Les Etendard Marine

En juillet 1955, la Marine nationale demande à Dassault d'étudier une version navalisée du Mystère XXII-01 propulsée par deux SNECMAR-105 et il s'en faut de peu qu'elle ne commande un prototype. Cependant, séduite par les performances de l'Etendard IV, la Marine passe commande d'un prototype navalisé en décembre 1956 (contrat n°4410/56).

La conception de l'avion est confiée au bureau d'étude de Mérignac. L'appareil ressemble certes beaucoup à l'Etendard IV-Air mais, en fait, il s'agit d'une machine totalement nouvelle. La structure est renforcée pour recevoir plus de carburant et absorber les efforts d'appontage. Le fuselage abrite le nouveau réacteur SNECMA Atar 08, de 4400 kg de poussée qui offre une consommation spécifique inférieure de 7% par rapport au SNECMA 101E de 3500 kgp. Ce gain de poussée est obtenu par l'introduction d'un étage supplémentaire dans le compresseur et une augmentation des températures d'entrée de turbine. Enfin, le nouveau fuselage respecte la loi des aires ce qui lui confère la fameuse "taille de guêpe".

Le 21 mai 1958, l'Etendard IVM n°01 décolle de la piste de Melun-Villaroche aux mains de Jean-Marie Saget. Cependant, l'avion n'est pas armé et sa voilure n'est pas repliable. Entre temps, en septembre 1957, l'Etat a passé commande de cinq avions de présérie (avions n°02 à 06, contrat n°3256/57).

La mise au point du 01 ne pose guère de problème et, en octobre 1958, après 50 vols, le prototype passe au Centre d'Essais en Vol d'lstres pour subir les essais officiels. Il effectue ensuite des simulations de catapultage et d'appontage au Royal Aircraft Establishment de Bedford, en Grande-Bretagne.

L'Etendard IVM n°02 vole pour la première fois à Mérignac le 21 décembre 1958 aux mains de Paul Boudier. Il recevra tous les équipements opérationnels des avions de série, le système d'arme, le système de ravitaillement en vol et les extrémités d'ailes repliables. Cependant, l'antenne télémétrique pour le tir des missiles AS-30 (sous le nez) lui fait encore défaut. En mars 1960, le 02, à son tour, se rend au RAE de Bedford pour une campagne de 50 catapultages/appontages simulés et, en septembre de la même année, entame sa première campagne à bord du port-avions Clémenceau. Cet avion terminera sa carrière aux essais d'immersion à Toulon.

Pour sa part, l'avion n°03 vole pour la première fois à Melun-Villaroche le 2 décembre 1959. Il ne s'agit cependant pas d'un Etendard IVM mais du seul et unique Etendard IVB. Cet avion se caractérise non seulement par son moteur qui est un Rolls-Royce Avon Mk51 de 5100 kgp, mais aussi par un système de contrôle de la couche limite par soufflage des volets. En effet, grâce à un prélèvement d'air sur le réacteur, des rampes soufflent les becs basculants de bord d'attaque et les volets de bord de fuite ce qui a pour effet d'augmenter leur efficacité, notamment aux grandes incidences, et permet de diminuer la vitesse de décrochage. Celle-ci est ramenée de 220 km/h à 185 km/h. D'un autre côté, ce dispositif permet, à vitesse égale, d'augmenter le poids de l'avion d'environ une tonne. Cependant, la complexité du système fait que celui-ci n'a pas de suite et l'Etendard IVB est réformé en 1962. Il finira sa carrière à l'École des mécaniciens de Rochefort. L'Etendard IVM n° 04 est le premier à recevoir la quille anti-roulis abritant l'antenne de télémétrie. Malheureusement, il est détruit en 1959 dans un incendie au sol. L'Etendard lVM n°05, qui lui est identique, sera déclassé en 1966 et ira à l'École des mécaniciens de Rochefort. Enfin, le n°06 sera mis au standard de la série et livré à la Marine nationale qui l'utilisera au sein de l'escadrille 59S.

A ces cinq avions de présérie vient s'ajouter le prototype de la version de reconnaissance photographique, l'Etendard IVP n°07 (commandé en septembre 1959 par contrat n°4148/59). Cet appareil est dépourvu d'armement mais son nez abrite cinq chambres photographiques OMERA. C'est lui aussi qui sert au développement du système de ravitaillement en vol. Plus tard, cet avion sera mis au standard de la série et utilisé au sein de la flottille 16F à Landivisiau.

Une première commande pour 50 appareils est passée en septembre 1959 (contrat n°5486/59) et concerne 49 Etendard IVM et un Etendard IVP. Elle est suivie en mai 1961 d'une seconde commande portant sur 40 appareils (contrat n°5244/61) répartis en 25 Etendard IVM et 15 Etendard IVP. Cependant, cette répartition est modifiée en février 1963 en 20 Etendard IVM et 20 Etendard IVP. C'est donc en tout 69 Etendard IVM (n°1 à 69) et 21 Etendard IVP (n°101 à 121) qui seront construits. Les Etendard IVM seront livrés entre le 9 décembre 1961 et le 26 mai 1965 tandis que les livraisons d'Etendard IVP s'échelonneront du 20 décembre 1962 au 26 mai 1965.

A partir de 1962, les Etendard sont successivement mis en service dans les flottilles 15F, 11F, 17F et 16Fils remplacent les SNCASE Aquilon (DH Sea Venom construits sous licence) et les Vought F4U-7 Corsair à bord des porte-avions Foch et Clémenceau. A la fin des années 70 intervient leur remplacement par des Super Etendard, mais, du fait de l'absence d'une version de reconnaissance photographique du nouvel avion, les Etendard IVP sont maintenus en service et renforcés en 1979 par un lot de quatre Etendard IVM transformés en IVP. Ces avions (n° 53, 62, 63 et 66), modifiés par la DTCN à Cuers, ont été pris en compte par la flottille 16F et portent désormais les n°153, 162,163 et 166.

Page réalisée en 2002 par Guillaume Rueda d'aprés: "AMD 'Etendard' 'Super-Etendard' "d'Alain Pelletier éditions Ouest France; Flotte de combat 1996.


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