L'aéronavale à Saint-Mandrier (1925-1940)


Le plan de la base en 1933 (cliquez pour agrandir).

Moins de 5 ans se sont écoulés depuis la mise en sommeil du centre du Creux Saint-Georges que déjà, on pense à créer un nouveau centre dans la presqu'île de Saint-Mandrier. Cette nouvelle base va se construire un peu plus loin, au bas de la croix des signaux. Elle va se construire entre mer et colline, limitée vers l'est, par la Carraque, batterie côtière armée de "marins en capote" et l'hôpital maritime Saint-Louis dont l'aspect a encore peu changé depuis maintenant plus d'un siècle.

Le centre est essentiellement prévu pour qu'y soient rattachées les deux escadrilles du transport d'aviation Commandant Teste et sa section d'entraînement. Ce seront effectivement les hydravions de ce bâtiment qui utiliseront principalement le plan d'eau de la base de Saint-Mandrier en 1934 (7S2) puis 1935 (7B2). Les escadrilles portent à l'époque une lettre indiquant leur vocation principale (S : Surveillance; B : Bombardement, T : Torpillage, C : Chasse) . Outre le rôle de base de rattachement pour ces appareils, il est décidé que le centre servira à abriter des ballons captifs qui se trouvent alors au Mourillon. Avant néanmoins que les escadrilles du Commandant Teste et des croiseurs n'arrive, le Centre d'Aviation Maritime de Saint-Mandrier vit néanmoins arriver, en juillet 1933, un FBA et un CAMS 37 qui servaient comme moyens de liaison. Pendant un peu moins d'un an, ils furent seuls sur la base.


L'entreprise Thorrand construit 3 hangars, dont un pour ballons captif (1933).

La renaissance
La base d'aéronautique maritime de Saint-Mandrier prend armement le 1er août 1933 sous le commandement ducapitaine de corvette Henri Mottez. La BAN est avant tout la base de l'hydraviation embarquée, mais elle accueillera également des ballons captifs qui s'amarreront à des remorqueurs dont les bretons diront qu'il ont des noms d'oiseaux : le Paon, le Homard,… L'entreprise Thorrand est un des adjudicataires principaux de la construction du centre. Ses ouvriers coupent, taillent, transportent les champs des bastides. La colline en pente se transforme en un lieu artificiellement escarpé, tranché de larges escaliers rouges où les pierres ocres, carcassent de la terre, se dénudent. Pas d'arbres, on les a enlevés. Les seuls oliviers restant sont près du bâtiment équipage. Le terre-plein des captifs est prêt, il s'arrête sur le quai Ballot, et va devenir en partie un dépot de carburant. Au bout du quai, une grue de 15 tonnes ressemble à une grande libellule posée sur un tronc de pierre. On enterre les citernes du Lazaret, et on fouaille la colline pour le creux du tunnel à munitions.


Les premières escadrilles arrivent : la 7S2 équipée de Gourdou Leseurre 812. On aperçoit au bout du quai, la grue de 15 tonnes (1934).

En 1934, les premières escadrilles arrivent. Le confort et rustique : pas d'eau ni d'électricité. Des travaux d'infrastructure général sont néanmoins entrepris (Lettre n°50/AERO/4 du 16/2/1928) dont la construction de terre-pleins devant le front de rade et de trois hangars, dont un pour ballons captifs (on y amarrera les " saucisses " gonflées à de gros anneaux scellés dans le sol). Le 1er septembre 1935, le CC Mottez laisse sa place aucapitaine de corvette Henri Morache. La plupart des bâtiments sont terminés en 1937. Le réseau d'eau est terminé, la cloture installée, la seconde tranche de la piste, celle qui vise la ligne du quai Ballot, est commencée. Derrière le hangar à captif, se sont cachés les toits bizarres des magasins à tubes d'hydrogène. Le "petit" double hangar abrite les captifs dégonflés dans leurs long cercueil de chêne, ainsi que l'atelier photo. Le hangar Est, que l'on avait décidé triple, se raccourcit en hangar double. Un troisième morceau de construction se déplace de quelques mètres et devient un hall de montage. Seul en forme de T, ce hall prend un toit formé de 13 voutes, d'où son surnom, "Sainte Sophie".


Construction du carré officiers.

En 1938, les deux tiers de la base sont achevés. La base est sous le commandement ducapitaine de corvette Antoine Feissolle depuis le 1er septembre 1937. Il y manque cependant la deuxième caserne équipage, le banc moteur, le slip et sa grande grue, les citernes à carburant enterrées, la caserne des officiers mariniers. L'infirmerie a quitté la villa El Douira, disparue sous le bâtiment de commandement, et occupe la place rendue libre à l'aubette (le médecin est tout récent), car une partie du personnel a pris logement dans le premier bâtiment équipage et autour du hangar double ouest (l'été, on dormait dehors...). Cette infirmerie provisoire deviendra définitive, faute de crédit. Il y a même un petit train qui s'en va du quai Ballot, traverse le terre-plein, entre dans le tunnel pour reprendre le plein soleil dans la plaine de Cavalas et desservir les pièces de 340 de la batterie de Cépet, monstres de béton à plusieurs étages souterrains. En 1939, la base est maintenant presque terminée.

La base est terminée en 1939. Le 30 mars a lieu la prise de commandement ducapitaine de corvette Fernand Bergot. Le lavoir est en service. Il faut se souvenir que les marins d'autrefois, savonnaient leur linge matriculé à ce lavoir, et l'étendaient, dans des séchoirs grillagés, sous l'œil attentif d'un factionnaire. Fin 1939, se fait un chemin artificiel, le slip de hissage des hydravions, qui descend dans la mer. La dalle d'une largeur de 20 mètres sera lisse (sans rails, ni seuil d'extrémité de quai) pour permettre le hissage des appareils sur leurs chariots de roulage. On prevoit que les petits hydravions de 3 tonnes vont être remplacés par de plus gros, et qu'il leur faudra ce chausse-pied artificiel, complété par une grue de 40 tonnes.
Mais pendant que se terminait ces travaux d'infrastructure, et que le 22 février 1940, lecapitaine de corvette Paul Cazeneuve prenait le commandement de la base, commençait un drame mondial...

(Sources : Carnets de marche de la BAN St Mandrier, texte du CF Queinnec, photos BAN St Mandrier, Jean-Michel Roche © Netmarine 2002)


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