Histoire de l'escadrille 12S - Neptune dans le Pacifique (1973-1984)

VIII - NOUVELLE DESTINEE

1972 voit la fin des missions de l'escadrille pour le CEL, les mises au point des missiles se terminent. La nécessité d'une escadrille ne se justifie plus.
L'État-Major de la Marine décide de confier la Surveillance du Centre d'Expérimentations du Pacifique à la 12S. Elle sera mise en place dans le Pacifique et confiée à la Direction Centrale du Commissariat à l'énergie nucléaire. Elle succède à la flottille 23F. Cette dernière y passe six mois de l'année et accomplit à chaque fois les longs aller et retour : Tahiti / la Métropole.

IX - LA SECTION P2H PACIFIQUE

La flottille 23F termine sa dernière campagne sur les sites d'expérimentation du Pacifique. Elle doit se doter prochainement du nouvel avion de patrouille maritime français : le Breguet 1150 Atlantic. Elle laisse en octobre 1971 à la base Interarmées avancée de Hao, deux Neptune avec un équipage réduit de volontaires (désignés d'office).

Ces deux avions sont les éléments précurseurs de la 12S en Polynésie. Le personnel est remplacé progressivement par l'équipage GD en début d'année 1972.
De novembre 1971 au 4 mai 1972, c'est une section P2H Pacifique qui est née. Elle a comme support logistique le GAN Hao. Elle se compose des P2H 144 690 et 146 431. Ils ne font durant cette période que des vols d'entretien. Pour la petite histoire, les deux avions ne peuvent pas faire leur point fixe complet en même temps. Il manque les deux « Actuators » à un P2H. L'actuator c'est la commande de puissance des réacteurs d'appoint Westinghouse. II faut prendre sur l'un pour faire voler l'autre, c'est aussi simple que cela.

X - LA GRANDE TRAVERSÉE

Le SEA de Lann Bihoué prépare des Neptune pour la 12S. Ceux-ci sont modifiés et délestés de certains appareils électroniques de lutte ASM inutiles pour leur future mission.

Enfin le grand jour arrive à Kermadoye. Après beaucoup de préparatifs, de désignations de personnel, de vols techniques et de mises au point, lasse des brumes et du crachin, l'attrait des mers du Sud se faisant plus impératif, la 12S quitte Lorient. Toutes les familles, les personnalités civiles et les anciens de la « Douze » sont là sur la base pour le départ.

C'est l'équipage GC sur le 146 437 qui part le premier le 20 avril 1972 à 09h27, suivi de GB sur le 436 à 09h53 et de GA sur le 435 deux minutes après.

Chaque P2 exécute un dernier passage sur la Base de Lann Bihoué à 1000 pieds avant de mettre le cap sur les Açores.
Tout le monde est content, et chacun apporte du sien pour que ce long voyage se déroule le mieux possible. Le voyage est long et se déroule sans gros problème. La durée des vols entre chaque escale donne en prenant pour exemple l'équipage GC : Lorient-Lajes (6,6), Lajes-Green Wood (10,8), Green Wood-Memphis (9,3), Memphis-Alameda (10,6), Alameda-Barber's Point (11,1), Barber's Point-Pago Pago (12,3), Pago Pago-Tahiti/Faaa (6,6), soit au total 67,3 heures de vol.

Un voyage sans histoire, ça n'existe pas. L'équipage GB est foudroyé durant le vol Memphis-Alameda. L'avion se pose à San Francisco. L'équipage fait l'inspection visuelle autour de l'avion et ne voit rien d'anormal. Les mécaniciens commencent les pleins du 436 et lorsqu'ils remplissent le wing tip gauche, horreur, l'essence coule à gros débit sous le réservoir... Ils s'aperçoivent qu'il y a un sacré trou dans le wing tip. Comment faire pour poursuivre le voyage ? Heureusement que les mécanos sont débrouillards (c'est bien connu) et on n'a jamais su par quel stratagème ou combine, ils ont pu faire souder une plaque d'aluminium sur le réservoir.


Le 690 gît actuellement au large de Hao par 1 807 mètres de fond.

Le 5 mai 1972, en fin de soirée, les deux premiers Neptune de la 12S se posent à Tahiti. Un accueil du plus pur style polynésien avec colliers de fleurs et groupe de danse attend nos marins fourbus. Le lendemain l'Atlantic accompagnateur repart pour Pago Pago, amener de l'huile et des pièces de rechange pour le 437 en panne. Ce dernier rejoint Faaa le jour-même.

XII - PREMIERS LAGONNAGES

Certains avions sont à la limite de leur potentiel cellule. Après la campagne de tir de 1973 deux P2H le 431 et le 690 sont condamnés et découpés au chalumeau. Une gabarre de la Marine immerge les morceaux entre les atolls de Hao et d'Amanu. C'est ce qu'on appelle improprement un lagonnage.

Le 690 gît actuellement au large de Hao par 1 807 mètres de fond.

Comme certaines séries de Neptune étaient prêtés au titre de l'aide financière et matérielle à l'Europe par les USA, la 12S doit rendre trois avions. Le 19 octobre 1973 les trois équipages de renfort ramènent le 435, 436 et 437 aux USA. Leur voyage passe par Honolulu (N.A.S Barber's Point), d'où, à leur deuxième tentative à cause de vent violent et contraire au trajet, ils rejoignent San Francisco et arrivent à leur but : Tuckson.


Mai 1973, une nouvelle campagne de tirs aériens débute. Trois équipages de renfort rejoignent la 12S et amènent deux autres Nepune pour renouveler le parc aéronautique. La 12S se retrouve avec 7 avions, nombre le plus important qu'elle a pu avoir en Polynésie.

Cette dernière escale représente quelque chose d'impressionnant à voir. Des centaines d'avions de tous les types sont stockés en plein air à perte de vue. C'est la réserve de guerre aéronautique des États-Unis. L'inventaire fait, les papiers corrects, les P2 de l'Aéronautique Navale sont rendus. Le lendemain un navigateur s'aperçoit qu'il a oublié son chronomètre d'aviation. II retourne à l'endroit où sont parqués les avions. Le sien n'y est plus... angoisse... il pose la question à un mécanicien mastiquant du chewing gum et coiffé d'une casquette longue visière. Ce dernier lui montre impassible un tas de ferraille plié vaguement au carré... le chrono est dedans...

Si pour cet avion, sa carrière fut rapidement classée, il existe paraît-il, quelques années après cette rétrocession encore un Neptune frappé de la cocarde à l'ancre de marine sur le terrain de Tuckson parmi plus d'une centaine d'autres P2.

XIII - LA SURVEILLANCE DE LA ZONE DE MURUROA
(par Alain Cros)

Le renfort de la dernière campagne d'essais nucléaires aériens a lieu à Hao, de mars à septembre 1974.

La 12S est revenue en inter-campagne à Faaa avec ses deux équipages, son équipe de piste, les P2H 686 et 432. Elle attend sans trop d'impatience la prochaine campagne de tirs.


Le démarrage d'un moteur, un évènement toujours plein de surprise.

Une nouvelle fois, en avril 1974, trois équipages convoient trois Neptune. Trois avions et trois équipages réduits (LV Troadec – EV1 Carlin et EV1 Cros, avion 689) quittent Lann Bihoué le 30 mars. Le trajet les mènent via Lajes (Açores), Brunswick (nord de Boston), Dallas (Texas), Alameda (San Francisco), Barber’s Point (Honolulu) et Papeete. Un autre équipage, (LV Daumarie), convoiera un quatrième avion un peu plus tard.

Le convoyage est émaillé de quelques émotions :
- Changement de tube de garde sur l’avion de Carlin à Lajes. Les premiers à décoller, doivent faire demi-tour et consommer vertical terrain avant de se reposer, (3 heures).
- Pour l'équipage de l'EV1 Cros : lampe « feu moteur droit » allumée, (fausse alarme), sur presque toute la traversée de l’Atlantique (Lajes – Brunswick).
- L’avion de Troadec foudroyé sur ce même trajet, avec, pour résultat, un trou sur le bidon droit ; puis dégivrage hélice à refaire à Alameda, ce qui valu de finir à deux jusqu’à Papeete, lui ralliant quelques jours plus tard.


Etat-Major 1974. De gauche à droite : EV1 QUELLEC - EV1 CARLIN - LV LE MOAL - LV LE TROADEC - OE1 HERGAS - CC COUIX(Cdt) - OE LABORNE - EV1 CROS.

Sur le trajet Barber’s Point – Papeete, il y avait un « trou » d’une bonne demi-heure pendant laquelle une panne moteur ne permettait pas aux appareils de rallier ni le départ, ni l’arrivée. Les consignes étaient alors de se « poser » sur une piste désaffectée de Christmas Island qu'ils approchaient pour des besoins de recalage de la navigation.

Au cours des vols avec cinq avions, les équipages parachutent sur les archipels éloignés des containers contenant les bulletins de vote pour l'élection d'un nouveau Président de la République Française. L’équipage Pirate E commença, ce fut leur première mission (assisté d’un autre équipage), par le largage des bulletins de vote aux Tuamotu, pour le deuxième tour des présidentielles de l’époque. « Consigne » était donnée de larguer les enveloppes « Giscard » par le sabord droit, et les « Mitterrand » par le gauche bien sûr…

Avertis la veille de la disparition, depuis deux jours, d'un piroguier allant de Tépoto à Napuka, (îles du Désappointement), la mission s'effectue le 6 mai 1974. Grâce à une parfaite maîtrise des techniques de recherche appliquées par le TACO, (JC CORRE), il est repéré dans la dernière branche de la zone tracée en fonction des vents sur zone,( éclats lumineux que l’on supposera fait avec sa machette). Marqué au fluo vert + bouée gonio, nous l’approvisionnons en eau, (bouteilles plastiques vidées au 2/3 pour ne pas exploser au contact), et en vivres, (container de bouée rempli de pain, saucisson, pamplemousses…casse-croûte équipage quoi…). Il a survécu grâce à quelques noix de coco emportées au départ.


La photo du piroguier a une valeur particulière, comme tout souvenir lié au sauvetage de vie humaine.

Le déroutement d’une « goélette » en attente à Tépoto se fait à l’aide de bouteilles d’eau vidées, dans lesquelles un message les invite à passer sur 2182. Contact établi, ils rallient la pirogue trois heures plus tard. Pendant le transit de la goélette, nous assurons des allers-retours pour rassurer le naufragé, nous allons prévenir aussi à Napuka de sa découverte, (toujours avec les messages en bouteille plastique vidée). L’homme et son frêle esquif sont montés à bord et sur la radio du bord il vient nous remercier dans un français hésitant, mais très émouvant pour nous. Mission accomplie.

Fin mai 1974, commence la campagne. Les «petits marins» de l'escadrille sont très organisés. Comme ils savent qu'ils partent pour un laps de temps assez long et élastique, ils préparent leur séjour à Hao. II s'est vu dans un Neptune, outre les valises bombées, un lot de dépannage, la caisse à « bouffe » et de quoi manger... trois frigos de 150 litres, une moto et une vingtaine de caisses de liquide coloré inconnu... et en plus, sur un pétrolier ou un BDC suit le speed boat d'un des membres de l'équipage. C'est ça l'organisation Marine !...

Une campagne de tirs, ce n'est pas le Club Méditerranée non plus. II y a toute une série de vols de surveillance maritime avant que le pétard ne soit allumé. Durant ces vols, c'est la rencontre avec les contestataires des expériences nucléaires françaises. Ceux-ci sont généralement des voiliers comme celui des écologistes de Greenpeace. II y a eu dans cette catégorie, la frégate de Nouvelle-Zélande Otago. Par contre, il y a aussi les curieux qui restent à la limite du périmètre interdit, et leurs équipements électroniques sont plus divers et sophistiqués. II y a le bâtiment "scientifique" russe Akademic Shirshov, l'américain AG40 et l'anglais Sir Pearceval. Sur ce dernier, il y aune petite histoire.


La photo de l'équipage « Pirate E », arrosé à la farine et à la lance à incendie, est le retour du premier vol record reconnu (14.9) le 29 juin 74.

Le bâtiment anglais a l'habitude de fréquenter les eaux environnant Mururoa, en restant en dehors des limites prescrites. Son séjour en mer est long, aussi long que la campagne. La France est d'accord pour parachuter son courrier. Voilà le P2 qui largue le container, après bonne réception des sacs postaux, oh méprise !... Ils viennent de recevoir les lettres qu'ils avaient envoyées en Angleterre. Imaginez le mécontentement des marins anglais du plus petit au plus grand ! On a su plus tard que l'erreur provenait du tri en Angleterre.

La photo de l'équipage « Pirate E », arrosé à la farine et à la lance à incendie, est le retour du premier vol record reconnu (14.9) le 29 juin 74. On remarque dans mes mains, la plaque "DISP" (de couleur verte) qui indiquait qu'aucune panne n'affectait l'avion 687. C'est avec le même avion et le même équipage que le record était de nouveau battu, (émulation...), le 7 juillet : 15.4, soit plus de 30 heures en 2 vols à une semaine d'intervalle. Sur la photo de gauche à droite : Zaworsky – Cros(EV et non LV) – Gouillou – Corre – Guillou – Oréart – Courtial – Jolivet – Le Hyaric – Troadec – Néa.

Le 7 juillet 1974, la 12S décroche le record du plus long vol sur Neptune P2H de l'Aéronautique Navale. Le LV Cros et son équipage GE sur le 687 se posent à Hao après une SURMAR de 15 heures et 24 minutes. II faut le faire...

La dernière mission fut une reconnaissance le 16 septembre 1974 à Huahiné. Le terrain est trop court, et normalement interdit aux P2V7. Mais, service oblige, la préparation d’une mission imposait une reconnaissance des lieux. Qu’à cela ne tienne, interdiction levée exceptionnellement. Un équipage doit préalablement s’entraîner à l’atterrissage court. Exercice concluant, l’équipage désigné s’arrête sur la piste d’Hao, en 200 m, mais les deux pneus sont éclatés et les jantes bien rabotées… Equipage recalé. Solution : « Cros, vous irez sans entraînement »…ce qui fut fait.

Le 24 septembre 1974 à 8h00 w, après la campagne, la 12S est affectée officiellement sur la Base Aérienne 190 de Faa'a à Tahiti.


Neptune 431 en vol.

XIV - MISSION EN NOUVELLE-CALÉDONIE

L'Amiral Commandant Supérieur des Forces Armées dans le Pacifique décide de détacher un équipage et un Neptune de la 12S en Nouvelle-Calédonie pour la Surveillance Maritime. L'équipage GA avec le P2H 433 se met en place les deux derniers mois de l'année 1974 sur l'aéroport de Nouméa Tontouta.
En janvier 1975, un nouvel équipage retourne à Nouméa. Les ailes des Neptune assurent la présence de la Marine Française dans cette partie du Pacifique Sud. Durant son séjour, l'équipage est obligé à deux reprises de décoller rapidement pour Brisbane (Australie) sans faire les valises, à cause de l'alerte cyclonique.

Le 1er mai, GB part à Nouméa. Cette fois-c'est pour prêter un Neptune à l'escadrille 9S recréée à cette date. Ainsi finit, cette période de détachement pour la 12S les visites majeures du P2 seront toujours assurées par le CIP de Tahiti.

XV. - NOUVELLES SERVITUDES AU PACIFIQUE

A la campagne d'expérimentation début 1975, l'escadrille possède trois équipages. A la fin de cette dernière période de tirs aériens, elle est réduite à 2 équipages et le crédit en heures de vol est sérieusement revu à la baisse.

En octobre ont lieu les recherches de la vedette administrative Moana. Les deux équipages se relayent sans relâche sur zone ; 82.6 heures de vol sont nécessaires pour retrouver une petite coque en bois sur un aussi grand océan. C'est l'occasion d'une grande publicité pour la 12S à la radio et dans la presse de Tahiti pour cette mission de secours maritime une fois de plus bien terminée.

Novembre 1975 débute une nouvelle campagne de tirs. Cette fois les expérimentations à Mururoa sont souterraines. Les immenses moyens militaires utilisés pour les tirs aériens ne sont plus nécessaires. Une surveillance maritime plus rapprochée est maintenue. La 12S est toujours là pour accomplir son rôle discret de gardienne du champ d'expérimentation atomique du Pacifique.
Février 1976, la 12S est invitée à un immense méchoui marquant la dissolution du dernier Groupe Aéronautique Naval de la Marine : le GAN/PAC de Hao.

Une petite histoire a fait la une dans les coursives de la 12S. Le 20 septembre 1976, l'équipage de l'escadrille 9S convoie le 687 vers Tahiti pour une visite du 2° degré. Escale à Wallis, où il tombe en panne : 3 cylindres à changer - le FYDGA de la 12S prévenu à18h le lundi soir est chargé de convoyer le 432 et une équipe de techniciens vers Wallis dès le mardi matin. Partis avec un préavis de 12h, cet équipage n'a pu emmener comme c'est l'habitude, ni ravitaillement (nourriture, boissons) ni argent (les banques étaient fermées et le bureau administratif aussi ...). Relève à Wallis des 2 équipages et des 2 avions avec un transfert de carburant entre les 2 appareils peu banal : placés tête bêche, une journée est nécessaire pour transvaser avec une petite motopompe. L'équipage de la 9S sur le 432 est prêt pour regagner Nouméa. Il laisse GA et le P3H 687 à dépanner et à mettre au point, ce qui demandera 7 jours. Une semaine mise à profit par l'équipage pour se loger chez le représentant de la Métropole (2 places), les gendarmes (6 places), et l'infirmerie hôpital où le personnel (religieuses indigènes) entretiendra des relations très amicales avec les marins, visite de l'île, pêche aux coquillages, plage... etc... Grâce à !a gentillesse et la compréhension des habitantes et résidents de l'île, cette semaine de vacances forcées laissera un souvenir impérissable dans l'esprit de nos marins.


Le 686 fut réceptionné le 1er avril 1958 à Norfolk (Virginie). Après 7210.7 heures de vol et 2954 atterrissages, il est réformé le 8 novembre 1979, sur l'aérodrome de Faa'a. C'est le P2H qui aura fait le plus long séjour à Tahiti.

XVI - LA 12S FORCE DE SOUVERAINETÉ

Le 1er janvier 1977, une décision oblige un nouveau marquage pour tous les avions de l'Aéronautique Navale. Les P2 acquièrent l'inscription « MARINE » en noir sur la partie arrière du fuselage et leur numéro est reporté à mi-hauteur sur la dérive.
Cette année, la 12S rentre dans les Forces de-Souveraineté du Territoire de Tahiti. Elle relève directement de l'Amiral Commandant Supérieur en Polynésie Française.

Le 14 août, le P2H 336 convoyé par un équipage de l'ERC est affecté à la 12S. Cet avion est le dernier de la série des Neptune livrés à la France. C'est aussi le 1006ème Neptune construit par Lockheed sur une production de 1051. Cet avion remplace le 432 ferraillé à Faa'a. La surveillance de la zone économique de 200 nautiques est systématique depuis, septembre 1977. L'escadrille accomplit une surveillance des pêches par semaine sur des secteurs déterminés. Ceux-ci sont choisis en fonction des migrations des thonidés, indiquées par le Service des pêches. Chaque zone explorée couvre 100 000 à 150 000 km2. Il s'agit d'une surveillance à vue et au radar. Gare aux pêcheurs Coréens ou Japonais qui n'ont pas leur licence de pêche.


Le quotidien des hommes de la
12S (mai 1981).

Pour cette raison, un troisième équipage et du personnel de piste supplémentaire complète les besoins de l'escadrille. Son allocation en heures de vol est augmentée et ses missions très variés : - Surveillance maritime en Polynésie ; - Opérations liées au C.E.P ; - Secours maritime ; - Entraînement des forces navales ; - Servitudes et concours divers (parachutage de courrier, de médicaments, de pièces de rechange...) ; vols photos et bien d'autres...

Le samedi 20 août 1978, un Neptune part à la recherche d'un bonitier Hutite-Tai en panne d'essence, et de son équipage composé de 2 hommes. Le navire sera localisé par le Neptune et ramené à bon port par le Commandant Bory. Le lendemain, c'est au tour de l'équipage GC de partir à la recherche d'un speed-boat avec 3 hommes à bord. Tel est le quotidien des hommes de la 12S, pour un week-end comme un autre.

En octobre 1978, dans la même semaine, la 12S réalise l'interception de deux chalutiers formosans en pêche illégale, et participe aux recherches du bonitier Fare Maru, retrouvé sur la côte sud-ouest de Mehetia.

En mai 1981, un Neptune (LV Le Carpentier, PM Toussaint et Louarn, MT Quentric et Sylvestre, Gamet et Blandin, MT Dupeux et Pouponeau) retrouve un speed-boat avec 4 personnes à bord perdu à 50 nautiques des Tuamotu. Après aérolargage d'un canot de sauvetage, les naufragés sont récupérés par le Protet et la Papenoo.

La 12S est à l'époque une formation très originale à divers titre. Elle est la seule formation de l'Aéronautique Navale stationnée sur une base de l'Armée de l'Air. Elle se met en place à Mururoa, à l'occasion des campagnes de tir. La 12S, outre sa mission opérationnelle, possède une mission logistique pour l'approvisionnement en matériel spécial aéronautique. Une partie de l'entretien de ses aéronefs est assurée par une entreprise civile : le CIP sous contrôle du SIAR.

En février 1982, des moyens considérables, dont 2 Neptune sont mis en oeuvre pour retrouver un autre speed boat parti de Hao, et tombé en panne d'essence. Dans une zone délimitée de 12000 km2, c'était rechercher une aiguille dans une meule de foin. Pourtant, la chance aidant, le petit navire est repéré par un des 2 P2H et pris en charge par le Balny.


Debout, de gauche à droite : MT Hostin, PM Meleux, MT Gamet, Minel, Blandin, et accroupis : PM Toussaint, LV Le Carpentier, MT Seres et Louarn


L'équipage Golf Alpha, autour du lieutenant de vaisseau Boileau et du major Gass, pose devant son appareil après un retour de mission (mars 1982).

Moins de chance en mars de la même année, lorsque les débris du kau Urima, sont découverts sur les récifs à proximité de Marokau. Aucun survivant ne sera retrouvé.


Une Alouette III rescapée de l'escadrille 27S, ayant constitué le seul élément de la SECTHELPACI est intégrée à l'escadrille 12S.

XVII - UN HELICOPTERE A LA 12S

Il faut attendre le 1er janvier 1982, pour voir un grand bouleversement à la 12S. L'escadrille passe sous le commandement organique de l'Amiral commandant l'Aviation de Patrouille Maritime. A la même date, chose unique, comme cela ne peut exister qu'à la «Douze», une Alouette III rescapée de l'escadrille 27S, ayant constitué le seul élément de la SECTHELPACI est intégrée à l'escadrille. Cette Alouette III SA 316B, numérotée 1455, devient le premier hélicoptère de Patrouille Maritime.

En janvier 1983, la première grande mission de l'Alouette sera le secours aux sinistrés des Tuamotu, après le passage du cyclone Nano. En mars ce sera le cyclone Orama. L'hélicoptère embarqué sur le Blavet, effectue plusieurs vols de reconnaissance et de ravitaillement par parachutage sur 6 atolls, alors que les Neptune larguent des conteneurs de vivre sur Aratika et Toau. Au bilan, de nombreuses missions au cours desquelles sont effectués 22 largages de conteneurs de vivres.

Sale temps pour cette année 83, Orama sera suivi en avril par les cyclones Veena et Reva, non moins dévastateurs. Plus du domaine de l'anecdote, on note également en juillet de la même année, la recherche et le sauvetage de deux marins du Commandant Rivière, perdus en montagne, ou le sauvetage d'un marin d'un cargo grec l'Aristagelos, tombé à la mer, alors que son navire venait de quitter le port de Papeete.

En novembre 1983, le bonitier Christine II à la dérive est repéré au terme d'une heure de patrouille Neptune. En juin 1984, un poti marara et ses 3 occupants, sont sauvés au large de Moorea par l'action combiné d'un Neptune et de l'EV Henry. A la fin du mois (26 juin), l'évacuation sanitaire d'un marin coréen sur le chalutier Oyang fait l'objet d'une opération complexe menée par l'Alouette, le Trieux et un Neptune en guidage. Le marin sera conduit sain et sauf à l'hôpital de Tahiti.

Suite de l'histoire...

(D'après un texte du PM Blandin M., complété par des archives du quotidien La Dépêche de Tahiti et Cols Bleus ; Sources : Service Historique de la Marine, SIRPA Mer, Musée de la Marine, Service Photo de la Base de Lann Bihoué, SIAR, AHAN Faa'a, merci à Alain Crosnier AIR FAN pour les photos et le texte 1974) -> Anciens de la "douze" : Vous avez sans doute des corrections, des anecdotes ou des photos pour compléter cet historique. N'hésitez pas à nous écrire :


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