Histoire de l'aviso-escorteur Amiral Charner (1958-1990)


Lancement de l'aviso-escorteur Amiral Charner à Lorient (12 mars 1960).

Mis sur cale le 4 novembre 1958 à l'arsenal de Lorient, l'aviso-escorteur Amiral Charner a été lancé le 12 mars 1960. Le 8 octobre 1960, pour la première fois, les couleurs de la France sont envoyées à bord de l'aviso-escorteur Amiral Charner (prise d'armement pour essais). Quatrième de la série des avisos-escorteurs, l'Amiral Charner part pour l'océan Pacifique aussitôt après son admission au service actif en décembre 1962. Cette première croisière permet d'éprouver le bâtiment sous les climats les plus divers : la fournaise du golfe Persique, de l'Arabie et de la mer Rouge, l'humidité de la saison des pluies de l'Inde et de Madagascar, et le gros temps de l'hiver austral au sud de l'Afrique. Basé à Papeete de 1963 à 1980, le Charner renoue avec la métropole tous les cinq ans, à l'occasion de grands carénages. Celui de 1974 modifie provisoirement sa silhouette en remplaçant sa tourelle arrière de 100 mm par une plate-forme hélicoptère. En 1975,1a chirurgie esthétique lui redonne une allure plus classique, en le dotant de missiles MM38 et en remontant sa tourelle de 100mm.

Il serait trop long de retracer tous les méandres de ces dix-sept années de campagnes qui donnent au bâtiment l'occasion de sillonner non seulement les mers extrême-orientales mais aussi la zone des Antilles et de la Guyane. Une escale, en particulier, prend une tournure inhabituelle quand, à la suite d'un abordage par un bateau de commerce dans le détroit de Tomo Gashima, le Charner se voit contraint de passer plus de quatre mois dans un chantier naval japonais de Kobe.


L'aviso-escorteur Amiral Charner à Papeete (1971).

A l'issue de l'Iper de 1980, le bâtiment découvre une nouvelle zone d'action. Adieu Papeete : affecté aux Forces maritimes de l'océan Indien avec comme port base Djibouti, l'Amiral Charner alterne de fréquentes missions opérationnelles en mer d'Oman et quelques missions de présence et de représentation dans le sud de la zone.

Mais en octobre 1987, peut-être parce qu'il sent sa fin proche et parce qu'il est resté fidèle à ses premières amours, le Charner reprend la route du Pacifique. Au cours de ses trois dernières années, il est basé à Nouméa. La plupart du temps, il s'échappe de la Nouvelle Calédonie pour retrouver avec plaisir les côtes australiennes et toute l'Asie du Sud-Est. En juillet 1990, sur le chemin du retour au pays natal, il franchit pour la dernière fois le cap de Bonne Espérance.

Le 8 juin 1990 il quitte Nouméa et arrive à Lorient le 27 août 1990. Trente années plus tard, le Charner est revenu dans ce port de Lorient qui l'a vu naître. Mais cette fois, c'est pour y commencer une nouvelle carrière sous pavillon urugayen (un contrat de vente avec l'Uruguay ayant été signé le 14 mars 1990). Vingt-huit commandants ont mené le Charner à travers toutes les mers du monde : douze d'entre eux se sont retrouvés à Lorient le 27 août 1990 afin d'accueillir l'enfant prodigue. Il est mis en réserve spéciale le 17 septembre 1990.


Le Montevideo, ex aviso-escorteur Amiral Charner à la mer.

Le bâtiment est remis à neuf pendant près de 4 mois à l'arsenal de Lorient et le 28 janvier 1991, malgré le froid glacial et le ciel lourd, une certaine joie et un air de fête flottent sur le quai du Péristyle à Lorient. Si le temps est venu de dire adieu à l'Amiral Charner, si la dernière rentrée des couleurs est un instant chargé d'émotion, c'est l'optimisme qui l'emporte car ce bâtiment, grâce à l'effort de tous et en particulier de la DCN de Lorient et de la Navfco, va encore vivre de longues et belles années. Sous le soleil du pavillon urugayen, le Montevideo prend vie en présence de Son Excellence M. Diego Zorrilla de San Martin, ambassadeur de la république d'Urugay. Et tandis que le grand pavois est envoyé, l'équipage urugayen entonne l'hymne national et salue ses couleurs aux cris de "Viva la patria !". Le 22 février 1991, le Montevideo appareille pour... Montevideo où l'accueilleront, avec émotion, ses frères Uruguay (ex-Commandant Bourdais) et General Artigas (ex-Victor Schoelcher).

Durant ces trente années, au cours des 3762 journées passées à la mer, ses lignes d'arbres ont chacune tourné 73 637 heures pour parcourir une distance de plus de 970 500 nautiques.

(Source : Cols Bleus n°2114 du 23 février 1991)


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