace de la goélette LEON qui a disparue dans la trourmante le subrécargue est le seul survivant de ce bâtiment.
Le cyclone de 1903 a fait des dégâts considérables 515 victimes sont à déplorer, 83 cotres sont coulés ou démolis, les goélettes PERLE de l’administration capitaine Gervais Berteau et LEON de l’armement local se perdent corps et biens.

LE CYCLONE DE 1905

Lors du cyclone du 25 mars 1905 qui ravage le nord de l’archipel des Tuamotu, la goélette Papeete, et son capitaine Michaeli, sont au mouillage dans la passe de Avatoru, sur la côte nord ouest de l’île de Rangiroa.
Dans la soirée du 24, la brise souffle très fraîche du sud, sud ouest et la mer est très forte dans le lagon. Le capitaine, n’hésite pas à appareiller, en filant la chaîne, puis il fait route au nord,  il s’écarte ainsi du centre et met à la cape, quand le navire est à bonne distance de l’île. Le surlendemain, la Papeete revient au mouillage de Avatoru sans avaries.
Les effets de cette tempête est désastreux l’armement local perd 4 goélettes ECLAIREUR à Takaroa TAPIORI à Toau, TAMARII MOERAI à Hereheretue et TEAVARO à Kaukura. 32 cotres des Tuamotu sont  perdus. Il est à déplorer 8 victimes.

1906 L’APOCALYPSE

Durant le cyclone des 6,7 et 8 février 1906 qui ravage à nouveau une partie des Tuamotu, la goélette Papeete a subi le cyclone en mer dans l’ouest de Anaa. Le capitaine Michaeli raconte : Le 8 février, vers 6 heures, la brise saute au nord est, temps affreux, vent violent. Pris deux ris et couru au sud ouest, le baromètre est en baisse, à 8 heures : 745 mn.
A 9 heures, pris la cape bâbord amures sous la misaine (2 ris), le vent force toujours, mer démontée. A 11 heures, obligé de fuir devant le temps. A 13 heures, le baromètre est à 730 mn vent de nord est.
A 15 heures, à sec de toile, temps complètement bouché, baromètre à 715 mn. Le pont du navire est submergé, sabordé par les pavois.
Après 15 heures la brise tombe, la mer démontée vient de tous côtés s’abattre sur le navire. Le calme dure une demi-heure, puis le vent saute au sud est et reprend avec violence. Le baromètre remonte.
A 17 heures, baromètre 740 mn.  Fait route pour regagner Tahiti. Pas d’avaries graves. Le 9 à 8 heures, presque calme.

REQUISITION POUR PORTER SECOURS AUX ILES TUAMOTU

La Papeete est réquisitionné sur ordre du gouverneur. Elle quitte le port de Papeete le 27 février avec à son bord l’administrateur des Tuamotu monsieur Charles Macardé.
La Papeete  visitera et portera secours à l’atoll de Tikehau, la goélette MURUROA est échouée au fond du lagon impossible de la renflouer. Plus grave, cela  concerne la goélette EIMEO qui semble s’être perdue corps et biens. Le 2 mars la Papeete quitte Tikehau et aborde le 4 mars le village d’Avatoru à Rangiroa. Le 5 mars elle appareille pour ce rendre par le lagon voir l’épave vue la veille sur le récif, il s’agit d’un canot de récif de la goélette EMIO…
Le 6 mars elle quitte Rangiroa pour Kaukura le village est détruis 15 cotres sur 18 sont démolis.
Le 8 mars elle est  à Apataki, le village est rasé il ne reste plus aucun cotre 2 personnes sont mortes dans le cyclone.
Le 9 mars à 4 heures du soir arrivé sur l’atoll de Fakarava, l’administrateur reste jusqu’au 11 mars, la goélette se rend sur l’atoll de Toau dans la journée 10 mars.
Les nouvelles  ne sont pas bonnes, il semble que la goélette TAHITIENNE se soit perdue en mer pendant le cyclone. Le capitaine Winchester venue de Papeete pour rechercher ce bateau est nommé commandant du cotre FAKARAVA pour rechercher cette goélette avec pour mission de visité les atolls de Fakarava, Raraka, Katiu, les îles Tepoto, Tuanake, Hiti et Tahanea, rendez vous a Motutunga.
Le 11 mars à 8 heures la Papeete quitte Fakarava pour Manihi et Ahe, arrivé le 12 au soir. Peu de détérioration sur Manihi, par contre à Ahe toutes les maisons ont été enlevées par la mer et 9 cotres sont détruits. La goélette HITINUI est démolie.
Le 13 mars à 2 heures de l’après midi la Papeete aborde Takapoto nombreuse casse, aucun accident de personne à signaler.
Le 14 la goélette mouille à Takaroa, beaucoup de destruction seule quelque rare maison sont encore debout, dont le temple Mormon solide édifice en maçonnerie. Une goélette de 45 tonneaux en fin de construction sur le point d’être lancée est totalement détruite.
Un 4 mats anglais le CONTRY of ROXBURGH, de 2 200 tonnes est échoué sur le récif, drosser à la cote par le cyclone, 10 matelots on périt en voulant se sauver sur une embarcation.
 Le 16 la goélette arrive à Taiaro, les 7 habitants sont sains et saufs malgré des dégradations sur l’atoll. Le 17 la Papeete aborde Motutonga nous apprenons que la goélette TAHITIENNE c’est perdu corps et biens que sur un équipage de 9 marins 2 seulement ont la vie sauve, ils ont improvisé un radeau sur lequel ils sont restés 5 jours, les vents et les courants les ont portés sur Tahanea.
Peu de temps après la Papeete  et l’administrateur Macardé retourne à Tahiti, fin de mission.
Ce cyclone de 1906 fera 122 victimes et des ravages considérables tant aux Tuamotu que sur l’île de Tahiti, la ville de Papeete et détruite à 50% le village de Tautira sur la côte est de la presqu’île à 100%.

CHANGEMENT DE PROPRIETAIRE

Le 28 décembre 1921 la Papeete est vendue à Charles Morton Palmer de la maison Maxwell & Cie. Les moteurs sont supprimés la goélette est de nouveaux un véritable voilier.

MAUVAIS TEMPS AUX ILES GAMBIER

Durant l’année 1925, la goélette est prise dans un très mauvais temps à l’est des Gambier. Le capitaine John Larsen qui a mis le bateau à la cape, a veillé sans discontinuité pendant 4 jours. Lorsque le temps s’est apaisé le capitaine s’est effondré, en descendant dans le roof. Il est porté et allongé dans sa cabine où il est soigné. Un calme plat suit ce gros temps, la goélette dérive dans une échancrure des récifs de Mangareva durant la nuit, l’équipage épuisé par 4 jours de veille est endormi. Au petit matin la Papeete est immobilisé dans une darse au milieu des coraux immergés. Il faudra le concours de la population des Gambier pour sortir le navire de cette fâcheuse position.

RETOUR A LA VIE MILITAIRE SOUS LE NOM DE ZELEE.

Le 18 juillet 1931 la Papeete est racheté par la Marine Nationale et sera rebaptisé du nom de Zélée en souvenir de la canonnière de même nom,  dont le commandant le L.V. Destremeau s’oppose avec succès, le 22 septembre 1914 à l’attaque de la ville de Papeete, par les croiseurs allemands SHARMHORST et le GNEISENAU de l’escadre de l’Amiral Von Spee. La pauvre canonnière qui avait rendu tant de service subira le feu des croiseurs et coulera dans le port de Papeete…
La goélette Zélée est remise en état aux chantiers Walker à Fare Ute, ont installe 2 moteurs diesel Atlas de 45 ch.
Une nouvelle mature est mise en place. En janvier 1932 la goélette est armée. D’un canon de 47 m / m, 1 fusil mitrailleur modèle 1924, 6 mousquetons, 2 revolvers. Son effectif est de 32 hommes. Dont 1 Lieutenant de Vaisseau Commandant, 1 Enseigne de Vaisseau Second, 2 seconds Maîtres, 6 cartiers Maîtres, et 20 matelots.

REPRESENTATION A BORA BORA.

Le 21 juillet 1932, la Zélée se trouve à Bora Bora pour accueillir le croiseur britannique DIOMEDE  accompagné du pétrolier ravitailleur NIUKULA, en visite de courtoisie à Tahiti, Raiatea, et Bora Bora. Une pêche au caillou est organisée, avec filets en niau, pirogues et la participation de la population. Les poissons sont pris en grande quantité et les 2 baleinières sont pleines à craquer. Les 2 commandants ont eu l’honneur, suivant la tradition d’harponner en premier les plus gros poissons. Le soir un grand bal réunis la population et les équipages des 3 navires. A 2 heures du matin, la boisson vient à manquer. Le commandant Houcade fait appel à Pierre Ferrand qui à l’aide de 2 costauds, s’en vont à bord de la Zélée. Ils sortent de la cale à coup de palan 2 fûts de vin de 125 litres. Et les voilà ensuite roulant les fûts depuis le quai, puis sur la route jusqu’au farehau où la fête se prolonge jusqu'à l’aube, à la satisfaction des 3 commandants, des équipages et de la population.

HYDROGRAPHIE AUX TUAMOTU

Lors d’une tournée dans les Tuamotu, affectée au service hydrographique, la Zélée se trouve dans l’île de Fakarava. Le commandant se coupe les pieds avec des coraux, infection et fièvre s’installent. Il faut appareiller d’urgence pour Papeete, à bord on ne dispose pas de médicament pour soigner le commandant. La goélette quitte le mouillage de Rotoava. Pierre Ferrand est à la barre. Toute la voilure est établie, la brise est forte. La vitesse du navire est 12 nœuds au loch. Le barreur négocie la sortie de la passe en dirigeant le bateau en bordure de la partie non lisse, car dans partie lisse c’est là que le courant est très fort.
La passe franchie, on prend la direction de Tahiti que l’on atteindra au bout de 20 heures si la brise se maintient. Malheureusement le commandant fait prendre un ris dans la voilure à la  grande déception de l’équipage.

DERNIERE MISSION

En 1940 la Zélée embarque un chapelet de mine afin de les mouillées dans la passe Toa’ta port de Papeete, pour empêcher l’entrée par d’éventuels navires ennemis. On embarque les engins flottants un samedi. L’opération de mouillage devant s’effectuer le lundi. Le dimanche soir, les membres d’équipage de service accrochent leur hamac, sauf le gabier Pou Teka qui ce soir là est partisan du moindre effort et se couche sur les payols qui forme le plancher sur le fond de la cale. C’est lui qui sentira dans la nuit l’eau montée il donnera l’alerte de la voie d’eau. Le poids des mines ayant fait beaucoup enfoncé le bateau, c’est par la partie exposée au soleil que l’étanchéité fait défaut, cette partie est devenue complètement sèche, et l’étoupe est pourrie, c’est par-là que l’eau a pénétré dans la coque. Il a fallu se mettre d’urgence aux pompes à bras pour empêcher la goélette de couler, le lendemain au jour les mines ont été rapidement débarquées.

LA FIN D’UNE GRANDE DAME

Le 5 septembre 1940, la Zélée est désarmée, puis dépecée dans un chantier de Taunoa, le matériel d’accastillage la voilure la mature sont vendu est dispersés pour servir sur d’autre goélette dont la VAITERE qui sera mis à l’eau cette même année.
La Papeete puis Zélée aura naviguer en Polynésie pendant prés de 48 ans effectuant de nombreuses missions tant militaire que civile, secours aux populations, recherche, hydrographie, représentation, transports d’autorités diverses de personnel et de matériel.
Aujourd’hui il ne reste plus comme souvenir de ce bateau exceptionnel que quelques photographies, la cloche du bord exposé dans le bureau de la mission hydrographique, et l’ancienne table du carré, chez le commandant de la Marine.